Open menu

 saison 4Présentation

Le Virginien

Saison 1  - Volume 2

 


11. LES ENFANTS DU DIABLE
(THE DEVIL'S CHILDREN)

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario : John et Ward Hawkins.

Réalisation : William Witney.

Tabby Mc Callum, fille d’un père tyrannique qui la bat, a un complexe de persécution. Elle incendie les écuries du ranch Shiloh, pour se venger du Virginien qui l’a réprimandée. Son fiancé Dan Flood donne l’alerte et risque sa vie, sauvant les chevaux. Sam Hicks, du ranch, tire sur la fuyarde et on la retrouve le lendemain morte. Les Mc Callum accusent Dan Flood de l’incendie.

D’emblée, c’est un épisode dramatique, qui laisse présager le genre « tragédie ». Le père est caricatural, Tucker Mc Callum, incarné par un Charles Bickford rude et sauvage. Mc Callum est ivre de vengeance. Il se souvient que le père de Dan, qu’il rend responsable de la mort de sa fille, a été pendu pour vol de chevaux. Bruce, le fils (Carl Reindel) est du même tonneau.

La victime s’avère avoir été une petite peste, une enfant qui avait tué son premier poney, toujours prête à manipuler les autres pour faire du mal. Le vieux Tucker, qui menait ses enfants à la baguette, est un patriarche aigri. Charles Bickford joue un tyran sans nuances.

L’épisode est prévisible, le téléspectateur comprend les drames qui vont arriver et que personne ne pourra empêcher. On regrette l’absence de Lee. J. Cobb, dont le personnage aurait amené un peu de raison. Dan est jugé complice de la défunte Taby. Les Mc Callum veulent le tuer. Le propriétaire d’une fabrique de bois, Pingree (Ed Prentiss) veut jouer les juges à la place de Garth absent et réclame la peine la plus dure.

Les Mc Callum père et fils, remplis de haine et de mauvaise foi, décident d’appliquer leur justice, ou ce qu’ils estiment en être une. Le malheureux fiancé qui n’a rien fait écope de trente jours de prison, mais pour sa « belle famille », ce n’est pas assez. L’enfant du diable Bruce abat Sam Hicks après avoir tenté d’étrangler Dan. Dès lors, le carnage est inévitable. L’absence du Virginien durant une partie cruciale de l’épisode (il ne revient qu’à la 55e minute) n’est en rien justifiée par le script.

L’épisode, dans lequel le nombre des victimes augmente, est peu aidé par la prestation d’un James Drury assez gauche dans son jeu. S’il est maladroit dans les scènes dramatiques, il prendra sa revanche en jouant les détectives dans l’épisode 16 « The Exiles ». Ici, il compense ses faiblesses de comédiens par ses prouesses physiques.

L’opus manque de peu de recevoir la note minimale : tout est ici mélodramatique, larmoyant, avec des situations vues cent fois ailleurs. On ne nous épargne aucune pleurnicherie comme la mort de la mère Mc Callum malade du cœur. On restera dans l’incertitude sur le sort de l’assassin de Sam Hicks, qui sera arrêté. Le « happy end » a un goût prononcé de « Bitter end ». Carl Reindel dans le rôle d’enfant du diable, frère de Taby, joue comme un cochon.

L’épisode ne donne pas envie, à la différence d’autres, d’être revu après vision.

  • Ce n’est pas Roger Rudel qui double James Drury dans cet épisode. Inconvénient de la VF, le Virginien change de voix !

  • Joan Freeman (1942-) qui incarne Tabby reviendra dans la série à trois reprises de 1963 à 1965 mais avec des personnages différents.

  • Charles Aidman (1925-1993) était le remplaçant occasionnel de Ross Martin dans « Les Mystères de l’ouest » dans le rôle de Jeremy Pike.

  • Au cimetière, on ne voit malheureusement pas l’année de décès de Taby sur sa plaque au cimetière, ce qui aurait permis de dater l’année de l’intrigue.

  • Le shériff Stan Evans (Russell Thorson) remplace inexplicablement Mark Abbott/Ross Elliott. Thorson est doublé par Claude Bertrand, la voix française de Roger Moore.

  • Betsy participe activement à l’épisode, alors qu’elle d’habitude effacée.

Retour à l'index


12. FIFTY DAYS TO MOOSE JAW
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Maxwell Shane et Donald S. Sanford.

Réalisation : Maxwell Shane.

Pour éviter au juge Garth une faillite, Le Virginien doit conduire 2000 têtes de bétail au Canada à Moose Jaw afin de les vendre. Slim Jessup, ouvrier piégé par sa patronne allumeuse, a dû tuer le frère du mari de la dame en état de légitime défense pour se sauver. C’est un vieil ami du Virginien.

Dans cette intrigue assez linéaire, il s’agit de convoyer du bétail. On se croirait dans un western de John Wayne. Les beaux paysages ne comblent pas les lacunes du scénario. James Gregory et Brandon De Wilde, dans leurs rôles de vétéran et de novice, volent la vedette au Virginien et à Trampas.

Jessup prend sous sa coupe un orphelin, James Cafferty, maltraité par son beau-père. Ce qui déplaît à Trampas dans la scène où il vole le violon du jeune homme.

Mais l’étau se resserre autour de Jessup, piégé par une femme dont le mari veut absolument la tête car elle s’est jetée à son coup et en se défendant, il a tué le beau-frère. Le beau-père de James traque lui le jeune homme, même si ses intentions se révèleront moins belliqueuses.

On peut reprocher au réalisateur de mauvais raccords entre le troupeau (des scènes de stock shot) avec le reste.

On commence à s’ennuyer un peu, le réalisateur s’appesantissant sur le sort de James et Jessup. Pour la première fois, le metteur en scène est contraint de « meubler » par des scènes inutiles pour atteindre les 75 minutes. Par exemple, les séquences d’étape du convoi s’éternisent et n’apportent rien à l’histoire. Maxwell Shane multiplie les bavardages inutiles et tire à la ligne. La série est brillante lorsqu’elle dispose de bons scénarii, ce qui n’est pas le cas dès le début ici. La fin est larmoyante et moralisatrice, et le téléspectateur, qui a subi beaucoup trop de scènes en studio, a le sentiment de s’être fait avoir, par rapport à la qualité habituelle de la série.  Universal ne disposait pas des moyens d’un scénario à la fois trop ambitieux (convoi de bétail de Shiloh au Canada) mais aussi très terne.

On aboutit donc, comme pour l’épisode « Les héros » à un ratage. Un peu pour les mêmes raisons d’aileurs. Episode verbeux, qui part dans toutes les directions, voulant conjuguer en fait trois intrigues en une : le sort de James, qui tient du conflit familial, celui de Jessup qui s’est trouvé au mauvais moment au mauvais endroit, et le sauvetage de l’exploitation d’un juge Garth bien trop absent.

Brandon De Wilde et James Gregory font ce qu’ils peuvent, mais leur histoire de fils voulant se découvrir un père est cousue de fil blanc. Besty fait plusieurs apparitions, confortant l’importance de son personnage. Roberta Shore profite de l’absence de Lee J. Cobb pour bénéficier de quelques scènes intéressantes, toute l’intrigue ne se déroulant pas dans le seul convoi mais aussi un peu à Shiloh.

Sur 30 épisodes, il ne peut y avoir 30 réussites. Pour en faire une série plus parfaite, il fallait simplement envisager moins d’épisodes. Sur son site, James Drury raconte que parfois, on tournait simultanément cinq épisodes de la série en même temps. On ressent ici cette quantité privilégiée au détriment de la qualité, ce qui heureusement n’est pas le cas trop souvent.

  • Un télégramme envoyé au début de l’épisode nous apprend que nous sommes le 9 juillet 1890, soit huit ans avant les évènements de la saison 1 censés se dérouler en 1898.

  • James Gregory (1911-2002) vu dans « Le secret de la planète des singes », incarne ici Jessup. Il reviendra trois fois dans la série dans d’autres rôles. On se souvient de sa prestation de gangster dans l’épisode de « Mission Impossible : la fiancée » en 1972 où il était Joe Corvin, l’heureux élu de Casey-Linda Day George.

  • Brandon De Wilde (1942-1972) mort jeune dans un accident de la route, incarne ici le jeune James Cafferty. Au cinéma, on l’a vu dans « L’homme des vallées perdues » (1953), « Le plus sauvage d’entre tous » (1963) et « Première victoire » (1965).

  • Cet épisode explore une facette antipathique de la nature de Trampas. Ce sera de moins en moins évoqué au fur et à mesure de l’évolution de la série pour en faire un alter-ego du Virginien.

Retour à l'index


13. L'ACCUSATRICE
(THE ACCOMPLICE)

Histoire : Winston Miller.

Adaptation : Howard Browne et William P. McGivern.
Réalisation : Maury Geraghty.

Le jour de son anniversaire, Trampas est arrêté par des adjoints au shérif de Rocky Point pour une tentative de meurtre et un cambriolage qui a rapporté 60 000 dollars.

Trampas est reconnu par deux témoins, dont Mlle Celia Miller (Bette Davis) comme ayant braqué leur banque et tué un homme. Cette situation de départ laisse prévoir un bon épisode. Notons qu’ici, compte tenu de l’accusation et du mandat d’arrêt, il est impensable que le prénom de Trampas ne nous soit pas indiqué.

Visuellement, on ne fait pas de différence entre Rocky Point et Medecine Bow au niveau du centre ville. Lin Mc Carthy (vu dans trois épisodes des « Envahisseurs ») est ici un journaliste, Malcolm Brent, en réalité l’auteur du hold up et le meurtrier. Ce qui n’est guère vraisemblable car Lin Mc Carthy et Doug McClure ne se ressemblent pas du tout. Brent vient se jeter dans la gueule du loup ce qui est aussi peu crédible.

L’opus aborde la question de la fragilité du témoignage humain, en particulier de celui d’un des deux accusateurs qui a de gros problèmes de vision. Ce dernier retire vite son témoignage, mais Mlle Miller persiste. Dès la 28e minute, elle déclare au « journaliste » Brent qu’elle ment et sait que Trampas est innocent, puisqu’elle le reconnait lui. En fait, elle fait chanter le tueur, exigeant 10 000 dollars.

James Drury inégal selon les épisodes, parfois crédible uniquement dans les scènes d’action, livre ici une belle composition. Il semble chercher ses marques durant cette saison. Il est fortement aidé dans son interprétation lorsque le scénario est solide.

Bette Davis est comme habituellement impeccable. Son personnage, d’un cynisme effarant, est campé avec assurance. Le Virginien, toutefois, va ébranler la détermination de Mlle Miller.

A la 41e minute, notre héros entrevoit la vérité. Le procès commence à la 43e, les américains – friands du genre, on le sait depuis « Perry Mason » - sont contents, mais il est ici vite repoussé. La fuite de Malcolm Brent en plein procès permet au Virginien de comprendre qu’il est impliqué.

Harold Gould en procureur s’avère décevant, par rapport à son niveau habituel. Il est ici toute en retenue, trop sobre dans son jeu, pas assez féroce. On suppose qu’après 1962, il a pris davantage d’assurance. Vers la fin, il devient même « gentil », ce qui est anachronique.

Bette Davis défend jusqu’au bout son mensonge. Altière, effrontée, arrogante, elle fait face à un James Drury très en verve qui lui tient tête. Le talent de Bette Davis permet au suspense de nous tenir en haleine. Avec « Le Virginien », il ne faut pas être cardiaque. Nous savons la vérité deux minutes avant la fin, ce qui tient du suspense à la Hitchcock. Cela cependant nous empêche d’avoir un épilogue.

Un des meilleurs opus de la saison.

  • Le cambriolage a lieu le 18 mai 1897. Puis nous voyons un calendrier de l’année 1898 en fondu enchaîné pour l’anniversaire de Trampas. Le nombre de bougies (Betsy en a oublié) ne permet pas cependant de connaître l’âge du personnage.

  • Trampas a été engagé au ranch Shiloh en juin 1897. Ce qui infirme la date du télégramme de l’épisode précédent où l’action se déroule à partir du 9 juillet 1890 ! Autre erreur de continuité : le shérif est Mark Abbott et dit se souvenir de l’arrivée de Trampas, or dans le pilote, le shérif en place – Trampas était présent – était Neil Brady.

  • Bette Davis (1908-1989) a joué dans « L’insoumise » (1938), « Victoire sur la nuit » (1939), « Une femme cherche son destin » (1942), « Eve » (1950), « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » (1962). Elle a tourné pour la télévision dans « Alfred Hitchcock présente », « La grande caravane », « Perry Mason », « Gunsmoke » et quelques téléfilms.

  • Il étonnant de constater que l’ORTF n’ait pas doublé des bribes de dialogues, qui sont en VOST. Sans doute simplement pour raccourcir quelque peu le métrage.

  • Harold Gould (1923-2010) est connu pour avoir été Honoré Vashion dans quatre épisodes de « Hawaii Police d’état ».  Il a joué deux fois dans « Les Envahisseurs », mais aussi « Mannix », « Columbo » et a tourné jusqu’à sa mort (« Cold Case, « Nip/Tuck »). Il tient ici le rôle de l’avocat général, Tom Finney.

Retour à l'index


14. TU AS GÂCHÉ MA VIE
(THE MAN FROM THE SEA)

Scénario : David Friedkin et Morton Fine.

Réalisation : Herschel Daugherty.

Deux jumelles arrivent à Medecine Bow : Judith et Susan Morrow. Kevin Doyle, un marin, a envie d’acheter une ferme et de se marier. Il est arrivé par le même train. Molly conduit les jumelles à Shiloh. Très vite, il apparaît que Judith Morrow est atteinte d’une profonde psychose.

Trop jeune, on reconnaît à peine voire pas la jolie Carol Lynley, Elyse Reynolds dans « Les Envahisseurs : les défenseurs », et qui – plus âgée – était ravissante dans un « Hawaii Police d’état ». Carol, en Judith, ne ressemble pas du tout à l’actrice censée jouer sa jumelle Susan (Shirley Knight).

Susan fabrique de la poterie qu’elle vend. Elle est sûre d’elle, tandis que Judith est une écorchée vive, rebelle et sensible. Judith se saisit d’une arme et tire au hasard dans la bibliothèque du juge Garth. Nous comprenons le malaise qui s’installe, et pressentons un drame. Cependant, dans les vingt premières minutes, il ne se passe pas grand-chose : politesses, minauderies, conversations de salon. Lee J. Cobb accapare l’écran. Il est vraiment un grand comédien, son personnage de juge distillant une sagesse et une sérénité enviables. Face à lui, Carol Lynley semble déstabilisée, et a du mal à exister.

Kevin fait sa cour à Molly sans grand succès. On commence à trouver le temps long et à se demander où les scénaristes veulent nous entraîner. Une bonne trentaine de minutes est passée. Le marin s’attaque ensuite à Judith et se fait refouler. Les bavardages continuent entre le juge et Judith. Le temps devient long, et il ne se passe strictement rien.

On se croit dans un soap opera ! Pour le jubilé de Medecine Bow, on nous offre un spectacle de boxe. Trampas tente sa chance contre un champion, va-t-il nous sortir de notre torpeur ? Il se retrouve groggy tandis que Kevin gagne.

Pour sa dernière apparition dans la série, Molly/Pippa Scott n’est pas gâtée. Le script est un véritable gruyère. Judith semble folle. Mais l’histoire de son personnage n’est pas travaillée ni fouillée. L’écriture est paresseuse. On a le sentiment de feuilleter un bel album d’images.

45 minutes ont passé et l’épisode est bien compromis. Voilà un sérieux concurrent comme épisode le plus ennuyeux de la saison 1. La séquence de la course à pied le jour de la fête rappelle les pitreries de l’épisode 7 « Les héros » lors du match de polo. Doug McClure et Gary Clarke n’ont pas peur du ridicule.

Quand on pense au nombre d’épisodes non doublés en français, on se pose des questions sur les choix des programmateurs de l’ORTF de 1966. On pourrait suggérer un autre titre à l’épisode, « Tu as gâché mes 75 minutes ». On est en plein « Feux de l’amour ».

La folie de Judith finit par épouvanter son prétendant. Le téléspectateur lui dort d’un sommeil profond. C’est le premier épisode de la série sans scénario. Le juge Henry Garth consterné se voit obligé de jouer les docteur Freud.

Une grosse prise de tête attend le téléspectateur, et ce n’est pas la tragédie finale qui donnera un sens quelconque à cet opus. A fuir.

  • Dernière apparition du personnage de la journaliste Molly.

  • Carol Lynley (1942-) est célèbre pour « Bunny Lake a disparu » (1965).

  • Tom Tryon (1926-1991) a joué dans « Le Cardinal » (1963) et « Première victoire » (1965).

  • Shirley Knight (1936-) a joué notamment avec Jack Nicholson dans « Pour le pire et pour le meilleur » (1997)

  • On va fêter le 25e anniversaire de Medecine Bow.

Retour à l'index


15. DUEL À SHILOH
(DUEL AT SHILOH)

Scénario : Don Ingalls, adapté d’une histoire de Bordon Chase et D.D.Beauchamp et du roman « Man without a star » de Dee Linford.

Réalisation : Jerry Hooper.

Steve Hill se souvient de son arrivée à Medecine Bow, passager clandestin d’un train de marchandises, en compagnie d’un certain Johnny Wade qui lui a tout appris.

Cet épisode est un flash back, et nous montre comment Steve connut le juge et sa fille Betsy. Il raconte la lutte entre Georgia Price (Geraldine Brooks) et le juge Garth, au sujet de l’herbe nécessaire aux troupeaux, mais qui n’appartient pas légalement à Garth et aux fermiers. Johnny Wade (Brian Keith) est celui qui apprend le métier au jeune Steve après l’avoir sauvé de la pendaison. On découvre ainsi un jeunot qui ne sait pas servir d’un révolver.

L’opus est parsemé de bagarres assez violentes, et l’on voit comment Steve devient un homme. Pour l’occasion, il faut rajeunir l’actrice Roberta Shore, ce qui est fait avec sa coiffure et quelques autres astuces vestimentaires, puisque nous sommes dans le passé, à une date et une année qui ne seront jamais précisées. La même chose est moins aisée avec l’acteur Gary Clarke, qui incarne un Steve qui ne fait pas plus « jeune » que d’habitude. Au début, lorsque Steve se rend avec des fleurs sur une tombe, on pense à sa dulcinée morte (Louella, évoquée dans l’épisode 6 « Big day, great day »). Mais pour deux raisons, on ne va voir le nom et la date sur la tombe. Il ne s’agit pas de la jeune femme, et révéler l’identité du mort constitue le « spoiler ». D’autre part, cela évite aussi d’indiquer le nombre d’années qui séparent cet épisode de 1898, chose qui aurait compliqué la tâche du metteur en scène, en obligeant à recourir à des comédiens plus jeunes (une petite fille pour Betsy par exemple) alors que nous restons ici dans un espace temps non précisé.

Dès le départ, le scénariste s’inspire de deux sources différentes : un roman de Dee Linford (il faut dire que le roman d’Owen Wister a depuis longtemps été totalement adapté), mais aussi un scénario original écrit à deux mains par Bordon Chase et D.D. Beauchamp. L’histoire n’ayant rien d’exceptionnel, on se demande bien pourquoi la production a eu recours à autant de sources au lieu d’un seul scénario original.

L’arrivée assez tardive du Virginien dans l’histoire est surprenante. L’intrigue basée sur la propriété de l’herbe n’est pas ce que l’on peut appeler passionnante en soit, mais Geraldine Brooks ne manque pas de charme, jouant pour l’époque une femme très émancipée, commandant des hommes.

Cela se suit sans ennui, mais pas avec passion. Heureusement, la mise en scène de Jerry Hooper donne du dynamisme à l’ensemble. Nous avons droit à des scènes spectaculaires, comme celle où un troupeau de bétail charge la clôture du juge Garth, et où le Virginien parvient à le détourner.

Après la phase de « l’apprentissage », Steve l’élève dépasse le maître. Ce qui constitue un moment très dramatique, toutefois sans jamais atteindre le degré de « The Brazen bell ».

Les bons moments de ce film, dans lequel Lee J. Cobb n’a pas l’importance qu’il a d’habitude, restant surtout dans le rôle de quelqu’un qui se défend, sont la liaison de Georgia avec Johnny Wade, histoire d’amour qui prendra un tour tragique. N’en dévoilons pas trop cependant.

Il y a aussi tout le début dans lequel en dehors de Steve nous ne retrouvons pas de personnages familiers. On est même surpris lorsqu’il est dit que l’on est à Medecine Bow tant la ville est différente de celle que nous connaissons. Wade est un migrant qui a besoin d’espaces sans fin, et n’aime pas les fermiers, qui lui ont fait fuir son Texas natal. Il est cependant pourchassé par le progrès, les fermiers ayant aussi investi le Wyoming. Brian Keith en Wade se montre un « maître » crédible pour l’élève Steve, après lui avoir sauvé la vie. On passe beaucoup de temps dans le train et à l’arrivée en gare, où un meurtrier est recherché, ce qui aurait dérouté le téléspectateur si dès le début il n’avait pas su que toute l’histoire était un flash back.

James Drury arrivant tardivement, il se limite aux scènes d’action, prêtant main forte au juge. L’absence de Trampas peut être interprétée comme un signe selon lequel il serait arrivé à Shiloh après Steve, le scénario n’est pas explicite sur le sujet.

J’ai passé un bon moment, la mise en scène ne lésinant pas sur les décors naturels toujours aussi enchanteurs. On en a pour son argent. Pas de scènes de rochers factices en carton comme dans l’épisode 9 avec Lee Marvin pour les gros plans, ce qui est un progrès appréciable.

Le titre de l’épisode est un mystère, car il n’y a jamais un vrai duel comme dans les westerns mythiques, avec une longue préparation, une tension qui monte. « Man without a star » aurait constitué, une fois qu’on a vu l’opus, un meilleur titre.

  • Trampas est absent de cet épisode.

  • Brian Keith (1921-1997) fut le héros des séries « Cher oncle Bill » et « Le juge et le pilote ». Il a participé à de nombreux épisodes de « Alfred Hitchcock présente », « Les Incorruptibles », « Le Fugitif ». Au cinéma on l’a vu dans « Le jugement des flèches » (1957), « Sur la piste des Comanches » (1958), « Nevada Smith » (1966), « Le lion et le vent » (1975), « Meteor » (1979), « La fureur sauvage » (1980). Il s’est suicidé dix semaines après celui de sa fille Daisy en 1997.

  • Geraldine Brooks (1925-1977) fut souvent vedette invitée de séries : « Mannix », « Opération vol », « Match contre la vie ». Ce fut aussi une vedette de cinéma : « La possédée », « Les désemparés », « Le gantelet vert », « Le défi de Lassie », « Le solitaire de l’ouest ».

  • Signalons dans cet épisode la présence de DeForrest Kelley (1920-1999), célèbre pour la série « Star Trek », il tient ici le rôle de Ben Tully, un « méchant ».

  • Erreur de continuité : lorsque Steve arrive à Medecine Bow, le shérif n’est pas Neil Brady/John Larch comme dans le pilote.  On peut cependant supposer que cela se passe avant l’arrivée de Brady ?

Retour à l'index


16. THE EXILES
INÉDIT EN FRANCE

Histoire : Thomas Fitzroy.

Adaptation : William P. McGivern et Howard Browne.

Réalisation : Bernard Girard.

Le juge Garth risque la pendaison pour avoir tué un certain Jeff Ballard qui l’a pris en embuscade mais aurait été désarmé. Ralph Slocum, un représentant, a volé la carabine du mort. Et il est parti pour le Montana, à North Bend, par le train, où le Virginien se rend pour sauver son patron. Dans le train, il rencontre une chanteuse, Angie Clark, qui vient de Seattle. Lorsque cette dernière est engagée au saloon de North Bend, elle fait l’objet de menaces de mort pour l’obliger à partir.



Premier épisode de la série à aborder le genre mystère policier, ce qui est une idée géniale : se servir du cadre du western, mais y intégrer des histoires qui pourraient être des enquêtes de Sherlock Holmes ou de Mannix, tout en bénéficiant des décors enchanteurs du far West. Cela évite la lassitude des sempiternelles intrigues de western. A noter que ce détournement de genre existait déjà dans la bande dessinée avec « Flèche Noire le Cheyenne » (« Strongbow the Mohawk » puis « Blackbow the Cheyenne ») imaginé par Edward Homes en 1957 et publiée en français dans « Rintintin » dans les années 60-70.

A la différence de la série « Les mystères de l’ouest » qui détourne constamment le western vers l’espionnage, la SF et l’aventure, « Le Virginien » n’use qu’occasionnellement de cette piste scénarique. « La liste » dans la saison 6 utilise exactement le même canevas que « La liste rouge de Morgan », une aventure de Flèche Noire.

L’épisode présent a ceci de particulier qu’il nous éloigne de Medecine Bow. Bien entendu, rien ne ressemblant à une reconstitution de ville du far West qu’une autre, on se doute que l’on n’a pas été tourner « The Exiles » dans le Montana. L’éloignement sert de ressort à l’intrigue. Slocum a imaginé un plan diabolique pour extorquer une fortune au juge Garth, et il sait qu’une citation à comparaître, valable dans le Wyoming n’aura aucune valeur dans le Montana.

J’avais quelques craintes avec le réalisateur Bernard Girard, auteur du médiocre épisode 7 « Les héros », mais il s’était racheté avec le scénario du 8 « Impasse », et cette-fois nous propose une mise en scène splendide. Thomas Fitzroy a greffé une deuxième intrigue, celle des menaces contre la chanteuse, ce qui permet d’éviter la lassitude en 75 minutes, et de donner encore plus de mystère à résoudre au téléspectateur ébahi.

Les comédiens servent leurs personnages à merveille. Ed Nelson, le fameux docteur Rossi de « Peyton Place », est ici un salaud intégral que le hasard a mis en possibilité d’exercer un chantage et une extorsion. Faussement naïve et très sexy, Tammy Grimes  nous livre une Angie Clark chanteuse de saloon qui sera la première grande idylle du Virginien. Malgré ce qu’elle promet à fin, on ne la reverra pas dans la série, il faut laisser la place à d’autres actrices potentielles flirts du héros. Brad Weston est Fred Daly, l’adjoint du shérif, l’homme qui tente de faire passer pour folle Angie et de la faire quitter North Bend. Toutefois, son rôle se limite à celui d’une grande brute,  un homme de main qui sert de mystérieux intérêts que l’on découvrira en fin d’épisode, donc spoiler. Tous les rôles sont bien distribués, jusqu’au débonnaire propriétaire du saloon, le très paternel Mr Hardy, joué par Frank Cady, vu dans la série  « Les Arpents verts ».

Malgré un zeste de vulgarité, Angie se montre attachante. Lorsqu’elle négocie son contrat avec Hardy, elle démontre un certain aplomb et nous arrache des sourires. Les trains qui passent à North Bend, les chasses à la vérité de nuit dans les recoins de la ville, les mystères qui entourent cette pourtant paisible bourgade de 6000 habitants sont fort bien filmés et jusqu’aux dernières minutes, on passe un moment haletant. On ne peut s’empêcher de penser à Holmes et Watson qui auraient pu mener la même enquête que le virginien, celle-ci nécessitant plus de neurones que de muscles. James Drury, qui a peu de scènes d’action et exerce une mission d’enquêteur s’en sort bien mieux que l’on aurait pu penser à le voir dans les premiers épisodes. Il ne manque jamais d’humour, et la facette romantique de son personnage nous est révélée.

L’affaire de la chanteuse s’avère un mystère bien plus construit que le chantage de Ralph Slocum. La mystification qui permettra de le mettre hors d’état de nuire et surtout de sauver un juge Garth en danger de peine de mort croise habilement les deux intrigues. Cet épisode se révèle une réussite totale, sans prise de tête, nous sommes dans la pure fiction, pas réaliste pour un sou, à la différence d’autres opus vus dans la série.

  • Trampas et – c’est un comble – le juge Garth sont absents de l’épisode.

  • Ed Nelson (1928-2014) est célèbre pour la série « Peyton Place » où il incarna le docteur Rossi de 1964 à 1969. On l’a vu aussi dans le pilote de » Banacek ».

  • Tammy Grimes (1934-) qui tourne toujours a bien failli être Samantha dans « Ma Sorcière bien aimée », elle a refusé le rôle car elle préfère le théâtre. Elle est surtout connue pour le soap « Amoureusement vôtre » et avoir été la voix de plusieurs personnages de dessins animés comme « La dernière Licorne ». On l’a vue au cinéma dans « High Art » (1998) de Lisa Cholodenko.

  • Premier épisode montrant une romance du Virginien.

  • Brad Weston qui a arrêté de tourner en 1978 est un comédien spécialisé dans le western : « La diligence vers l’ouest » (1966), « Violence à Jericho » (1967), « Barquero » (1970).

Retour à l'index


17. LE VERDICT
(THE JUDGEMENT)

Histoire : Lawrence Roman.

Adaptation : Bob et Wanda Duncan.

Réalisation : Earl Bellamy.

Le juge Garth raconte à Betsy pourquoi il a pris sa retraite : une affaire qui s’est déroulée il y a dix ans l’y a poussé. Les frères Jake et Lennie Carewe étaient venus à Medecine Bow pour faire changer d’avis Garth au sujet d’une sentence de condamnation à mort contre leur frère Billy en menaçant sa fille, les jurés, les habitants, et beaucoup lui ont alors tourné le dos, morts de peur.

Cet épisode se déroule dix ans en arrière, ce qui nous vaut une Betsy enfant (le nom de la petite fille comédienne n’est pas mentionné). On y retrouve Clu Gulager qui reviendra pour un rôle récurrent à partir de la saison 3 du bon côté de la barrière, comme shérif. Il tiendra d’ici là à nouveau un petit rôle dans la saison 2.

Le principe du flash back vient d’être utilisé dans l’épisode 15 « Duel à Shiloh ». On se demande bien pourquoi il est employé à nouveau, à moins de justifier la triple absence du Virginien, de Trampas et de Steve. On lorgne ici du côté du « Train sifflera trois fois », avec la lâcheté des habitants laissant le juge seul face au coupable et à sa famille. Les gens ont peur. Un après l’autre, ils lâchent le juge.

Outre ses problèmes avec les frères Carewe, Henry Garth  devait de marier avec Alice Finley (Patricia Barry) mais le nouveau shérif Burt Adams est devenu, depuis un mois, l’amant de cette dernière, ce qui provoque la rupture. Toute la ville le sait sauf le potentiel cocu. Notons que la scène où Alice s’explique à ce sujet avec le juge a été censurée par la prude ORTF de 1966, elle est en VOST. La valse des shérifs de Medecine Bow nous déroute. La production semble penser que le téléspectateur est amnésique d’un épisode à l’autre, et se moque de cela comme de purs détails. Lorsque l’on regarde les épisodes l’un après l’autre, cela nous choque.

L’avocat novice Oliver Smith (John Kerr) croit à ses livres de droit et se trouve brutalement confronté à la réalité de la violence de racailles qui ne respectent rien. Il apprend la loi de la jungle.

Le rythme de l’opus est assez lent. On se surprend à s’ennuyer en cours de route. Deux comédiens seulement dominent la distribution : Lee J. Cobb et Clu Gulager en fripouille abjecte de mauvaise foi.

Plus qu’un western, l’opus est une réflexion sur le courage. Seul le juge en aura et cette vision nous paraît idyllique puisque, Lee J. Cobb étant présent ensuite, on comprend sans dévoiler un spoiler qu’il va triompher. Gulager est haïssable à souhait, passant de la mièvrerie à la menace en une seconde. Malheureusement, comme on dit, « c’est du cinéma », notre société actuelle aurait bien besoin de juges comme Henry Garth qui ne fléchissent pas devant les bandits et appliquent la loi au péril de leur vie.

C’est donc une longue histoire que raconte le juge à sa fille, puisque cela dure tout l’épisode, soit presque 75 minutes. Earl Bellamy à trop vouloir privilégier les discours a oublié le suspense et l’aspect distraction, ce qui fait que l’épisode obtient seulement deux étoiles. On aurait apprécié un peu plus de suspense, de bagarres, de tension, voire de retournements de situation.

Le reste de la distribution n’est pas à la hauteur, et l’on se serait épargné l’intrigue sentimentale saugrenue entre Alice, femme bien trop jeune pour être l’épouse d’un homme comme Garth, dont on comprend la tentative de trouver un compagnon plus approprié. Cela nous aurait évité le numéro pathétique de Patricia Barry tentant de se raccrocher aux branches après sa rupture avec l’amant qui se révèle un lâche. La dame en fin de compte perdra sur tous les plans.

Ce n’est pas un ratage, mais non plus un grand opus. Lee J. Cobb est un excellent comédien, mais avec lui seul, il ne faut pas espérer la moindre scène d’action.

  • Le Virginien, Trampas et Steve sont absents.

  • Erreur de continuité : il y a dix ans, soit en 1888, le shérif qui vient d’être élu à Medecine Bow est Burt Adams (David McLean), le précédent était Joseph Denton (Regis Toomey). Ce ne sont donc ni Neil Brady ni Mark Abbott. Il semble que la production ne soit pas soucieuse de ce point. Burt Adams démissionne (par peur des Carewe) et Denton reprend sa plaque.

  • Le Ranch Shiloh est un projet en 1888, le juge se dédiant pour le moment à sa seule fonction sans être fermier (contradiction avec l’épisode 2 « Woman from White Wing »).

  • Nous apprenons que la cour est celle du 15e district de l’état de Wyoming.

Retour à l'index


18. LE GRIZZLY
(SAY GOODBYE TO ALL THAT)

Scénario : Al C. Ward.

Réalisation : William Witney.

Un grizzly appelé Moïse descend des montagnes en hiver et attaque les écuries, tuant le cheval de Trampas en lui brisant la nuque. On fête les 21 ans d’un fils de fermier, le jeune Martin Beldon, fiancé à Alice. Le père de Martin, un véritable tyran, va provoquer un drame.

De toute évidence, cet opus a été réalisé pour profiter de la couleur et des décors, ainsi que du grizzly. Le script est plutôt léger et l’ensemble est compensé par le bal, les danses, les beaux costumes. Le jeune public, avec l’animal sauvage, à la différence d’autres intrigues violentes, est ciblé. D’ailleurs, les légendes indiennes sont évoquées assez souvent par Faraway (incarné par un Royal Dano métamorphosé et méconnaissable physiquement par rapport à « The Brazen bell », étant à la fois inoffensif et un peu mystique). Dano est très éloigné de son registre habituel, jouant quelqu’un qui a été élevé chez les indiens. Il faut avouer que cela ne lui réussit pas du tout.

Le père de Martin, John Beldon, provoque Trampas en duel parce qu’il danse avec la fiancée du fils, et notre héros est obligé de se défendre. Bien qu’évitant de tuer l’homme, il le rend paraplégique.

La chasse au grizzly est évidemment le point d’orgue de cette histoire. On aimerait y assister rapidement, mais en parfait rabat-joie, et dès le début, le Virginien fait passer le travail avant la vengeance : sa préoccupation est de rassembler le bétail.

Le public féminin est visé ici avec la présence d’une idole de l’époque, le chanteur Fabian. Il faut avouer qu’il compose un cowboy d’opérette et que son manque d’expérience comme comédien est criante. La recherche de la crédibilité n’est pas  évidente de la part du metteur en scène. Fabian a beaucoup de mal à rendre vraisemblable son personnage. Nous sommes dans le mélodrame, avec le jeune,  victime des grandes brutes. Il faut dire que le caractère de Martin n’est pas des plus souples. Il arrive même à mettre à bout de patience Trampas. Au lieu de se marier avec la belle Alice, il veut jouer les terreurs et se retrouve seul.

A la 44e minute, le grizzly attaque, toutefois toute violence est écartée, nous ne voyons pas le cowboy  tué. La chasse à l’animal devient prétexte à des plans en décors naturels. On regrettera qu’au lieu de faire appel à un cascadeur, on nous montre Fabian contourner un rocher de carton- pâte au dessus d’un vide en fond d’écran. William Witney rate complètement le raccord avec les scènes de décors naturels. Si le téléspectateur de 1963 se faisait abuser, ce genre d’images ne passe plus aujourd’hui. La fin est une catastrophe mélangeant d’une image à l’autre vrais et faux rochers.

Charles McGraw en patriarche Belden est horripilant et en rajoute dans le rôle du paralysé en fauteuil roulant. Le comédien ne fait pas dans la sobriété. Avec le rejeton, ils composent une famille mal assortie. L’action et les rebondissements ne manquent pas, mais on a un sentiment de travail un peu bâclé. Le scénariste n’a pas posé de bases solides, et l’on perçoit parfois un peu d’improvisation.

Trampas confie au Virginien avoir un vrai cas de conscience car si Martin le défie, il devra le tuer. Mais les choses sont remises en cause par la lutte commune de l’homme de Shiloh et du jeune contre le grizzly. Le film a beaucoup vieilli, avec des effets spéciaux et des prises de vue en studio qui nous déconcertent. La fin est digne de « La petite maison dans la prairie », les bons sentiments sont légion, et nous assistons à une mise au point familiale qui nous éloigne de la série lors d’une grande fête qui fait double emploi avec le bal du début. Un épisode qui se laisse regarder, mais reste un opus mineur.

  • Martin est interprété par un chanteur en vogue à l’époque, Fabian (1943-).

  • Katherine Crawford (1944-) a joué dans le pilote de « Match contre la vie » : « Vivez dangereusement » (« Rapture at two forty »), qui faisait partie de l’anthologie « Haute Tension ». Elle reviendra trois fois dans « Le Virginien » dans d’autres rôles.

Retour à l'index


19. LE MORT A DISPARU
(THE MAN WHO COULDN'T DIE)

Histoire : John Francis O’Mara.

Adaptation : Harry Kleiner.

Réalisation : David Friedkin.

Le juge Garth se rend à San Francisco pour menacer un homme d’affaires, Paul Willson. Une bagarre éclate entre les deux hommes, un coup de feu part, et Willson s’affaisse, mort. Mais lorsque la police se rend sur les lieux, le cadavre a disparu.

Il y a un six mois, Willson et son associé Bradford ont grugé Garth, en promettant  d’établir le chemin de fer, mais après avoir encaissé l’argent, n’ont jamais entrepris les travaux. Cette scène nous est montrée en flash-back, procédé dont la série semble abuser. Les scènes à San Francisco sont toutes faites en studio. L’épisode, loin du western, est du genre policier.

Une certaine Mrs Wallace, une veuve (Vera Miles) passe alors une annonce pour ouvrir une institution de jeunes filles à Medecine Bow. Garth la convainc de devenir l’institutrice et gouvernante de Betsy (Ceci toujours dans le flash back). Le téléspectateur le moins attentionné comprend vite que l’institutrice est une espionne agissant pour Willson et Bradford. Toutefois, elle apporte une touche « comédie » à l’intrigue. Cela nous vaut quelques scènes cocasses avec Trampas qui ici se contente de passer les plats et dont la présence n’est pas justifiée.

Roberta Shore bénéficie dans cet épisode de plus de scènes que d’habitude. Mais par leur métier, Vera Miles et Lee J. Cobb dominent le jeu. Au fil des épisodes, le juge Garth semble un éternel célibataire voulant absolument trouver une compagne. Betsy quant à elle montre peu de goût pour devenir une demoiselle du grand monde, trouvant Homère plus ennuyeux que Shakespeare, ce qui selon elle n’est pas peu dire.

Le problème de l’épisode, chose qui semble arriver souvent dans la série, est que l’ennui s’installe au milieu de l’intrigue. Il faut trop de temps à Garth pour percer la véritable identité de Mrs Wallace.

C’est au bout d’1h 03 minutes que le flash back s’arrête. Ce qui semblait une bonne idée au départ s’avère une montagne qui accouche d’une souris. La construction du scénario est défaillante. Les comédiens ne sont pas en cause, ils font ce qu’ils peuvent mais le script, pas assez travaillé, ébranle l’édifice. L’argument policier révélé à la fin n’est pas en soit mauvais. Mais tout cela ne permettait pas un développement sur 75 minutes.

Bien sûr, il n’est pas question de révéler le spoiler, mais si toutes les pièces du puzzle se mettent en place à la l’épilogue, on a l’impression d’une intrigue policière étirée artificiellement en longueur, ce qui est dommage.

  • David White (1916-1990) était le patron du mari de la « Sorcière bien aimée ». Il incarne ici l’homme que le juge dit avoir tué, Willson.

  • Vera Miles (1929-) a joué dans « Le faux coupable », « Psychose », « L’homme qui tua Liberty Valance ». Elle a arrêté sa carrière en 1995. Elle reviendra deux fois dans la série dans d’autres rôles.

  • Garth veut envoyer Betsy en pension à Boston apprendre les bonnes manières.

  • Le Virginien, Trampas et Steve ne font que des apparitions au cours de l’épisode.

  • Quand on a vu cette histoire, on se rend compte que le titre original révèle le spoiler !

Retour à l'index


20. C'EST MOI QUI L'AI TUÉ
(IF YOU HAVE TEARS)

 

 

Histoire : Thomas Fitzroy et Howard Browne.

Adaptation : Frank Fenton et Frank Chase.

Réalisation : Richard L. Bare.

Kyle Lawson, vieux compagnon de guerre du Virginien, vient demander de l’aide. Il est accusé du meurtre du mari de Leona Kelland, à qui il faisait la cour, dans le Montana, à Moncorpus.

Cet épisode est du genre policier, avec un aspect sentimental. Dana Wynter, au début parfaite sainte nitouche en veuve, séduit le Virginien, mais a auparavant eu une amitié ambigüe avec Kyle Lawson. Notons que l’ex Commandant Monastario de « Zorro » est ici un beau garçon injustement accusé d’un meurtre.

Il y a de nombreux personnages : la veuve, son amant (elle a peu de goût, il s’agit de John Milford !), sa sœur, son frère alcoolique, l’ami qui semble avoir été séduit pour être attiré dans un piège. Dana Wynter incarne Leona, une femme mariée avec un homme violent qui la battait, et pensait le quitter. C’est la confiance aveugle que le Virginien a en son ami Kyle qui le pousse à faire une enquête. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il va tomber amoureux de Leona.

L’abondance de personnages permet de multiplier les suspects : Leona, Kyle, la sœur, le frère, l’amant,  tous ayant de bons mobiles.

Moncorpus dans le Montana est surtout filmé en intérieurs, en fait dans les studios Universal, mais les quelques extérieurs sont vraiment agréables et recherchés. Avec ce script solide, un bon polar, on ne s’ennuie pas une minute jusqu’à la révélation finale.

C’est Dana Wynter qui fait la plus belle composition d’actrice ici. Elle sait faire passer les différentes facettes de son personnage, tantôt angélique, tantôt machiavélique, ni une oie blanche, mais pas sans doute la vilaine criminelle que l’on imagine. Le Virginien, tombé sous son charme, comprend très vite qu’elle protège quelqu’un, mais qui ?

Robert Vaughn avait à l’époque des progrès à faire, car il rend son personnage, pourtant important, inconsistant en manquant de présence et de maturité. Phyllis Avery, dans le rôle de Martha Clain, la sœur vieille fille tirée à quatre épingles au charme étriqué, est parfaite dans son emploi. James Drury, dans une composition qui ne demande aucune scène d’action, s’en tire avec les honneurs. Ce Whodunit qui se sert du cadre « western » de façon minimale, est une réussite totale.

L’enquête de Trampas et du Virginien à Moncorpus se déroule un peu trop facilement, les habitants ont le sang froid, et le shérif local, Jonathan Ballard, est bienveillant, pensant Kyle innocent. Mais nous passons 75 minutes plaisantes, sans jamais le moindre sentiment d’ennui. On souhaiterait que cela soit le cas à chaque opus.

Le Virginien, après sa belle conquête la chanteuse Angie dans l’épisode 16 « The Exiles » récidive ici, en cœur d’artichaut, tombant amoureux de Leora. On comprend que son destin dans la série ne sera jamais d’avoir une compagne, puisque ses amours sont éphémères. Dana Wynter fait une « fiancée » davantage digne de lui que Tammy Grimes sexy mais vulgaire.

Un très bon épisode.

 

  • Dana Wynter (1931-2011), Leona Kelland, est devenue célèbre avec « L’invasion des profanateurs de sépulture » (1956).

  • Robert Vaughn (1932-), Simon, le beau-frère alcoolique de la victime, n’avait pas encore accédé à la célébrité que lui apporta Napoléon Solo dans « Des agents très spéciaux ».

  • Nancy Sinatra (1940-) tient un petit rôle, celui de Cary, une entraîneuse, qui chante en s’accompagnant à la guitare dans le saloon. Son personnage flirte avec Trampas.

  • John Milford (1929-2000), Perry Allen, l’assistant du shérif, bien connu des amateurs des « Envahisseurs » où il fit plusieurs apparitions, reviendra dans cinq autres épisodes du « Virginien », dans d’autres rôles.

Retour à l'index