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Sue LloydVolume 1

Le Baron

Présentation


 

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The Baron (Le Baron ou Alias le Baron en France) est une série britannique ITC de trente épisodes de cinquante minutes tournée en 1965/66. Elle est basée sur les romans de John Creasey écrits à partir de 1937 sous le pseudonyme d’Anthony Morton et elle fut initialement pensée pour remplacer Le Saint. Il y eut 47 livres publiés entre 1937 et 1979 et il est surprenant que le nom de l’auteur n’apparaisse pas au générique de la série.

The Baron fut diffusé en Grande-Bretagne entre le 28 septembre 1966 et le 19 avril 1967. En France, la série a fait son apparition le 7 octobre 1967 sur la deuxième chaine de l’ORTF et elle n’a pas fait l’objet de nombreuses rediffusions (la dernière date du début des années 90). 

La série conte les aventures de John Mannering alias le Baron (Steve Forrest), un antiquaire, qui travaille à l’occasion comme agent infiltré pour le chef des services secrets britanniques, Templeton-Green (Colin Gordon). Il est secondé par Cordelia Winfield (Sue Lloyd) ou David Marlowe (Paul Ferris).  

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La série a la particularité d’avoir été la première production ITC à être tournée entièrement en couleurs (si on fait exception des séries ‘marionnettes’). Des personnalités reconnues du monde des séries britanniques ont participé à cette aventure. Les créateurs sont Robert Baker et Monty Berman, qui est aussi producteur en créant Filmaker, l’assistant de production est Terry Nation, le responsable de production est Johnny Goodman et la musique fut confiée à Edwin Astley. Baker et Berman se séparèrent lorsque NBC commanda une autre saison du Saint, cette fois en couleur. Berman continua de s’occuper du Baron tandis que Baker fonda avec Roger Moore une nouvelle société afin de produire la saison couleur du Saint.

Dans les romans d’Anthony Morton, Mannering est britannique et il se marie après quelques aventures. Les producteurs de la série ont préféré en faire un célibataire texan dont le surnom provient du ranch tenu par son grand-père ! Contrairement à la littérature où Mannering a un passé de voleur de bijoux, la série le présente comme un héros irréprochable, capable ainsi de travailler pour les services secrets de Sa Majesté. Mannering est un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale et il fait partie d’une équipe qui a recouvré des œuvres d’art disparues pendant le conflit. Il possède trois boutiques d’antiquités et il est membre de la jet-set britannique. Dès le premier épisode, Mannering devient un agent du gouvernement; un statut qui fera voyager le héros dans diverses contrées souvent imaginaires pour retrouver des œuvres inestimables. Cependant, l’espionnage est régulièrement remplacé par des meurtres atypiques ou des escroqueries lucratives. 

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Cette série, assez méconnue en France, permet de retrouver de nombreux acteurs et actrices qui ont participé à des productions britanniques de l’époque plus renommées comme Chapeau melon et bottes de cuir, Le Saint, Destination danger ou Le Prisonnier. Ainsi, on reconnaît – sélection subjective -  Peter Wyngarde, Bernard Lee, Lois Maxwell, Patrick Allen, Jane Merrow, Anton Diffring, Colin Jeavons, Peter Bowles, Gerald Sim, Freddie Jones, Peter Arne, Annette Andre, Valerie Leon, Philip Locke, mais aussi Jeremy Brett vingt ans avant qu’il devienne Sherlock Holmes et Edward Woodward au temps de Callan et bien avant Equalizer. Les réalisateurs sont également des familiers (John Moxey, Leslie Norman, Roy Ward Baker, Robert Asher, Don Chaffey, Cyril Frankel…) et la majorité des scripts fut écrit par Terry Nation (17 épisodes) et Dennis Spooner (12 épisodes), quatre fois en collaboration. Il faut aussi faire attention aux génériques car lorsque Tony O’Grady apparaît, ce n’est autre que le créateur des Avengers, le regretté Brian Clemens !

A l’origine, Paul Ferris fut engagé pour tenir le rôle de David Marlowe, l’assistant de Mannering, mais, comme souvent, les Américains – ABC ici – ont mis leur nez dans la production. Il faut reconnaître que leur intervention fut souvent des idées farfelues dans l’histoire des séries britanniques (Chapeau melon et bottes de cuir, Amicalement vôtre, Mission casse-cou entre autres). Ce n’est pas le cas pour Le Baron, bien au contraire. Ils ont préféré faire prendre du galon à la ravissante Cordelia Winfield, agent de la Special Branch Diplomatic Service (SBDS), interprétée par la jolie et pétillante Sue Lloyd (une des raisons pour lesquelles j’ai accepté de chroniquer cette série). L’actrice venait de donner la réplique à Michael Caine dans Ipcress, danger immédiat. L’apparition de Cordelia dans la baignoire lors de la première aventure a dû éveiller les esprits coquins des pontes américains d’ABC qui décidèrent de donner un côté Avengers à la série ! Peut-être aussi, comme le suggère Peter Wyngarde dans les bonus, que la production a réalisé que deux hommes dirigeant une boutique d’antiquités pouvait être suggestif…Du coup, Winfield/Lloyd réapparait lors du neuvième épisode, Something for a Rainy Day, diffusé en troisième afin d’entrecouper les apparitions des deux aides de Mannering. Paul Ferris quitta la série néanmoins après huit épisodes. Si les premières aventures font la part belle à l’action, l’arrivée de Cordelia Winfield favorisa l’humour et l’espièglerie. Le personnage n’a pas le comportement d’Emma Peel et on s’en aperçoit rapidement lors des scènes d’action, mais Cordelia apporte un charme indéniable et elle est une excellente raison pour (re)découvrir la série. 

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Quant à Steve Forrest, on aime ou on n’aime pas. Il est néanmoins crédible dans ce rôle rugueux parfois à la Mike Hammer, mais il peut également être charmant et attentif envers les dames. Il sait utiliser à bon escient aussi bien sa jugeote que ses poings et la caractérisation de Forrest est exactement le résumé de ce que les Anglais se représentent des Américains : impétuosité et arrogance.

John Mannering possède beaucoup de points communs avec Simon Templar ; les deux séries sont souvent comparées par les spécialistes. Les personnages appartiennent tous les deux à la jet-set ; ils ont un style de vie flamboyant et ils sont amateur de jolies femmes mais, personnellement, je trouve que Mannering est également à rapprocher de McGill, L’homme à la valise, tourné peu après. Les deux séries sont plus réalistes que Le Saint et elles s’appuient sur des acteurs américains afin de favoriser leur exportation.  Cette comparaison a des limites car le jeu de Steve Forrest est loin d’être comparable à celui de Richard Bradford. The Baron est une série plus violente que Le Saint (Mannering va jusqu’à utiliser une mitraillette pour se débarrasser de l’opposition) mais beaucoup plus ‘soft’ néanmoins que L’homme à la valise. Comme pour les autres séries ITC, le marché américain était vital et certains termes furent doublés (‘whisky’ devint ‘scotch’ par exemple). Néanmoins, bien que l’accueil ait été positif au Royaume-Uni, la série n’eut pas le succès escompté aux USA, où The Baron fut diffusé au préalable, et elle s’arrêta après quatorze épisodes et une éventuelle seconde saison ne vit pas le jour.

Dans ses mémoires parues en 2000, Director's Cut: A Memoir of 60 Years in Film and Television, Roy Ward Baker souligne qu’un des partenaires américains de la série était une marque de cigarettes. C’est la raison pour laquelle les personnages en grillaient lors des scènes de détente, jamais lorsqu’ils étaient effrayés ou stressés. De toute façon, tout le monde fume dans The Baron, n’importe où et n’importe quand….

Malgré les aventures à l’étranger – dans des pays exotiques ou derrière le Rideau de fer – la production ne quitta jamais le Royaume-Uni (à l’instar de Man in a Suitcase). La série fut tournée principalement aux studios Elstree et aux alentours de Borehamwood dans le comté de Hertfordshire, des  endroits bien connus des fans de Chapeau melon et bottes de cuir, avec des acteurs britanniques imitant de nombreux accents étrangers lorsque l’histoire se passait hors de la Perfide Albion. On tourna également à Haberdashers' Aske's School, St Albans et Ivinghoe Beacon, mais Elstree servit à tout, que cela soit la boutique d’antiquités de Mannering, une ville mexicaine, un night-club parisien ou un poste de contrôle d’Europe de l’Est !

La voiture du Baron est une Jensen CV-8 argentée immatriculée BAR 1, qui fait penser par certains côtés à une Aston Martin (le bolide bénéficie d’un chapitre dans le livre Voitures de rêve des séries britanniques), tandis que Cordelia est au volant d’une DAF Daffodil 33, qui fait bien entendu moins rêver qu’une Lotus Elan. Deux films sont sortis sur grand écran dans certains cinémas européens; en fait, deux épisodes regroupés à chaque fois : Mystery Island est une réédition de Storm Warning et The Island, et The Man in a Looking Glass regroupe Masquerade et The Killing.

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La série est sortie en France en deux coffrets de quinze épisodes chez l'éditeur LCJ éditions (9 septembre 2015 et 13 avril 2016). Pour les anglophones, les sorties anglo-saxonnes sont plus économiques – un seul coffret que cela soit l’édition australienne Umbrella ou britannique Network – et elles bénéficient de bonus malheureusement ignorés en France. Ainsi, plusieurs épisodes sont agrémentés des commentaires de Peter Wyngarde, Sue Lloyd (pour trois épisodes), Johnny Goodman, Roy Ward Baker et Cyril Frankel. Trois opus sont proposés avec des introductions de Peter Wyngarde, Brian Clemens et Annette Andre. C’est très bien fait et instructif. Ainsi, Peter Wyngarde raconte que pour son double rôle, il avait axé son jeu sur John Gielgud pour un des personnages, mais les producteurs américains ont trouvé que la voix sonnait ‘gay’ et ils l’ont doublé !  Dans un autre passage, on apprend que Roger Moore – alors en tournage du Saint dans les mêmes studios - venait souvent faire des blagues à Sue Lloyd et que Steve Forrest était moins réceptif. Sue Lloyd dit avoir été frustrée que son personnage, Cordelia, ait été si crédule et elle précise que son rôle dans la courte pièce de Chapeau melon et bottes de cuir était à l’opposé. Ces bonus permettent d’avoir un aperçu du tournage de la série, des techniques de production et de l’atmosphère sur les plateaux des séries ITC de l’époque, et j’encourage les anglophones à acquérir une version qui les présente.  

Bien que Le Baron n’ait pas la notoriété d’autres séries ITC, elle mérite qu’on s’y attarde. Les trente épisodes ne sont pas tous excellents mais on retrouve l’atmosphère et le charme inégalables des séries britanniques de l’époque. Les meilleurs de la trentaine constituent indiscutablement des grands moments de télévision et beaucoup de noms au générique sont familiers pour avoir été aperçus dans les productions cultes des années 60, à commencer Chapeau melon et bottes de cuir

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