Saison 3 1. Alias Mr. Braithwaite (Alias Mr. Braithwaite) 2. Adieu hier (Goodbye to Yesterday) [1/2] 3. Adieu hier (Goodbye to Yesterday) [2/2] 4. Les péripéties du Sergent Brown (Poole's Paradise) 5. Fumez des mirages (Eye of the Hurricane) 6. Une balle pour Marc (A Bullet for Mark) 7. Des négociations difficiles (Love My Enemy) 8. Le Sergent sans alibi (Seeing Is Believing) 9. Les bérets bleus (The Machismo Bag) 10. Agression par programmation (Programmed for Danger) 11. Haute altitude (Five Miles High) 13. L'ombre d'un doute (Beyond a Shadow) 14. Vol sur commande (Stolen on Demand) 16. Candy (Beware the Wiles of the Stranger) 17. Le paradis qu'il faut quitter (Eden Is the Place We Leave) 21. Une heure à tuer (One Hour to Kill) 22. Le trésor de l'indien (Warrior's Return) 23. Le fils du prisonnier (Little Jerry Jessup) 24. Eve et son prince charmant (Good Will Tour) 25. Un métier de chien (Little Dog, Gone) 26. Liberté surveillée (Tom Dayton Is Loose Among Us)
1. ALIAS MR. BRAITHWAITE Histoire de Frank Telford et Robert Ward. Adaptation : Frank Telford. Réalisation : Don Weis Deux faux agents du FBI, Baker et Stark, escroquent la tante de Mark en lui faisant retirer ses économies de la banque. L’équipe identifie vite Baker comme un repris de justice, Raymond Otis Baker qui se fait appeler, dans la haute société, Robert Braithwaite. Le générique a encore changé, nouvelle orchestration qui rappelle la saison 1, et les noms des partenaires de Dacier y figurent désormais. Dans ce premier épisode, le tournage en studio ne se voit pas trop, l’essentiel étant filmé dans un hôtel de luxe avec piscine. Barbara Anderson et Don Galloway ont beaucoup de scènes où ils ne sont pas sous la coupe du chef, et livrés à eux-mêmes, on se rend compte que leur jeu est très limité. C’est assez flagrant face à un comédien expérimenté comme Joseph Campanella qui joue Braithwaite, leur proie. Barbara Anderson n’a jamais été aussi épanouie et semble contente d’elle, souriante. On se surprend à regretter Raymond Burr, trop peu présent dans l’épisode. Le suspense est présent (arrivée à l’hôtel du vrai couple Bixby qu’Eve et Ed interprètent pour piéger l’escroc), et l’histoire d’une manière générale bien écrite. Certains détours du script sont toutefois peu crédibles (Ed et Bixby se connaissent). Que le « pauvre » sergent Brown soit copain avec le riche Edward Bixby n’entre pas dans le champ du probable. L’intrigue est hybride entre le police procedural et l’enquête de détective. Escroc rusé, Baker/Braithwaite demande au faux couple Bixby de parier sur un cheval. Lorsque Dacier demande au strict commissaire Randall d’avancer la somme de 30 000 dollars (1969) pour finaliser la capture de Braithwaite, le commissaire manque prendre une attaque. Mais la petite amie de Stark, Goldie, reconnaît le sergent de police Ed Brown dans un ascenseur. La mécanique du piège, trop parfaite, s’enraye. On a parfois le sentiment d’être dans la série « Drôles de dames » : enquête insouciante, décors à l’avenant. On est très loin du réalisme policier. On s’ennuie un peu vers la fin, alors que cela ne dure que 48 minutes. C’est ce point qui coûte sa troisième étoile à l’épisode, dont les scènes de piscine et d’hôtel de luxe changent de l’ordinaire. Le plan pour piéger Braithwaite semble parfois quelque peu laborieux. Cet opus démontre que Barbara Anderson est certes une jolie fille, mais pas une grande comédienne, la comparaison avec Pat Priest en bad girl est à ce titre cruelle pour la première.
2. ADIEU HIER [1/2] Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Barry Shear. Cet épisode est la suite de « Qui êtes-vous Barbara ? », 23e épisode de la saison 1. La fille de Barbara Richards est enlevée. Cette femme amnésique avait croisé la route de Robert Dacier devenant son grand amour. Elle l’appelle à son secours. L’épisode comporte de nombreux flash back nous montrant des images de « Qui êtes vous Barbara ? ». On retrouve d’ailleurs dans cette suite les mêmes comédiens (le mari joué par Philip Carey). Parmi les nouveaux, Dane Clark dans le rôle de Ben Ames, le ravisseur, ainsi que le shérif, qui n’avait pas de nom jadis, et s’appelle désormais Metcalf, joué par un autre comédien. La plus jeune fille de Barbara, Tracy, interprétée en février 1968 par Susan Olsen l’est à présent par Heather Harrison. Des détails dont le téléspectateur n’a cure. Barbara n’a pas retrouvé sa mémoire, et son mari lui parle de séparation, réalisant qu’elle aime Robert Dacier. Un effort a été fait pour les tournages en studio qui se voient de moins en moins. Il faut avouer que l’aspect « romantique » a un peu vieilli, Vera Miles et Raymond Burr peinant parfois à nous émouvoir. Au terme de cette première partie (aux USA, ce fut un seul épisode de 100 minutes), on reste assez frustré. « Qui êtes-vous Barbara ? » bénéficiait d’un grand script que le manque de temps empêchait de développer, alors qu’ici, le scénario n’a pas été assez fouillé. L’ensemble est verbeux, très daté, et la présence de Vera Miles ne parvient pas à en faire un grand épisode.
3. ADIEU HIER [2/2] Ben Ames a enlevé la fille de Barbara, puis rejoint une certaine Molly Strong, qui ne semble plus avoir toute sa raison. Vic Richards envisage de divorcer de Barbara qui n’a aucun souvenir de lui. En voulant remettre la rançon seule, Barbara fait une terrible chute du haut d’un rocher. En regardant cet épisode, on se dit que les producteurs ont sous estimé l’objectif : ils ont Vera Miles dans la distribution, c’est la suite d’un épisode assez bon, ils ne se sont pas creusés davantage la tête et l’ensemble a vieilli. A la 27e minute, la découverte de l’enfant sain et sauf met un peu un terme au suspense. D’autant qu’après sa chute, nous ne voyons plus Barbara. Quant à l’équipe de l’homme de fer, elle passe au second plan, puisque l’affaire est du ressort du shérif et de ses hommes. Les scènes consacrées à Dane Clark/Ben Ames sont trop longues et finissent par lasser. La fin relève le niveau, (spoiler) et réserve un coup de massue à Robert Dacier. On est plein mélodrame. Jamais l’homme de fer ne nous aura paru aussi vulnérable. En flash-back, les images de l’épisode « Qui êtes-vous Barbara ? » viennent en rajouter. Vera Miles reviendra dans la saison 5 dans l’épisode « La femme en noir » dans un nouveau personnage. Il ne sera plus question de Barbara.
4. LES PÉRIPÉTIES DU SERGENT BROWN Scénario : Richard Shapiro. Réalisation : Abner Biberman. Lors d’une étape dans un self restaurant, Ed se fait braquer par un évadé, Donnelly qui l’oblige à partir avec le fourgon de Dacier. Sans le savoir, l’équipe se retrouve coincée dans un endroit perdu où la police locale est corrompue. Un épisode diffusé tôt en France, en 1971, rediffusé en 1975 sur Antenne 2 après « Aujourd’hui Madame », puis sur TMC en 2004, et qui m’est donc familier. C’est l’opus « historique » dans lequel le vieux fourgon que le chef Dacier utilisait depuis le pilote brûle. A la fin, Dacier a un van dernier cri, alors que le précédent semblait dater des années 40. Toutefois, l’opus a mal vieilli, même s’il fut en son temps grandiose. On distingue aujourd’hui les scènes réellement tournées en extérieurs, et parfaites, des dernières faites en studio avec des imags de rues ou de routes qui se déroulent en arrière plan. Cela déséquilibre considérablement un opus dans lequel la distribution est remplie de visages connus : Steve Forrest en shérif corrompu (« Le Baron »), William Smith en policier (Falconetti dans « Le riche et le pauvre »), Louise Latham (« Pas de printemps pour Marnie ») et Clu Gulager en accusé innocent que l’on ne présente plus. Si c’est un bon épisode, on reprochera la fin bâclée, le retournement de situation final contre toute une équipe de police corrompue étant une ficelle un peu grosse lorsque tout est fait en deux temps trois mouvements. Cela lui coûte la quatrième étoile, avec les plans studios incompréhensibles lorsque les ¾ de l’épisode ont été fait en décors naturels.
5. FUMEZ DES MIRAGES Scénario : Donn Mullally Réalisation : Don McDougall Après avoir visité un prisonnier, Terry Wilson, Dacier et Mark sont pris en otage avec un couple dont le mari est gravement blessé par deux prisonniers qui veulent s’évader. L’épisode reprend le canevas d’un de la saison 1, « Les évadés dans la maison ». Dana Eclar (« Mc Gyver », « Les têtes brûlées ») et Johnny Seven sont les deux méchants de l’opus. Terry Wilson (Jackie Coogan Jr dont ce fut le tout dernier rôle) rejoint les deux hommes. Mais ici, on laisse vite le mari blessé avec un médecin lui faisant une transfusion de plasma, pour que la prise d’otages continue à bord du van de Dacier. Ed les suit depuis un hélicoptère, Eve à partir d’une automobile. On se demande pourquoi, d’un épisode à l’autre, les scènes en studio sont bien ou mal traitées. Ici, on a l’illusion que toute est tourné en extérieurs. C’est, on le devine, un épisode au suspense haletant. Johnny Seven est le gangster le plus menaçant dans le rôle de Sims. Habile substitution en cours de route, Dacier et les évadés prennent le bus VW « Tube » décoré de façon psychédélique d’une fort jolie conductrice complice, Joy (Claire Brennen, emportée par le cancer à 43 ans en 1977). Résultat : un bon suspense, des vues aériennes d’autoroute et d’océan, de l’action, des comédiens crédibles, que demander de plus, et pourquoi aller chercher des histoires d’amour improbables avec Vera Miles amnésique quand il est si simple de réussir un bon polar ?
6. UNE BALLE POUR MARC Scénario : Richard Bluel. Réalisation : Richard Benedict. Quelqu’un, en tentant de tuer Dacier alors qu’il se rend à une réception, blesse grièvement Mark. Le commissaire Randall, à l’hôpital, est furieux que Dacier refuse d’avoir un garde du corps. Le pronostic vital de Mark Sanger est engagé après qu’il ait reçu une balle apparemment destinée à son chef. L’épisode nous propose des flash-back sur la façon dont Mark fut recruté par Dacier que nous n’avons jamais vu depuis le pilote. Nous ne sommes pas gênés ici par le tournage en studio (scènes de salles d’attente d’hôpital, puis investigations dans un night club). A la 16e minute, on apprend que Mark est hors de danger. La piste mène à un tueur à gages, Fred Murdoc. Mais lorsqu’en faux infirmier il tente de tuer Mark, les données changent. L’homme est rapidement abattu. L’enquête tourne ensuite autour de Charlie Tattersall (Felton Perry) que Dacier cherche dans une boîte de nuit. Dacier en conclut que Mark a dû voir quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir. Mark se souvient alors d’un évènement survenu durant ses cours du soir de droit. La vision de la série pour une diffusion en 1969 est tout de même conservatrice. Les danseuses dans les boîtes de nuit sont présentées de façon caricaturale. Poussé à chercher dans ses souvenirs par l’équipe de Dacier, Mark se souvient qu’en faisant le plein d’essence du van et en allant chercher une boisson, il a vu un mécanicien avec une mallette bizarre affairé à une réparation. Une mallette qui pourrait bien avoir servi à transporter de la drogue cachée sous le véhicule. Dacier confond, preuves filmées à l’appui, Farrell (Don Red Barry) et Thorne (Robert Alda) qui tentent de jouer les oies blanches, mais Dacier a plus d’un tour dans son sac pour faire parler le mécanicien complice d’un trafic de drogue mais qui n’a jamais été d’accord pour un meurtre. Excepté pour les arrière-plans de San Francisco sur le pare brise arrière du nouveau van de Dacier, l’effet tournage en studio n’est pas nuisible à l’épisode. Plus qu’une équipe de policiers, celle de Dacier évoque une famille. L’épisode est excellent, on aurait peut être pu faire durer le suspense plus longtemps sur le pronostic vital de Mark. A la fin, il est loin d’être rétabli puisqu’il est convalescent en fauteuil roulant, comme son chef. 7. DES NÉGOCIATIONS DIFFICILES Scénario : Irve Tunick. Réalisation : Don Weis. Robert Dacier est chargé d’assurer la sécurité d’une conférence secrète et diplomatique entre la Chine et les Etats-Unis. Il se rend compte que le chef de la délégation chinoise, le docteur Feng, est victime d’un empoisonnement. Opus très bavard et ennuyeux, dans lequel le contexte policier s’efface au profit de l’espionnage. Toutefois, il est difficile de se passionner pour ce sujet tant il y a peu d’action et beaucoup de discours. Khigh Dhieg se retrouve cette-fois du bon côté de la barrière, après avoir été l’ennemi mortel de Mc Garrett en Wo Fat. Pas plus que dans « Hawaii Police d’état », ce comédien, qui avait certes un physique d’oriental, n’est crédible en chinois (à la différence d’un James Shigeta par exemple). L’explication est simple : ses ancêtres étaient égyptiens et soudanais, et le comédien américain. Sans doute sa prestation en Wo Fat a-t-elle incité les producteurs de « L’homme de fer » à l’engager ici. Episode atypique de « L’homme de fer », où l’on voit surtout Mark (avec une belle chinoise (Cecile Ozorio qui n’a quasiment rien fait d’autre à part une apparition dans « Des agents très spéciaux ») et Dacier, et dans lequel tant Eve qu’Ed sont sacrifiés à la portion congrue – quelques rares scènes au bout de 25 minutes – « Des négociations difficiles » plonge le téléspectateur dans une torpeur totale. Ce n’est pas tant le fait que l’épisode soit tourné en studio qui est gênant mais la minceur de l’intrigue et les dialogues interminables. On peut trouver aussi l’histoire trop politique et désertant complètement le terrain du suspense et du divertissement. L’analyse américaine de 1969 distingue ici les bons des méchants chinois, le malheureux Feng et Hsai Hsu Mak (un alter-égo de Dacier) appartenant à la première catégorie parce que souhaitant la paix et le rapprochement avec l’Amérique. Très daté, tout cela est soporifique et l’on peut zapper l’épisode sans regrets.
8. LE SERGENT SANS ALIBI Scénario : Charles Nichols et Don Galloway. Réalisation : Barry Shear. Don Galloway est coscénariste de cet épisode. Ce fut sa seule expérience dans ce domaine. Ed Brown est reconnu par cinq témoins comme ayant agressé un certain Frankie Baum, un bookmaker. Avant de mourir sur son lit d’hôpital, la victime identifie Ed. Ce dernier n’a pas d’alibi, ayant passé le week end seul, et il se retrouve en prison. Quand elle reste dans son domaine, la série propose de bons épisodes comme celui-ci. On est un peu surpris de voir la façon dont la police de San Francisco faisait les portraits robots en 1969, car le dessin est très approximatif, et l’on se demande bien comment le policier chargé de l’enquête, le lieutenant Haines (Excellent Norman Fell) fait le rapprochement avec Ed. L’épisode est aussi une réflexion sur la fragilité du témoignage humain. Quelques scènes sont excellentes, comme le pompiste black qui se réjouit que le policier ait besoin d’un alibi et a droit à une petite mise au point avec Mark. Censée se dérouler à la campagne, cette séquence ne fait pas du tout « studio ». Comme l’aurait fait Mc Garrett (rappelons-nous de l’épisode où il doit laver de corruption Duke « Massacre sur commande » avec George Chakiris), Dacier mène sa propre enquête, qui nous entraîne vers une piste sur la vie privée de Frankie Baum. Julie Willis (incarnée par la jolie Anne Whitfield) est enceinte des œuvres de Baum qui en voulait pas l’épouser. Ce couple nous paraît bien improbable (bookmaker minable au physique peu avenant, jeune fille bien sous tous rapports), mais pourtant, c’est au bout de cette piste que se trouve la vérité, avec un improbable sosie d’Ed, lequel ressemble moins au portrait robot que l’acteur Don Galloway. La série livre là ce qu’elle peut donner de meilleur : une bonne enquête policière, des rebondissements, le réalisateur prenant son temps pour les ménager sans nous abreuver d’invraisemblances comme dans « Qui êtes vous Barbara ? ». Trois étoiles et pas quatre parce que ce n’est quand même pas un chef d’œuvre, et l’ensemble parfois souffre de quelques longueurs.
9. LES BÉRETS BLEUS Scénario : William Douglas Lansford. Réalisation : Don Weis. Mark Sanger en faisant ses études de droit voit son attention attirée par un groupe de jeunes mexicains qui se prennent pour des révolutionnaires. En amateur de Che Guevara d’opérette dont il n’a pas oublié le béret, A Martinez, dans le rôle de Manolo Rodriguez, est risible. D’emblée, l’épisode est très daté et caricatural. On se retrouve à la fin des années soixante, l’épisode fut diffusé le 13 novembre 1969, mais l’effet nostalgie ne joue pas au profit d’une intrigue qui a mal vieilli. Est-ce le recul mais je trouve qu’A Martinez joue comme un cochon, cabotine et donne à son personnage déjà stéréotypé un côté pesant. Face à lui, Raymond Burr se montre particulièrement mou, en Robert Dacier manquant de fermeté, ressemblant plus à une assistante sociale qu’à un policier. Insultant le juge avec l’arrogance d’un étudiant révolutionnaire des sixties, Manolo Rodriguez donne à cet opus une tonalité politique qui ne réussit jamais à la série, on l’a vu avec « Des négociations difficiles ». « L’homme de fer » n’est pas fait pour cela, on peut en espérer de bons polars, des suspenses, mais pas de grandes théories fumeuses. Seule bonne surprise, en compagne de Manolo, Dolores Sanchez interprétée par une actrice fort jolie mais à la carrière éphémère, Socorro Serrano. On remarque que la distribution étiquette acteurs latinos Vito Scotti, aux origines napolitaines, et son « fils » A Martinez (par son père origines apaches et mexicaines). Au bout de trente minutes (affrontement entre père et fils), on n’attend plus rien de cette intrigue foireuse. Même Mort Mills habituellement brillant (« Les envahisseurs », « Mannix », « Le rideau déchiré ») a l’air de s’ennuyer en lieutenant Rambau. Raymond Burr est ici nettement sous-employé, tant A Martinez prend de place. Je me suis ennuyé d’un bout à l’autre de cet opus ni fait ni à faire. Quant à Eve et Ed, ils sont relégués au rang de simples figurants.
10. AGRESSION PAR PROGRAMMATION Scénario : True Boardman. Réalisation : John Florea. Trois tentatives d’agressions sur des jeunes filles ont lieu dans le même quartier. La dernière, qui échappe de peu à l’étrangleur, Veronica Keel, est une amie d’Eve Whitfield. Dacier enquête. Les victimes étaient inscrites dans une agence matrimoniale. Alice Flynn (Anne Baxter) a mis au point une agence matrimoniale qui fonctionne par ordinateur, avec un système de sélection par affinités. Roy Flynn (Roger Perry), l’associé et frère d’Alice Flynn, est l’agresseur que nous avons vu dans le pré-générique. Il semble mentalement dérangé. Dacier rencontre les hommes qui ont contacté Veronica. Ce défilé de suspects nous permet de voir plusieurs comédiens de l’époque et des personnages pittoresques (une mère abusive, un homme qui était en prison à l’heure de l’agression et n’est pas libre sentimentalement, un homme marié, un pompier, etc…) L’enquête, sans temps morts, est passionnante. Eve se propose de servir de « chèvre » en s’inscrivant à l’agence. Elle se fait passer pour une standardiste de nuit ne travaillant qu’avec des femmes, et n’ayant pas l’occasion de faire des rencontres (un peu invraisemblable vu la beauté de l’actrice Barbara Anderson). Bien entendu, les ordinateurs géants de l’époque constituent une curiosité pour le téléspectateur d’aujourd’hui. Anne Baxter en impose dans le genre « femme de tête ». Le suspense est présent bien que nous connaissions l’identité du coupable. Eve prend des risques insensés. Comme dans « Columbo », l’intérêt est de savoir comment le policier va coincer le coupable. Cet épisode qui nous fait oublier le tournage en studios est une réussite totale. Barbara Anderson est meilleure comédienne que d’ordinaire, et Roger Perry constitue un méchant bon pour l’asile. On ne s’ennuie pas une seconde.
11. HAUTE ALTITUDE Scénario : Margaret et Paul Schneider. Réalisation : Don Weis. L’homme de fer est à Hawaii et doit prendre l’avion pour San Francisco. Jack Brady, comptable pour la mafia, sera témoin à charge dans un procès. Les scènes à Hawaii sont faites dans un restaurant, le reste, à bord d’un avion, est uniquement du studio. C’est donc un suspense en huis clos et un whodunit. Lequel des passagers est là pour tuer Jack Brady ? Ce naïf comptable joué avec talent par Milton Seltzer est l’enjeu de l’épisode. Dacier veut le faire témoigner devant le grand jury contre son patron Lou Coster. On est un peu perdu devant le nombre de suspects possibles parmi les voyageurs. Dacier a deux suspects qui connaissent Lou Coster, Irene Wilson (Dorothy Green) et le manager d’un boxeur. Mark est un admirateur du champion de boxe noir Jimmy Otis (Robert DoQui) dont le manager, Sid Leppich (Joe Mantell) est suspect. En fait, à chaque interrogatoire, Dacier met à jour une nouvelle situation, en l’occurrence le déclin du boxeur que son manager est contraint de droguer. L’homme de fer procède par élimination. Le scénario est excellent. La liste des suspects s’agrandit lorsque l’on apprend que Coster offre 50 000 dollars à qui tuera Brady. Les coups de théâtre se succèdent. Le capitaine Lasker (Regis Cordic) s’avère être un imposteur. Les candidats pour tuer le comptable se bousculent. La mise en scène accentue (avec peu de moyens) le suspense. Bien entendu, le coupable est celui que l’on soupçonnait le moins, une des règles du genre. Donc un excellent épisode, sans atteindre la perfection. Le final comporte quelques fausses notes en raison des raccords images d’archives/studio. Eternel problème de cette série et qui l’empêche d’accéder au statut de série culte. Eve et Ed sont limités au minimum dans cet épisode, tandis que Mark, lui, bénéficie de scènes intéressantes aux côtés de son patron.
Scénario : Mort Thaw. Réalisation : Tony Leader. Une synagogue est saccagée et le rabbin se retrouve à l’hôpital. Des croix gammées sont peintes aux murs et on dérobe la torah, un objet sacré. Episode hautement politique en 1969, à une époque où en France le sujet de l’holocauste n’était que timidement abordé. On se souviendra que « Hawaii Police d’état », un peu plus tard, a traité le sujet des néo-nazis (« Tonnerre lointain », sixième épisode de la saison 11). On s’écarte ensuite un peu du sujet antisémite pour un vol plus crapuleux. Ce sont deux petits minables, Jim Trannon (Shelly Novack) et Clay Royce (Greg Mullavey) qui sont les auteurs du vol. Au fur et à mesure que l’épisode avance, l’ennui nous gagne (au bout de trente minutes). Le script de Mort Thaw ne suffit pas à tenir cinquante minutes. Une collecte est faite auprès des offices religieux du quartier pour payer la rançon demandée. Sulfureux au début, le sujet devient convenu. C’est l’histoire d’un vol raté, car une Torah n’a de valeur que si l’on peut en donner l’origine, ce qui explique qu’à un moment, les deux voyous pensent s’en débarrasser. La traque traîne en longueur, comme si le scénariste manquant d’inspiration, le réalisateur « meublait » avec des scènes inutiles. Il est aussi hautement improbable que la rançon soit confiée à un enfant de treize ans, même surveillé par l’équipe de Dacier. Notons que c’est la première fois que les coupables sont arrêtés dix minutes avant la fin, la course contre la montre restant pour Mark et Ed de retrouver la Torah cachée au bord de l’océan avant l’arrivée de la marée. Toute la fin avec l’équipe de Dacier dans la synagogue écoutant des chants religieux hébreux renforce cette idée que l’on a épuisé le sujet et qu’il faut tenir cinquante minutes, ce qui est regrettable.
13. L'OMBRE D'UN DOUTE Scénario : Martha Wilkerson. Réalisation : Richard Benedict. Tracy Oliver, une amie de Dacier, tente de suicider en s’ouvrant les veines. Episode diffusé le samedi 20 janvier 1973 lors de la troisième série ORTF qui comportait beaucoup d’opus de la saison 1, c’est une intrigue bien connue des amateurs car elle eu la faveur de plusieurs rediffusions. Tracy Oliver est passée en justice il y a trois ans au moment où le chef Dacier a été blessé et s’est retrouvé en fauteuil, soupçonnée du meurtre de son mari. Il y a eu un non lieu. Dana Wynter rappelle ici Vera Miles dans « Qui êtes-vous Barbara ? » et « Adieu hier ». On comprend que Dacier en est amoureux, même si c’est moins explicite qu’avec le personnage de Barbara. Il l’appelle d’ailleurs de son nom de jeune fille Tracy Lovell. Un journaliste teigneux, Len Leavitt (Mort Sahl) ressort une idylle ou supposée idylle entre Tracy et Dacier, alors jeune policier. Auprès de son équipe, l’homme de fer admet juste avoir passé une soirée avec la jolie femme après qu’il ait arrêté deux cambrioleurs qui s’étaient attaqués au domicile de la belle. La chose, comme le dira plus tard le journaliste, date de quinze ans. A la différence du précédent opus, le scénario est très travaillé. Tracy a voyagé en Europe après la mort de son mari et venait juste de rentrer. Le père, John Lovell (Simon Scott) fait un portrait peu flatteur de son défunt gendre Walter Oliver. Robert Dacier rouvrant les vieilles enquêtes est un classique de la série. Dana Wynter apporte beaucoup à son personnage. L’équipe de Dacier en est réduite à passer les plats, Raymond Burr occupant tout l’espace. Le père de Tracy est un alcoolique, et se retrouve en tête de la liste des suspects de Dacier. A la trentième minute, on comprend que Tracy a découvert la vérité sur la mort de son mari. Les coups de théâtre se succèdent. La piste du père criminel s’étoffe. Le suspense est à son comble. A la 43e minute, Dacier révèle l’incroyable vérité. A la différence de « Qui êtes-vous Barbara ? », on a ici le temps de savourer cette formidable intrigue, qui en fait un des épisodes les plus mémorables de la série pour les téléspectateurs français. Quant à Dana Wynter, elle est tout simplement sublime.
14. VOL SUR COMMANDE Scénario : Arthur Weingarten. Réalisation : Bill Foster. Mark entraîne des jeunes au basket ball. Une bande organisée pratique le vol sur commande dans des entrepôts. Or, l’empreinte du pouce de Mark est retrouvée sur un schéma de basket ball qu’il a remis à chacun des joueurs. Il est difficile de chroniquer un épisode qui suit un chef d’œuvre comme « Où est la limite ? » ou « L’ombre d’un doute ». Mark est ici contraint de prouver son innocence dans une histoire de vols organisés. Le scénario est assez bon. Notons que la mère du jeune Danny, le voleur, Sarah Goodson (Marion Brash), qui marche avec une canne, rappelle dès qu’elle apparaît à l’écran Louise Latham dans le rôle de la mère de Tippi Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » (hommage ou coïncidence ?). Mark ne tarde pas à comprendre que Danny (David Cassidy) est le complice des voleurs. Mais il refuse de le livrer à l’inspecteur Dacier. Derrière Danny se cache le sinistre chef de bande Arnold Cane (Alan Oppenheimer). L’épisode se suit agréablement la première demi heure. Danny n’a pas de chance entre une mère malade imaginaire et une petite amie, Jamie Wagner (Pamela Mc Myler) atteinte de démence. Elle est internée dans un asile. David Cassidy n’est pas vraiment crédible en jeune voyou, trop « minet » et gentil pour le personnage. Il n’est jamais expliqué comment Danny peut fréquenter Jamie alors qu’elle est dans un hôpital psychiatrique. L’épisode marque un peu le pas au bout de trente minutes. Jamais bon signe quand on commence à regarder sa montre. Ce n’est pas un ratage, mais plusieurs séquences se succèdent sans grande cohérence. Le scénariste manque de conviction. La fin s’étire un peu en longueur.
Scénario : Frank Chase. Réalisation : John Florea. Dora Copeland, vieille amie de Dacier, dirige une entreprise de fruits et légumes. Les banques refusent de lui prêter 5000 dollars. Une société louche propose d’avancer les fonds. Dora fait appel à Dacier qui reconnaît un dangereux gangster en la personne du prêteur. Le milieu des maraîchers est inhabituel pour cette série. Del Laver (Hank Brandt) est une vieille connaissance de Robert Dacier. Mais l’on est un peu surpris que la première réaction de Dora Copeland (Ann Doran) soit d’appeler l’homme de fer quand on lui propose un prêt. Laver s’acharne sur la famille Copeland et l’on ne comprend pas trop pourquoi, puisqu’il sait que Dacier le connaît. Un chantage est mis au point contre Paul Copeland (excellent Stewart Moss), fils de Dora. Une soit-disant infirmière Kathy sollicite Paul alors que sa voiture est en panne, puis simule une tentative de viol. Si la mère comprend la situation, l’épouse enceinte de Paul est plus sceptique. Le scénario de Frank Chase est un peu tiré par les cheveux. D’autant que la tentative de chantage est mise tout de suite sous les yeux de Robert Dacier. Le syndicat du crime veut s’implanter dans le milieu des maraîchers de San Francisco. En ce début 1970, les hippies à San Francisco sont un passage obligé, montré de façon caricaturale. L’enquête se traîne et le suspense est plutôt tiède. L’obstination de Laver est incompréhensible, dans la mesure où le syndicat du crime qui ne veut pas de publicité lui a demandé de renoncer. La partie est presque trop facile à la fin pour Dacier.
16. CANDY Scénario : Robert Earll. Réalisation : Don Weis. Des membres d’un centre de jeu clandestin se font braquer en pleine nuit par un gangster déguisé en clown pour un montant de 100 000 dollars. Il a une complice, Candy, que Mark prend en stop dans la nuit. « Candy » diffusé le 24 mars 1973 en France est un peu considéré comme « l’épisode de Mark ». C’est la première fois que durant les 28 premières minutes, Don Mitchell est seul à l’écran. On voit lors d’un coup de fil Eve à ce moment là. Puis Dacier et Ed. Candy (Tina Louise) est trop jolie pour être honnête. Elle et Mark sont coincés par la pluie et le mauvais état des routes, mais Candy a à ses trousses les organisateurs de la partie, dont Bryce (Charles Aidman). Le personnage de Candy se conjugue mal avec Mark. Elle est assez vulgaire, pratique vite le tutoiement. Elle est complice d’un tueur. J’avais gardé un meilleur souvenir de l’épisode. Candy n’est pas une minute attachante. A partir de la 29e minute, Raymond Burr et son équipe prennent les choses en main, mais à distance, laissant encore l’écran à Don Mitchell, dont le personnage de Mark comprend toute l’affaire. Fred (John Ericson) est le cerveau de l’affaire. Il n’y a jamais de romance esquissée entre le l’adjoint de Dacier et la jeune femme. Le dernier acte (à partir de la 38e minute) retrouve les codes de la série, Raymond Burr reprenant les rennes de l’enquête. Le suspense est constant, et l’épisode hors normes. La fin cependant remet pas mal en question l’originalité de l’aventure, la série retrouvant avec Dacier et son équipe son canevas habituel. Mais les admirateurs de Don Mitchell ne l’auront jamais autant vu seul à l’écran en Mark.
17. LE PARADIS QU'IL FAUT QUITTER Scénario : John Kneubuhl. Réalisation : Daniel Petrie. Un protégé de Robert Dacier, Loi Tala, boxeur, envoie son adversaire aux portes de la mort. Il veut arrêter de boxer mais subit les pressions d’un homme nommé le Matai. Les membres d’une communauté insulaire exotique, les Samoan, vouent une obéissance aveugle à leur maître, le Matai. On ne sait pas trop au début où le scénariste veut nous mener. Le Matai est une sorte de gourou. Loi a des talents de photographe, mais le Matai veut qu’il continue à boxer. Lorsqu’il le fait, Loi devient fou furieux. Il a envie de tuer. Son premier adversaire succombe à ses blessures. Plusieurs invraisemblances dans cet opus : le jeune boxeur n’affronte que des adversaires qui lui sont inférieurs. Le Matai apparaît comme une sorte de manipulateur fanatique du peuple samoan. En voulant faire trop original, le scénariste a pondu un récit auquel le téléspectateur habitué de la série n’adhère pas. Le manager de boxe de Loi, Bucky Crawford (Sandy Kenyon) essaie d’aider l’inspecteur Dacier après le bannissement du jeune homme par le Matai. Robert Dacier ici n’affronte pas de racketteurs ou de tueurs, mais joue les assistantes sociales (ou les psys) auprès d’un jeune exclu de sa communauté. Le téléspectateur est donc totalement déstabilisé, ne trouvant aucun des repères de la série. Un épisode absurde, à zapper sans regrets. Il constitue ce que l’on appelle un « hors-sujet ».
18. NI LE LIEU NI L'HEURE Scénario : Sy Salkowitz et Norman Borisoff. Réalisation : John Florea. A l’aéroport de San Francisco, l’équipe de Dacier attend un certain Riker venu prendre un magot volé. Mais la présence d’une starlette de cinéma sur les lieux provoque une confusion et Riker en voulant s’enfuir se fait écraser par un camion. Episode bien connu des anciens téléspectateurs, diffusé le 13 janvier 1973 (avec la troisième fournée d’épisodes), programmé ensuite plusieurs fois après « Aujourd’hui Madame », il présente une intrigue policière classique. Vivian Page, la starlette (Tiffany Bolling) est interrogée par Ed, qui cherche la clé que Riker transportait sur lui, cachant 250 000 dollars fruit d’un hold-up. Ed se fait draguer par Vivian… qui déteste les policiers. Le titre original est plus explicite : l’actrice s’est trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Ces épisodes familiers car diffusés assez tôt en France ont parfois laissé une bonne impression non justifiée, ou ont mal vieilli. C’était déjà le cas de « Candy », et malheureusement aussi en la matière de celui-là. Une starlette anti-police qui déplore le métier que fait Ed et souhaite que l’enquête de Dacier échoue. Vivian symbolise la révolte des jeunes post 1968. Aujourd’hui, le personnage nous semble artificiel et puéril. On peut se consoler en regardant d’autres opus diffusés tôt en France comme « En service commandé » qui eux n’ont pas pris une ride. L’idylle improbable de Vivian et Ed dans des décors de cartons pâte censés représenter San Francisco rappelle la série « Le Saint » avec Roger Moore. C’est difficilement regardable aujourd’hui, alors que cela faisait de l’audience à l’époque de la première diffusion française. Le plan qui tue des amoureux devant le Golden Gate ne fait plus illusion aujourd’hui. Cette réalisation désastreuse est dommageable à un scénario qui tenait la route.
19. VACANCES AUX FIDJI Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. Chacun des membres de l’équipe a droit à trois semaines de vacances. Dacier part aux îles Fidjis y retrouver un ancien colonel, Walter Branford, avec lequel il y a vingt-cinq ans il combattit au Guadalcanal. Arrivé sur place, Dacier constate que le colonel a été enlevé. Puis Dacier disparaît et Ed et Mark le recherchent. Tout ceci dissimule une histoire de trafic d’or. Enorme frustration, tout est ici tourné en studios. Quelques images d’archives sont censées donner le change. Cet épisode exotique a dû ravir les téléspectateurs de 1970 mais ne fait plus illusion aujourd’hui. Ed et Mark sont dans des tenues tropicales pour nous mettre dans l’ambiance. L’épisode est une éternelle partie de cache-cache où les protagonistes se cherchent. La nièce du colonel, Marcia (Anne Collings) est l’otage de trafiquants d’or. Elle, seule, par ses fonctions, peut laisser de l’or quitter les Fidjis. L’intrigue ne décolle jamais. Il y a ici un fossé entre les ambitions du scénariste et les pauvres moyens alloués à la mise en scène. La production se prend trop au sérieux (musique grandiloquente, absence totale d’humour). Les morceaux de bravoure rappellent l’épisode de la saison 2 « Rencontre désespérée », Dacier faisant fi de son handicap pour remonter dans son fauteuil alors qu’il est alité et prisonnier. La fin est bâclée. Un épisode qui promet beaucoup mais reste très moyen.
Scénario : Arthur Weingarten. Réalisation : Abner Biberman. Eric Saginor, marié à la belle Susan, est déçu de son déroulement de carrière à la banque. C’est alors que Susan est enlevée en même temps que sa meilleure amie Eve qui intervenait. John Saxon est ici méconnaissable avec des lunettes et un look de looser en Eric Saginor. Le couple qu’il forme avec la superbe Carla Borelli est improbable. Après l’ambitieux « Vacances aux Fidjis », on retrouve une intrigue classique de la série. Dacier apprend que Saginor s’est vu refuser de l’avancement dans la banque, il a eu une mésentente avec sa femme, ce qui lui a occasionné quelques erreurs. L’homme de fer le soupçonne d’avoir organisé lui-même l’enlèvement de sa femme. Malgré la présence de Carla Borelli, l’opus est vite ennuyeux. On sort de notre torpeur lors de la tentative d’évasion d’Eve et Susan. Dacier se met à soupçonner le supérieur de Saginor, Paul Friedland (Fritz Weaver). Le fait que ce soit des hippies qui gardent les prisonnières date bien l’épisode dans son époque. Eve sera très déçue par sa meilleure amie mais Dieu que Carla Borelli est fascinante.
21. UNE HEURE À TUER Scénario : Sandy Stern. Réalisation : Richard Benedict. Après une audience, Robert Dacier libère Mark assez tard pour aller à son cours de droit. Seul dans son appartement, il réalise qu’il est la proie d’un tueur venu se venger. Episode choisi par l’ORTF pour débuter une « saison 3 » le 6 janvier 1973. Bonne sélection en l’occurrence. Il s’agit d’un suspense diabolique. Eve et Ed sont à l’opéra où ils ont l’air de s’ennuyer au possible, Mark a ses cours du soir de droit, Randall vient rendre une petite visite de courtoisie, mais Dacier, resté seul, est tombé dans un piège. Comme tous les épisodes multidiffusés très tôt en France, on se souvient tout de suite de l’intrigue si l’on était devant son petit écran ces années-là. Au cours du soir, un faux meurtre est perpétré pour que le professeur puisse illustrer la fragilité du témoignage humain. Pendant ce temps, l’homme de fer, coupé du monde chez lui, a rendez-vous avec un ancien adversaire, un ennemi diabolique. C’est admirablement bien joué et le tournage en studios ne dessert en rien l’intrigue, au contraire. Sans armes, Dacier doit se défendre et surtout identifier le tueur. On est surpris qu’Eve et Ed qui ne sont que des collègues de travail aillent ensemble à l’opéra. Mark brille face à son professeur au cours de droit en se rappelant beaucoup d’éléments de la fausse agression. On comprend qu’ici tout est dans le passé de Dacier (mais jamais évoqué dans la série). Ce genre d’intrigues rappelle un peu « L’héritage diabolique » dans « Chapeau melon et bottes de cuir ». Imperturbable, jouant les McGyver avant l’heure, Dacier prépare un piège pour son assaillant. Digne d’Hitchcock, le suspense est sans failles. Richard Benedict réussit là une réalisation superbe après un autre opus de la saison, « L’ombre d’un doute ». Jimmy Chard, le tueur, n’est jamais apparu dans la série. Fort bien interprété par Robert Lipton, il est le frère d’un homme, Billy, que Dacier a envoyé il y a trois ans à la chaise électrique. Chard prétend être un héros du Vietnam, mais Dacier lui prouve qu’il était en fait dans un hôpital psychiatrique. La fin est bien entendu à la hauteur du reste de cet épisode inoubliable.
22. LE TRÉSOR DE L'INDIEN Histoire : Joyce Perry. Adaptation : Irv Pearlberg. Réalisation : Don Weis. John Walala, un indien qui sort de prison, bénéficie de l’aide de Dacier pour sa réinsertion qui lui trouve du travail. Mais il est suspecté d’avoir aussitôt libre dérobé 60 000 dollars de bijoux en perçant le coffre de l’homme qui l’a employé. Episode diffusé le 31 mars 1973 en France, marquant la fin durant trois longues années de la programmation d’inédits. Un coffre a été percé et Walala est suspect. Leavitt, le patron qui l’a embauché le regrette amèrement et le reproche à Dacier. Le thème de la réinsertion a été déjà abordé dans la série. Ici, l’épisode est délibérément pro-indien. Dacier prend fait et cause pour cette communauté qu’il décrit à Mark comme fort défavorisée. Le scénario est caricatural. Au lieu d’un polar, on a un plaidoyer pro-indien. Peu de suspense, beaucoup de bavardages. Fowler demande à Eve le jour où elle se mariera de le choisir comme bijoutier. Parmi les suspects, Carew (Dabbs Greer) dont la femme très malade nécessite des soins coûteux, employé de M Leavitt et Fowler. Il ne se passe pas grand-chose à l’écran et le téléspectateur s’ennuie. Une fois le plaidoyer pro indien subi, on est vraiment déçu par le script, pourtant écrit à deux mains. Walala menace d’un fusil son bienfaiteur Dacier avant de se rendre. Ned Romero en suspect Walala est peu expressif. Le personnage est mal écrit, et c’est Dacier qui doit raconter l’intrigue au téléspectateur. Le meilleur ami et cousin de Walala, Craig Cheppa, fournit aussi un bon suspect. D’autant que Carew est innocenté par sa femme opportunément, elle avoue à Ed qu’il était avec sa maîtresse. Lors d’une scène, Mark retrouve Cheppa dans sa voiture décapotable sur les hauteurs de San Francisco. Nous avons droit à un affreux plan fait en studio. « L’homme de fer » n’est pas en forme, c’est un épisode raté, plombé par un scénario anémique. La seule défense de la cause indienne ne fait pas un bon film. L’absence d’action et l’intrigue verbeuse n’avantagent pas cet opus. Dacier arrête sans difficultés le coupable qui est une surprise, la seule de l’épisode. Un bien mauvais choix en 1973 par l’ORTF.
23. LE FILS DU PRISONNIER Scénario : Sy Salkowitz. Réalisation : Don Weis. L’épouse de Marty Jessup, Fran, est tuée alors que son mari purge une peine de prison. L’enfant, Jerry, est choqué et ne parle pas. Une fin de saison 3 bien mal inspirée avec plusieurs épisodes ratés. Ici, Dacier est confronté à l’enfant d’un homme qu’il a arrêté. L’enfin rouquin est incarné par Mitch Vogel qui cabotine beaucoup. Afin de lui éviter l’orphelinat, Dacier offre l’hospitalité au gamin. Dès le début, on comprend que cela ne sera pas un grand épisode. Scénario faible à nouveau. Mark est chargé de distraire Jerry en lui apprenant le basket ball. Il lui fait également un cours d’instruction civique. L’enfant est rebelle à l’ordre et à la police. Comme dans l’opus précédent, on tombe dans les discours sans fins. Au mépris de toute vraisemblance, sans doute pour que l’on voit William Shatner, Marty est libéré pour un interrogatoire chez Dacier au lieu que cela se passe en prison, puis qu’il aide le policier dans l’interrogatoire des témoins. La confrontation père fils, par Shatner et Mitch Vogel est complètement ratée, l’enfant acteur ne renvoyant pas la balle à son partenaire. Le suspect principal est un complice de Marty en fuite, Al Carter (Michael Bell). L’aspect mélodrame supplante l’intrigue policière. C’est l’épisode typique pour fournir à la chaîne le nombre d’épisodes requis pour la saison. Il est difficile de réaliser que la même série peut nous proposer « L’ombre d’un doute » et « Une heure à tuer » et des histoires brouillonnes. Les scènes en extérieurs ne sont pas une réussite, problème du tournage en studios. La culpabilité de Carter ne fait pas de doute, on l’apprend de sa bouche à la trentième minute, écartant tout mystère et suspense. Dacier fait une confiance aveugle aux truands, laissant Marty sortir avec son fils acheter une glace. Cela frise l’inconscience. Et brise toute crédibilité. Heureusement, Mark est moins crédule. Il comprend que Marty veut filer. Mais c’est l’enfant qui convaincra son père de ne pas faire une bêtise. La surveillance devant la maison d’Al Carter est trop longue et pesante. Réalisation plate, scénario décousu, un épisode à zapper.
24. EVE ET SON PRINCE CHARMANT Scénario : Norman Katkov. Réalisation : Robert F. Day. Un prince, Mikael, favorable aux Etats-Unis, fait escale à San Francisco et tombe dans un piège. Il se laisse entraîner dans une randonnée nocturne. Eve et Ed le suivent. Bradford Dillman en prince charmant est une grosse erreur de casting, il est plus à l’aise dans l’emploi de « bad boy ». Mais il est très bon comédien. Eve sort le prince d’un mauvais cas. Il manque être enlevé par un couple qui l’accuse d’avoir voulu le voler. Ceci avec la complicité de son serviteur Boudaris (Wesley Addy). Barbara Anderson a un rôle plus important que d’habitude dans l’opus. Eve semble prendre beaucoup de plaisir à la tâche, ce que l’on aurait mieux compris avec un autre comédien que Dillman. Le prince se fâche lorsqu’il découvre qu’Eve est un policier. Eve semble avoir envie de devenir princesse, devant un prince Mikael timoré et coincé qui ne semble pas goûter son charme. Bradford Dillman rend le prince totalement ridicule dans la scène de danse de la boîte de nuit « The lighthouse », forçant son jeu. L’épisode n’est pas désagréable mais sombre dans l’anecdote, avec une fin malheureusement bâclée.
25. UN MÉTIER DE CHIEN Scénario : Frank Telford. Réalisation : Don Weis. Sissy Cardwell, une riche donatrice de la police demande au commissaire Randall de retrouver son chien. Il s’agit en fait d’un gang qui kidnappe, contre rançon, des chiens. Hors sujet pour « L’homme de fer ». Il se trouve que le prétendant de la nièce de Sissy, Marla (Belinda Montgomery), un certain Derek, est complice de cette dernière pour extorquer 500 dollars. Les vols sont faits par un certain Denby (Abner Biberman). Belinda Montgomery accuse un manque de maturité certain. Derek Brenner (Martin West) agit par haine de la bourgeoisie, à laquelle appartient Marla qui aime fréquenter les hommes plus âgés et devient sa complice. Au départ futile, l’argument de l’intrigue devient très vite grave. On a du mal à se passionner pour ces rapts de chiens par un gang organisé. Dennis Randall habituellement pointilleux sur les dépenses que fait Dacier gaspille ici l’argent du contribuable. Très vite, l’équipe de l’homme de fer soupçonne Marla qui commet plusieurs erreurs. C’est une petite fille gâtée voleuse d’occasion. Il faut bien avouer que Belinda Montgomery, qui joue ici de façon approximative, nous déçoit. Elle se montra plus douée dans la suite de sa carrière. Son personnage est une petite écervelée. Dans tous les cas, cet opus était indigne de figurer dans « L’homme de fer ».
26. LIBERTÉ SURVEILLÉE Scénario : Francine Carroll. Réalisation : Don McDougall. Il y a sept ans, la fiancée d’Ed a été assassinée par Tom Dayton, qui vient d’être libéré sur parole. Le trop sympathique et regretté Bill Bixby du « Magicien » et de « L’incroyable Hulk » en assassin Tom Dayton, c’est en demander beaucoup au téléspectateur. Il faut dire que le comédien a commencé sa carrière en 1961 et n’a pas tout de suite endossé les rôles des héros Tony Blake et David Banner. Son personnage a ici commis un crime odieux, tuant une infirmière fiancée d’Ed Brown. En fait, atteint mentalement, il ne supporte pas l’autorité d’une femme chef hiérarchique. William Smithers en avocat antipathique Ross Farley est lui bien à sa place dans son personnage. Une bonne partie de l’épisode se déroule en flash-back. Ed travaillait déjà pour Dacier qui a l’époque était valide. Tom Dayton n’a pas tué volontairement la fiancée d’Ed. Dans la scène de flash-back, pris de folie, il veut étrangler sa patronne, l’infirmière s’en mêle et en la bousculant, elle fait une mauvaise chute et se tue. Il n’en est pas moins dangereux. Mais l’on aurait préféré un Anthony Perkins dans le rôle que Bill Bixby (également connu à l’époque des américains comme héros de « Mon martien favori »). Ce pur drame de la récidive schizophrène est réussi avec le talent de Bixby qui nous fait oublier la sympathie naturelle qu’il dégage. A cause des allers et retours incessants dans le passé avec Dacier sur ses jambes, on s’embrouille légèrement parfois. Bill Bixby était un bien meilleur comédien que Don Galloway, ce qui est flagrant ici (D’ailleurs le premier a fait une plus grande carrière que le second). C’est Smithers, en avocat, qui joue ici les salauds parfaits. Bill Bixby incarne le pur malade mental avec grand talent. Si on l’aime, c’est tout de même pour les séries dont il fut le héros. Il fait cependant en Dayton une grande performance, incarnant un pauvre type malade qui n’a pas conscience du mal. La scène finale est poignante, et l’équipe de l’homme de fer abandonne toute haine pour le déséquilibré. La morale est très belle, Eve déclare « j’avais de la pitié pour lui en dépit de tout ce qu’il a fait », Ed concerné au premier plan répond : « Le jour où vous n’éprouverez pas de pitié pour un malheureux comme Dayton, il faudra changer de métier ». Après plusieurs opus médiocres, la saison 3 se termine en beauté.
Images capturées par Patrick Sansano.
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