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Saison 2Saison 4

Alfred Hitchcock Présente

Saison 4

1. Poison - Inédit en France

2. Silence (Don’t Interrupt)

3. The Jokester - Inédit en France

4. The Crooked Road - Inédit en France

5. The Two Million Dollar Defense - Inédit en France

6. Design for Loving - Inédit en France

7. A Man with a Problem - Inédit en France

8. Safety for the Witness - Inédit en France

9. Murder Me Twice - Inédit en France

10. L’Heure du thé (Tea Time)

11. Les roses du désert (And the Desert Shall Blossom)

12. Un simple accident (Mrs Herman and Mrs Fenimore)

13. Six People, No Music - Inédit en France

14. The Morning After - Inédit en France

15. Une affaire personnelle (A Personal Matter)

16. Sombre Issue (Out There, Darkness)

17. L’Incendie (Total Loss)

18. Le Faux Pas (The Last Dark Step)

19. Le Réveil de la mariée (The Morning of the Bride)



1. POISON 
INÉDIT EN FRANCE



Cet épisode a été diffusé en France au cinéma de minuit de FR3 en version sous-titrée.

Histoire de Road Dahl. Adaptation : Casey Robinson. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Harry Pope découvre avec horreur que pendant qu’il dormait, un serpent s’est assoupi sur son estomac. Il appelle un ami, Timber Woods, et un médecin, à l’aide.

Pour bien débuter sa saison 4, le maître réalise le pilote qui nous plonge dans l’horreur pure durant 26 minutes. Comme d’habitude, il choisit de ne pas nous montrer le serpent, que l’on devine sous les draps, ce qui accentue la tension. Suggérer plutôt que montrer, au point que Pope, la victime (James Donald), étant un alcoolique, on va finir par douter de l’existence du reptile.

Ce huis clos à trois : Pope, son ami Timber (Un Wendell Corey sarcastique et abject à souhait)  et le médecin, est vite étouffant. Timber n’a pas que des sentiments charitables envers Pope. Entre eux, il y a eu une histoire de femme. Une certaine Julie lui ayant préféré Pope, Timber se dit qu’il tient peut être là sa vengeance. Le médecin, le docteur Ganderbay (Arnold Moss) est évidemment pour lui un trouble fête et Timber va tenter de discréditer son ami à ses yeux en faisant passer la menace pour un fantasme.

Pendant les trois quart de l’épisode, nous sommes tenus en haleine devant un lit où un homme étendu risque la mort. Ganderbay est impuissant, il a injecté un sérum au malheureux, mais n’est pas certain de son efficacité. C’est au moment où l’on doute de la réalité de la présence du serpent qu’Hitchcock nous le montre. On se gardera de révéler la chute qui on s’en doute est cruelle et digne de l’humour noir de notre réalisateur.

Tout de même, nous plonger dans un tel suspense avec si peu de moyens est un coup de génie. Le jeu des comédiens est juste sans jamais tomber dans l’excès, ce qui accentue l’horreur de la situation. Un sans faute pour commencer la saison.

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2. SILENCE
(DON’T INTERRUPT)

Histoire originale et adaptation de Sidney Carroll. Réalisation : Robert Stevens.

Un dangereux fou échappé d’un asile se joint dans un train à une petite famille dont l’enfant, Johnny, est absolument insupportable..

Dès les premières images, on comprend que l’on est dans une comédie, avec un gosse mal élevé et horripilant (Peter Lazer), une mère plutôt distante (jouée par Cloris Leachman), un mari américain moyen type des années cinquante parfaitement symbolisé par Biff Mac Guire. Paradoxalement, le fou, Kilmer (Chill Wills) nous paraît un paisible grand-père à côté de l’enfant survolté.

Diffusé en 1958, la mise en scène nous renvoie à des images que le politiquement correct n’admet plus aujourd’hui : les barmans du train sont des noirs et des voleurs, l’étranger que Johnny dérange – un asiatique- n’ose pas remettre l’enfant à sa place. C’est aussi l’époque où les histoires de cowboy et de far west  passionnaient les enfants. Notre dangereux psychopathe prétend avoir été un cowboy et ses récits enchantent Johnny.

Pour obtenir le silence de l’enfant, on lui promet une pièce d’un dollar. Derrière Kilmer, Johnny voit des mains et un visage tenter de s’agripper à la fenêtre de la voiture bar du train coincé par une tempête de neige.

Il y a deux temps dans cet épisode : celui où l’enfant laisse déborder ses caprices (lorsqu’il échange les verres de ses parents, il aurait mérité une bonne gifle) et celui où il est contraint au silence. Dans la deuxième partie, Kilmer accapare l’attention du téléspectateur par ses contes. Le vétéran vole la vedette à l’enfant. Si l’épisode n’arrive jamais à nous captiver, Sir Alfred s’est déchaîné avec ses interventions de début et de fin qui nous le montrent ligoté sur les rails dans la neige, ce qui constitue un moment d’humour british garanti.

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3. THE JOKESTER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Robert Arthur. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Arthur Hiller.

Bradley, un reporter alcoolique, n’arrête pas de faire des blagues saugrenues à tout va, et a pris comme souffre-douleur le gardien de la morgue, un vieil homme, Pop Henderson.

Le réalisateur de « Love Story » et de « Transamerica express », ainsi que de « L’hôpital », l’une des rares incursions au cinéma de Diana Rigg, est ici aux commandes de cette farce macabre mais cruelle.

Bradley (Albert Salmi) se fait passer pour mort avec la complicité de deux larrons et tourne en ridicule le vieux Pop Henderson, qui risque sa place. L’homme n’y voit plus très bien, il alerte la police, disant que l’un de ses cadavres est en vie. Bradley s’était substitué au corps. Mais dans un bar, il pousse la plaisanterie trop loin en mettant du poivre dans le verre d’une cliente et se fait rosser. L’homme qui lui a donné un coup de poing pense lui avoir brisé la nuque et décide de jeter le cadavre sur les docks.

Episode moraliste, mais à la chute abominable, « The jokester » montre comment le destin se joue parfois de ceux qui abusent des faibles avec leurs plaisanteries. Les comédiens sont parfaits, à commencer par Albert Salmi, odieux en blagueur invétéré, et Roscoe Ates en vieil employé contraint de travailler malgré l’âge pour payer les soins de son épouse alors que l’heure de la retraite a depuis longtemps sonné.

La fin, bien qu’assez prévisible, nous glace d’effroi, si l’on peut utiliser cette expression s’agissant d’une chambre froide !

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4. THE CROOKED ROAD
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Alex Gaby. Adaptation : William Fay. Réalisation : Paul Henreid.

Un couple de New York, à bord d’une décapotable, est arrêté abusivement pour dépassement de vitesse par la police corrompue d’une petite ville perdue.

Dans de nombreuses séries américaines anciennes, on nous montre comment dans les coins perdus de l’Amérique règne encore la loi de la jungle et du plus fort, avec des policiers corrompus. C’est notamment le cas dans la série « Match contre la vie » (« Run for your life ») avec Ben Gazzara où plusieurs épisodes dont « Les Tyrans » (le héros étant avocat) abordent ce thème.

Cet épisode avec Walter Matthau en shérif corrompu et irascible rejoint cette thématique, et donc l’épisode est tout sauf drôle. C’est le suspense et la tension qui nous étreignent durant 25 minutes.

Un couple, les Adams, roule tranquillement à la vitesse autorisée lorsqu’une voiture de police les dépasse et les force à quitter la route.  Le shérif Pete Chandler (Walter Matthau) et son adjoint sont en fait de mèche avec un dépanneur pour racketter les voyageurs. Chandler accuse Harry Adams d’avoir dépassé la vitesse, et ce dernier remarque que le dépanneur, Charlie, possède à bord de son véhicule une radio qui émet sur la fréquence de la police. Comme Harry Adams est sûr de son bon droit, il proteste, se fait rosser, et conduire devant le juge de cette triste petite bourgade nommée Robertsville.

Aucun humour en dehors des prestations de Sir Alfred. Le malheureux couple piégé risque la prison, et réussit à se libérer en payant et en plaidant coupable. Mais la chute sauvera la morale car le couple de touristes n’est pas ce qu’il paraît être.

La réalisation est remarquable, et Walter Matthau (« Charade ») odieux à souhait. L’épisode date de 1958 et il serait étonnant que dans notre pays, cette même année, on ait pu produire un téléfilm montrant qu’il existe de la police et un juge corrompus. Un épisode qui nous permet de dire que les Etats Unis en 1958 permettaient aux médias de montrer les possibles failles de l’autorité. A la même époque, les moindres programmes français étaient soumis à la censure du Général.


5. THE  TWO MILLION DOLLAR DEFENSE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Harold Q Masur. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Lyod.

Llyod Ashley est accusé du meurtre de l’amant de sa femme et risque la chaise électrique. Il prétend avoir accidentellement tué la victime avec une arme dont le cran de sureté était mis. Pour sauver sa tête, il corrompt son avocat, Mark Robeson, en lui promettant 2 millions de dollars s’il le sauve.

Pour la première fois, c’est la chute, improbable, qui plombe un épisode qui s’annonçait passionnant. Leslie Nielsen première manière (avant « Y-a-il un pilote dans l’avion ? ») incarne un mari jaloux qui a tué un certain Tom Ward. Il promet une fortune à son avocat et ami Mark Robeson (Barry Sullivan, alias Jordan Braddock, le milliardaire qui poursuit Ben Richards/Christopher George dans « L’immortel ») s’il trouve un moyen de le faire acquitter. Le procureur fait témoigner un certain Keller, spécialiste en armes, qui jure qu’un cran de sureté est infaillible. Le soir de l’audition de Keller, Robeson, enlevant le cran de sureté, se tire dans le bras, évitant bien entendu de se blesser trop gravement, et appelle son médecin comme témoin. Le lendemain, il  a beau jeu de mettre en échec Keller en lui demandant, s’il est sûr de lui, de le montrer devant le jury en tirant avec une arme chargée avec la protection. Keller craque et n’est plus certain de lui. Cela permet l’acquittement du meurtrier.

Leslie Nielsen et Barry Sullivan jouent merveilleusement bien, mais la chute nous propose un invraisemblable renversement de situation, que je ne révèlerai pas, mais fait s’écrouler l’édifice. En fait, le scénariste a voulu nous entraîner dans l’incroyable et les ficelles sont trop grosses. C’est bien dommage, car l’épisode était bien parti, mais on a un peu l’impression à la fin de prendre le téléspectateur pour un gogo. 

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6. DESIGN FOR LOVING
INÉDIT EN FRANCE

Histoire et adaptation : Ray Bradbury, d’après sa nouvelle « Marionnettes, Inc ». Réalisation : Robert Stevens.

Dans un futur immédiat (1985), il est possible d’acheter un robot duplicata de sa personne. Charles Brailing qui en assez de son épouse capricieuse Lydia, en a acquis un à son image et veut fuir à Rio de Janeiro en laissant son duplicata derrière lui. Il se confie à son meilleur ami, Tom.

On sait maintenant où Philip Levene a pioché pour créer son épisode de «Chapeau melon et bottes de cuir » : « Interférences ». C’est Ray Bradbury, grand auteur de SF, qui a écrit et adapté ici son histoire. Cet épisode, diffusé le 9 novembre 1958, stipule qu’en 1985, il sera possible d’acheter un duplicata de sa personne, un parfait clone. C’est l’entreprise « Marionnettes Inc » qui a créé cela, et depuis trois ans, soit 1982. A noter que du côté de la mode vestimentaire, en 1985, on est resté en 1958 !

Comme les duplicatas de « Interférences », ceux de « Design for loving » veulent prendre la place de leur « acheteur ». Mais il y a ici, malgré le plaisir de se trouver en terrain connu – on se croirait chez le professeur Stone – des invraisemblances bien plus flagrantes que dans le script de Philip Levene.

Tout d’abord, à la place d’organes vitaux, les robots ne possèdent qu’un mécanisme d’horlogerie (comme dans le médiocre « Halloween 3, le sang du sorcier »). Tom va s’apercevoir à son grand effroi que sa femme l’a plaqué et a laissé derrière elle un robot, en puisant dans leurs économies.

Si l’aspect fantastique et suspense, voire même science-fiction, nous ébahit, il faut avouer que l’on a – époque puritaine oblige – oublié un petit détail : il s’agit ici de couples. Peut-on faire l’amour avec un robot ? Evidemment, la réponse ne nous est pas donnée. Le thème a été abordé dans « The Stepford wives » en 1975, et dans un épisode de « Au-delà du réel, l’aventure continue » : « Valérie 23 ».

Autre point d’invraisemblance : pourquoi Charles Brailing ne divorce-t-il pas tout simplement et ne quitte-il pas officiellement sa mégère d’épouse au lieu de puiser dans ses économies pour s’acheter un clône ?

Le seul regret que l'on a en voyant cet épisode est que si cette invention existait, on pourrait envoyer son clone travailler à sa place au bureau chaque jour!

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7. A MAN WITH A PROBLEM
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Donald Martin Konig. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Robert Stevens.

Un homme, Carl Adams, dont l’épouse infidèle abandonnée par son amant s’est suicidée, veut se jeter du haut d’un building.

Nous sommes attirés par la présence de la sorcière bien aimée Elizabeth Montgomery, qui est ici Karen, l’épouse infidèle qui veut partir avec son amant. Malheureusement, son rôle se limite à quelques courtes scènes.

L’épisode est mal réalisé, faisant époque oblige (1958) par manque de moyens  de mauvais raccords studios-décors naturels. Carl Adams (Gary Merrill), qui est du moins le nom sous lequel il se fait appeler, veut se jeter du rebord de la fenêtre de la chambre d’hôtel.  L’officier Barrett (Peter Mark Richman qui était alors simplement Mark Richman), décidé à obtenir du galon et à devenir sergent, veut sauver le désespéré.  Mais son supérieur, le lieutenant Bellevue (Ken Lynch) ne l’entend pas de cette oreille et veut régler l’affaire à sa façon pour empêcher son subordonné de récolter le prestige d’un sauvetage. Manque de chance pour Bellevue, Carl ne veut parler qu’à Barrett.

Toutes les scènes de flash-back, dans lesquelles Karen annonce à son mari Carl qu’elle le quitte pour son amant marié, qui ne voudra finalement pas d’elle, provoquant son suicide, manquent un peu de crédibilité, tant le couple Elizabeth Montgomery-Gary Merrill est mal assorti. Carl se montre incroyablement compréhensif et peu jaloux, pour un mari déterminé à ne pas laisser sa femme partir avec un autre. Elizabeth Montgomery se tire bien des quelques scènes qu’on lui laisse jouer, mais le réalisateur se concentre sur Gary Merrill et ses discours intérieurs. On comprend, vers le milieu de l’épisode, que Carl est tout sauf un suicidaire, je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler le spoiler. Les gamins qui au bas du building hurlent au malheureux « saute, saute, saute », sont à gifler, et l’on se demande pourquoi la police ne les chasse pas.

L’épisode nous laisse sur notre faim, après une présentation désopilante de Sir Alfred avec un squelette « mobile ». Il n’y a aucun humour, et le suspense s’évente lorsque l’on comprend que l’homme ne sautera pas, mais nous n’en saurons les motifs qu’à la fin.

Peter Mark Richman se montre plutôt moins bon que d’habitude, faisant le minimum syndical, tandis que Gary Merrill surjoue le personnage. La fusion ne se fait donc jamais entre les deux comédiens principaux.

Les deux étoiles attribuées sont là pour différencier cet opus des ratages que constituent dans l’anthologie les historiettes surannées qui sont parfois notre lot.

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8. SAFETY FOR THE WITNESS
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de John De Meyer. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod

En 1927, Cyril T. Jones a été témoin d’un meurtre et n’a pas voulu parler, constatant que la police avait été  inefficace à protéger la victime menacée par la mafia. Les années ont passé et il décide de se débarrasser des tueurs en confessant ensuite son crime.

Voilà le genre d’épisodes à zapper. Le cabotinage d’Art Cartney en antihéros Cyril T.Jones est difficile à supporter jusqu’au bout. Le ton abordé ici est la comédie, après une présentation fort comique de Sir Alfred. Mais l’histoire contée ensuite ne nous arrache que difficilement un sourire.

Tout d’abord, la façon dont Jones réussit à éliminer deux tueurs de la mafia est hautement improbable. Nous sommes dans l’invraisemblance totale puisque les deux hommes se laissent abattre sans broncher, alors qu’ils ont montré dans le passé leur dangerosité. Toute la partie qui consiste pour Jones à prouver aux policiers sa culpabilité est lente et laborieuse. Le contraste entre le début où Jones a été grièvement blessé comme témoin et la seconde partie où il a changé de camp est mal agencé.

Le reste de la distribution est inexistant, avec en commissaire Cummings  un James Westerfield en canotier aussi crédible en policier qu’Art Catney en tireur d’élite. Scénario inconsistant, interprétation à l’avenant, il n’y a rien à sauver dans cet épisode.

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9. MURDER ME TWICE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Lawrence Treat. Adaptation : Irving Elman. Réalisation : David Swift.

Sous l’influence d’un hypnotiseur, une femme, Lucy Pryor, possédée par l’esprit d’une meurtrière, Dora Evans,  morte depuis plus de cent ans, assassine son mari.

Dès les premières images, on comprend que l’on va voir un chef d’œuvre. Et l’on regrette que ce soit pour un récit de 25 minutes, car l’histoire de Lawrence Treat aurait mérité d’être développée en long-métrage.

L’épisode évoque « Sueurs froides », et la présence du comédien  Tom Helmore, le meurtrier du film avec James Stewart, y est pour beaucoup. Si le comédien est brillant, Phyllis Thaxter nous livre une étonnante composition en Lucy Pryor. Nous sommes dans un salon bourgeois de 1958, avec deux couples, un hypnotiseur, le professeur Farnham (Tom Helmore) tente alors une expérience. La mise en scène est digne du maître, et avec une économie de moyens, mais une histoire en béton, preuve est faite ici que l’on peut passionner le téléspectateur avec pour seul décor un luxueux salon et une lampe de chevet.

Après une montée en puissance de l’angoisse qui va jusqu’au meurtre du mari de Lucy Pryor, et qui correspond à l’aspect fantastique de l’intrigue, entre en scène la partie enquête policière. Nous comprenons lors d’une scène révélée en milieu d’épisode (ce fut la même chose dans « Vertigo ») qu’il y a eu une duperie et que le professeur Farnham est un imposteur. Le réalisateur qui a révélé le spoiler en milieu d’épisode, ce qui est inhabituel dans l’anthologie, va maintenant nous montrer la façon dont la police va devoir trier le vrai du faux de cette affaire hors normes.

L’esprit de Dora Evans, vivant à Philadelphie en 1853, peut-il posséder celui de Lucy Pryor en 1958 au point de la pousser à commettre des meurtres. Ceux qui ont vu « Vertigo » se trouvent en terrain connu. La grande différence avec le film est l’absence du héros témoin et naïf qu’incarnait James Stewart.

Nous passons vingt-cinq minutes d’angoisse pure, et le suspense ne faiblit jamais. Il n’y a absolument aucun défaut à cet épisode, si ce n’est que l’on regrette qu’il soit si court.

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10. L’HEURE DU THÉ
(TEA TIME)

Histoire de Margaret Manners. Adaptation : Kathleen Hite. Réalisation : Robert Stevens.

Très amoureuse de son mari Oliver Teleton, Iris est victime d’un chantage de la maîtresse de ce dernier, Blanche Herbert, qui détient une lettre compromettante. Iris décide de la tuer.

Murray Matheson (Felix Mulholand, le bibliothécaire ami de Thomas Banacek, et le directeur de la Midlands Academy dans « Les envahisseurs : le rideau de lierre ») est-il à ce point irrésistible au point de susciter des passions féminines à répétition, prêtes à tuer ?

En 1958, l’acteur avait 46 ans mais ses tempes grisonnantes lui en donnaient dix de plus. Aussi est il peut crédible que trois femmes s’arrachent ses faveurs au point de tuer. En particulier lorsque deux d’entre elles sont des jeunettes.

C’est la grosse erreur de casting de cet épisode, dans lequel on aurait vu George Hamilton ou quelque autre bellâtre, mais pas Matheson.

Iris Teleton (Margaret Leighton 1922-1976) fait plus vieille que sa rivale Blanche (Marsha Hunt 1917-) et cela ne contribue pas à nous faire adhérer à cet opus. La troisième femme n’apparaît que dans la chute, mais le combat entre la femme légitime et la maîtresse n’est pas un argument convaincant pour faire de cet épisode un bon moment de suspense. Blanche pense monnayer la lettre que fit Iris à un amant 150 000 dollars, mais va tomber dans un piège.

L’histoire ne parvient jamais à nous captiver. Nous sommes dans le vaudeville et non dans le suspense. Tout ici est très téléphoné et l’adhésion du téléspectateur a dû mal à opérer.

Les crimes passionnels ne font pas de bons épisodes de « Alfred Hitchcock présente ». Il faut davantage d’humour noir ou de farce macabre. On n’entre jamais dans l’histoire ici. C’est le défaut majeur de l’épisode.

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11. LES ROSES DU DÉSERT
(AND THE DESERT SHALL BLOSSOM)

Histoire de Loren D. Good. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Arthur Hiller.

Tom et Ben, deux vieux prospecteurs d’or, sont menacés d’expulsion de leur propriété du Nevada, à moins qu’ils ne prouvent au shérif qu’ils peuvent faire pousser quelque chose sur le sable. Un tueur en panne de voiture va leur en procurer l’occasion.

Diffusé en France, voici l’un des plus ennuyeux épisodes de la série. Un tandem de vieux prospecteurs, Tom Akins (William Demasrest) et Ben White (Roscoe Ates) sont menacés d’expropriation. Ils ont déjà tenté de faire pousser des tomates dans leur lopin de terre, et veulent à présent y mettre un rosier. Un tueur tombe en panne de voiture et en état de légitime défense, ils l’abattent. Ils ont en effet refusé 100 dollars pour le mener à la ville voisine en mulet, et il les a menacés de son révolver.

Ces 25 minutes constituent un grand moment d’ennui, et les présentations de Sir Alfred en cowboy ne sont guère plus réussies. Ben Johnson incarne le shérif Jef, il joua dans « La horde sauvage » de Sam Peckinpah  en 1969.

C’est typiquement le genre d’opus destiné à fournir 39 épisodes pour une saison à Universal. Mais il n’y a ici aucun suspense, et l’humour y est pesant. Un ratage total, mais c’est souvent le cas lorsque l’anthologie quitte son époque pour plonger dans le passé, ici le far west.

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12. UN SIMPLE ACCIDENT
(MRS HERMAN AND MRS FENIMORE)

Histoire de Donald Martin Honig. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Arthur Hiller.

Depuis deux ans, une vieille femme, Mrs Herman, veut se débarrasser de son oncle, Bill Finley, dont elle est l’unique héritière. Elle décide de louer une chambre et de proposer à la locataire, Mrs Fenimore, une actrice, de l’aider à tuer l’oncle pour 2500 dollars.

Encore un ratage total, et un moment d’ennui. Il ne se passe pas grand-chose. L’oncle, incarné par Russell Collins, semble plus jeune que sa nièce. Il faut dire que Russell Collins était né en 1897 et l’actrice qui incarne sa nièce, Doro Merande en 1892, ceci explique cela.

Le plan de la nièce est tiré par les cheveux : provoquer l’asphyxie par le gaz de son oncle dans sa chambre fermée à clef. Au bout de deux semaines, elle propose à sa locataire de l’aider dans cette entreprise de meurtre.

Encore une histoire datée, qui se passe dans une atmosphère « Arsenic et vieilles dentelles », bien que Mrs Fenimore est encore très séduisante. Russell Collins cabotine et surjoue en permanence le vieil homme aigri, et tout cela n’est guère convaincant. La seule à tirer son épingle du jeu est Mary Astor, qui incarne Mrs Fenimore.

On attend vainement qu’il se passe quelque chose, et les 25 minutes nous semblent très longues. Certes, il y a la chute, mais elle ne suffit pas à dissiper la torpeur qui s’est installée. Un ratage complet, et bizarrement encore un épisode acheté par la France alors que tant d’inédits auraient bien mieux mérité de l’être.

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13. SIX PEOPLE, NO MUSIC
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Garson Kanin. Adaptation : Richard Berg. Réalisation : Norman Llyod.

Un croquemort, Arthur Motherwell, doit célébrer de grandes funérailles, celles du riche Stanton Barryvale. Mais ce dernier n’est pas mort, se réveille et demande l’annulation de la grandiose cérémonie au profit de funérailles très simples.

Episode d’un ennui mortel, un de plus, avec un scénario exsangue, un comédien insupportable (John Mc Giver, vu dans « Diamants sur canapé » et « Macadam Cowboy ») que l’on a déjà vu dans l’épisode 03-29 « L’homme des statistiques »). Il ne se passe rien pendant vingt cinq minutes, le croquemort, Motherwell, se contentant de raconter à son épouse sa mésaventure avec le cadavre de Stanton Barryvale. « Six personnes, pas de musique », ce sont les instructions « post mortem » du défunt ressuscité.

S’il n’y a strictement aucun suspense, l’humour réside uniquement dans la présentation du maître, car toutes les réparties de John Mc Giver tombent à plat. On a vraiment du mal à comprendre ce qui a pu décider la production à sélectionner cette histoire calamiteuse pour la série. Howard Smith, en « cadavre », fait preuve d’un peu plus d’humour, mais son personnage arrive au trois quart du métrage, et il ne reste alors rien à sauver. Joby Baker incarne le jeune assistant ambitieux de Motherwell. Mais le scénario lui laisse peu de scènes pour montrer son talent. Quant à l’épouse, interprétée par Peggy Cass, elle se contente de recueillir le récit insolite. Un épisode ni fait ni à faire.

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14. THE MORNING AFTER
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Rose Simon Kohn. Réalisation : Herschel Daugherty.

Une mère s’oppose à ce que sa fille fréquente un homme marié.

Après une série d’épisodes creux, « The morning after » est une belle surprise, en particulier grâce à l’interprétation de Jeanette  Nolan (Miss Havergil dans l’épisode des « Envahisseurs » : « Cauchemar »). Ici, elle ne joue pas, comme souvent, un personnage rébarbatif de vieille sorcière, mais une mère protectrice.

Si au début de l’histoire, on se croirait en plein soap opera, les choses changent vite et se transforment en film policier. L’épouse de  Ben Nelson est assassinée, et le mari, qui n’aurait jamais demandé sa liberté (la dame étant fortunée et lui non), va avoir besoin d’un alibi.

Jeannette Nolan porte l’épisode sur les épaules en mère courage, Mrs  Trotter. Sa fille Sharon (Dorothy Provine) est la blonde écervelée que l’on s’attend à trouver dans ce type de script. Fay Wray est impeccable de sobriété en femme mariée trahie, tandis que dans le rôle de Ben, Robert Alda, qui rappelle un peu l’acteur Gene Barry, est excellent, plus vrai que nature. Au fur et à mesure que l’épisode avance, les mensonges s’accumulent, créant un édifice bien fragile qui ne demande qu’à s’écrouler. Certes, Henry Slesar, l’auteur, a ménagé quelques coïncidences et coups du destin un peu improbables, mais l’ensemble se déguste comme un bon livre policier. On pouvait craindre au début que l’intrigue ne s’enlise dans la guimauve, mais chez Hitchcock, les atmosphères sont toujours plus nuancées et la tension s’installe rapidement. J’ai passé un bon moment avec cet opus qui rate la perfection pour quelques détails comme un démarrage un peu long de l’intrigue.

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15. UNE AFFAIRE PERSONNELLE
(A PERSONAL MATTER)

Histoire  de Brett Halliday. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Nous sommes dans une mine. Deux ingénieurs sont chargés de faire un tunnel, avec une équipe espagnole. Mais Joe Philips soupçonne l’autre ingénieur, Bret Johnson, qui n’a aucune référence et ne semble avoir travaillé nulle part avant, d’être un meurtrier en fuite.

J’ai adoré cet épisode, qui n’entre dans aucune des catégories habituellement utilisées dans l’anthologie. Tout d’abord, il faut saluer la performance de  Joe Maross, aux faux airs d’Eddie Albert. Vous avez sans doute vu la figure bonhomme de Joe Maross car il a traversé toutes les séries des années 50 à 80 (vedette invitée des « Envahisseurs » : « La vallée des ombres ») mais on l’a vu aussi dans « Cannon », « Arabesque », « Mannix », « Hawaii Police d’état », « Banacek », « Wonder woman ». Il incarne ici le héros, Joe Philips, avec une sympathie et une conviction étonnante. Au début, on se croirait dans la mine de « Gold » de Peter Hunt avec Roger Moore. Son partenaire, le tueur présumé Bret, est interprété par le fade Wayne Morris qui n’a qu’une ou deux expressions à son visage. Le troisième personnage de l’épisode, c’est Maria (Anna Navarro) à la fois infirmière et danseuse. Elle incarne, pour l’époque, un rôle de femme bien trop émancipée pour être, dans le contexte, crédible.

Les travaux de la mine vont finir et Joe ne peut se passer de ce partenaire patibulaire comme autre ingénieur, mais il apprend par la radio qu’un tueur est recherché pour avoir assassiné un certain Bronson. Il découvre bien vite que Bret possède un pistolet, aussi Joe ne sentira en sécurité que lorsqu’il aura pu acheter à l’un des ouvriers espagnols une arme.

Ce qui est formidable, dans ce petit film, c’est l’accumulation de faux semblants.  On nous fait  On oublie la mise en scène fauchée par des décors minimalistes et qui sentent le carton pâte et les studios Universal, alors que l’on est censé être dans un endroit coupé du monde. Donc une bonne histoire, qui s’écarte des canons habituels, et un excellent comédien, font de cet épisode une vraie perle. D’après le livre « Les grandes séries américaines des origines à 1970 » chez 8e art, l’opus est inédit. Sur le net, on trouve un titre français, « Une affaire personnelle ». Bon, ce point là n’est pas essentiel, voilà un des meilleurs épisodes de la saison sans que l’on utilise aucune des recettes habituelles de la série.

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16. SOMBRE ISSUE
(OUT THERE, DARKNESS)

Histoire de William O’Farrell.  Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Paul Henreid.

Une veuve riche et égoïste, Miss Fox, qui ne vit que pour sa chienne Vanessa et son intérieur, accuse l’homme qui sort l’animal familier de vol, ce qui entraîne sa condamnation à la prison.

Il aurait été dommage de rater un épisode avec Bette Davis. Cette farce macabre nous présente une veuve, qui se fait étrangement appeler « Miss », qui est à la fois capable de cajoler à longueur de journée un caniche, Vanessa, et de se montrer froide et abjecte avec un brave homme, Eddie Mac Mahon (James Congdon, acteur méconnu mais parfait ici). Cet homme a besoin d’argent pour sa fiancée de 20 ans qui est doit subir une opération dans un sanatorium. Miss Fox rechigne à lui avancer une semaine de salaire d’avance, soit 5 dollars. Mais par-dessus tout, elle tient à son alliance, on se demande pourquoi, car dans le prologue, on comprend qu’elle n’a guère aimé son mari. A sa façon, cette femme est un monstre, et elle en va en créer un.

Eddie demande un prêt de 350 dollars pour l’opération, et elle refuse en lui en donnant seulement  50. Lorsqu’il part dépité, elle tente de le rattraper, mais trop tard. Au fond, Miss Fox vit tellement dans son monde qu’elle ne se rend pas compte de son égoïsme.

Peu après, elle est agressée en promenant son chien, et est persuadée qu’Eddie a fait le coup. On pourra objecter qu’elle a un argument : Vanessa, le caniche, semble avoir reconnu l’homme et ne s’est mis à aboyer qu’une fois sa maîtresse attaquée. Elle propose donc un marché à Eddie : lui rendre l’alliance contre 500 dollars. L’homme refuse, aussi l’accuse-t-elle et il se retrouve condamné par un jury, avant qu’au bout d’un an de prison, l’arrestation du vrai coupable lui rende la liberté.

Miss Fox fait partie de ces gens qui pensent pouvoir tout acheter et tout réparer avec de l’argent. Elle va commettre là une lourde erreur, mais je ne révélerai pas la chute.

Le policier chargé de l’enquête, Kirby (Frank Albertson), est écœuré par l’égoïsme et les façons de faire et de raisonner de la plaignante.

Bette Davis fait son formidable numéro de comédienne, elle est odieuse à souhait d’un bout à l’autre de ce petit film, et le téléspectateur la trouve à la fois haïssable, en tant que personnage, mais vraiment fort douée. Ses partenaires se montrent à sa hauteur pour lui donner la réplique, notamment Eddie Mac Mahon tantôt soumis tantôt indigné. La morale de l’épisode est que l’on peut à la fois être soit même un monstre sans s’en rendre en compte, mais également en créer un par ses agissements.

Un épisode fabuleux.

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17. L’INCENDIE 
(TOTAL LOSS)

Scénario : J.E. Selby. Réalisation : Don Taylor

Jan Manning, qui tient un magasin de mode, fait de mauvaises affaires. Pourtant jeune, elle vient de perdre son mari, et n’a pas su gérer le stock de ses vêtements, ce qui met son entreprise en difficulté.  Mel Reeves, homme peu scrupuleux qui souhaite remplacer le défunt mari, lui suggère d’organiser un incendie pour faire une escroquerie à l’assurance.

Nous retrouvons ici les histoires angoissantes qui ont tant réussi au cinéma à Sir Alfred. Nancy Olson, en héroïne si pudique et si prude, Jan Manning, qu’on a un peu de mal à imaginer qu’elle a été mariée, est la proie d’un vautour, le narcissique et ambitieux Mel Reeves (Ralph Meeker) qui la courtise. Jan pourtant dès les premières images ne se fait aucune illusion. L’homme s’intéresse à son affaire et non à elle. Mais depuis la mort d’Henry, son mari, un an plus tôt, Jan s’est réfugiée dans une vie de nonne avec sa sœur (Barbara Lord) qui dort avec elle dans une chambre aux lits jumeaux. Autre personnage, l’employée Evy, c'est-à-dire Evelyne Wilson (Ruth Storey), qui trouve que Jan a bien de la chance d’attirer le beau Mel.

L’hiver a été clément, et les clientes n’ont pas afflué. Aussi reste-t-il un stock important sur les bras à la propriétaire. Le banquier lui refuse un prêt pour acheter les collections d’été. Mel Reeves profite de la situation pour entraîner dans un bar Jan et la saouler, au propre comme au figuré. Il lui suggère alors de provoquer un incendie criminel.

Pauvre Jan, pourtant si méfiante, elle n’a pas vu venir le danger. Sous l’emprise de l’alcool, elle donne un accord tacite pour l’opération frauduleuse. Mel connaît un voleur qui saura laisser traîner une cigarette imprudemment lors de son forfait. Mais il insiste sur une chose, le livre registre des stocks doit être épargné, il faut donc trouver un prétexte pour que Jan l’ait chez elle avant l’incendie.

L’étau se resserre autour de la malheureuse, et lorsqu’elle est réveillée en pleine nuit, elle se rend sur place, apprenant alors que son employée Evy, ayant oublié d’emporter le registre, est venu le chercher et que cela lui a coûté la vie. Désormais, Mel Reeves, qu’elle ne prisait guère auparavant, lui fait horreur. Un agent d’une compagnie d’assurances entre alors en scène un peu comme le facteur qui sonne toujours deux fois. Avec cet homme, qui a tout intérêt à ne pas payer les indemnités, elle va se montrer franche et lui faire part de soupçons d’incendie criminel. Elle ignore alors qu’elle se met la corde au cou, et la chute, qui devrait pourtant la soulager, va se montrer cruelle pour elle. Car nous sommes ici dans le monde macabre d’humour noir d’Hitchcock et les innocents sont parfois les agneaux jetés au loup.

Le suspense est fabuleux, on pourra juste trouver que Jan a tort de se sous-estimer en tant que femme qui peut plaire à un autre homme en dehors de son statut social et financier. Dans le rôle de l’inspecteur d’assurances Frank Voss, Dave Willock nous rappellerait presque le persécuteur du fugitif Richard Kimble, le lieutenant Gerard. Ralph Meeker est odieux à souhait en dragueur et prédateur, tandis que Nancy Olson est parfaite d’un bout à l’autre en héroïne malheureuse Jan Manning. Elle m’a rappelé un peu, physiquement, Barbara Bel Geddes dans « Sueurs froides », en un peu plus mince.

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18. LE FAUX PAS
(THE LAST DARK STEP)

Histoire de Margaret Manners. Adaptation : William Fay. Réalisation : Herschel Daugherty.

Brad vit aux crochets de sa maîtresse, Leslie, mais il est amoureux d’une femme du monde, Janice, qu’il veut épouser. Leslie ne voulant pas rompre, et avertir Janice, Brad décide de la tuer.

Cet épisode est tout juste moyen, en raison d’un mauvais casting : en effet, l’actrice Fay Spain qui incarne Leslie, romancière qui a pris l’habitude de tout payer à son amant, est une fort jolie femme, et elle est même plus désirable que la trop classique Joyce Meadows, qui interprète Janice. Dès lors, on a beaucoup de mal à comprendre les motivations de Brad (Robert Horton).

L’épisode s’attache à nous montrer toute la machination destinée à entraîner Leslie prendre un bain de minuit sur la plage qui lui sera fatal. Mais post mortem, Leslie a préparé sa vengeance.

« Le faux pas » est totalement anachronique du fait de cette erreur de casting. L’histoire fonctionnerait si Leslie était laide et vieille, mais c’est loin d’être le cas. On perd beaucoup de temps dans la préparation du meurtre, et l’ennui finit par nous gagner En outre, Brad a trouvé un moyen extrêmement compliqué de tuer, qui de plus suppose sa présence et une telle mise en scène qu’elle le prive d’alibi. Leslie a-t-elle compris qu’il allait la tuer sur cette plage isolée la nuit ? Ce que Brad ignore, c’est que la romancière a fomenté de son côté une terrible vengeance contre la pauvre Janice qui n’est pour rien dans le sort qui va lui être réservé.

Bref, le croisement des intentions meurtrières de Leslie et de Brad qui la prend de vitesse est ici improbable. La police intervient bien trop tard dans l’épisode et le téléspectateur sans que l’histoire soit nulle a du mal à se passionner pour ce qu’on lui propose de voir.

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19. LE RÉVEIL DE LA MARIÉE
(THE MORNING OF THE BRIDE)

Histoire de Neil S. Boardman. Adaptation : Kathleen Hite. Réalisation : Arthur Hiller.

Une femme espère que son prétendant va la demander en mariage, mais les  années passent et il trouve toujours des excuses non seulement pour retarder la cérémonie, mais aussi pour éviter de présenter sa mère.

Grosse déception que cette histoire invraisemblable d’un couple qui n’en est pas un, dont la « belle mère » est l’arlésienne. Helen (Barbara Bel Geddes) est amoureuse de Philip Pryor (Don Dubbins). Elle pense qu’il va la demander en mariage et aimerait rencontrer sa future belle mère, qui  est écrivain. Mais le temps, puis les années passent, et la situation stagne : Philip est envoyé à la guerre de Corée, ce qui entraîne une longue séparation, puis prétexte que la santé de sa mère est précaire (son cœur serait fragile). Poussée à bout par sa domestique Pat (Patricia Hitchcock), Helen pose un ultimatum à Philip.

On s’attend à une histoire à la « Psychose » et la montagne accouche d’une souris.  La chute, absolument désolante, n’est pas du tout à la hauteur de ce qui précède. On s’imagine un horrible secret, ce qui est d’ailleurs annoncé dans le résumé du site Imdb.

D’autre part, on comprend mal que la jeune femme, plus toute jeune au bout de quelques années, trouve naturel de rester fiancée à un prétendant si longtemps. Elle n’est pas sa maîtresse. Ce n’est que vers la fin de l’opus que Philip, acculé, accepte de l’épouser, après qu’elle ait annoncé vouloir rompre.

Les personnages, en particulier celui d’Helen, ne sont pas fouillés, n’ont aucune pyschologie, et Barbara Bel Geddes a bien du mal à nous faire croire à cette femme amoureuse si patiente. Si Patricia Hitchcock a un rôle inexistant – elle se contente de passer les plats – Don Dubbins est parfois « ailleurs » en fils qui ne veut pas couper le cordon, mais il ne parvient jamais, à la façon d’un Norman Bates, à nous inquiéter.

Bref, un épisode totalement raté.

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20. THE DIAMOND NECKLACE 
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Sarett Rudley. Réalisation : Herschel Daugherty.

Andrew Thurgood, employé modèle depuis 37 ans chez le bijoutier Maynard, se voit du jour au lendemain congédié parce qu’il est trop vieux. Il est en plus affligé d’être victime d’un vol alors qu’il exerce ses derniers jours de travail.

Claude Rains domine cette comédie. Celui qui fut « L’homme invisible » et le mari d’Ingrid Bergman dans « Les enchaînés », est ici une victime. Alors que depuis trois générations, les Thurgood travaillent pour la fameuse dynastie de bijoutiers Maynard, et que l’actuel Thurgood, Andrew, doit prendre sa retraite dans trois ans, il est brutalement congédié parce que jugé trop vieux. L’homme humilié décide de se venger, alors qu’il est victime d’un vol.

On préfère Claude Rains en méchant qu’en chien battu. La mayonnaise a du mal à prendre de ce fait, car le fidèle employé, tandis que sa famille cumule 117 ans en trois générations d’employés chez le bijoutier Maynard, est brutalement congédié. Le vol qui survient se situe dans les cinq jours restants avant son départ, et semble beaucoup l’affliger. La femme d’un psychiatre, Mrs Rudell (ravissante Betsy Von Furstenberg) ruse avec notre pauvre homme en lui indiquant que son mari veut lui offrir un collier coûteux mais n’a pas le temps de se déplacer. Thurgood sera dupé par une fausse Mrs Rudell dans le cabinet même du psychiatre.

La réaction clémente de son patron est étonnante : la police enquête, et le collier est assuré. Mais Thrugood, qui a pour seule famille sa fille Thelma, est-il vraiment une victime ?

Le scénario original de Sarett Rudley multiplie trop d’invraisemblances, de jeux d’identités, pour que le téléspectateur adhère. On se retrouve devant un produit hybride mi drame humain mi comédie, et les retournements de situations, sans qu’il y ait une véritable « chute » (pour cela Sir Alfred nous fera une révélation dans l’épilogue), plombe tout suspense et toute cohérence. La voleuse, la fausse Mrs  Rudell, n’est pas celle qu’elle  prétend être, la victime si l’on peut considérer le personnage de Claude Rains ainsi, non plus. Et puis voir cet acteur s’effondrer en larmes, quand on l’a vu dans d’autres rôles qui firent sa notoriété, n’est pas très crédible.

Bref, un épisode mi figue mi raisin.

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21. RELATIVE VALUE 
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Milward Kennedy. Adaptation : Francis Cockrell. Réalisation : Paul Almond.

John Manbridge aime parier sur les courses hippiques des sommes importantes, et pour cela n’hésite pas à voler un chèque à son riche cousin et seul parent, Felix, en projetant à court terme de le tuer.

Quel dommage. Avoir Denholm Elliott au générique et nous proposer un épisode aussi poussif. L’histoire, tournée évidemment aux studios Universal, est censée de passer en Angleterre. John n’a eu qu’un piètre héritage de son père et s’accroche à la fortune de son seul parent survivant, Felix (Torin Thatcher). Il a la passion du jeu et a dérobé un chèque à ce cousin pour satisfaire à sa passion du jeu.

Le fait que Felix pardonne un tel acte, mais dise qu’il portera plainte si cela se reproduit est d’emblée hautement improbable. Ensuite le meurtre est mené d’une façon tarabiscotée, peu crédible, et qui nous laisse perplexe, car l’alibi que se crée l’assassin n’est pas bien astucieux et nécessite une mise en place compliquée. En gros, John doit alerter par ses cris un « bobby » qui passe par là, lequel policier va pénétrer dans la demeure et découvrir le cadavre.

Denholm Elliott a beau être excellent comme d’habitude, dans la mesure où on lui donne à jouer un scénario inepte, il ne sauve pas les meubles. Si le mobile du crime est plausible, sa réalisation et l’alibi sont inconcevables. De plus, lorsque le bobby trouve la lettre selon laquelle Felix se serait suicidé, nous nous retrouvons avec deux causes de morts : un empoisonnement, et un coup de tisonnier d’un voleur qui aurait paniqué.

L’inspecteur (Tom Conway)  n’est pas dupe une minute, mais il ne peut prévoir que le fait d’avoir « tué un mort » (scène qu’il reconstitue avec son sergent, le fameux bobby anglais) a aussi d’autres conséquences si la victime s’est vraiment suicidée par empoisonnement.

Si la chute est « morale », toute la préparation du meurtre est bien trop compliquée pour que l’on évite un bâillement.  On le regrette vraiment pour Denholm Elliott qui méritait mieux.

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22. THE RIGHT PRICE 
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Bernard C Schoenfeld. Réalisation : Arthur Hiller.

Mort Barnhardt est marié à la riche et odieuse Jocelyn. Un jour, un cambrioleur, qui se fait appeler « le chat », s’introduit dans la maison. Mort lui propose de tuer Jocelyn.

Voilà sans doute l’un des plus mauvais épisodes de l’anthologie entière, puisque le téléspectateur devine la chute. « Le chat » dont il est question ici n’a rien de la prestance de Cary Grant dans « La main au collet », et nous avons affaire à trois personnages médiocres, que l’interprétation outrancière relève à peine.

Le mari, Mort, est incarné par Allyn Joslyn. Son personnage n’est pas un instant effrayé par l’intrusion d’un cambrioleur armé, interprété par Eddie Foy Jr. Il est vrai que ce dernier ne paie pas de mine, et n’a rien de menaçant. Mort, s’il n’avait pas l’intention de s’en servir pour se débarrasser de son épouse, l’aurait désarmé en deux temps trois mouvements.

Jane Dulo en Jocelyn est caricaturale. Elle en fait trop dans le genre « vieille rombière » et pas un instant on imagine qu’elle ait pu se marier deux fois (elle est veuve). Jocelyn est certes odieuse, elle a de l’argent et son mari « n’aura pas un cent ». Ils ont des lits jumeaux, il veut lire, elle éteint la lumière. Mais l’actrice surcharge tellement le trait que jamais nous n’adhérons à l’histoire.

Le summum du ridicule est atteint lorsque cambrioleur et mari se font surprendre par un policier qui fait sa ronde, Joe, lequel n’est pas crédité au générique ! Dès lors le meurtre devient impossible, Mort ayant présenté « le chat » au policier comme l’un de ses vieux amis.

Bref, si l’on trouve quelques traces d’humour dans cet opus, le manque total de crédibilité du script et l’interprétation médiocre en ruinent l’intérêt. La chute est téléphonée, au point que tout le monde est capable de la deviner. Un gros ratage.

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23. I'LL TAKE CARE OF YOU
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de George Johnson. Adaptation : William Fay. Réalisation : Robert Stevens.

John Forbes, vendeur de voitures, est marié à la jolie mais capricieuse Dorothy. Celle-ci dépense tout l’argent qu’il gagne et a décidé de s’offrir une croisière toute seule en Nouvelle Zélande. John comprend qu’il va perdre cette femme certes belle mais superficielle et qui va le ruiner voire le quitter. Il décide de la tuer et monte un plan machiavélique pour faire accuser un innocent à sa place.

Cette-fois, nous avons affaire à un grand Hitchcock, et Robert Stevens est le meilleur réalisateur de l’anthologie en dehors du maître. L’histoire est tellement réussie qu’elle aurait méritée d’être développée sur un long métrage.

Chaque détail ici compte. Une bande de jeunes étudiants prépare une fête, un carnaval, et propose un « jeu » consistant à démolir une automobile  à coup de massue pour 50 cents les trois coups. Ils demandent donc une vieille voiture à Forbes pour cela qui promet de la leur fournir, c’est son métier. Les scènes du parc à voitures évoquent « Pyschose » lorsque Marion Crane achète un nouveau modèle.

John Forbes, qui a compris que son épouse futile tôt ou tard va le tromper et le quitter après l’avoir ruiné, a planifié un meurtre. Dorothy, qu’il met sciemment en colère, quitte la maison de nuit, tandis que le mari s’est arrangé pour retenir son employé, le malheureux Dad (Russell Collins) dont la femme est malade, boire un verre et regarder la télévision avec lui. John quitte Dad, sachant que Dorothy n’ira pas loin, car il a volontairement omis de faire le plein d’essence. Et sans aucun remords, il écrase l’épouse en espérant que cela sera mis sur le compte d’un chauffard.

Toutefois, il a – dans cet acte meurtrier – endommagé la voiture, et suggère à Dad de la donner aux étudiants pour le carnaval. Deux détectives, qui soupçonnent un meurtre, viennent interroger Forbes et Dad, et les étudiants ne peuvent faire partir la voiture, en panne de batterie. Voilà un moment typique des suspenses Hitchockiens.  Les policiers ont la preuve du crime sous leurs yeux qui ne veut pas démarrer!

L’autre personnage important est la vieille épouse malade de Dad, Kitty (Ida Moore). Ce thème est récurrent dans la série, il n’y a pas de sécurité sociale aux Etats-Unis et les soins coûtent cher. Forbes promet à Dad, en échange d’un alibi, de payer les soins de Kitty.

Les comédiens sont tous prodigieux, il faut dire que le scénario leur permet des numéros éblouissants, ils jouent sur du velours. Ralph Meeker, en mari jaloux assassin et salaud intégral, est parfait. Russell Collins, en victime (il va être accusé du meurtre par les détectives pour avoir donné une voiture neuve aux étudiants au lieu d’une vieille guimbarde) est un habitué de la série. Il incarne ce naïf Dad qui pense devenir l’associé de Forbes à l’issue de l’enquête. Ida Moore en Kitty est une charmante vieille dame savoureuse d’humour (elle est décédée peu après le tournage, en 1964). Seule Elisabeth Frazer, l’épouse volage Dorothy, ne bénéficie pas assez de scènes pour montrer son talent.

La spécificité de cet épisode réside dans le fait que la chute ne se situe pas dans le film, mais dans l’épilogue, on regrette toutefois que ce soit pour une moralisante conclusion sur le fait que « le crime ne paie pas », alors que cet excellent épisode panachait suspense, intrigue policière machiavélique à la façon de « Dial M for Murder » et farce macabre. Mais dans l’Amérique puritaine de 1959, Sir Alfred ne pouvait sans doute pas déroger à certaines règles.

De bons comédiens, une bonne histoire, et nous avons à coup sûr un épisode palpitant. Il est dommage que pour fournir ici 36 (au lieu de 39) épisodes par saison, on nous inflige à côté de tels chefs d’œuvre des épisodes mineurs.

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24. TRAFIC DE BIJOUX
(THE AVON EMERALDS)

Histoire de  Joe Pidcock.  Adaptation : William Fay. Réalisation : Bretaigne Windust.

Scotland Yard  surveille la belle Gwendolyn Evon, jeune veuve, qui ferait du trafic de bijoux entre le Royaume Uni et la France, en l’occurrence avec le très précieux collier Avon. L’inspecteur Benson est chargée de la surveiller.

En voyant Roger Moore aussi brillant dans cet épisode, on maudit deux personnes, d’abord Dana Broccoli, qui suggéra à son mari de choisir Sean Connery, au physique de camionneur, en le voyant dans le film « Darby O’Gil et les fardadets » pour être 007 dans le premier James Bond en 1962, ensuite Roger Moore lui-même, qui  a préféré affadir son talent de 1962 à 1969 avec son interprétation légère de Simon Templar dans « Le Saint », série médiocre aux décors de cartons pâte qui l’écarta longtemps des écrans.

Le problème, avec Roger Moore, c’est qu’il a besoin d’être dirigé, en l’occurrence ici par Bretaigne Windust. S’il est livré à lui-même, il gaspille son talent en cabotinant comme il le fit en Simon Templar et dans plusieurs Bond où il avait passé l’âge du rôle, notamment « Moonraker » et « Octopussy », voire même « L’espion qui m’aimait » où il avait déjà 50 ans.

En 1959, chapeau feutre fixé sur la tête, et dirigé par des gens comme Terence Young, qui ne lui auraient pas permis de se disperser, il aurait été un merveilleux Bond. En 1973, à 46 ans, il était bien trop âgé et affecté de tics pour être autre chose qu’un ersatz de Sean Connery  même s’il fait encore de belles prestations dans ses deux premiers Bond.

Il a ici deux partenaires de poids, au niveau talent : Hazel Court (1926-2008), de « Frankenstein s’est échappé », qui incarne la garce absolue mais à croquer, mais aussi son « chef » Alan Napier en Charles Harrington. Un détail : regardez Roger Moore en tenue négligée, tel qu’il apparaît à la fin de l’épisode, polo et pantalon sportif, on remarque qu’il n’a pas besoin de tous les « chichis » vestimentaires  de Lord Brett Sinclair pour s’affirmer. Bien dirigé, il aurait été un Cary Grant de son époque, alors qu’il ne restera, entre « Le Saint » et ses Bond poussifs, pas grand-chose de lui dans la postérité. Roger Moore, en acteur, m’évoque Sacha Distel en chanteur : ce dernier meilleur guitariste de jazz français en 1956, nous laisse un répertoire rose bonbon inécoutable quelques années après sa mort, alors qu’il aurait pu être un grand crooner s’il n’avait pas choisi la facilité. Erreur fatale aussi de Roger Moore, dont on s’aperçoit des qualités d’acteur dans « Gold » et « Parole d’homme » mais que « Le Saint » et certains Bond nous font ranger dans la catégorie des acteurs de seconde catégorie, tout juste bon à être des gravures de mode. Tant mieux pour Sean Connery, qui avec un physique moins avantageux, a su démontrer lui un réel talent.

L’épisode se déroule en deux temps : le premier étant l’enquête policière « sérieuse », aspect renforcé par l’excellent Alan Napier (« Pas de printemps pour Marnie ») dont le physique et le jeu évoquent irrésistiblement l’américain Murray Matheson (le chef de l’académie Midlands dans « Les envahisseurs : le rideau de lierre »). Le second donne plus dans la légèreté mais Roger Moore n’y étant pas livré à lui-même, son personnage d’Inspecteur Benson devient nettement moins formel pour les besoins de la cause.

En dehors de son aspect avantageux, Hazel Court se révèle une très bonne comédienne, chose qui n’était pas évidente pour une actrice de films d’horreur qui sortie de ce domaine n’a pas fait une grande carrière.

L’épisode ne tombe jamais dans le drame, flirtant entre enquête policière et comédie, mais sans franchir les limites des excès préjudiciables à l’un et à l’autre. Cela démontre que l’anthologie peut exister sans répéter indéfiniment « I’ll take care of you » ou « Crackpot » qui sont certes des suspenses de Sir Alfred superbes mais attendus, et en alternant avec d’autres genres.

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25. LA GENTILLE SERVEUSE
(KIND WAITRESS)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : William O’Farrell. Réalisation : Paul Henreid.

Sans héritière, la riche et âgée Mrs Mannerheim a jeté son dévolu sur une serveuse, Thelma, dont elle a fait sa légataire universelle. Sous l’impulsion de son amant, le musicien Arthur, le couple décide de hâter le trépas de la vieille dame.

Doté d’une excellente chute, cet épisode nous raconte le long empoisonnement d’une femme riche et âgée (80 ans) qui a décidé de léguer tous ses biens à une modeste serveuse, Thelma (merveilleusement bien interprétée par Olive Deering).

L’épisode nous montre les différents états d’âmes des assassins, qui voient la dame continuer à vivre alors qu’elle est malade du cœur. Arthur a savamment étudié la question et mis au point un poison qui ne laisse ni trace ni goût.

L’histoire est aussi une réflexion sur la condition sociale de serveuse. Dans la scène où elle se révolte, Thelma exprime avec pertinence toutes les frustrations de son existence. « Croyez-vous que j’ai choisi d’être serveuse par vocation ? » lance-t-elle courroucée à la généreuse donatrice qui ne veut pas passer l’arme à gauche.

Rick Jason en Arthur a parfois du mal à nous convaincre qu’il puisse passionner Thelma. Le personnage de Sara Mannerheim qu’interprète Celia Lovsky est assez passif pendant les trois quarts de l’épisode, avant de se révolter à la fin pour une broutille, l’absence de lait dans son thé. Le suspense va grandissant jusqu’à la tragédie finale, montrant le désespoir des tueurs à mener à bien leur mission.

Le talent d’Olive Deering parvient à nous faire passer sur quelques longueurs, et à l’arrivée, nous avons un opus de bonne facture, parfait exemple de l’humour noir du maître. Le manque de rebondissements  empêche toutefois l’épisode d’atteindre la perfection. On jurerait cependant que Sir Alfred est derrière la caméra, tant la mise en scène est impeccable.

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26. CHEAP IS CHEAP
INÉDIT EN FRANCE



Scénario d’Albert E. Lewin et Burt Styler. Réalisation : Bretaigne Windust.

Un radin pathologique, Alexander Gifford, a caché à son épouse qu’il avait des économies. Comme il les a obligé à vivre dans la misère, et qu’ils sont mariés sous le régime de la communauté de biens, elle demande le divorce. Gifford pour éviter d’être privé de la moitié de son magot décide de tuer sa femme.

J’ai détesté cette farce d’un bout à l’autre, qui est à « Alfred Hitchcock présente » ce que « Le legs » est à « Chapeau melon et bottes de cuir », en pire. Loin du suspense, nous sommes ici dans une comédie genre Mel Brooks, où absurde et humour noir font peut-être bon ménage, mais laissent un goût amer pour qui n’est pas réceptif à cet humour primaire.

Si vous en voulez un exemple, Gifford se rend au parloir d’une prison pour rencontrer un prisonnier détenu pour son appartenance à la mafia. Il propose un contrat sur la tête de sa femme, et  l’autre le prend pour un policier espion (le prisonnier n’a jamais reconnu les faits). Réplique de Gifford au gardien : « De tels individus devraient être enfermés ». Un peu plus tard, suite à cette entrevue, un tueur contacte le mari, qui pense faire affaire et donne cinq dollars, alors que l’autre lui demande cinq cent dollars.

Tout le reste est à l’avenant. C’est du burlesque d’un bout à l’autre, jusqu’à la chute, que Sir Alfred infirme dans l’épilogue pour sauvegarder la morale où les assassins doivent toujours être punis.

Dennis Day joue sur un mode excessif voire hystérique, ce mari radin. Il n’y a absolument rien à sauver dans cette petite histoire qui faute de capter l’esprit attrape la niaiserie. En tueur prenant en pitié Gifford, Jack Lambert, au physique impressionnant, offre une petite éclaircie humoristique, mais l’on se croit parfois dans un dessin animé. Lambert ressemble à un gangster comme le serait dans un film d’animation un espion avec masque, chapeau et imperméable.

Difficile à supporter jusqu’au bout. Un épisode sérieux candidat au titre de pire épisode des 268 que compte l’anthologie.

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27. THE WAXWORK
INÉDIT EN FRANCE



Histoire d’ A. M. Burrage. Adaptation : Casey Robinson.  Réalisation : Robert Stevens.

Londres, 1954. Un journaliste sur le point d’être congédié doit absolument faire un reportage sensationnel. Il supplie un directeur de musée des horreurs de passer une nuit au milieu de mannequins de cire représentant de célèbres criminels. Mais on l’y enferme et il est claustrophobe.

Barry Nelson, qui fut avant Sean Connery le premier James Bond dans l’adaptation TV américaine de 1954 de « Casino Royale », incarne ici Ray Houston, un journaliste acculé à trouver un sujet sensationnel. Pour ce faire, il fait le siège auprès  de M Mariner (Everett Sloane), le conservateur du musée des horreurs. Ce dernier accepte de lui faire passer une nuit dans le musée à condition qu’il y soit enfermé, car les mannequins de cire ont une grande valeur.

Le gros handicap de cet épisode est d’offrir au public ce qu’il attend, et de ce fait il ne reste au téléspectateur aucune surprise. Tout est téléphoné, la moindre situation prévisible. Ce qui est censé faire peur tombe ainsi à côté de la plaque. Le célèbre égorgeur au rasoir Bourdette, qui a été pendu le matin même, a-t-il réussit à s’échapper et à remplacer sa réplique en cire ?

Barry Nelson, cheveux coupés en brosse, est le parfait symbole de l’américain moyen des années 50, il n’est donc pas une seconde crédible en reporter britannique. La peur, voire la terreur, est censée s’installer au milieu de l’épisode, mais la mayonnaise ne prend pas. Entre cauchemar et réalité, « The waxwork » est toujours sur la limite de l’improbable. On a le sentiment d’être dans un train fantôme ou autre attraction de foire, et la mise en scène de Robert Stevens, habituellement si talentueux, rate tous ses effets.

Il faut dire aussi que l’introduction est beaucoup trop longue, au point que l’on sombre dans l’ennui. Mariner, pourtant déterminé à refuser l’autorisation au reporter de passer la nuit au musée, se laisse fléchir au dernier moment sans aucune raison et le scénario creux ne nous en apporte pas la réponse.

Au lieu de frémir, on s’ennuie ferme.

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28. THE IMPOSSIBLE DREAM
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de John Lindsey. Adaptation : Meade Roberts. Réalisation : Robert Stevens.

Un acteur déchu, Oliver Mathews, devenu alcoolique, en est réduit à jouer dans un mauvais film. Il sait également que sa secrétaire lui ment et invente des lettres d’admiratrices. Une certaine Mrs Dolan accuse alors le vieux comédien d’être responsable de la mort de sa fille qui voulait être comédienne.

Par certains côtés, cet épisode rappelle le canevas du 03-39 « Little white frock », sur le thème du comédien has been en retraite. Ici, c’est Franchot Tone qui s’y colle.

Il n’a plus d’argent, et la mère d’une jeune fille qui fut sa petite amie le fait chanter avec des lettres compromettantes. Cette Mrs Dolan (Mary Astor), qui pourrait sortir des « Misérables » et y tenir le rôle de la mère Thénardier, est parfaitement odieuse. Elle pousse à bout  l’ex-vedette. Ce dernier la tue, mais sa secrétaire, Miss Hall (Carmen Mathews) qui l’espionne, est au courant.

Ce double chantage n’est guère palpitant et l’ennui nous gagne très vite. Entouré de deux tourmenteuses, l’une qui lui reproche la mort de sa fille, l’autre qui est complètement timbrée, ce pauvre Oliver Mathews est loin de goûter une paisible retraite, déjà accablé par sa déchéance dans le monde du cinéma.

On cherche vainement l’intérêt de cette histoire navrante. Il n’y a aucun suspense, en dehors du moment où le meurtrier se débarrasse du corps de la maître chanteuse dans une rivière, et où il est dérangé par un couple d’amoureux en voiture.

En 26 minutes, l’épisode ne parvient jamais à nous captiver. Et après vision, on se dit que c’était une entreprise perdue dès le départ car le scénario est aussi mince que du papier à cigarette. Robert Stevens met bien en scène la séquence où Mathews  jette le cadavre avec des chaînes et une lourde pierre dans l’eau. A part cela, non seulement il n’y a rien à sauver, mais en plus, il n’y a pas de chute ! Sir Alfred bâcle une explication à la va-vite en fin de programme. Il semble que pour cette saison 4, l’inspiration était en panne, puisque déjà seulement 36 sur 39 habituels épisodes ont été tournés.

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29. LE FANTÔME DE BLACKHEAT
(BANQUO’S CHAIR)



Histoire de Rupert Croft-Cooke. Adaptation : Francis M. Cockrell. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Blackheath, près de Londres, le 23 octobre 1903. L’inspecteur Brent, de Scotland Yard, n’a pu, deux ans auparavant, résoudre le meurtre d’une vieille femme, Miss Fergusson, qui a été étranglée. Il est désormais à la retraite mais continue l’enquête et a engagé une actrice pour jouer le fantôme de la victime.

Alfred Hitchcock m’a bien eu. J’allais mettre – en cours d’épisode – une note assez moyenne à son épisode, que je trouvais quelque peu facile. L’inspecteur Brent, sous prétexte de faits nouveaux (mais étant à la retraite, il n’a aucune légitimité pour agir, ce dont personne ne se soucie apparemment) a invité le meurtrier qu’il n’a pu coincer deux ans auparavant. Il sait que le neveu de la victime, John Bedford (Kenneth Haigh,) est le coupable mais ne peut le prouver. L’homme étant le seul héritier, le mobile est tout trouvé. Le jour fatal, il a aussi étranglé le petit chien de sa tante. Donc, on fait aboyer un chien, et aucun des convives rassemblés autour de l’inspecteur et du neveu ne bronche. Le neveu demande si personne n’a rien entendu, les autres étant de connivence disent que non.

Puis, ce sont les apparitions du fantôme. Le dîner a lieu à Blackheath, dans la maison du meurtre. Bien sûr, Bedford croit avoir des hallucinations, alors que c’est logiquement une machination montée par Brent, lequel a engagé une actrice grimée comme la tante. Là-aussi, les deux autres convives et Brent disent ne rien voir. Ce petit jeu dure un peu trop et l’on se dit que Sir Alfred est en baisse de forme et qu’il est en train de se moquer de nous.

Les deux autres convives sont le major Cook Finch (Reginald Gardiner), vieil ami du policier,  et un comédien de théâtre, Robert Stone (Max Adrian), actuellement sur scène dans « Macbeth » et qui a accepté de se prêter au jeu. Un sergent de police, Balton (Tom Dillon) est caché pour procéder à l’arrestation espérée. Le reste de la distribution est composée des domestiques de la maison.

Il était très fort Sir Alfred. Il nous endort avec sa mystification, que le téléspectateur commence à trouver répétitive, et dont l’aboutissement logique devrait être les aveux de John Bedford. Ce devrait être la chute, mais ce ne le sera pas. Car le maître du suspense a décidé de nous glacer d’effroi, et il va y parvenir au-delà de toute espérance, même son « héros », l’ex inspecteur Brent, tremblera de peur, c’est dire.

L’édifice est construit sur tellement d’invraisemblances qu’on ne les compte plus : pourquoi le coupable accepte-t-il d’un policier en retraite qui n’a pu le coincer une invitation à dîner sous prétexte de faits nouveaux ? Pourquoi et comment diable cela peut il se produire dans la maison du meurtre ? Pour quelles raison un acteur Shakespearien en vogue décide-t-il d’aider la police à piéger un suspect ?

On pourra objecter que pour nous glacer les sangs, Sir Alfred a attendu bien longtemps, mais le résultat est là. Le téléspectateur est plongé dans l’effroi, par surprise, au moment où il ne s’y attend pas, ou dirais-je ne s’y attend plus. On constate une fois de plus que ce réalisateur n’avait pas usurpé sa réputation de maître du suspense.

C’est le dernier des dix épisodes de la série dans lequel apparaît l’acteur John Williams, cette-fois en inspecteur Brent. Il a également participé à des long-métrages du maître : « Le procès Paradine », « Le crime était presque parfait », « La main au collet ».

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30. A NIGHT WITH THE BOYS
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Jay Folb et Henry Slesar. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : John Brahm.

Irving Randall perd sa paie au poker et n’ose l’avouer à son épouse. Un policier qui l’interpelle dans la nuit le met en garde contre les voleurs qui sévissent, et il va servir cette fable à sa femme.

Cas de conscience pour notre homme marié imprudent : un jeune de 16 ans a été arrêté par la police et on l’accuse de l’agression et du vol d’Irving. Notre homme est pris entre deux feux : avouer la vérité à son épouse, et accessoirement admettre une fausse déclaration à la police, ou envoyer un jeune innocent en prison.

Mal à l’aise, Irving Randall tente de plaider la cause du jeune auprès du policier : son épouse Francie est enceinte et dans seize ans, ils auront un enfant de cet âge. Randall voudrait que la justice passe l’éponge et pouvoir ne pas déposer plainte.

John Smith, quel nom original ! interprète avec talent cet homme tourmenté, ce menteur mystificateur qui se trouve pris à son propre piège. Joyce Meadows, dans le rôle de Francie, incarne la femme docile et passive de l’époque. Le policier est ému de voir une victime aussi compatissante envers un jeune délinquant.

L’épisode est passionnant dans la mesure où il nous montre qu’une fois certaines barrières franchies, on ne peut revenir en arrière et l’on doit vivre avec ses mensonges. La chute est surprenante, confrontant le menteur avec l’homme qui lui a gagné sa paie au poker, mais spoiler oblige, nous n’en dirons pas davantage.

Les comédiens sont tous parfaits et bien dans leurs rôles. La réalisation fait s’identifier le téléspectateur à un « héros » peu glorieux dont on a envie qu’il s’en sorte. Par rapport à tant d’épisodes faibles, un sans fautes.

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31. LE TÉMOIN
(YOUR WITNESS)



Histoire d’Helen Nielsen. Adaptation : William Fay. Réalisation : Norman Llyod

Un avocat renommé, dont le couple est en crise, s’acharne contre un témoin qui a vu un jeune automobiliste griller un feu rouge et tuer une vieille dame.

Cet épisode est dramatique, mais l’on se demande un peu ce qu’il vient faire dans « Alfred Hitchcock présente ». Brian Keith incarne Arnold Shaw, avocat de renom, qui tente de sauver un fils à papa, chauffard, responsable de la mort d’une vieille dame qui traversait à son tour normal au passage clouté. Pour cela, il veut discréditer un pauvre homme, un veuf, Henry Babcock (William Hansen).

Mais vie privée et vie professionnelle se croisent pour le malheur de Shaw, au demeurant personnage peu sympathique, époux infidèle et tyrannique, qui refuse de divorcer, avouant cyniquement avoir de jeunes maîtresses tout en ayant épousé il y a dix ans sa femme Naomi (Leora Dana) pour sa position sociale et sa qualité de fille d’un haut magistrat.

C’est plus une réflexion sur le rôle de l’avocat qui ment ici pour sauver le chauffard mais ment aussi à sa femme qu’un suspense. Il n’y a guère que dans la chute que l’on retrouve le canevas de la série. C’est une bonne histoire, mais à mon avis pas à sa place dans cette série. Notons la performance de Brian Keith en mari repenti qui ment éhontément au début de l’épisode pour reconquérir son épouse, qui pardonne.

Alors qu’il est le témoin, Babcock devient l’accusé du procès. L’avocat n’hésite pas à le dénigrer car il est portier d’un night club, et demande s’il a les faveurs des demoiselles de l’endroit. L’épouse, Naomi, présente à l’audience, comprend alors à quel point son mari est cruel et doué pour mentir. Le destin du témoin et de l’épouse trahie, tous deux victimes d’Arnold Shaw, vont se croiser pour une vengeance commune.

Très bon épisode, mais atypique et pas vraiment ce que l’on attend dans une série qui nous a proposé des suspenses comme « Crackpot », « Breakdown », « Incident de parcours », « Chantage » ou « Banquo’s chair » qui glacent les sangs, alors qu’ici, il s’agit d’un drame psychologique.

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32. UN CAS INTÉRESSANT
(HUMAN INTEREST STORY)



Episode avec  Steve Mc Queen en vedette.

Histoire et adaptation : Fredric Brown, d’après sa nouvelle « The last martian ». Réalisation : Norman Llyod.

Le journaliste Bill Everett doit faire un reportage sur un homme, Howard Wilcox, qui prétend être un martien mort ayant pris apparence humaine.

Servi par deux comédiens exceptionnels, dont l’un n’est plus à présenter, l’autre étant Arthur Hill, vu dans « Les envahisseurs : les sangsues », « Match contre la vie : l’assassin » et « Le fugitif : Mort d’un petit tueur », il ne s’agit pas ici d’une farce mais d’une histoire tout à fait dans l’ambiance de la série « Les envahisseurs ».

Bien entendu, la présence du héros de « L’affaire Thomas Crown » donne un intérêt particulier à cet opus, mais le scénario et la réalisation, orientés vers l’angoisse et la paranoïa, en font un chef d’œuvre.

L’auteur en est un célèbre écrivain de science-fiction, Fredric Brown (1906-1972), maintes fois adapté à la télévision et au cinéma. Il a également publié des romans policiers. Ce sont surtout les européens, bizarrement, qui l’ont adapté au cinéma : « L’ibis rouge » avec Michel Simon, « Vieille canaille » avec Michel Serrault, et le giallo « L’oiseau au plumage de cristal » de Dario Argento. Il a aussi écrit de la SF burlesque comme « Martians go home » qui, en tant que comédie, a été adaptée au cinéma longtemps après sa mort, en 1990, avec Randy Quaid.

« Un cas intéressant » a fait l’objet d’une seconde adaptation  en 1985, dans le remake de « Alfred Hithcock présente ».

Quant à Steve Mc Queen, après les 94 épisodes de « Au nom de la loi », de 1958 à 1961, il n’a plus jamais fait de télévision. Toutefois,  l’épisode qui nous intéresse aujourd’hui fut diffusé le 24 mai 1959, et il devait jouer un autre épisode, que je chroniquerai sous peu, dans la même anthologie, « L’homme du sud », 15e épisode de la saison 5.

Ce qui surprend ici, c’est le sérieux avec lequel l’intrigue est abordée. Il y à cela une bonne raison, mais vous ne la saurez pas, puisqu’elle se trouve dans la chute. A aucun moment, Bill Everett ne se moque de celui qui pourrait paraître pour un hurluberlu, tout au plus remarque-t-on que le journaliste joue au flipper au lieu de se concentrer sur l’écoute du témoignage pour son article.

En héros, Steve Mc Queen ne se départit jamais de son sérieux, il ne se moque pas et n’ironise pas sur l’homme qu’il interroge. Pourtant ce que Wilcox raconte dépasse l’imagination : les martiens sont en train de mourir, ils ne sont plus que 100 millions, alors qu’ils étaient des billions. De plus, morts,  ils se décomposent (comme les humains) alors qu’avant ils se fânaient. C’est un récit d’horreur que nous conte le témoin. On apprend aussi que l’alcool est interdit aux martiens, mais dans son enveloppe humaine, Wilcox entend bien se rattraper puisqu’il ingurgite quatre bières dont deux offertes par Bill Everett, payées par le patron de ce dernier, il faut dire que le journaliste, avant d’interroger le témoin, n’est pas en reste, ayant  dégusté un whisky pour se mettre en forme avant l’interview. Voilà qui ne passerait plus à la télévision politiquement correcte d’aujourd’hui, d’autant plus que Bill fume.

L’épisode consiste en un long échange où Wilcox va tenter de prouver qu’il ne raconte pas des fables, puis l’histoire nous conduit au domicile de l’homme où il rejoint sa « femme terrestre », Elsie (Anne Anderson), qui a peu de scènes à jouer.

Bien entendu, c’est un régal de voir une grande vedette de cinéma avant sa carrière prestigieuse, car le talent de Mc Queen est indéniable et illumine cet épisode. Arthur Hill est également parfait, et la mise en scène sobre de Norman Llyod aide à rendre crédible un script qui sur le papier semblait saugrenu. Un excellent opus.

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33. LE TIROIR SECRET
(THE DUSTY DRAWER)



Histoire d’Harry Muheim. Adaptation : Halsted Welles. Réalisation : Herschell Daugherty.

William Tritt est employé de banque, et vit dans la même pension de famille que Norman Logan, auquel il a escroqué 200 dollars. Depuis l’autre a décidé de le harceler et de se venger.

Ce qui me gêne dans cette histoire de tiroir secret, c’est que le « truc » est tellement évident que personne ne s’en aperçoit. Logan comprend qu’il a été volé par Tritt et découvre, en faisant tomber des bons du trésor sous la table où les clients sont accueillis, la présence d’un tiroir où il va cacher un pistolet. Ainsi, il pourra multiplier les hold-up en toute impunité, faisant passer Tritt pour un fou.

Le tiroir est tellement visible que le téléspectateur est confondu devant la naïveté du directeur de la banque, voire de la sécurité, et même du fait que Tritt ne puisse faire la preuve du subterfuge.

Dick York rejoint ici, par son jeu style comédie, son personnage de mari de Samantha, la sorcière bien aimée. En William Tritt, Philip Coolidge compose un employé de banque bien benêt. Dans cette farce, rien n’est vraisemblable, le ridicule étant atteint lorsque Logan se croit obligé de faire des « strip tease » pour prouver qu’il n’a rien des butins et de l’arme soi-disant imaginaires qu’on lui reproche.

La ficelle est un peu grosse et l’on se lasse vite, d’autant que les mêmes scènes se répètent pendant vingt-cinq minutes.

Bref, un épisode à l’intrigue trop sommaire, qui sombre dans la facilité, et perd vite tout intérêt.

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34. A TRUE ACCOUNT
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Fredric Brown. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Leonard Horn.

Une infirmière, Miss Cannon, qui a épousé le mari de sa patiente, vient consulter un avocat, Paul Brett. Elle pense que, pris sous son charme, son mari, pour l’épouser, a assassiné sa femme malade.

On retrouve ici deux comédiens connus : Robert Webber (« Les 12 salopards ») , qui a connu aussi une carrière européenne (on l’a vu avec Lino Ventura dans « Les séducteurs ») et Ken Smith, le mécène de David Vincent dans « Les envahisseurs », soit Edgar Scoville.

Ken Smith incarne Gilbert Hughes, qui a engagé comme infirmière pour sa femme malade Miss Cannon (Jane Greer). En fait, il en est tombé amoureux et son épouse étant morte, il veut l’épouser.

Mais après le mariage, les choses se gâtent. Hughes se montre bizarrement irascible à propos de l’amitié qui liait Miss Benson à sa colocataire Alice (Jocelyn Brando). Elle se rend compte aussi que son mari n’a pas toute sa raison, il continue de « parler » à sa défunte épouse en se rendant près de son lit de douleur. Miss Benson se demande si elle n’a pas mis les pieds dans la demeure de Barbe Bleue.

La progression dramatique de l’épisode, évoquée en flash back tandis que l’héroïne parle à l’avocat, est intense et  évoque nombre de long-métrages du maître. Hugues meurt subitement, et son épouse pense qu’il s’est suicidé. C’est ce que l’enquête confirme.

Miss Benson, enfin la nouvelle veuve Hughes, confie la gestion de ses affaires à l’avocat qu’elle est venue trouver, Paul Brett (Robert Webber). Là, le téléspectateur commence à se poser des questions lorsque la veuve use de son charme sur l’homme de loi. Nous ne pouvons en dire plus sans raconter la chute, mais la mort « naturelle » de la patiente de l’infirmière et le suicide de son mari sont remis en question. C’est au tour de l’avocat Paul Brett de raconter son histoire au téléspectateur, en lui précisant qu’il est tombé dans un piège qui va lui être fatal.

Cette histoire de mante religieuse aurait pu être plus passionnante avec une actrice plus glamour que Jane Greer. Elle manque de sex appeal pour le personnage. Notons que Jane Greer  (1924-2001) a tourné jusqu’à la fin de sa vie et que l’on a pu la voir dans « Mystères à Twin Peaks », la série « Arabesques » avec Angela Lansbury, ainsi que dans le long métrage de Taylor Hackford « Contre toute attente » dont vous  n’avez sans doute pas oublié la fameuse chanson du film interprétée par Phil Collins.

Un épisode qui aurait mérité quatre étoiles si l’on avait choisi, pour le rôle de Miss Benson, une autre comédienne.

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35. TOUCHÉ
(TOUCHÉ)



Scénario : Bryce Walton. Adaptation : William Fay.  Réalisation : John Brahm

Eternel cocu, Bill Fleming provoque en duel le dernier en date des amants de sa femme, Philip Baxter, sur les conseils d’un jeune garçon dont il s’est pris d’amitié depuis quelques heures et auquel il a confié son infortune.

Nous avons ici un homme assez âgé, que l’épouse trompe régulièrement. Elle n’est plus toute jeune, et n’est pas un canon de beauté.  Il est difficile de savoir pourquoi le mari, Bill Fleming (Paul Douglas) ne demande pas tout simplement le divorce, au lieu de jouer les mousquetaires en provoquant en duel l’amant, Baxter (Hugh Marlowe).

Cette situation initiale rend l’épisode difficilement crédible. Fleming déclare qu’il avait 50 ans quand il a épousé Laura (Doddie Heath) qui en avait 22. Au moment où nous voyons cet opus, Doddie avait 31 ans et Paul Douglas, dont ce fut le dernier rôle, 52. Le comédien mourut cette année-là, mais il faisait beaucoup plus que son âge.

Au début de l’épisode, l’identité du jeune homme auquel s’est lié d’amité Bill Fleming ne nous est pas révélée, il faudra attendre la chute pour la connaître.

On comprend mal qu’un mari cocu chante ainsi son déshonneur à tout vent, et au premier venu. Il fait une fixation sur Baxter, qui n’est pas le premier amant de sa femme, parce qu’il croyait en son amitié, et s’estime trahi.

Le jeune homme et nouvel ami de Fleming sait que ce dernier fut un boxeur célèbre, et ne comprend pas que l’homme outragé se contente de donner une correction à Baxter.

Ce qui devrait, mais l’on s’en rend compte à postériori, une fois vue la chute, attirer l’attention du téléspectateur, est le fait que le personnage du jeune Phil (Robert Morse) n’indique jamais son nom de famille. C’est même lui qui suggère à Fleming de régler l’affaire de l’amant de sa femme avec un duel à l’épée.

En regardant attentivement l’épisode, on se rend compte que Fleming ne connaît pas l’identité du jeune homme, il ne l’appelle jamais ni par son nom, ni par son prénom. Il s’est confié au premier venu. Or, c’est ce jeune freluquet qui lui suggère de provoquer Baxter en duel, car selon les lois californiennes, héritées de la colonisation espagnole, un duel ne le conduira pas à la chambre à gaz.

Dire le nom de famille de ce Phil serait révéler la chute. Fleming est ici victime d’un complot, ayant pour but de lui faire éliminer son rival, mais cela au profit (pécuniaire) de quelqu’un.

Intrigue astucieuse, mais il faut le dire, quelque peu tirée par les cheveux. L’opus atteint tout juste les deux étoiles pour l’originalité de l’histoire, même si elle manque de véracité.

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36. INVITATION TO AN ACCIDENT
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Wade Miller. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Joseph Pond, qui vient d’épouser la ravissante Virgilia, se rend vite compte qu’elle n’est pas un modèle de vertu et qu’elle n’a pas vraiment rompu avec ses anciens amants.

Dans cet ultime épisode de la saison 4, l’enquête est menée par Albert Martin (Alan Hewitt), qui aurait normalement dû épouser Virgilia (Joanna Moore), laquelle est devenue l’épouse de Joseph Pond (Gary Merrill, un comédien habitué de cette anthologie). Virgilia a d’ailleurs un amant, Cam (Peter Walker), mais elle se donne tellement en spectacle avec Albert Martin que le mari se fait de fausses idées.

C’est tout de même une situation originale : l’ex boy friend  qui se demande si le mari ne provoque pas des accidents destinés à tuer l’épouse qu’il a jadis aimée. Il commence une enquête, et accepte de partir en camping, seul, avec le mari. Entreprise dangereuse, et à laquelle il aurait dû réfléchir avant.

Gary Merrill se révèle brillant, mais peine à redresser une intrigue plutôt bancale dès le début. On regrettera une fois de plus l’aspect moral de la conclusion qui nous est livré non dans la chute mais dans l’épilogue racontée par Sir Alfred.

Ce qui paraît incongru, dans cet ultime épisode, c’est l’importance accordée au personnage du bon samaritain Albert Martin. S’il aimait tant Virgilia, pourquoi ne l’a-t-il pas épousée quand elle était libre, au lieu de jouer les anges gardiens ensuite ?

Gary Merrill (1915-1990), qui a figuré dans cinq épisodes de l’anthologie Hitchcock (On le reverra dans la saison 6, épisode 8, « Il faut que jeunesse se passe »), a joué dans « Eve » de Joseph Mankiewicz, mais il est surtout connu pour ses apparitions en guest-star dans des séries populaires (« Au-delà du réel », « Kung  fu », « Cannon », « La quatrième dimension », « Au cœur du temps »).

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Images capturées par Patrick Sansano.