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Saison 2Saison 4

Alfred Hitchcock Présente

Saison 3

20. Le Mauvais Cheval  (On the Nose)

21. L’Invité du petit déjeuner (Guest for Breakfast)

22. Return of the Hero – Inédit en France

23. La Maison idéale (The Right Kind of the House)

24. La sirène de brume (The foghorn)

25. Barbara (Flight to the East)

26. Arsenic et Vieilles Demoiselles (Bull in a China Shop)

27. Le défunt se porte bien (The Disappearing Trick)

28. L'inspecteur se met a table (Lamb to the Slaughter)

29. L'Homme des statistiques (Fatal Figures)

30. Death Sentence – Inédit en France

31. The Festive Season – Inédit en France

32. Listen, Listen… – Inédit en France

33. Post Mortem – Inédit en France

34. La Valise en crocodile (The Crocodile Case)

35. Le Plongeon (Dip in the Pool)

36. Une bonne cachette (The Safe Place)

37. La Voix (The Canary Sedan)

38. The Impromptu Murder – Inédit en France

39. Little White Frock – Inédit en France



1. L'ŒIL DE VERRE
(THE GLASS EYE)



Histoire de John Keir Cross. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Robert Stevens.

Jim Whitely et sa femme Dorothy mettent de l’ordre dans les affaires de leur tante Julia qui vient de mourir. Ils trouvent un œil de verre. Jim raconte à son épouse le passé de la tante.

Bien que l’épisode comporte dans les premiers rôles William Shatner, il n’était pas en 1957 célèbre comme Capitaine Kirk, et la distribution met en évidence Jessica Tandy.

La tante Julia, une vieille fille, était tombée amoureuse d’un artiste de music hall, le ventriloque Max Collodi.

Le gros problème de cet épisode est que l’intrigue se traîne jusqu’à la chute qui est du genre horrifique. Le reste du temps, « l’œil de verre » est l’histoire pathétique d’une groupie avant l’heure. Bien entendu, et la diffusion française de cet opus parmi tant d’inédits tend à le montrer, on attend William Shatner. Mais il ne sert ici que de faire valoir à Jessica Tandy.

On est donc un peu déçus par cet épisode.

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2. LE COURRIER PROPHÉTIQUE
(THE MAIL ORDER PROPHET)

Histoire d’Antony Ferry. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : James Neilson.

Un soi-disant voyant écrit à un employé de bureau pour lui prédire le futur et l’encourager à faire des paris.

Rien n’a changé depuis 1957. Aujourd’hui, par mail, nous recevons des propositions de voyants et médiums qui nous promettent la fortune. C’est ce qui arrive à Ronald J Grimes, un employé, agent de change. Les deux premières prédictions annoncées s’avérant exactes (la défaite d’un politicien, celle d’un champion de boxe), il va voler 15 000 dollars en titres au porteur à la compagnie pour laquelle il travaille pour acheter des actions qui devraient prendre de la valeur contre toute attente.

Bien sûr, cet épisode préfigure « Psychose » et le vol des 40 000 dollars par Marion Crane. Avec le même sens du suspense, Hitchcock nous propose ici l’employé modèle qui  « craque » et vole pour faire l’achat d’actions.

A ses côtés, l’employé et ami George Benedict tente de le dissuader de commettre l’irréparable. Mais l’espoir de sortir d’une condition médiocre, l’appât du gain sont le plus fort pour Ronald qui dans le cas d’un échec , pour parer au déshonneur et ne voulant pas terminer sa vie à Sing Sing a prévu du poison et une lettre testament en cas de perte.

Marion Crane, Marnie, ici Ronald, Hitch aime les personnages qui mettent leur vie en jeu en risquant le tout pour le tout et en dérobant des sommes d’argent faramineuses. E.G. Marshall en héros looser kamikaze et Jack Klugman, le futur « Quincy » de la série policière en George Benedict sont les deux seuls protagonistes de cette histoire angoissante. Un léger manque de rythme empêche cependant de mettre la note maximum, mais l’on passe un bon moment.

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3. CRIME PARFAIT
(THE PERFECT CRIME)

Histoire de Ben Ray Redman. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Alfred Hitchcock.

A noter que l'épisode 1-24 s'intitule aussi "le crime parfait" !

Charles Courtney, détective prétentieux, est fier de ne s’être jamais trompé, jusqu’au jour un avocat vient lui démontrer le contraire.

Episode proposé par le coffret français, nous découvrons d'emblée l'aspect fantasque d'Alfred Hitchcock, ici déguisé en...Sherlock Holmes. "Bonjour mesdames et messieurs, et bonjour Watson si vous m'écoutez".
Hitchcock présente l'épisode costumé en Holmes (pas celui de Conan Doyle ou de la série Granada, mais celui que l'inconscient collectif a retenu, nous n'allons pas chipoter), et pour montrer qu'il ne se prend pas au sérieux, il envoie au téléspectateur des bulles de savon.

Vincent Price est à l'affiche de cet épisode. Il est ici le pédant Charles Courtney, un détective qui se vante de n'avoir jamais fait une seule erreur. Il vit dans une grande et confortable demeure entourée de statues. Mais un jour se présente, de retour d'Europe, un avocat, John Gregory (James Gregory, vu dans "Mission Impossible"). Ce dernier vient le confondre et menace de révéler au monde que pour satisfaire sa vanité et ne pas faillir aux yeux du monde à sa réputation, il a laissé volontairement condamner à mort un innocent. L'exécution a eu lieu pendant que Gregory était en Europe.

Qu'à cela ne tienne ! Courtney assassine le visiteur importun et découpe le cadavre dont il va mettre les morceaux dans autant de statues qu'il possède.

Si Courtney n'est pas arrêté en notre présence, Sir Alfred nous rassure en épilogue. Le coupable a bien été arrêté.

Les scènes de flash back montrant le vrai coupable, (une femme, dont le mari s'est accusé de la faute) insérées aux échanges savoureux entre Price et Gregory, constituent un ensemble plaisant. C'est le maître du suspense qui est derrière la caméra, et l'on reconnaît sa patte. 

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4. L’ENGRENAGE
(HEART OF GOLD)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Robert Stevens.

Un jeune homme, Jackie, libéré sur parole, se rend dans la famille de son meilleur ami codétenu. Il est mal accueilli par le frère, mais la mère le prend sous sa protection.

Je n’ai pas aimé cet épisode, mélodrame assez insupportable qui suit une introduction fort réussie de Sir Alfred dont les présentations deviennent de plus en plus drôles et délirantes (ici une scène avec une actrice liée sur un tapis roulant avec une scie qui rappelle Emma Peel plus tard dans « Caméra meurtres »).

Ensuite, malgré de bons comédiens (Nehemiah Persoff en frère alcoolique et brutal du codétenu, Edward Binns en agent de probation), c’est jusqu’à la chute une histoire assez misérabiliste sur le pauvre jeune homme qui s’est laissé entraîné dans le banditisme – le titre français est assez éloquent – et n’a fait que servir de conducteur lors d’un hold-up. Dans le rôle de Jackie, Darryl Hickman en fait des tonnes dans le genre « Premier communiant » sur le dur chemin de la rédemption.

On s’ennuie vite, il n’y a pas de suspense, on se croirait dans le mélodrame « Les Mystères de Paris ». Henry Slesar à l’origine du récit adapté ici est pourtant un bon scénariste. Il a notamment travaillé sur la série « Match contre la vie » avec Ben Gazzara. « L’engrenage » nous montre à quel point cette anthologie est inégale d’un épisode à l’autre.

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5. LE TÉMOIN SILENCIEUX
(THE SILENT WITNESS)

Histoire de Jeanne Barry. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Un professeur s’est laissé entraîner par une aventure avec l’une de ses (jolies) étudiantes. Elle le menace de détruire sa vie s’il ne divorce pas. Il l’étrangle. Le seul témoin du crime est un bébé.

Certes, nous sommes en 1957 et l’on ne divorçait pas comme cela. Mais l’on se demande vraiment pourquoi le professeur Mason (Don Taylor), qui fait infiniment plus âgé que ses trente-sept ans (enfin ceux de l’acteur), n’a aucun charme particulier, a épousé une femme sans charme et peu attirante (Nancy, jouée par Pat Hitchock), a fait pour séduire une fille canon comme Claudia Powell (Dolores Hart, mais j’ai bien cru au départ qu’il s’agissait de Katherine Justice à laquelle elle ressemble). Et pourquoi donc il ne saisit pas l’occasion de fuir avec la belle au lieu de l’étrangler.

L’épisode tourne autour du bébé qui a assisté au meurtre, puisque Claudia faisait du baby sitting. Un véritable suspense s’instaure car l’enfant de quatorze mois reconnaît l’assassin et est sur le point de prononcer ses premiers mots.

Palpitant d’un bout à l’autre, même si l’on regrette la sortie de scène précipitée de la très sexy Dolores Hart, « Le témoin silencieux » semble avoir été filmé par le maître. Les gros plans sur le visage de l’enfant sur le point de se réveiller alors qu’inopinément, le meurtrier se trouve obligé de le garder, ont la patte de Sir Alfred. Cette histoire outre le suspense reflète la morale puritaine de l’époque. Bien que Don Taylor n’ait rien d’une gravure de mode, on lui fait repousser les avances d’une autre étudiante, jouée par une jolie blonde (Theodora Davitt), ce qui laisse supposer que les jolies élèves du professeur avaient besoin de consulter d’urgence un ophtalmo. Le jeu du chat et de la souris entre le criminel et le bébé évite l’écueil du malsain, et nous avons notre compte d’émotions fortes, même s’il est difficile de s’identifier à Mason.

Un excellent épisode.

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6. ON OFFRE UNE RÉCOMPENSE
(REWARD TO FINDER)

Histoire de F.J. Smith. Adaptation : Frank Gabrielson. Réalisation : James Neilson.

Un homme rustre, Carl, découvre un portefeuille contenant 5200 dollars. Il refuse de partager avec son épouse, ni de rendre l’argent en téléphonant à l’annonce du journal qui offre une récompense.

5200 dollars en 1957 devaient constituer une fortune. On imagine que chacun de nous serait embarrassé s’il trouvait un portefeuille plein sans aucune mention du propriétaire.

Joué comme une pièce de théâtre (unité de lieu et d’action), « On offre une récompense » est passionnant dans un autre genre que le suspense. Notre couple vedette, Carl un alcoolique,  Anna son épouse fânée, connaissent le malheur avec la fortune. Ils évoquent les paumés des « Raisins de la colère » de Steinbeck.

Cet argent les culpabilise car ni l’un ni l’autre n’ont répondu à l’annonce. Et cela a réveillé en eux des démons intérieurs insoupçonnés. Les comédiens jouent à merveille ce qui semble bien être, de mémoire, la première contribution de Frank Gabrielson à la série. Jo Van Fleet et Oskar Homolka ne sont évidemment pas glamour. On les situerait plutôt chez les Thénardier. La chute est atroce, abominable, mais l’on se gardera bien de la révéler.

L’épisode ayant été diffusé en VF, choix parfaitement justifié, certains téléspectateurs ne l’ont peut être pas oublié.

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7. ASSEZ DE CORDE POUR DEUX
(ENOUGH ROPE FOR TWO)

Histoire de Clark Howard. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid

Joe vient de purger une peine de prison après avoir dérobé 100 000 dollars sans jamais révéler leur cachette. Il retrouve ses anciens complices, Madge (qui fut sa maîtresse) et Maxie.

On retrouve dans cet épisode Steven Hill, le premier patron de l’équipe de « Mission Impossible » avant Peter Graves.

Encore une histoire de gros sous qui provoque le malheur. Joe veut retrouver le magot qu’il a caché dans le désert et se venger. On retrouve le décor des années 50 avec les grandes berlines américaines aux formes arrondies, la station service comme celle du vendeur de voitures dans « Psychose » trois ans plus tard, et avec indulgence, les vues  filmées à l’économie dans la Jeep avec le décor qui se déroule sous forme de film en arrière plan.

Ici, Steven Hill nous rappelle un autre comédien, Harold J. Stone, leurs physiques se ressemblent. En grande forme, cette saison 3 commence par un sketch hilarant et typiquement british de Sir Alfred, qui nous présente une corde qui obéit à un charmeur de serpents et se dresse.

Le reste de l’épisode est typiquement américain : la vente d’armes libre qui favorise les meurtres, les trahisons successives qui se terminent dans le sang comme dans les western. C’est un excellent polar plus qu’un suspense. On ne s’ennuie pas une seconde. Ce type de décors désertiques fera plus tard le bonheur de séries comme « Les Envahisseurs ». Dans le rôle de Madge, Jean Hagen est un peu trop enrobée pour figurer la femme fatale. Mais l’ensemble est excellent.

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8. DERNIÈRE VOLONTÉ
(THE LAST REQUEST)

Histoire d’Helen Fislar Brooks. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Un gigolo, condamné à la peine capitale, écrit depuis le couloir de la mort le récit de sa vie et les circonstances qui l’ont amené là.

Le format 25 minutes permet ici de développer un polar sans temps mort, qui nous donne notre dose de frissons, sans jamais faiblir. Harry Guardino en gigolo play boy n’a peut-être pas le physique de l’emploi, mais il s’en donne à cœur joie, entouré d’une solide équipe de comédiens, pour nous épater. Il incarne Gerry Daniels, un antihéros qui d’emblée avoue trois meurtres et nous les relate. Mais les choses ne sont pas si simples, et le voyou sait nous captiver.

Dettes de jeux, vamps aguichantes, règlements de comptes, c’est une valse qui donne le tournis. Notons que l’une des actrices, Jennifer Lea, qui incarne une femme adultère Nancy Judson, a une vague ressemblance avec une princesse de Monaco, et chez Hitchcock, cela ne peut être une coïncidence.  Déflorer l’intrigue pour ceux qui ne l’ont pas vue serait un crime, mais assurons le lecteur qu’il en aura pour son argent. Gerry est à la fois un chanceux qui force trop le destin, mais aussi un pion qui se fait broyer par un système dont il a maintes fois contourné les règles. Sans remords, il séduit les femmes, célibataires ou mariées, timides ou pas, les tue à l’occasion, au besoin avec leur mari. Il se sert des femmes pour échapper aux bookmakers, mais elles le lui rendent bien en l’envoyant dans le couloir de la mort.

En 1957, le sketch du début (Sir Alfred bouillant dans une marmite de cannibales) ne se heurtait pas au politiquement correct. On rit beaucoup au début et à la fin, car les présentations du maître de cérémonie bénéficient de mises en scène de plus en plus élaborées. La fin de l’histoire vous donnera envie de dormir toutes lumières allumées, ce qui n’est pas anormal puisque le générique précise qu’elle a été publiée auparavant dans le « Alfred Hitchcock Mystery Magazine ».

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9. LA GAMINE
(THE YOUNG ONE)

Histoire de Sandy Sax et Philip S Goodman. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : Robert Altman.

En avance sur son âge, Janice voudrait se débarrasser de la lourde tutelle de sa tante et vivre sa vie. Mais les hommes voient en elle une enfant.

Episode réalisé par le grand Robert Altman.

Malgré la présence de l’excellente Carol Lynley (« Bunny Lake a disparu »), le récit, trop sulfureux pour cette époque et surtout pour la télévision, ne décolle jamais. Janice apparaît plus comme une fille hystérique qu’une Lolita, et les sous-entendus sexuels (Elle se jette au coup du premier venu, Tex, déçue d’être la petite amie du trop sage Stan) sont noyés dans la morale qui jette le voile pudique de la folie comme seule explication aux agissements de la fille.

Janice n’est pas prise au sérieux. Brimée par sa tante, elle feint d’être prête à partir et courir l’aventure, mais tant Stan, à qui elle reproche de trop attendre, que Tex, homme adulte, qui se méfie du détournement de mineures et voit surtout en elle une enfant, ne veulent transgresser les interdits.

Il s’ensuit un affrontement entre la tante (jouée par Jeanette Nolan, moins vieille sorcière que de coutume), et pendant ce temps, le téléspectateur s’ennuie. Signe prémonitoire : le sketch de présentation de Sir Alfred n’est pas drôle, ce qui augurait mal de la suite.

Le suspense est tardivement amené dans l’épisode, et la chute ne nous surprend guère. Vince Edwards en Tex n’est pas très convaincant, semblant ne pas croire à son personnage auquel il ne donne aucune épaisseur. Stephen Joyce en Stan, le « boyfriend » boyscout, est transparent, et Carol Lynley se retrouve bien seule, sans partenaires à sa hauteur pour lui renvoyer la balle. Dommage.

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10. CORPS DIPLOMATIQUE
(THE DIPLOMATIC CORPSE)

Histoire d’Alec Coppel. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Trois anglais font une escapade au Mexique. Les Wallace mari et femme, et leur tante qui a la malchance de mourir en route. La voiture est alors volée avec un corps qu’il est indispensable de présenter pour le neveu afin d’hériter.

Le problème de cet épisode est qu’il est prévisible du début à la fin. Le téléspectateur devine la chute, preuve que le script n’est pas très fouillé. Alors en fin de carrière, Peter Lorre n’est plus que l’ombre de lui-même en détective privé mexicain escroc, et cabotine à outrance. Un jeune George Peppard, quatre ans avant « Diamants sur canapé » et quinze avant « Banacek », tient le rôle du jeune premier, mais il affiche un air niais durant tout le métrage qui perturbe quelque peu le téléspectateur.

« Corpse », faux ami, signifie en anglais « Cadavre » et jamais « Corps ». Le jeu de mot n’est donc compréhensible qu’en français.

Tournant à la grosse farce façon « L’Armoire volante » avec Fernandel, l’épisode est une fausse bonne idée. Certes, il y a des références à l’œuvre d’Hitchcock, comme le monastère qui rappelle « Sueurs froides », la présence de Peter Lorre (« L’Homme qui en savait trop », « Quatre de l’espionnage ») mais en absence de suspense et avec un ton de comédie éventée, on s’ennuie vite. L’épisode accumule les clichés et le spectateur devine à l’avance chaque nouvelle situation qui ne surprend que le « héros » Evan Wallace/George Peppard.

On mettra deux étoiles pour quelques instants de comédie  qui surnagent dans le marasme. Il est expliqué au début que la tante (jouée par Isobel  Elsom) dispose d’un visa pour les USA non valable si elle quitte le territoire et que son neveu et sa nièce sont naturalisés américains, d’où les efforts pour la convaincre de ne pas franchir la frontière dont elle ne profitera pas longtemps. Le Mexique est vraiment présenté comme un pays sous-développé qu’Hitch, en sombrero, dans le prologue caricatural, présente comme une destination exotique. La misère transparaît dans plusieurs scènes, comme celle du petit voleur de voiture si vulnérable et véritable jouet entre les mains du détective véreux qu’incarne Peter Lorre.

Un opus très moyen.

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11. CHANTAGE
(THE DEADLY)

Histoire de Lawrence Treat. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Un plombier d’apparence affable perd un temps fou chez ses clientes, et tente ensuite de les faire chanter en misant sur la jalousie de leur mari.

Meilleur épisode des saisons étudiées avec « Crackpot », cette histoire, véritable cauchemar sorti tout droit du quotidien, vous fera regarder votre plombier d’un autre œil.

Lee Philips, qui joue le plombier Jack Staley, n’a pas, au premier abord, le physique inquiétant de Norman Bates ou du bon docteur Hannibal Lecter. S’il suscite en nous la terreur, c’est qu’il est le voisin de palier lambda, l’homme dont on ne se méfie pas, et par qui le drame arrive. Avec une carrière centrée sur la télévision, il n’est pas très connu, et aurait bien mérité un autre parcours, car sans son jeu parfait, l’édifice s’écroulerait.

Jack Staley n’hésite pas ici à s’attaquer à la femme d’un avocat. Il n’a peur de rien, ni de l’échec, ni de la police représentée par le sergent Thompson (Frank Gerstle, excellent), car il sait son chantage sans failles. Son stratagème est tellement bien mis au point qu’il sévit depuis des années dans la même petite communauté sans attirer l’attention, ce que dira le sergent à l’héroïne, Margot Brenner (Phyllis Thaxter). « Il n’y a jamais eu de plaintes déposées contre lui ».

Connaissant le vieil adage « Parlez-moi de moi, il n’y a que cela qui m’intéresse », Staley commence par flatter ses victimes. Ici, il flatte Margot sur une peinture qu’elle a faite, à laquelle il donne des attributs éloquents et fictifs, sauf que ce tableau se trouve dans la chambre à coucher, comme le manteau de vison de la dame.

Jack Staley est plus diabolique que Norman Bates car il est pourrait être votre collègue de travail, votre voisin, votre … plombier !

Il n’y aurait pas de justification à l’épisode si le système Staley devait infiniment perdurer. Pour savoir comment il peut être contré, il y a la chute, et pour cela, il faut voir l’épisode.

C’est la première fois qu’un plombier va vous terrifier autrement qu’en présentant sa facture !

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12. LE CHAT DE MISS PAISLEY
(MISS PAISLEY’S CAT)

Histoire de Roy Vickers. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Justus Addiss.

Emma Paisley, une femme âgée, a trouvé son bonheur avec un chat, Stanley, qui a pris l’habitude de voler la nourriture chez un voisin bookmaker, Rinditch. Un jour, ce dernier tue le chat et la vieille dame jure de se venger.

Nous sommes ici dans l’humour noir typiquement british. Emma Paisley (Dorothy Stickney) semble sortir de « Arsenic et vieilles dentelles ». Elle s’accuse d’un meurtre mais le policier, l’inspecteur Braun (Raymond Baisley) ne la croit pas, et c’est le concierge de l’immeuble, dont le mobile aurait été le vol, qui est arrêté.

Cet épisode vaut surtout pour la prestation de Dorothy Stickney, ici une vieille femme adorable et un peu folle. Le scénario passe au second plan. Le chat (comme dans le roman de Simenon et le film de Pierre Granier Deferre avec Gabin et Signoret beaucoup moins drôle), est le symbole de la détresse et de la solitude de personnes âgées et attendrissantes.

Le scénario qui insiste sur la personne s’accusant d’un meurtre au point de ne plus être crédible a été vu souvent ailleurs. C’est la réalisation et l’interprétation qui retiennent dès lors l’attention. La chute est savoureuse, à condition de goûter le nonsense et l’humour noir. Par contre, le contexte n’est pas propice au suspense. Ce n’est pas le but recherché ici. Un épisode à voir, mais qui ne permet pas de s’extasier devant et de crier au génie.

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13. LA NUIT DE L'EXÉCUTION
(NIGHT OF THE EXECUTION)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Justus Addiss.

Warren Selvy, avocat général, échoue dans toutes ses réquisitions pour envoyer les coupables à la chaise électrique. Son beau-père et son épouse sont déçus car il avait un brillant avenir en politique. Un jour, Warren tient enfin sa revanche.

Episode savoureux, plein de suspense, qui repose entièrement sur les épaules de Pat Hingle, vu dans « Le Fugitif » et « Les Envahisseurs ». Il est ici Warren, un procureur qui doit absolument avoir la tête d’un homme, coupable ou non.

Car Rodman, qu’il a convaincu de meurtre au premier degré, va passer à la chaise électrique, tandis qu’un vieil ivrogne, Barnes (Russell Collins) vient tout compromettre en s’accusant du meurtre. Face à cet aveu de dernière minute, l’épouse de Warren est claire : « C’est Rodman ou nous ».

Histoire particulièrement atroce et bien dans l’esprit de celles de cette anthologie, avec une chute qui ne décevra pas, « La Nuit de l’exécution » est un sans faute. Le script d’Henry Slesar est d’ailleurs paru dans le magazine du maître.

On explore ici les arcanes de la politique américaine peu reluisante, où la fin justifie les moyens, où seule l’apparence compte. Méprisé par ses pairs au début de l’épisode, considéré comme un raté, Warren trouve grâce le jour où il obtient une condamnation à la peine capitale et la voie royale pour une place au Congrès.

Le beau-père, le juge Vance (Harry Jackson, acteur récurrent dans « Perry Mason ») ainsi que sa fille Doreen (Georgann Johnson) sont odieux et méprisants  à souhait. Ce n’est pas un réquisitoire contre la peine de mort, loin de là, mais un suspense bien agencé avec des enjeux de pouvoir et un gros cas de conscience. Un très bon opus.

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14. POURCENTAGE
(THE PERCENTAGE)

Histoire de David Alexander. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : James Neilson.

Un homme, vétéran de la guerre de Corée et fort riche, recherche un de ses camarades de combat devenu réparateur de télé. Il veut avec son argent effacer sa couardise.

Dès le début, on sent que cet épisode va être raté. Le principe même de l’intrigue est complètement idiot, et le jeu hystérique d’Alex Nicol, le riche vétéran, est difficile à supporter. Si les sketches d’introduction et de fin du maître sont drôles, l’épisode lui est d’un ennui mortel, et part sur des postulats invraisemblables, bancals. Cet Eddie Slovak pourrait rester un héros de la guerre de Corée même si c’est un lâche, mais il lui a fallu engager un détective pour retrouver le réparateur TV Pete Williams, homme content de son sort et sa petite vie simple.

On n’entre jamais dans le récit qui s’enlise très vite dans  l’absurde. Les romances qui naissent avec les épouses de chacun des protagonistes de ce « drame » ne font que surcharger un épisode pénible à supporter jusqu’au bout. Seule Nita Talbot, en épouse du dépanneur télé cédant vite à des rêves de richesse, tire son épingle du jeu. En fait de « pourcentage », c’est plutôt un naufrage.

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15. LE RÉVEILLON MANQUÉ
(TOGETHER)

Histoire d’Alec Coppel. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Robert Altman.

Marié à une femme riche, Tony Gould a une jeune maîtresse qui un soir de Noël veut l’obliger à révéler leur liaison. Gould tue la fille, mais se retrouve enfermé avec le cadavre dans un bureau.

Genre d’épisode qui vous fait regretter de ne pas zapper « Alfred Hitchcock présente » au profit de « La Quatrième dimension ». Jugez du gâchis : Robert Altman est derrière la caméra, l’antihéros du meilleur long métrage de tous les temps de Sir Alfred « L’Ombre d’un doute », Joseph Cotten, est le meurtrier. Et malgré cela, nous avons un épisode, non un réveillon, raté.

Si  Cotten était majestueux en Oncle Charlie, il est ici un criminel d’occasion, emprunté, amant d’une gamine jouée par l’improbable Christine White. Si l’on ne voit jamais la légitime de Gould, on doit subir son meilleur ami, Charles (insupportable Sam Buffington, qui cabotine du début à la fin).

On ne croit pas un instant au suspense, et d’ailleurs quelle compassion le téléspectateur peut-il éprouver pour un meurtrier pris au piège ? Christine White est une Shelley manquant de maturité et a des airs de petite fille, loin d’une sulfureuse maîtresse. Cette erreur de casting plombe l’histoire dès le début. Bel homme, magistral, élégant, Cotten n’a pas du tout le profil de l’amant de Shelley. L’épisode sombre dans le comique involontaire lorsque Gould, pour se sortir de ce mauvais pas, choisit d’alerter une voisine, un laideron repoussant qui prévient la police.

En fait, l’histoire d’Alec Coppel qui ne tient pas la route, et un casting déplorable entourant le génial Joseph Cotten font de cet opus un des plus grands désastres de l’anthologie.

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16. SYLVIA
(SYLVIA)

Histoire d’Ira Levin. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Hershel Daugherty

Un père riche protège sa fille d’un mari gigolo intéressé uniquement par l’argent.

Encore un épisode raté.  Nous avons ici la traditionnelle histoire de la pauvre petite fille riche pas très débrouillarde qui se laisse épouser par un gigolo. Plein de bonnes intentions, le père, John Leeds (John Mc Intire) éloigne l’importun à coup de dollars. Mais il ne se rend pas compte qu’ainsi, il étouffe sa fille, Sylvia (Ann Todd).

Jamais on ne parvient à se passionner pour cet opus sans suspense, qui ne prend pas le temps, comme « Pas de printemps pour Marnie », d’étudier la névrose de Sylvia Leeds. On doit se contenter de brèves conversations entre le père et le psychiatre, le docteur Jason (Raymond Bailey), tenu par le secret professionnel.

Peter Kent (Phillip Reed), le mari intéressé, n’est pourtant pas un tombeur, et malgré ses grosses lunettes peu glamour, Sylvia est une femme désirable qui ne devrait pas avoir besoin d’attendre longtemps pour être courtisée. On note au détour d’une conversation quelques notes incestueuses dans la façon dont Sylvia réclame à son âge (c’est une grande fille) que son père vienne lui raconter une histoire avant de dormir. Toutefois, en 24 minutes, la psychologie des personnages n’est pas assez fouillée et construite pour que s’instaure la moindre tension.

L’épisode est plombé par un scénario anémique, qui ne permet aucun développement dramatique.

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17. LE MOBILE DU CRIME
(THE MOTIVE)

Scénario original : Rose Simon Kohn. Réalisation : Robert Stevens.

Un tueur cinglé choisit au hasard ses victimes dans l’annuaire en se vantant de ne jamais être retrouvé puisqu’il n’a pas de mobile.

Cette histoire évoque pêle-mêle « L’inconnu du Nord Express », « La Corde » (pour la gratuité du meurtre) ou encore l’épisode de « Columbo » : « Criminologie appliquée ». Toutefois, la mise en scène pesante de Robert Stevens, les trop longues scènes d’ivresse des protagonistes ruinent ici l’aspect diabolique de l’intrigue. La chute ne nous convainc pas et vient alourdir un ensemble tout juste satisfaisant.

Lors d’une beuverie, Richard (William Redfield) découvre que son meilleur ami Tommy Greer (Skipe Homeier) est un tueur. Certes pas ordinaire. Greer consulte les statistiques de la police sur les meurtres non élucidés et les fait croître en tuant au hasard. Richard ne prend pas au sérieux son ami, après lui avoir « choisi » dans l’annuaire une victime, un ingénieur à Chicago, Jerome Stanton (Carl Betz).

Lors de la scène du début, Sandra (Carmen Philips) semble apeurée et prendre davantage que Richard au sérieux la folie de Greer car elle trouve le premier prétexte pour déguerpir.

Le scénario traîne en longueur cependant et peine à nous accrocher. Skipe Homeier est convaincant en fou halluciné, mais il ne nous effraie vraiment jamais. Diffusé en janvier 1958, l’épisode a peut-être mal vieilli. En effet, ce genre d’intrigues s’est depuis multiplié, et c’est la seule originalité de l’épisode qui devient ensuite linéaire voire presque ennuyeux. On mettra deux étoiles pour l’interprétation, mais c’est un opus bavard et qui ne parvient pas à réaliser son objectif : nous glacer les sangs.

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18. LE BAIN DE MINUIT
(MISS BRACEGIRDLE DOES HER DUTY)

Histoire de Stacey Aumonier. Adaptation : Marian Cockrell. Réalisation : Robert Stevens.

1907 : voyageant à Paris, une femme âgée mais pleine de malice, Milicent Bracegirdle, se trompe de chambre d’hôtel et se retrouve enfermée avec un cadavre.

Reposant entièrement sur l’interprétation de Mildred Natwick (« Mais qui a tué Harry ? »), cet épisode mélange humour noir british et suspense avec brio. On retrouve ici tout ce que l’on attend chez Sir Alfred : un quidam (une vieille femme genre Miss Marple en l’occurrence) se trouve par hasard mêlé à une intrigue folle (point de départ de « La mort aux trousses » un an plus tard). Il y a aussi les scènes claustrophobes, la porte qui ne s'ouvre pas, la serrure que l'héroïne tente de forcer, le garçon d'étage dont il ne faut pas se faire voir.

L’épisode s’amuse des clichés tant anglais qu’hollywoodiens sur les français, dont on a ici une vision de carte postale. Se tromper de chambre, se retrouver coincée avec un cadavre – un tueur qui plus est – est le socle idéal pour une histoire de suspense. On hésite cependant souvent entre sourire et tension, tant le personnage de Millicent est attendrissant et maniéré. La quasi-totalité de l’épisode est en voix of, puisque nous entendons les pensées de la captive de la chambre. Pensées souvent délirantes et suaves.

Pas un détail ne manque, des beaux garçons serveurs « french lover » prêt à secourir la demoiselle en détresse, au mythe du tueur de femmes style Landru. Les allusions à la guillotine sont nombreuses, et en VO, beaucoup de répliques sont faites en français.

La chute arrive plus tardivement que de coutume. Mais nous avons eu notre lot de sueurs froides. Ce n’est cependant pas un chef d’œuvre car l’épisode reste prévisible et le téléspectateur devine souvent à l'avance la scène qui va suivre.

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19. LA PROVOCATION
(THE EQUALIZER)

Histoire de C.B. Gilford. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : James Neilson.

Un mari jaloux décide de tendre un traquenard à son supposé rival.

Avec la présence de Leif Erickson (futur héros de « Chaparral ») et Martin Balsam (« Psychose »), la distribution est excellente. Balsam en Eldon Marsh, mari jaloux, complexé par sa taille, a peur de voir son épouse Louise (Norma Crane) avoir une liaison avec Wayne Philips (Leif Erickson). Dès le début de l’épisode, la tension est palpable entre eux. On trouve tout de même surannée cette intrigue de 1958 où les époux Marsh dorment dans des lits jumeaux et dans lequel Louise, dans l’intimité, garde une chemise de nuit de grand-mère.

Nous suivons les doutes d’Eldon sur la fidélité de son épouse, le faux malaise qui lui sert de prétexte pour fausser compagnie au groupe de ses collègues vendeurs pour téléphoner chez lui où personne ne répond, un samedi après-midi où Louise jurera n’être pas sortie du domicile. Eldon, que son adversaire n’arrête pas de traiter de « petit homme », provoque un scandale et Louise décide de le quitter, ne niant pas avoir voulu être la maîtresse du rival contre lequel le petit homme va construire une machiavélique vengeance.

Malgré la présence de bons comédiens, l’histoire ne décolle jamais vraiment. La chute n’est pas une surprise. On reprochera à l’intrigue son manque de subtilité et d’épaisseur. Un épisode très dispensable, bien qu’il soit mentionné au générique final que l’histoire ait été publiée par le magazine d’Hitchcock.

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20. LE MAUVAIS CHEVAL  
(ON THE NOSE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Irving Elman. Réalisation : James Neilson.

Une joueuse compulsive, Fran Holland, met son mariage en danger. Elle doit rembourser une dette de jeux à un bookmaker et trouver l’argent dans un temps limité, sinon l’homme préviendra son mari.

Sur le papier, l’histoire a l’air extraordinaire, mais une fois l’épisode vu, on reste sur notre faim.  Jan Sterling  (Fran) n’a pas un physique de vamp, et le fait qu’un policier tente de la faire chanter pour obtenir ses faveurs nous semble manquer de crédibilité. Le couple que Fran forme avec Ed Holland est tout aussi improbable. Reste la tension et le suspense. L’épisode m’a fait penser au film « La femme flambée » avec Gudrun Landgrebe. Mais Jan Sterling n’a pas le talent de l’allemande, et l’histoire s’en ressent.

L’épisode relate une course contre la montre pour trouver l’argent qui empêchera la bookmaker de tout révéler au mari. Au passage, plusieurs clichés sur les joueurs sont montrés. La chute ne surprend personne, car très convenue.  David Opatoshu, que le maître emploiera dans « Le rideau déchiré », est le plus brillant élément de la distribution. On a une pincée de regrets en pensant que l’épisode aurait été meilleur avec une actrice plus convaincante que Jan Sterling.

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21. L’INVITÉ DU PETIT DÉJEUNER
(GUEST FOR BREAKFAST)

Histoire de C.B. Gilford. Adaptation : Robert C.Dennis. Réalisation : Paul Henreid.

Un couple, les Ross,  qui se dispute tout le temps est confronté à un braqueur et meurtrier en fuite, Lacey.

Episode décevant, qui déroge à la règle de la chute (il n’y en a pas vraiment). Le film est un mélange de polar noir style « La maison des otages » et d’enfer conjugal comme « Qui a peur de Virginia Woolf ? ». L’interprétation sauve un script assez faible.  Joan Tetzel en Eve Ross et Scott MacKay jouant son mari sont parfaits.  Richard Shepard en Lacey est menaçant à souhait. On perd beaucoup en suspense et en angoisse au profit du mariage raccommodé par le fugitif qui a pourtant tué sa femme et l’amant de cette dernière. Shepard au lieu de jouer à fond les terreurs transforme l’épisode en thérapie de couple, et ce n’est pas vraiment ce que l’on attend de la série Hitchcock. Heureusement, restent quelques bonnes scènes imprévisibles et qui permettent de maintenir la tension ambiante.

Un signe qui ne trompe pas : pour la première fois, le maître est vraiment mal à l’aise à la fin de l’épisode, et ne parvient pas à glisser sa touche d’humour habituelle. Un épisode trop psychologique et pas assez dans l’esprit de l’anthologie.

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22. RETURN OF THE HERO
INÉDIT EN FRANCE

Histoire d’Andrew Solt. Adaptation : Stirling Siliphant et Andrew Solt. Réalisation : Herschel Daugherty.

Le sergent André Daumier, fils de bonne famille, revient de la guerre d’Algérie avec un de ses camarades. Dans un bar de Marseille, il retrouve une fille, Thérèse, amoureuse de lui, qui l’a attendu.

Jacques Bergerac (qui nous a quittés le 15 juin 2014) était à l’époque « le français d’Hollywood ». Il incarne ici un soldat de retour de la guerre d’Algérie. Nous sommes en 1958 et ce sujet est alors tabou à l’ORTF même si dans le cas présent, le thème est à peine abordé le temps d’un dialogue.  Dans la distribution, on trouve un seul autre français, Dalio. Mais Hitchcock ne nous offre pas une France de carte postale. Même filmé à Hollywood, ce bar marseillais est plus vrai que nature.

Les comédiens ont des accents français en VO à couper au couteau, et les échanges ne sont pas caricaturaux. La chute, si l’on peut  appeler  cela « la chute », est prévisible dès le début de l’épisode, bien qu’Herschel Daugherty prenne soin de cadrer sa caméra sur Bergerac de façon à ne nous le montrer  que « partiellement ». Daumier est le fils d’un second mariage d’une noble, une comtesse. L’épisode serait raté sans la présence lumineuse de Susan Kohner, plus française que nature alors que c’est une actrice californienne. Son père veut la jeter dans les bras d’un bon parti mais elle est amoureuse de Daumier qui lui signifie avec un cynisme quelque peu forcé qu’elle n’est pour lui qu’une fille à soldat.

On oublie complètement que l’on est dans l’anthologie Hitchcock, tant l’ambiance ici rappelle Marcel Pagnol. Et c’est bien là le problème de l’épisode : que vient-il faire dans la série, alors que c’est un mélodrame dans lequel tout suspense est absent ?

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23. LA MAISON IDÉALE
(THE RIGHT KIND OF THE HOUSE)

Histoire d’Henry Slesar. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

A noter : Jeanette Nolan et Robert Emhardt joueront en 1967 ensemble dans l’épisode des « Envahisseurs » : « Cauchemar ».

Une femme qui veut venger la mort de son fils met en vente sa maison à un prix prohibitif pour tendre un piège au meurtrier.

Il suffit à Robert Emhardt de paraître pour nous faire trembler : souvenez- vous de l’épisode fabuleux de cette anthologie « Crackpot » (02-15). Avec un comédien aussi doué, et une histoire angoissante d’Henry Slesar, le spectacle était réussi d’avance.

Waterbury (Emhardt) est prêt à acheter 50 000 dollars, soit cinq fois sa valeur, une vieille maison que propose Sadie Grimes (Jeanette Nolan) dont il a tué le fils. Comme il n’est pas fou, il a un bon mobile pour faire cet achat, mais nous n’en dirons pas plus.

L’épisode est constitué de flash back durant lesquels nous comprenons que le fils de Sadie, Mike (James Drury, « le virginien ») était devenu braqueur de banques à New York et pour ne pas avoir voulu partager le butin de 200 000 dollars a été tué dans la maison familiale par l’un de ses complices, Waterbury en l’occurrence. Un savant jeu du chat et de la souris entre la vendeuse et l’acheteur se met en place jusqu’à une chute facilement prévisible.

L’épisode mériterait quatre étoiles sans quelques longueurs dommageables, où le réalisateur s’appesantit à décrire ce que le téléspectateur a compris depuis longtemps.

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24. LA SIRÈNE DE BRUME
(THE FOGHORN)

Histoire de Gertrude Atherton. Adaptation : Frank Gabrielson. Réalisation : Robert Stevens.

Alors qu’elle prépare des noces avec  John St Rogers, Lucia Clay rencontre un certain Allen et en tombe follement amoureuse.

Episode dans lequel on retrouve Barbara Bel Geddes (« Dallas », « Sueurs froides ») mais aussi l’anglais Michael Rennie, plusieurs fois guest star dans « Les envahisseurs » et vedette de « Hotel St Gregory ».

Cette-fois, la chute est imprévisible et saisissante. L’intrigue s’éloigne des canons habituels de la série et nous conte une romance dominée par le brouillard qui est omniprésent. Il a le mérite de nous prouver que Barbara Bel Geddes a eu une vie avant « Dallas » (elle est ici fort séduisante), et à contre emploi, Michael Rennie joue les charmeurs lui qui fut souvent les méchants, par exemple le savant démoniaque de « La guerre des cerveaux » de Byron Haskin.

L’histoire est un conte de fées qui vire au drame, et l’impression de rêve éveillé tenaille le téléspectateur, ce qui n’est pas pour rien lorsque l’on a vu l’intégralité du film. Même si elle n’est pas vraiment horrifique, la chute hantera longtemps le spectateur à la façon de certains épisodes de « La quatrième dimension ». C’est excellemment interprété, l’histoire est bien agencée, ce qui permet à  Robert Stevens de jouer sur du velours avec sa caméra.

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25. BARBARA
(FLIGHT TO THE EAST)

Histoire de Bevil Charles. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Arthur Hiller.

Nairobi, 1958 : Un reporter, Ted Franklin, relate, durant un vol de retour en avion, le procès qui a conduit à  la condamnation à mort d’un leader arabe, à une certaine Barbara qui en sait davantage qu’elle ne le montre.

Episode tourné en huis clos dans un avion de grande ligne, du moins dans un décor de studio l’illustrant, verbeux et ennuyeux à mourir. C’est illustré de plusieurs flash back, mais jamais captivant.

Gary Merill incarne le reporter, tandis que la femme est jouée par la ravissante Patricia Cutts. Les américains adorent les histoires de procès, et il nous en est proposé un ici en fil rouge de l’histoire. Il s’agit d’un leader arabe accusé de meurtre. Persuadé de son innocence, Franklin a tout fait pour le sauver, remuant ciel et terre, et attirant l’attention de l’opinion internationale. Mais lorsque la culpabilité de l’homme Sasha Ismael le conduit à la peine capitale, le reporter est atteint dans son prestige. Pourtant, il cache de bien noirs secrets.

Arthur Hiller, qui a signé l’épisode, est le metteur en scène de « Love story », « Transamerica express » et de l’une des rares incursions de Diana Rigg au cinéma, « L’hôpital » avec George C. Scott.

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26. ARSENIC ET VIEILLES DEMOISELLES
(BULL IN A CHINA SHOP)



Histoire de C.B. Gilford. Adaptation : Sarett Rudley. Réalisation : James Neilson.

Un groupe de vieilles femmes excentriques attirent un bel et séduisant détective de la brigade des homicides rien que pour le plaisir de le voir enquêter.

Cet épisode est d’emblée un intermède comique dans la série. Dennis Morgan qui incarne le « héros », le détective O’Finn, évoque beaucoup ce que sera plus tard Roger Moore. On ne se prend pas au sérieux, et les joutes verbales entre le policier et les vieilles demoiselles font mouche, Estelle Winwood en tête dans le rôle de Miss Hildy-You.

Ce qui aurait pu être horripilant est drôle et tendre, avec ces ladies qui savent tout de leur héros : il a 45 ans, est célibataire, et « une tâche de naissance de fraise sur l’épaule gauche ».  Les regards langoureux que lancent les dames au détective en disent long. On retrouve même, en moins rébarbative, Ellen Corby, la tante Sarah du pilote des « Envahisseurs ».

Il va de soi que jusqu’à la chute, qui n’en est pas vraiment une, tout n’est ici que prétexte à de bons mots, à des moments d’hilarité, à des situations grotesques mais jamais vulgaires.

L’enquête commence par la mort d’une des amies de Miss Hildy-You. Puis ce sont les scènes de salon, avec les demoiselles qui prennent le thé. Tout est prétexte à attirer le policier chez elle. Pour vous donner une idée de l’épisode, on a des répliques du genre : « Le cadavre d’Elizabeth s’est fait une beauté pour Monsieur O’Finn » ou lorsque ce dernier annonce qu’elle n’est pas morte de cause naturelle, Miss Hildy-You qui lui coupe la parole toute excitée : « Pas un mot de plus avant que nous vous ayons offert du thé ». Tout ce qui suit est à l’avenant au point que ce pauvre Dennis O’Finn (il s’appelle Dennis comme l’acteur qui l’interprète) demandera sa mutation.

Je pensais que j’allais détester l’épisode, mais j’ai bien ri.

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27. LE DÉFUNT SE PORTE BIEN
(THE DISAPPEARING TRICK)



Histoire de Victor Canning. Adaptation : Kathleen Hite. Réalisation : Arthur Hiller.

Un joueur de tennis play-boy mais ayant besoin d’argent est engagé par un bookmaker pour retrouver un bon client. Il semble décédé et notre homme a une aventure avec la jeune et jolie veuve.

Une des plus jolies actrices vues dans la série est présente ici : Betsy von Furstenberg. Elle incarne Laura Gild, la très sensuelle veuve du défunt Herbert Gild qui tient tant à cœur au patron de notre héros, Regis. Le tennisman Walter Richmond (Robert Horton) mène l’enquête sur la disparition de Gild mais n’a bientôt plus la tête à son enquête, tout envoûté qu’il est par sa maîtresse Laura.

On retrouve ici une ambiance film noir/polar, et la chute, si elle n’est pas horrifique, est savoureuse. Robert Horton est le héros type de l’époque (on l’a déjà vu dans plusieurs épisodes dont « Le secret de Monsieur Blanchard » (02-13).

On regrette que Betsy von Furstenberg, une fille de noblesse qui s’est amusée à faire un peu de comédie du théâtre à la télévision, n’ait pas fait carrière. Elle s’est mariée avec quelqu’un de son milieu et a quitté le métier. On l’aurait bien vue dans une version de l’époque du « Facteur sonne toujours deux fois ». Belle, sexy et intelligente. Comme le titre français le révèle, le défunt n’est pas mort et va réserver une mauvaise surprise aux tourtereaux.

C’est un bon épisode, du genre policier pur, sans aucun aspect macabre, fantastique ou humour british.

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28. L'INSPECTEUR SE MET À TABLE
(LAMB TO THE SLAUGHTER)



Histoire originale et adaptation : Road Dahl. Réalisation : Alfred Hitchcock.

Mary Maloney attend son mari, chef de police, mais ce dernier lui annonce qu’il la quitte pour une autre. Elle le tue d’un coup de gigot d’agneau sur le crâne.

Pourquoi encore Barbara Bel Geddes ? Si elle était parfaite dans « La sirène de brume », j’avoue qu’elle gâche un peu l’épisode pourtant signé du maître. A quatre épisodes d’intervalle dans la même saison, elle tient la vedette et cela tient de la facilité plus que du fait que l’actrice serait indispensable.

 De toute évidence, Road Dahl, qui permettra en 1967 grâce à un script solide l’adaptation de l’ennuyeux roman de Ian Fleming « On ne vit que deux fois » (en changeant quasiment tout), aime le gigot : il proposera  en 1979 un remake de « Lamb to the slaughter » dans la série « Bizarre, bizarre »  (« Un os dans le gigot » en VF), les deux téléfilms étant adaptés de sa nouvelle.

C’est de l’humour noir british et cela passe ou ne passe pas. Ici, même le moins fûté des spectateurs devine la chute. Lorsque Mary annonce qu’elle est enceinte et que son mari lui dit qu’il la quitte pour une autre, l’ambiance est au drame. Mais elle tourne ensuite à la farce. Harold J. Stone en lieutenant Noonan qui mène l’enquête recherche l’arme du crime qui est sous son nez.

Le vrai Hitch, c’est celui de « Breakdown » (01-07) avec Joseph Cotten ou de « Incident de parcours » (02-28). Ici, c’est le farceur de « Qui a tué Harry ? » qui est de retour. L’humour au détriment du suspense, un comble pour le maître. Notons qu’un plan de Barbara Bel Geddes sera repris avec infiniment plus de réussite dans la scène finale de « Psychose » lorsqu’Anthony Perkins/Norman Bates se parle à lui-même silencieusement.

Bref, à peine deux étoiles et un épisode inférieur à d’autres non réalisés par le maître comme « Crackpot » et « Chantage » qui s’avèrent les plus belles pépites de l’anthologie à ce stade de la production.

Et puis, en comédie, « Arsenic et vieilles demoiselles » faisait rire, ce qui n’est pas le cas « L’inspecteur se met à table ».

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29. L'HOMME DES STATISTIQUES
(FATAL FIGURES)



Histoire de Rick Edelstein. Adaptation : Robert C.Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Harold Goames, un raté, vit frustré avec sa sœur, une femme rébarbative. Il est perturbé en apprenant la mort d’un voisin fleuriste. Et se rend compte qu’il ne représente rien pour personne.

Au départ, l’épisode commence comme « Le mobile du crime » (03-17) mais l’improbable nouvelle de Rick Edelstein, sabordée par l’exécrable John Mc Giver, ne permet jamais l’adhésion du spectateur. A vouloir faire trop original, on tombe ici dans le ratage. Une bonne idée ne fait pas forcément un bon film.

Le spectateur peine à avoir quelque compassion que ce soit pour cet Harold qui se plaint à sa sœur de ne s’être jamais marié, et depuis treize ans d’occuper le même emploi inintéressant. Il lit des statistiques, en parle, et cela devient vite assommant.

Goames vole une voiture et se félicite de voir la nouvelle annoncée dans le journal.  Et ainsi va l’épisode toujours plus ennuyeux.

La sœur d’Harold, Margaret, est une femme égoïste et possessive, jalouse du fait qu’il y ait « une autre femme » alors que son frère rétorque « J’ignore qu’il y en avait une première ».

Lorsqu’il s’accuse du meurtre de Margaret, l’inspecteur lui demande son mobile et il dit, imperturbable : « C’est une question de statistiques ».

Un épisode ni fait ni à faire.

Le policier qui enquête sur la mort de Margaret est le jeune Ward Wood qui sera plus tard le lieutenant Malcom dans « Mannix ».

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30. DEATH SENTENCE
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Miriam Allen DeFord. Adaptation : Joel Murcott. Réalisation : Paul Henreid.

Paula Frayne est convaincue que son mari ne l’aime plus. En s’en persuadant, elle va provoquer une tragédie.

Difficile de se passionner pour le sort de Paula Frayne. Notons qu’en 1958, la prude série Hitchcock nous présente les couples mariés dormant dans des lits jumeaux !

Erreur de casting, l’actrice qui joue Paula (Katharine Bard) semble fânée et plus âgée que son mari Norman (incarné par James Best). L’épisode montre l’engrenage du drame causé par l’obsession et les idées fausses de l’épouse qui se croit délaissée.

Le téléspectateur frise la torpeur lorsqu’à la huitième minute arrive le personnage ambigü d’Al (Steve Brodie), qui vient menacer la quiétude de Norman. Al et Norman se sont connus dans un orphelinat, et Al a tué pour sauver la vie de son ami qui ne lui en est guère reconnaissant.

Ces évènements se sont déroulés douze ans auparavant et sont mis en parallèle avec le présent. Mais l’apparition de ce Al sauve l’épisode et le rend passionnant, car il représente une menace. Le spectateur s’identifie très vite à Norman, l’homme droit et avisé, dont l’univers vacille tout à coup.

Norman, que Paula croyait indifférent, est vite jaloux (à tort) d’Al. Certes Paula, fille du patron, est gâtée côté finances à défaut de l’être par la nature. Mais comment Al peut-il être jaloux une seconde d’un potentiel rival quand il a épousé une femme qui donne vraiment envie de dormir dans des lits jumeaux ?

La fin est tout de même assez improbable.

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31. THE FESTIVE SEASON
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de Stanley Elin. Adaptation : James P. Cavanagh. Réalisation : Arthur Hiller.

Tristes retrouvailles à Noël. John vient voir sa sœur Celia dont il est persuadé qu’elle a tué Jessie, la femme de leur frère Charlie.

Dans cette famille, on fête Noël sans attendre les convives, on leur dit qu’on a fini le repas quand ils arrivent, on vit dans le noir sans aucune lumière. Joyeux Noël ! Charlie vit en reclus dans une chambre de la maison depuis la mort de sa femme dont il impute la cause à sa sœur Celia, femme possessive qui a remplacé sa mère. Il pense qu’elle a installé une fine corde dans l’escalier pour provoquer la chute fatale de Jessie pendant qu’elle faisait du shopping en ville.

Il faut attendre la chute (sans jeux de mots)  pour comprendre quelque chose à cette histoire de haine familiale.

Les comédiens jouent de façon hystérique en permanence pendant vingt-cinq minutes : Richard Waring en Charlie (qui a quelque peu perdu la raison), Carmen Matthews en Celia, vieille fille aigrie et méchante. Le comédien Edmon Ryan (Edmon sans « D ») en John a quelque mal à imposer sa stature d’homme équilibré pris entre deux cinglés.

Est-ce un manque d’inspiration mais la chute, dont je ne révèlerai rien, reprend la thématique de l’épisode « La sirène de brume » (03-24), ce qui donne à l’explication un parfum de suspense éventé.

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32. LISTEN, LISTEN…
INÉDIT EN FRANCE



Histoire de R.E. Kendall. Adaptation : Bernard C. Schoenfeld. Réalisation : Don Taylor.

Deux jeunes femmes ont été assassinées et leur meurtrier arrêté. Il n’a toutefois pas avoué le meurtre d’une troisième. Un vieil homme, Herbert Johnson, explique aux autorités que le troisième meurtre est l’œuvre d’un copycat, mais personne ne veut le croire.

Le thème du serial Killer est depuis Jack l’éventreur un passage obligé pour toutes les séries de suspense. Ici, la police refuse de croire la théorie du vieux Johnson (Edgar Stehli) au physique rugueux et aux expressions inquiétantes.

Schultz, l’étrangleur, que l’on ne verra pas dans l’épisode, est le serial killer sous les verrous. Johnson s’évertue à persuader la police que le troisième meurtre est l’œuvre d’un imitateur.

Nous avons ici tout l’attirail des serial killer, avec des détails macabres, l’utilisation d’un bâton de rouge à lèvres comme pièce à conviction, la lettre A marquée sur le front.

Dans un bar, le vieux bonhomme tente de convaincre un quidam journaliste, mais il ne recueille que du scepticisme et des sarcasmes.  La scène du bar est particulièrement inquiétante, lorsque Johnson lorgne une blonde sur un tabouret bar en train de se maquiller au rouge à lèvres.

Dans sa descente aux enfers, Johnson tente de se faire étendre par un prêtre. L’épisode devient alors un peu répétitif et perd une potentielle quatrième étoile.

Edgar Stehli porte l’épisode sur ses épaules. Il est convaincant d’un bout à l’autre, à la différence de son personnage qui ne parvient pas à faire entendre sa vérité.

La chute est terrifiante et l’épisode est bien plus digne du maître que « L’inspecteur se met à table ». La dernière scène hantera longtemps la mémoire de celui qui l’a vue.

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33. POST MORTEM
INÉDIT EN FRANCE



Adaptation : Robert C. Dennis d’après la nouvelle de Cornell Wollrich (William Irish). Réalisation : Arthur Hiller.

Il y a six mois, le mari de Judy, qui pariait sur les courses hippiques, est mort d’une crise cardiaque. La veuve s’est consolée avec le beau Steve Archer qui dilapide en bourse la police d’assurance de Judy. Un jour, des reporters annonces à Judy que son mari a gagné à la loterie. Il a en fait été enterré avec un billet qui vaut 133 000 dollars.

Doté d’une bonne distribution : Steve Forrest (« Le Baron »), James Gregory (Invité vedette des « Incorruptibles », « Cannon », « Hawaii Police d’état », « Mission Impossible » et le président Grant dans « Les mystères de l’ouest »), cet épisode hésite entre polar pur et dur et comédie. La mise en scène répétitive nous propose à quatre reprises la même scène, Judy dans son bain, avec un ventilateur électrique bien dangereux sur le rebord de la baignoire. On devine avant qu’il l’avoue que Wescott (James Gregory) n’est pas reporter mais enquêteur d’assurances. Il pense que Steve Archer, lui-même assureur, qui a quitté son poste pour épouser Judy et jouer en bourse, a tué le mari, et que c’est la raison pour laquelle il refuse que l’on exhume le cadavre pour y récupérer le billet de loterie.

Joanna Moore en Judy Archer joue les ravissantes idiotes, tandis que Steve Forrest peine à nous faire croire au cynisme de son personnage. C’est James Gregory, dont le personnage monopolise l’écran, qui tire son épingle du jeu. La chute n’a rien de spectaculaire et l’épisode ne tient jamais ses promesses. Il faut dire qu’un épisode d’Alfred Hitchcock présente où le téléspectateur devine toujours tout à l’avance (le ventilateur bien mis en évidence devant la baignoire et le nombre de bains que prend Judy) devient vite un peu ennuyeux. On mettra deux étoiles pour la bonne prestation de James Gregory, mais l’ensemble aurait pu très facilement être plus réussi, surtout avec un auteur comme William Irish.

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34. LA VALISE EN CROCODILE
(THE CROCODILE CASE)



Histoire de Roy Vickers. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Don Taylor.

Amant de Phyllis, Jack Lyons a tué son mari. La belle épouse volage avait souhaité maintes fois être libre, mais devant le fait accompli, elle est horrifiée par l’acte commis par Jack.

Belle distribution : Hazel Court en Phyllis (une spécialiste des films Hammer), Denholm Elliott (« Amicalement vôtre », « La maison qui tue », « Les aventuriers de l’arche perdue »), John Alderson (le mafieux dans « Amicalement vôtre : Un ami d’enfance »), Patricia Hitchcock.

Il s’agit d’une bonne intrigue policière digne de « Columbo », John Alderson remplaçant Peter Falk. La chute d’ailleurs est tout à fait dans le style de la série du lieutenant à l’imperméable usé. Le suspense est constant dans la mesure où un clochard, Mintz (Frederic  Worlock) constitue un sérieux suspect. Beaucoup de scènes débouchent sur de faux semblants : ainsi, Phyllis recherche son mari avec un sourire dans leur maison comme s’ils étaient un couple uni, la scène suivante nous montrant son soulagement qu’il ne soit pas là et que son absence permette que son amant l’enlace. Denholm Elliott a une tête de coupable (dans la scène du début, le téléspectateur le voit tuer le mari) bien davantage que Frederic Worlock, notamment en raison de ses expressions et son regard inquiétants qui constituent son identité de comédien.

L’épisode est un jeu du chat et de la souris entre Jack Lyons et l’inspecteur Karsiak (John Alderson). Hazel Court impose sa présence avec brio face aux deux comédiens, tandis que Patricia Hitchcock est effacée voire inexistante. On a vraiment l’impression de voir un épisode de « Columbo » avant l’heure. Une réussite.

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35. LE PLONGEON
(DIP IN THE POOL)



 

Histoire de Road Dahl. Adaptation : Robert C. Dennis. Réalisation : Alfred Hitchcock.

 

William Botibol est un joueur invétéré. En route pour des vacances en Europe avec son épouse, à bord d’un paquebot, il parie sur l’heure à laquelle ils arriveront à destination, quitte à utiliser tous les stratagèmes pour fausser le résultat. Une tempête est de la partie.

 

J’avoue avoir eu quelques craintes en constatant que le maître adaptait encore une histoire de Road Dahl. Keenan Wynn (« Il était une fois dans l’ouest ») incarne ce joueur excentrique, Botibol. A ses côtés, Fay Wray, vedette de l’âge d’or d’Hollywood (« King Kong », « Les chasses du comte Zaroff », « Masques de cire ») incarne l’épouse de Renshaw (Philip Bourneuf), le compagnon de voyage qui l’incite à participer au jeu initié par le commandant.

 

Le couple Botibol est mal assorti, l’épouse, Ethel (Louise Platt) pense aux merveilles de la culture comme perspective du voyage, tandis que le mari, d’après elle, passera son temps dans les bars à parier et à boire et ne verra du voyage que les chambres d’hôtel. Elle le subit et le méprise. Sentiment partagé par l’épouse de Renshaw.

 

Si la chute est macabre à souhait dans le style cher à Road Dahl (humour noir), l’épisode maintient le suspense jusque à l’épilogue. Keenan Wynn est parfait d’un bout à l’autre en joueur frénétique et compulsif. Il manque à cet opus ce petit quelque chose qui en ferait un chef d’œuvre. La présentation et la conclusion du maître, qui nous racontera la fin de l’histoire, est en symbiose avec l’histoire, le maître étant supposé être aussi sur un paquebot. Un excellent épisode, mais pas un chef d’œuvre.

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36. UNE BONNE CACHETTE
(THE SAFE PLACE)



Histoire de Jay Wilson. Adaptation : Michael Hogan. Réalisation : James Neilson.

Employé de banque et conseiller financier, George C. Piper reçoit un jour un client nommé Victor Mannett.  Un jour le frère de George, Fred, lui propose une affaire en or qui nécessite un investissement immédiat. George Piper décide d’attirer dans un piège Victor Mannett, de le tuer et de le voler.

On retrouve avec plaisir l’acteur de l’épisode « Toby » (02-06) Robert H. Harris en employé de banque Piper. Dans la distribution, une Joanne Linville assez jeune (elle sera la fameuse guérisseuse charlatane du double épisode de « Hawaii Police d’état : la preuve vivante ») et Philip Pine, que l’on verra notamment dans « Les envahisseurs ».

Victor Mannett (Philip Pine) est un joueur de poker qui fait régulièrement des dépôts à la banque.  Il devient la proie idéale avec son argent liquide à la provenance quelque peu dangereuse lorsque George, dont l’âge avance, et qui veut une retraite dorée, a décidé de sauter sur l’opportunité d’une affaire proposée par son frère Fred.

Mais pour être en sécurité, il va choisir la cachette idéale pour cet argent, l’endroit où personne ne penserait chercher. Cela va lui jouer un mauvais tour.

Piper/Robert H. Harris a tout du looser. La scène où il tente en vain de séduire sa collègue de travail Millie Manners, bien plus jeune que lui (Joanne Linville) est édifiante à ce sujet. Il travaille depuis trente ans dans la banque mais doit subir un supérieur hargneux et  rébarbatif, Farnsworth (Wendell Holmes, qui dans de multiples plans ressemble à s’y méprendre au Raymond Burr de « Fenêtre sur cour »). Il va donc jouer la chance de sa vie.

La grande réussite de James Neilson, c’est de nous faire trembler pour un assassin. Le téléspectateur, on l’espère, ne s’identifie pas à Piper mais à envie qu’il s’en sorte.

La seule faiblesse de l’épisode est que l’on a tellement cru à un Piper looser que le meurtre impuni de Victor Mannett devient un exploit hors de portée du bonhomme, et cette entorse à la vraisemblance nous empêche d’atteindre les quatre étoiles. On passe néanmoins un très bon moment avec cet opus.

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37. LA VOIX
(THE CANARY SEDAN)



Histoire d’Ann Bridge. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Robert Stevens.

En rejoignant son mari à Hong Kong, Laura  Bowlby prend un taxi et entend une voix qui rit, celle d’une femme amoureuse. Elle pense dans un premier temps être victime d’une hallucination.

Contrairement à une idée reçue, « Alfred Hitchcock présente » aborde rarement le thème du fantastique pur. C’est le cas ici, et nous n’allons pas nous priver de notre plaisir, après avoir subi beaucoup d’épisodes faibles, aux intrigues vaguement criminelles et parfois rebutantes.

Jessica Tandy est de retour. On n’a pas oublié son rôle dans « Toby ». A ses côtés, Murray Matheson, le directeur de la Midlands Academy dans l’épisode des envahisseurs « Le rideau de lierre », incarne son mari, un homme assez froid.

Si l’exotisme est de pacotille et ne fait plus illusion aujourd’hui (on se croirait dans les décors cheap de la série « Le Saint »), l’intrigue prend heureusement le pas sur les manques de moyens de la mise en scène et l’absence de décors naturels qui sont remplacés par des stock shot et des films se déroulant derrière le pare-brise dans les nombreuses scènes de voiture.

Laura est sujette aux approches avec l’au-delà et du surnaturel depuis son enfance, ce qui agace prodigieusement son mari. Elle mène son enquête sur l’identité de la voix qui ne l’épouvante pas, car elle trouve l’histoire très romantique. On ne peut s’empêcher d’évoquer la vie tristounette de Laura avec son mari qui est tout sauf sentimental. Laura trouve un refuge dans cette enquête aux confins du surnaturel. Notons que l’approche faite par Robert Stevens ne tombe pas, au début, dans l’épouvante , mais choisit les chemins plus sereins du merveilleux et de la féérie, avec un changement de direction lorsque la voix se met à émettre des pleurs.

 Jessica Tandy était l’interprète rêvée pour ce type de rôle avec ses airs éthérés et euphoriques. Elle semble vivre dans une autre dimension, et l’épisode aurait eu toute sa place dans la série de Rod Serling.

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38. THE IMPROMPTU MURDER 
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Roy Vickers. Adaptation : Francis M Cockrell. Réalisation : Paul Henreid.

Swallowsbath, Angleterre, 1916 : Le notaire Henry Daw étrangle une de ses clientes, Miss Wilkinson. Cette dernière il y a quelques années l’a traîné dans la boue et revient vers lui et sa sœur comme si de rien n’était. Elle dispose d’une somme importante pour un investissement  dans l’usine de son frère qui devrait lui rapporter, et le notaire lui dérobe l’argent en la tuant.

Le problème avec Hume Cronyn (grand complice de Sir Alfred)  est qu’il a toujours le même jeu. Lorsqu’on le voit une fois, deux fois, trois fois, cela passe, mais à la longue, il devient irritant. Le comédien est prévisible et ne réserve aucune nuance ni subtilité. Ici, il incarne un notaire véreux qui vit avec sa sœur, et se trouve confronté à un meurtre dont l’enquête est confiée à Charlie Tarrant (Robert Douglas) qui ne le ménage pas un instant.

Si Douglas et Valerie Cossart en Marjorie, la sœur d’Henry, font ce qu’ils peuvent pour sauver l’épisode du naufrage, le cabotinage éhonté de Cronyn ne lui laisse aucune chance. Certaines scènes sont à la limite du ridicule : il est évident que le notaire ferme les yeux lors de l’identification du cadavre retrouvé dans la rivière que lui soumet Charles Tarrant, mais ce dernier fait semblant de ne pas s’en apercevoir, pour mieux confondre le coupable plus tard.

A la décharge d’Hume Cronyn, on peut dire que l’intrigue n’est guère palpitante. La reconstitution de l’Angleterre du début du XIXe siècle est laborieuse et empesée. La scène du mémorial (au bord de la rivière, au cours de laquelle on retrouve un cadavre flottant), était censée donner quelque dynamisme à une histoire ennuyeuse et rate son effet, laissant le téléspectateur dans sa torpeur.

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39. LITTLE WHITE FROCK
INÉDIT EN FRANCE

 

Histoire de Stacy Aumonier. Adaptation : Stirling Silliphant. Réalisation : Herschel Daugherty.

Bragner, un acteur âgé et qui devrait prendre sa retraite, cherche desespérément à continuer à jouer. Pour décrocher un rôle, il ne va pas hésiter à monter une mystification en invitant l’auteur Adam Longsworth et son épouse à dîner.

Cette troisième saison se termine avec un opus mineur dont on se demande bien, avec la meilleure volonté du monde, ce qu’il vient faire dans une anthologie de suspense.

Colin Bragner (Herbert Marshall) est un has been. « Il fut une grande star de Broadway,  Il a vécu plus longtemps que son talent » lâchera avec un cynisme certain le metteur en scène Andrews (Edwin Jerome). « On peut presque voir des fantômes derrière lui ». Andrews et l’auteur Adam Longsworth  (Tom Helmore) passent leur temps à auditionner des comédiens qui ont fait leur temps et sont pitoyables. Or, il leur faut quelqu’un de sûr et qui ait les reins solides pour leur prochaine pièce.

Cet épisode est un constat amer sur la vie de saltimbanque et le temps qui passe, la vieillesse qui surprend des gens qui pensent avoir encore du talent à offrir.

Pour compenser l’effet mélancolique et triste de tous ces acteurs vieillards, nous avons droit à une scène humoristique où Adam (encore vert) compose des cocktails en embrassant son épouse Carol (Julie Adams), et en dosant  les martini- vodka et le vermouth selon la longueur de ses baisers. Tout le reste relève d’un conte de Noël misérabiliste et qui confond sentiments  et mièvrerie. Visiblement, Sir Alfred et la productrice Joan Harrison avaient besoin coûte que coûte d’un épisode supplémentaire pour leur livraison annuelle à la chaîne CBS. Quantité et qualité ne vont pas ensemble et la chose a été oubliée ici.

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Images capturées par Patrick Sansano.