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LA BALEINE TUEUSE

(KILLERWHALE)

Tournage : mars 1963

Diffusion : ITV, 23 mars 1963 – 13ème Rue, 26 mars 1998

Scénario : John Lucarotti

Réalisation : Kim Mills

Patrick Magee (Pancho), John Bailey (Fernand), Kenneth Farrington (Joey), Morris Perry (Harry), John Tate (Willie), Julie paulle (Angela), Christopher Coll (LaboratoryAssistant), Robert Mill (Broxn), Frederic Abbott (Sailor), Lyndall Goodman (Receptionist), Brian Mason (Tiger), Models from the Kenneth Sweet collection.

Résumé Steed tente de s’infiltrer dans une salle de boxe servant de couverture à un trafic d’ambre gris, destiné à être transformé en parfum sans paiement des taxes. Après n’être parvenu à rien, il saisit l’occasion d’y faire entrer un élève en judo de Cathy Gale, sous prétexte d’aider à sa carrière. Celle-ci décide de suivre le jeune homme en tant que manager, se doutant bien que l’offre de Steed dissimule quelque chose…


CRITIQUES


Estuaire44 7 décembre 2007

La baleine tueuse constitue une assez décevante fin de saison. Alors qu’on aurait pu espérer, sinon une conclusion en feu d’artifice, du moins un tantinet relevée, on se retrouve face à un épisode passablement médiocre. L’argument détonne réellement par sa faiblesse : une bande de trafiquants d’ambre gris, des plus artisanaux, réalise quelques dizaines de bouteilles de parfum de contrebande. Même si l’impact pour le fisc n’est sans doute pas négligeable, on éprouve de la difficulté à imaginer que l’on mobilise l’élite du Ministère pour cela. Le spectateur a, lui, bien du mal à se motiver pour un motif aussi dérisoire, d’autant que l’histoire semble réellement bâtie de bric et de broc. On ne saurait y discerner une fantaisie propre aux Avengers ultérieurs mais bien davantage une facilité scénaristique.

La finalité de ce récit semble en fait l’exploitation du beau décor de la salle de boxe, d’autant que la caméra s’attarde d’ailleurs complaisamment sur les combats tout au long de l’épisode. Si les acteurs se démènent avec une belle énergie et donnent de la vie à l’ensemble, ces scènes de boxe sont filmées sans guère de recherche par Kim Mills. Cependant sa mise en scène du reste de l’épisode demeure animée et efficace, évitant à La baleine tueuse de s’enferrer irrémédiablement. On apprécie particulièrement les jeux d’ombres et de lumières, notamment chez Fernand. Les décors constituent une autre réussite de l‘épisode, le ring étant parfaitement crédible, de même que l’atelier de Fernand. La palme revient au nouvel appartement de Cathy Gale, flamboyant de modernité !

Pancho représente un adversaire singulièrement peu à la hauteur. Son organisation prend eau de toutes parts (on se demande comment Steed a pu faire chou blanc pendant tout un mois) et il fait preuve d’une confondante sous-estimation de Cathy. Malgré tout le talent de Magee on ne peut guère se passionner pour un aussi piètre ennemi. Fernand aurait pu constituer un personnage français amusant, comme il y en avait dans Tueurs à gage. Hélas ! s’il campe un personnage crédible, il l’exécute sans le panache d’un accent agréablement caricatural. Ses inextricables soucis financiers suscitent plus la pitié qu’autre chose. Encore une fois on se demande ce que les Avengers viennent faire devant des adversaires aussi dérisoires ! Son attaque de Steed au couteau demeure d’un pathétique achevé. Les autres comparses sont transparents, seuls émergent l’amusant boxeur à la retraite et l’inquiétant collecteur, le seul personnage à inspirer réellement de l’aversion. Malheureusement il ne fait que passer…

Nos héros ne forcent guère leur talent, même si leurs échanges résonnent toujours agréablement. Steed fait preuve de son esprit retors habituel envers le jeune protégé de Cathy, mais manque cruellement de fantaisie lors de son infiltration chez Fernand, alors qu’il aurait pu nous offrir un numéro autrement savoureux ! On nous demande de l’imaginer déterrer un cadavre, puis le transporter sur des kilomètres, le déposer dans une armoire, tout cela pour effrayer Fernand, c’est-à-dire pas vraiment un dur… Cathy s’en sort mieux, on apprécie de la voir aussi maternelle envers Joey. Ses piques envers son partenaire demeurent toujours aussi affûtées. Néanmoins son combat final reste vite expédié, alors qu’on aurait pu espérer davantage d’une confrontation avec un partenaire de la boxe. La saison se conclut tout de même sur une amusante pirouette de Steed, dans un tag enlevé et réussi.

EN BREF : "La baleine tueuse" manque de s’échouer au rivage d’une saison 2, dont la traversée aura connu des courants autrement plus porteurs que ce médiocre épisode !


VIDÉO


Steed s’intéresse de très près à la mode !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Tournage


Continuité

o On entend un bruit de chute dans l’appartement de Cathy (18’32’’).

o À l’évidence la porte du bureau de Pancho n’a pas de vitre :


Détails

o Le nouvel appartement de Cathy avait été annoncé dans l’épisode Les œufs d’or. Il apparaît résolument moderne.

o La collection de haute couture présentée se compose de modèles de Kenneth Sweet.

o Dans les années 60 les préoccupations écologiques restent totalement absentes des esprits, seul l’aspect fiscal motive Steed !

o Steed réutilise le pseudonyme de Carruthers, déjà utilisé dans Le grand penseur.

o Moby-Dick est un célèbre roman anglais d’Herman Melville (1851), racontant l’affrontement entre ce cachalot blanc et le capitaine Achab, qu’il a amputé d’une jambe. Son adaptation cinématographique la plus fameuse sort en 1956, réalisée par John Huston, avec Gregory Peck et Orson Welles. Patrick Macnee et Gregory Peck tourneront ensemble, en 1980, Le Commando de sa Majesté, autre film traitant de chasse en haute mer, mais cette fois par les sous-marins allemands !

o L’ambre gris provient de la digestion de l’encre des poulpes par les cachalots. Il sert à fixer les odeurs des autres composants du parfum, lui-même ayant une odeur agréable qui rappellerait le tabac. L’interdiction de la chasse au cachalot et le développement de produits synthétiques de substitution font que l’ambre gris n’est plus aujourd’hui réellement commercialisé.

o L'Encyclopædia Britannica fut fondée en 1768 à Edimbourg. Elle est la plus ancienne encyclopédie publiée en langue anglaise au monde, après 15 éditions successives. Véritable institution britannique, elle comporte aujourd’hui 40 millions de mots, 24 000 images pour un total de 228 274 sujets ! Traditionnellement chaque nouvelle version est dédiée au Président américain et au Souverain britannique en charge au moment de sa sortie. Déclinée au fil de l’évolution technologique sur tous les supports imaginables, une nouvelle version est aujourd’hui en préparation sur téléphones portables ! De tous les principaux comédiens des Avengers, seule Dame Diana Rigg a droit à sa propre notice sur l’édition en ligne de la prestigieuse Encyclopédie ! Celle-ci débute ainsi : Classically trained English stage actress who gained worldwide fame during the 1960s in the television series The Avengers...

o Sherry : Le Sherry n’est pas du tout un produit anglais mais un vin espagnol de la région de Jerez, en Andalousie. En Espagne il est d’ailleurs connu sous le nom de Jerez, francisé chez nous en Xérès. Sherry est plus facilement prononçable en Anglais ! Ce vin blanc muté est cependant particulièrement goûté des Britanniques. Ce fut le fameux amiral Francis Drake, fléau de l’Invincible Armada, qui le fit connaître en Angleterre, après en avoir rapporté 2 900 tonneaux du pillage de Cadix en 1587. Le succès fut général et immédiat : comme l’ensemble de la société anglaise, le fameux Falstaff est très friand de Sherry. Aujourd’hui encore des exportations massives se déroulent chaque année. Ce vin, au goût très particulier, est toujours bu chambré par les connaisseurs. Il sert également dans de nombreuses recettes anglaises, le vinaigre de Xérès étant fort apprécié en haute gastronomie.

Acteurs - Actrices

o Patrick Magee (1922-1982) apparaît également dans l’épisode La cage dorée (saison 3). Bien que participant à de nombreuses séries (Dixon of Dock green, Z Cars, Les Champions…) il demeure avant tout comédien de théâtre et l'acteur fétiche de Samuel Beckett, qui écrivit spécialement une pièce pour lui : La Dernière Bande. Débutant à Londres en 1957, il intègre la Royal Shakespeare Company dès 1964. Au cinéma il tourna régulièrement dans les productions de Roger Corman ou de la Hammer. Il fut notamment le Mr. Alexander d’Orange mécanique. Sa presque homonymie avec Patrick Macnee a parfois provoqué des méprises. C’est ainsi que Macnee raconte dans ses mémoires avoir reçu des félicitations au téléphone de Lord Laurence Olivier pour son rôle dans la série, le grand comédien le rappelant ensuite pour lui annoncer qu’il l’avait confondu avec Magee…

o John Bailey (1914-1989) a également participé aux épisodes A change of bait (saison 1), Meurtre par téléphone (saison 4) et Meurtre au programme (saison 6). Il est une figure récurrente de la télévision britannique, jouant régulièrement dans les séries de l’époque (Le Saint, Les Champions, Detective…) et tenant le rôle récurrent d’Edward Waterfield dans Dr Who (1967).

o Ken Farrington (1936) reste dans la mémoire des téléspectateurs comme le Billy Walker de Coronation Street, qu’il incarna de 1961 à… 1984 ! Il est également apparu dans biens d’autres séries (Le Saint, The Tomorrow People, Z Cars…). De 2004 à 2006, il rejoignit Emmerdale où il joua Tom King, dont l’épouse Rosemary n’est interprétée par nulle autre que Linda Thorson.

o John Tate (1914-1979) Originaire d’Australie, il s’y fait connaître dans le soap opera Dynasty, avant de s’installer en Angleterre durant les années 60 et d’y connaître le succès dans les série de l’époque (Le Saint, Destination Danger, Les Champions…) Il réalisera également de nombreuses voix pour les Sentinelles de l'air. Il est le père de Nick Tate, le Alan Carter pilote de l’Aigle Noir dans Cosmos 1999.

noter que…

o Notes édition DVD Optimum:

Documentaires

Pour conclure cette saison 2, deux documentaires sont présentés.

Introduit par un Léonard White rappelant brièvement le contexte de l’arrivée d’Honor Blackman dans l’équipe, Gale Force est la première partie d’une interview de l’actrice Durant une douzaine de minutes, celle-ci évoque se souvenirs, appuyée par des images de ses épisodes. Une seconde partie prend place dans le coffret de la saison 3. Honor Blackman a immédiatement adoré ce rôle pour l’originalité qu’il représenté dans une carrière essentiellement marquée par des rôles de jeunes femmes très conventionnelles. Interpréter une femme d’action doublée d’une intellectuelle représentait une fort agréable nouveauté. Elle fut également surprise par l’aspect sexy donné au personnage, notamment dans Missive de Mort. Elle a toujours trouvé particulièrement amusante la relation tumultueuse entre Steed et Mrs Gale, y compris l’ambigüité concernant sa réelle nature. Elle estime que révéler une liaison entre les deux personnages aurait été une catastrophe. Travailler avec Patrick Macnee, un authentique gentleman anglais fut également un plaisir. Il lui arrivait de diverger du texte prévu, mais savait toujours parfaitement retomber sur ses pieds. Il était en permanence très inquiet par les combats qu’elle avait à interpréter et lui suggérait de se battre avec un objet plutôt qu’à main nues, comme lui avec son parapluie.

 La fameuse tenue de cuir n’était pas prévue au départ et fut en partie retenue car elle convenait très bien aux conditions d’éclairage du studio. Ces tenues de cuir lui donnaient également une plus grande liberté pour les scènes d’action mais étaient pénibles à porter sur une longue période. Peter Hammond était un grand metteur en scène, bouillonnant d’idées. Mais sa mise ens cène sophistiquée exigeait que la comédienne soit toujours idéalement placée par rapport à la caméra, ce qui exigeait un minutage parfait, difficile à réussir. Ken Mills établissait un excellent contact avec les acteurs et rendait le tournage plus aisé. Au départ les auteurs ne savaient pas très bien comment Cathy allait évoluer, la nouveauté d’une femme d’action covedette de  sa série, rendait difficile l’écriture. Elle a participé à la définition du personnage, Macnee et White jouant également un rôle. Pour elle Cathy était aussi brillante que Steed, parfois même davantage. La rapide et importante popularité de la série lui a valu un abondant courrier, notamment de la part d’hommes fascinés par ses tenues en cuir mais aussi de femmes la félicitant et l’encourageant à poursuivre. Elle est consciente que l’égalité entre hommes et femmes demeure difficile à établir de nos jours.

De forts intéressants commentaires, soutenus par des extraits et des photographies choisis avec discernement et les illustrant parfaitement. La chaleur avec laquelle Honor Blackman évoque ces souvenirs les rend également émouvants.

Par ailleurs Honor présente une rencontre entre elle et Ian Beazley, un jeune collectionneur passionné par les Avengers (1999), particulièrement fan de Cathy Gale. On découvre notamment de nombreux jeux et jouets inspirés par la série, dont un certain  nombre est présenté dans la section Goodies du site. Un peu bref (quatre minutes), mais fort plaisant. La collection est réellement impressionnante.

Suppléments:On retrouve le script et la galerie de photos coutumiers, cette dernière se révélant riche en scènes de combat, assez logiquement pour cet épisode se déroulant dans les milieux de la boxe.

o Steed s’esclaffe devant le magazine féminin Svelte, Patrick Macnee ne s’est guère soucié de son poids non plus…

o On assiste à la première visite impromptue de Steed au domicile d’une de ses partenaires. Dans les saisons ultérieures ces visites deviendront très courantes, chaque Avenger étant comme chez lui au domicile de l’autre... Pour l’heure, Cathy Gale s’agace encore de voir Steed s’être servi à son bar !

o Une collection de haute couture sera de nouveau aperçue dans Un Steed de trop (saison 4).

o Le monde du parfum réapparaîtra dans Comment réussir un assassinat (saison 4) et dans Amour quand tu nous tiens (saison 6).

o John Lucarotti (1926-1994) a écrit cinq épisodes des Avengers : The far-distant dead (saison 1), La baleine tueuse (saison 2), Mort à la carte, L’éléphant blanc (saison 3) et Le fantôme du château De’Ath (saison 4). D’origine canadienne, il partage sa carrière entre ce pays et l’Angleterre. Il est notamment connu pour sa participation à The Troubleshooters (10 épisodes, 1965-1969) et à Dr Who (15 épisodes, 1964-1966). Parlant Français, il travaille également pour la télévision française (Faites entrer M. Ariman, 1974).

o Kim Mills (1931-2006) a réalisé de nombreux épisodes de diverses séries anglaises des années 60 (Public Eye, Mystery and Imagination, Armchair Theatre…) avant de débuter une carrière de producteur dans les années 70 (Zodiac, The rivals of Sherlock Holmes…). Il a en tout réalisé 10 épisodes des Avengers : Le grand penseur, La boîte à trucs, L’homme dans le miroir, La baleine tueuse (saison 2), Concerto, Mort à la carte, Mort d’un ordonnance, Les sorciers, La grandeur qu’était Rome et Le quadrille de homards (saison 3). Il a eu ainsi l’honneur de conclure chacune de ces deux saisons !

Fiche de La baleine tueuse des sites étrangers :

En anglais

http://theavengers.tv/forever/gale1-26.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/season2/226.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS1-26-KillerWhale.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale27.htm