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Amicalement vôtre - BonusAmicalement vôtre - Présentation

Amicalement vôtre

Vos 10 séquences cultes


Voici le classement des 10 séquences cultes préférées des lecteurs du Monde des Avengers:

10) Un petit coin tranquille : Visite du propriétaire

9) Sept millions de livres : Votre altesse

8) Un enchaînement de circonstances : Une valise surprise

7) Un enchaînement de circonstances : Réveil

6) Le lendemain matin : Danny et Bibi, la judoka

5) Le coureur de dot : La confrontation Danny Brett

4) Une rancune tenace : Un petit déjeuner copieux  

3) Premier contact : Une ou deux olives ?

2) Un rôle en or : A la résidence

1) Premier contact : Course automobile

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Séquences cultes réalisées par Steed3003

 saison 1 saison 3

Amicalement Vôtre (1971-1972)

Épisodes 13 à 24

 


13. LE LENDEMAIN MATIN
(THE MORNING AFTER)

Diffusion: 21 janvier 1972

Scénario: Walter Black écrivit pour de nombreuses séries, principalement américaines, des années 50 aux 70 : Les Pierrafeu, Rawhide, Mon Oncle Bill, Chaparral, Les Espions, Les Rues de San Francisco, Hawaï Police d'Etat...

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Catherine Schell (Kristin), Tonny Bonner (Jon), Frank Gatliff (Anderson), Yutte Stensgaard (Bibi), Penny Sugg (Liv), Bernard Horsfall (Christianson), Walter Horsbrugh (Le majordome), Griffith Jones (Lars Steelman), Marianne Stone (femme de chambre).

Résumé:

Au matin, à Stockholm, Lord Sinclair se réveille et découvre qu'il est désormais marié à la charmante Kristin, évènement dont il ne conserve aucun souvenir ! Après vérification à l'état-civil Les Persuaders doivent se rendre à l'évidence : l'union est valide. Brett sympathise avec Kristin et l'emmène en Angleterre, où il doit servir d'hôte à une importante rencontre diplomatique organisée par le juge Fulton. Danny continue à mener l'enquête à Stockholm. Avec l'aide de Bibi, experte en judo, il finit par découvrir que Kristin est une agente de puissances adverses désirant faire enlever l'un des convives de Brett. Kristin introduit chez Brett Jon, un dangereux assassin. Celui-ci assomme Sinclair, puis, assisté de Kristin, conduit l'otage à un aérodrome désaffecté, où l'attend un avion. Danny arrive juste à temps pour que lui et Brett  rattrapent leurs adversaires, avant de les livrer à la police. Kristin confirme à Brett que leur mariage n'a jamais été réel.

Critique de Estuaire44:

Bien avant le Jack Shephard de Lost, Les Disparus, The Morning After débute par un gros plan suggestif sur l'œil de Lord Sinclair se réveillant. Dès son lancement, cette scène pré-générique, particulièrement réussie, nous interpelle : le héros l'ignore encore mais un évènement majeur vient de lui advenir. Avec humour et sens du coup de théâtre, elle nous dévoile avec un fracassant impact cet extraordinaire rebondissement, l'un des deux célibataires les plus invétérés des séries télé a fini par se marier !

Dès lors l'épisode renoue avec le thème toujours si porteur du protagoniste confronté à une situation incompréhensible et lui échappant totalement de prime abord, souvent exploité avec succès par Hitchcock pour le thriller ou par La Quatrième Dimension pour le Fantastique. Certes cet aspect, très présent lors du passage à l'état-civil, se voit quelque peu minoré par le fait que la mésaventure survient à un héros et non pas à un quidam dont l'effroi ou la panique résultent dès lors si communicatifs. Brett, qui redevient vite un parfait gentleman, ne donne jamais l'impression de perdre pied et il existe pire destin que de se découvrir Lady Sinclair comme compagne. Néanmoins, même si Amicalement vôtre conserve son ton coutumier associant humour et action, ce bouleversement inexpliqué dans l'univers d'une de ses deux têtes d'affiche lui apporte une précieuse spécificité.

Peut-être un peu trop tôt, on bascule dans le second temps de l'intrigue, relevant davantage d'une espionite classique et balisée. Mais le brillant scénario de Walter Black conserve tout son attrait, demeurant efficace et sans aucun temps mort. Tout en diminuant, grâce à deux belles rencontres, l'effet souvent néfaste d'une longue séparation entre les deux Persuaders, le récit souligne également avec habileté cette exaltation de l'amitié virile constituant l'un des fondements de la série. La présence si positive de Bibi vient également minorer à point nommé ce qu'il pourrait y avoir de misogyne à y opposer le personnage emblématique de la vile séductrice. Tout juste pourrait-on reprocher quelques naïvetés à l'intrigue. Que le prétendu frère, (voire Kristin elle-même) puisse s'introduire dans une conférence aussi sensible sans faire l'objet d'aucune vérification relève de la fantaisie. De même on sourit devant l'acharnement que mettent les méchants à ne décidément pas tuer Danny. Mais on retrouve là le charme rafraichissant des séries d'aventures de l'époque.

L'excellente mise en scène de Leslie Norman se montre à la hauteur de son sujet. Avec un parfait minutage et un grand sens du montage, elle parvient à rendre parfaitement tonique cette histoire éclatée entre Suède et Angleterre, de même qu'entre les parcours croisés des deux Persuaders. Le réalisateur parvient également à offrir au public des scènes d'action nerveuses, denrée guère  surabondante au sein de cette série. L'affrontement entre Danny et ses adversaires, grâce également au talent de Tony Curtis, utilise de manière divertissante le trampoline, un instrument déjà utilisé avec succès chez les Avengers. On retiendra également la spectaculaire démonstration de la Lange Rover tout terrain, un grand moment de suspens et de poursuite automobile. Norman réussit même à relativement dissiper les inconvénients des prises de vue de conducteurs en studio. La musique si évocatrice de Ken Thorne apporte également une pleine contribution à l'ensemble, soulignant avec bonheur les différents tons de cette riche histoire. Les inserts suédois apparaissent plus convaincants que les suisses de l'opus précédent. De plus ils se voient puissamment relayés par le segment anglais et l'impressionnant site d'Osterley Park.

The Morning After nous permet également de retrouver le juge Fulton, absent depuis quelques épisodes. Certes il pétille moins qu'à l'ordinaire car plus passif, n'étant pas à la manœuvre. Mais Laurence Naismith lui apporte toujours autant de sympathie. Par ailleurs le personnage, tour à tour en relation avec la police française ou le gouvernement américain, conseiller d'une banque du midi de la France ou désormais intermédiaire entre l'ONU et le gouvernement britannique, achève de basculer dans une réjouissante incrédibilité, à l'image de l'omnisciente Emma Peel, aux lisières de la running joke. Les deux méchants du jour, interprétés avec conviction,  manifestent une vraie présence, ce qui ne se vérifie pas toujours dans cette série. Christianson se montre autoritaire et sûr de lui, tandis que la menace palpable incarnée par Jon (excellent Tony Bonner) apporte beaucoup de crédibilité à la seconde partie de l'intrigue. Qu'il soit si aisément désarmé par Danny ne le prive pas de son aura, l'univers des séries d'aventures britanniques obéissant à certaines règles immuables, comme la lenteur généralisée des adversaires à appuyer sur une détente.

Mais la plus belle réussite de cet épisode réside sans doute dans ses superbes rôles féminins. La série, si friande de la blondeur, ne gâche évidemment pas l'opportunité de son étape scandinave pour exalter celle-ci. On découvre ainsi quelques séduisantes walkyries, telles la secrétaire de l'état-civil (dont les amateurs des Avengers se demanderont où elle range ses clefs) ou l'enthousiaste masseuse, un brin archétypale, mais nous valant une scène des plus amusantes. On distinguera néanmoins l'irrésistible Bibi, dont le charme et l'enthousiasme parfois naïf ne sont pas sans nous évoquer les occasionnelles partenaires d'aventures de John Steed. Aussi sympathique qu'amusante, elle représenterait une Madame Wilde aussi crédible que l'est Lady Sinclair, d'autant que le duo entre Tony Curtis et la ravissante Yutte Stensgaard fonctionne du tonnerre. Un seul regret : à quoi bon nous la dépeindre en experte de judo pour ensuite l'exclure des scènes d'action ? Amicalement vôtre demeure véritablement datée sur certains sujets.

Kristin constitue cependant à l'évidence la grande figure féminine de The Morning After, non seulement parce qu'elle représente le pivot de l'intrigue, mais aussi grâce à l'interprétation particulièrement sensible de la merveilleuse Catherine Schell. Cette dernière apporte une véritable humanité à Lady Sinclair, la rendant bien plus complexe qu'une simple femme fatale. De plus, par son élégance, sa distinction et sa beauté, Catherine Schell rend crédible, autant qu'elle peut le devenir, cette idée d'un mariage de Brett. Ce faisant elle contribue puissamment à cette première partie de l'intrigue, qui apporte son cachet à l'épisode. Après l'avoir visionné, il s'avère bien difficile d'imaginer une autre actrice pour ce rôle ! Kristin apparaît ainsi émouvante, prise dans les rouages d'acier d'une machination mortelle, alors qu'elle en réprouve la violence et éprouve un attachement non feint pour Brett. On regrette qu'il ne lui ait pas été permis de changer de camp, ce qui lui aurait autorisé une autre porte de sortie que celle-ci. Tel quel, le tag final, l'un des plus réussis de la série, offre une belle scène d'adieu au couple éphémère, mais si attachant, formé par Lord Sinclair et celle qui demeurera notre Persuaders' Girl préférée.

Avis de Denis Chauvet:

Un des meilleurs épisodes de la série, et j’ai beau connaître toutes les répliques par cœur, je ne m’en lasse pas. Tout est superbe : l’intrigue, les dialogues, les seconds rôles, les trois jolies filles (cherchez bien, il y en a bien trois), les décors naturels, surtout en Angleterre car à la revoyure, Stockholm, c’est un peu comme Genève précédemment.

L’action se passe dans la capitale suédoise enneigée (très belle ville soit-dit en passant) puis dans une somptueuse résidence en Grande-Bretagne dans laquelle le juge Fulton a organisé un rendez-vous secret. Entre la Hongroise Catherine Schell (Lady Kristin Sinclair) et la Danoise Yutte Stensgaard, j’ai toujours eu un faible pour la seconde. Bibi est ma blonde préférée de la série (qui en compte une sacrée brochette), toujours bien roulée qu’elle soit en tenue judoka ou bottée.

Sinclair et Wilde sont séparés un bon moment mais cela ne nuit pas à l’ensemble rythmé et sans temps mort. Ma scène préférée est celle du judo : ‘J’ai toujours refusé de me défendre contre les filles’. Curtis est en grande forme physique sur le tatami et aussi plus tard sur le trampoline. A noter qu’on y voit une des premières Range Rover, mais la collaboration à la série fut brève suite au manque d’entrain de British Leyland. ‘T’en fais pas, tu l’auras quand on reviendra’ lorsque Brett manque d’écraser un cycliste.

L’aboutissement final, l’enlèvement d’un diplomate par des forces de l’Est, est banal mais l’épisode est un excellent divertissement. On peut regretter la mort inutile du ‘butler’ et la coupe de cheveux de Roger Moore du début de l’épisode ! Et pourquoi les clés de l’appartement de Londres ont-elles si peu d’importance ? L’épisode figure incontestablement dans mon top 3.  

Infos supplémentaires:

A Stockholm, Brett réside au Grand Hôtel. Inauguré en 1874, il été  construit par le français Jean-François Régis Cadier. Cet imposant palace se situe à deux pas du Palais et de l'Opéra. Il accueille traditionnellement les lauréats du Prix Nobel, ainsi que leur famille, depuis 1901. A sa suite, toutes les grandes villes de Scandinavie comportent également un « Grand Hôtel ».

Le mariage de Lord Sinclair et de Kristin Hansen a été enregistré le 15 janvier 1971, d'après le certificat de l'état-civil.

La scène du départ en avion de Kristin et Brett se déroule à l'aéroport d'Arlanda. Inauguré en 1962, cet aéroport situé à 40 km de Stockholm reste aujourd'hui le plus grand de Suède et le troisième de Scandinavie.

En se rendant à l'état-civil, Les Persuaders passent sur le Djurgårdsbron, grand pont situé au centre de Stockholm. Constitué d'une gigantesque charpente en acier reposant sur des colonnes en granit, il est orné de statues représentant le panthéon scandinave. Il fut inauguré en 1897, dans le cadre de l'exposition universelle de Stockholm.

L'imposante demeure où réside le Juge Fulton est Osterley Park, située dans les faubourgs ouest de Londres. Construit au XVIIIème siècle, cet immense manoir, aux vastes jardins, permit à plusieurs riches familles de se retirer comme à la campagne, tout en demeurant à proximité de la Capitale. Désormais propriété publique, il est ouvert au public. Son aspect à la fois spectaculaire et verdoyant lui a valu d'apparaître dans de nombreuses productions anglaises.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint

Catherine Schell (1944) appartient à une famille de l'aristocratie hongroise, qui passa en Occident à la fin des années 40, suite à la prise de pouvoir par les Communistes. Elle participe à plusieurs séries anglaises, dont L'Aventurier et Cosmos 1999, où elle incarne Maya, l'un des principaux personnages de la seconde saison. Elle apparaît également dans Partner's in Crime, Dr Who, Bergerac, Thriller... Au cinéma on l'aperçoit notamment dans Au Service Secret de Sa Majesté, Callan et Le Retour de la Panthère Rose. De 1995 à 2006, date du décès de son mari, Catherine Schell résida en France, à Bonneval, en Haute-Loire. Elle y tint des chambres d'hôtes. En février 2010 sortit Born to Adversity, roman reprenant les péripéties de Cosmos 1999, dont elle écrivit l'avant propos.

Tonny Bonner (1943) reste remémoré pour le rôle récurrent de Jerry King, dans Skippy le Kangourou (1966-1970). Très populaire dans son Australie natale, où il a accompli la majeure partie de sa carrière de comédien et de chanteur, il y patronne plusieurs organismes de bienfaisance.

Bernard Horsfall (1930) reste remémoré pour ses divers personnages de Dr Who (15 épisodes) mais il  a également participé à bien d'autres séries : Le Saint, Dixon of Dock Green, Z cars Poirot… Au cinéma, on l'aperçoit notamment dans Au Service Secret de Sa Majesté (1969) et Gandhi (1982).

Frank Gatliff (1927-1990) a connu une  longue et fertile carrière  participant à de nombreuses séries prestigieuses (Destination Danger, L'Homme à la Valise, Department S, Z Cars…). Il a survolé toute l'histoire des Avengers en jouant dans cinq épisodes : One for the mortuary (saison 1), La trahison (saison 2), Le clan des grenouilles (saison 2), Amour quand tu nous tiens (saison 6) et Le repaire de l'aigle (The new Avengers, saison1). Il est même apparu dans Police Surgeon, la série précédant historiquement les Avengers.

Yutte Stensgaard (1946), mannequin danois, se lança dans le cinéma en Grande Bretagne, en 1963. Elle tourna plusieurs comédies et films d'horreur pour la Hammer, dont le plus connu demeure Lust for a Vampire (1971). Elle participe également au Saint et Jason King. Lassée par le manque de perspectives de sa carrière, elle se retira au milieu des années 70. En 1967, elle épousa un certain Anthony Curtis, dit Tony. Ce directeur artistique n'a cependant rien à voir avec l'acteur ! Yutte Stensgaard demeure particulièrement populaire parmi les amateurs comme l'une des plus attractives actrices de la Hammer.

Séquence culte: Danny et Bibi, la judoka 

Séquence culte: Un réveil difficile

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14. UN RISQUE CALCULÉ
(ELEMENT OF RISK)

Diffusion : 24 décembre 1971

Scénario : Tony Barwick (1934-1993) écrivit pour différentes séries britanniques (Les Professionnels,  Poigne de Fer et Séduction...). Il collabora régulièrement aux productions de Gerry Anderson  (Thunderbirds, Cosmos 1999, UFO etc.)

Réalisation : Gerald Mayer (1919-2001) participa à un grand nombre de séries, principalement américaines, des années 50 aux 80. Il tourna ainsi pers épisodes de Perry Mason, Gunsmokes, Le Fugitif, Bonanza, Les Envahisseurs, Mission Impossible, Mannix, L'âge de cristal, Supercopter etc.   Il était le neveu du dirigeant historique de la MGM, Louis B. Mayer.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), June Ritchie (Charlie), Peter Bowles (Mitchell), William Marlowe (Carl), David Healy (Colonel Adler), Shane Rimmer (Lomax), James Cosmo (Inspecteur Williams), Karen Kessey (Joan), Margaret Nolan (Sophie), Carol Cleveland (Jeune femme  l'aéroport)

Résumé:

Lomax, dangereux gangster américain, se rend en Angleterre pour réaliser un grand coup. Il est intercepté par la police à l'aéroport d'Heathrow, alors que Danny se trouve sur les lieux. Il est confondu avec Lomax par les complices anglais de ce dernier et se trouve entraîné dans le complot criminel. Il ne peut dévoiler son secret, sous peine d'être tué. Grâce au Fermier, Lord Sinclair parvient à s'infiltrer dans le gang, pour venir à la rescousse de son ami. Mais Lomax s'évade et les Persuaders sont découverts avant d'avoir pu prendre la poudre d'escampette. Comme il est trop tard pour changer leurs plans, les bandits les font néanmoins participer à leur opération, consistant à détourner un chargement d'or appartenant à l'armée américaine. Mais les Persuaders parviennent à prendre le dessus et à livrer la bande aux autorités.

Critique de Estuaire44:

 

L'introduction de Un risque calculé se montre fort plaisante, du fait des intéressantes vues du Heathrow de l'époque mais aussi du bec pris avec le sourire par Danny. Malheureusement la suite va se révéler une variation peu inspirée sur un thème assez similaire à celui de Le grand blond avec une chaussure noire, sorti en 1972. On joue pareillement sur une erreur d'identité survenue dans un aéroport, ainsi que sur  les nombreuses situations amusantes  en résultant. L'épisode bénéficie ici du talent humoristique d'un Tony Curtis particulièrement en verve sur ce tempo lui convenant parfaitement. Le voir se débattre sans parvenir à s'extirper d'une inextricable situation, ou cabotiner jouissivement dans une caricature à la Patton divertit grandement et empêche Un risque calculé de sombrer dans l'ennui.

Hélas, là où le film d'Yves Robert développait un scénario alerte et riche en rebondissements, l'épisode ne parvient guère à dépasser son postulat initial. De la méprise de l'aéroport jusqu'à la réalisation du casse, on observe un vaste surplace, que quelques vaines gesticulations ou autres prévisibles péripéties (l'évasion du vrai Lomax...) ne parviennent pas à dynamiser. L'ensemble se perçoit comme bavard et répétitif, le ressort comique de la fausse identité de Danny, moteur quasi unique de l'histoire, finissant par s'user considérablement. L'épisode comptera certainement parmi ceux voyant les Persuaders le plus longtemps séparés. Brièvement reconstitué, le duo vedette produit bien ses coutumières étincelles, mais d'une manière bien éphémère. De plus, alors que l'on passe le plus clair de cet épisode verbeux à l'attendre, le fameux fric-frac, prétendument un chef-d'œuvre d'intelligence criminelle, se révèle d'un simplisme confinant au ridicule. On se situe très loin de l'attaque du train postal, voire d'Opération Tonnerre (si ce n'est de Homicide et vieilles dentelles).

La mise en scène appliquée de Gerald Mayer ne se substituera certes pas à la faiblesse narrative de l'intrigue, se bornant à une terne efficacité. Tout juste y discerne-t-on quelques plans réussis, comme de jolis paysages anglais ou l'image finale voyant les Persuaders s'éloigner sur une piste fuyant vers l'horizon. Mais l'effet obtenu reste considérablement moindre que celui de son célèbre équivalent de L'Heure Perdue. On apprécie cependant toujours autant les décors d'Harry Pottle, et ce d'autant plus que l'on dispose d'ici de tout le temps nécessaire à leur contemplation. Les petites tables de desserte en forme de tambour de l'appartement de Lord Sinclair s'avèrent délicieuses et imaginatives. L'impressionnant appartement de Mitchell se montre judicieusement à l'image de son propriétaire, cherchant à épater à tout prix en en rajoutant dans le chamarré et le flamboyant. Comme à chaque fois dans cette série, la boite de nuit estampillée 70's produit son effet, tandis que l'on décerne derechef le trophée du pire danseur des séries télé à Lord Sinclair. Par ailleurs on subit quelques inserts publicitaires assez voyants, notamment pour Martini et Sony.

Les seconds rôles n'apportent également qu'une bien faible valeur ajoutée au récit. L'intérêt des comparses de Lomax et Mitchell avoisine le nul, tandis que Shane Rimmer apporte sa solidité coutumière à un gangster tout de même très passe-partout. L'apparition dans la série de Peter Bowles crée bien entendu en soi un événement pour les amateurs des Avengers. Et l'acteur manifeste effectivement son grand talent, extrayant toute la saveur possible de quelques lignes de dialogues peu inspirés. Néanmoins, malgré sa clinquante personnalité, Mitchell souffre d'un manque évident de dimension, puisque se limitant à être la dupe de Danny durant la première partie du récit, avant de devenir un simple satellite de Lomax. Peter Bowles en trouve pas ici un personnage à la démesure de son talent, et c'est fort regrettable. Par ailleurs si l'on se réjouit de retrouver le Fermier, sa prestation paraît un peu plus convenue que la première fois. Le juge Fulton n'a également que peu matière à s'exprimer dans un rôle réduit à une simple utilité, subissant avec passivité les évènements.

La partie féminine s'avère inégale. Certes les jumelles se montrent totalement insignifiantes et le jeu de June Ritchie n'en impose guère. Le retournement de veste de Charlotte, d'une absurde soudaineté, relève du cliché éculé et s'insère particulièrement maladroitement dans une intrigue qu'il achève de faire sombrer dans l'inanité. Néanmoins la sublime Margaret Nolan demeure la vraie pépite de cet épisode accordant de nouveau la préférence  aux blondes. Par sa beauté, son naturel et sa sympathie elle remporte d'entrée les suffrages du public. Ses scènes avec Danny se montrent particulièrement amusantes, tandis que les deux bonjour/au revoir instantanés constituent un excellent pastiche de sa scène dans Goldfinger. Un clin d'œil réussi mais ne contrebalançant pas la manque d'ambition patent de Un risque calculé.

Avis de Denis Chauvet:

Un épisode en deux parties distinctes : le début assez plaisant et la fin très quelconque. Wilde est pris pour le truand Lomax à l’aéroport d’Heathrow à cause d’une mallette (décidément !). L’intrigue est basée sur ce quiproquo qui a du mal à tenir mais, une fois éventé, l’exécution du plan plonge l’épisode dans la médiocrité. En fait, Lomax est le cerveau d’un vol de lingots d’or qui doit se dérouler sur une base militaire US.

Les points d’intérêt, qui valent à l’épisode d’avoir deux bottes, sont la présence de Peter Bowles (moins saignant néanmoins que dans les Avengers), la pétillante blonde de la semaine (Charlie alias June Ritchie, superbe en rose, que je place très haut dans les blondes de la série), qui roule une pelle à 10 000$ à Wilde, et la délirante séquence de boite de nuit du Trocadero (même deux avec le tag) ; vous pouvez zapper le reste mais ce passage est culte…et on comprend que Danny préfère Charlie ou Sophie (Margaret Nolan) aux deux sœurs jumelles tartignoles proposées par Brett Sinclair, qui montre plus d’entrain avec ce duo quelconque que pour sa couverture de pseudo pilote.

Quelques longueurs, dont le baratin de Wilde/Lomax sur l’affaire, le retournement de veste absurde de Charlotte, et le final raté et fastidieux, pale copie de celui de Goldfinger, n’arrangent pas les choses. A noter le retour du Fermier, malheureusement sans Wilde, et la présence du juge Fulton. 

Infos supplémentaires:

Les sources divergent quant à la date de la première diffusion de cet épisode.

Seconde et hélas ultime apparition du Fermier, qui cette fois porte la barbe !

A la sortie de l'aéroport, Danny est emmené dans une Jaguar XJ6. Cette voiture fut construite de 1968 à 1973, à 82 123 exemplaires. Elle marqua un important renouvellement de la gamme, tant en terme de tenue de route et puissance qu'en confort et design. Durant les importante recherches menant à sa réalisation, le prototype fut désigné comme  Experimental Jaguar (XJ), terme qui perdura dans l'appellation commerciale. Les Jaguars XJ ont su évoluer par la suite et demeurent encore aujourd'hui un fer de lance de la marque.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint

Peter Bowles (1936) joué dans quatre épisodes de Chapeau Melon et Bottes de Cuir: Seconde vueMeurtre par téléphone, Remontons le Temps et Les évadés du monastère. Il a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Destination Danger, Département S, Cosmos 1999. Poirot… Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années. Il participe régulièrement à des interviews et reportages sur Chapeau Melon.

Carol Cleveland (1942) est principalement connue pour avoir été la seule partenaire féminine récurrente des Monty Pythons, dans l'ensemble de leur série télévisée, comme dans cinq de leurs films. Dans Le Club de l'Enfer, elle incarne Sara, la rivale jalouse de Mrs Peel.

June Ritchie (1938), formée à la RADA, réalisa l'essentiel de sa carrière au théâtre. Elle participe à  Tales of the Unexpected, Le Baron, Le Saint....

William Barlowe (1932-2003), également un ancien de la RADA, participa à plusieurs séries (Callan Z Cars...), mais demeure surtout connu pour ses apparitions dans Dr Who. De 1968 à 1977 il fut l'époux de Catherine Schell, avant d'épouser la veuve de Roger Delgado en 1979. Il incarne Fairfax dans... Affectueusement vôtre (saison 6 des Avengers).

Margaret Nolan (1943) fut une populaire mannequin de charme (connue sous le pseudonyme de Vicky Kennedy), au début des années 60. Après être apparue dans de nombreux magazines spécialisés, elle tenta sa chance à l'écran, où sa notoriété lui valut nombre de petits rôles. Elle incarne ainsi Dink, la masseuse de 007, dans Goldfinger (1964). C'est également elle qui apparaît peinte en or dans les affiches promotionnelles de ce film, et non Shirley Eaton. Margaret Nolan participe notamment à Destination Danger, Adam Adamant Lives !, Le Saint, ainsi qu'à la série de films humoristiques Carry On.

Séquence culte:  Danny incognito en boite de nuit

Séquence culte:  Course poursuite

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15. UNE RANCUNE TENACE
(SOMEONE WAITING)

Diffusion : 25 février 1972

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Peter Medak (1937) a travaillé pour le cinéma (Romeo is Bleeding, 1993) comme pour la télévision : Masters of Horror, The Wire, Carnivale, Breaking bad… Il fut l'époux de Julia Migenes.

Distribution: Penelope Horner (Catherine Bowman), John Cairney (les frères Jenkins), Donald Pickering (Morley Lyndon), Lois Maxwell (Louise Cornell), Maxwell Shaw (Vine) Jennie Hanley (Magda), Helena Ross (Joe)

Résumé:

Brett et Danny se sont associés dans la mise au point de la Sinclair Special, une Formule 1 sur laquelle ils fondent de grands espoirs. A l'approche d'une importante course, Sinclair fait cependant l'objet d'inquiétantes tentatives de meurtres, qui seraient liées à son passé de pilote. Par ailleurs le crime organisé tente de truquer l'épreuve, tout en faisant porter le chapeau à Danny ! Qui plus est Catherine Bowman, journaliste, mène une enquête sur cette escroquerie et est certaine de la culpabilité des Persuaders ! Tout en faisant face aux menées de leurs adversaires, nos héros parviennent à dénouer ce complexe écheveau. Il s'avère que leur ennemi était le frère jumeau d'un pilote grièvement brulé dans un accident, persuadé à tort que Sinclair en était le responsable. Après que Danny ait écarté la menace maffieuse en la personne de l'intrigante Louise Cornell, Brett finit par remporter la compétition

Critique de Estuaire44:

Après une introduction déjà spectaculaire et captivante, cet épisode de haut vol étonne par sa succession de scènes constituant autant de morceaux de bravoure mais en apparence relativement déconnectées les unes des autres et d'ambiances très diverses. En fait, le très habile scénariste qu'est Terry Nation tisse une trame plus complexe que de coutume, avec plusieurs fils (la mafia des jeux, la journaliste, le frère ivre de vengeance) s'entrecroisant harmonieusement dans un écheveau dont la progressive révélation s'effectue selon un parfait minutage. On tient ici un roman à tiroirs d'excellente facture, dont la résolution des différentes énigmes produit un suspense des plus prenants. Cette histoire très riche, outre sa virtuosité narrative, dégage une atmosphère originale au sein de la série, avec ce complot morbide, parfois situé aux confins de l'épouvante. Avec cette inquiétante maison contenant des éléments biographiques de Sinclair, les amateurs des Avengers y reconnaîtront comme une saveur proche du Joker ou de L'héritage diabolique, tandis que d'autres péripéties, comme l'attentat initial ou l'abominable cercueil pointent plutôt vers le formidable Méfiez-vous des morts.

L'épisode ne se limite pas cependant à cet aspect aussi sinistre qu'intrigant mais développe également de jolis morceaux d'humour et d'action, ces différents éléments se combinant fort efficacement. On discerne ainsi des moments particulièrement réjouissants entre Persuaders comme le pantagruélique petit déjeuner traditionnel de Lord Sinclair, assaisonné d'une nouvelle excellente histoire d'ancêtres. Le récit apporte d'ailleurs un savoureux éclairage supplémentaire sur la personnalité et les manies de Brett. Danny ne manque pas non plus de pétillantes réparties, particulièrement quand il s'improvise garde du corps de son ami. L'aspect parfois très  Chapeau Melon de Someone Waiting se voit de plus idéalement parachevé par un tag de fin au champagne ! Un cachet véritablement anglais s'observe également, notamment via ces panoramas urbains caractéristiques. Nous avons décidément laissé derrière nous le soleil de la Côte d'Azur.

L'autre atout maître d'Une rancune tenace réside dans l'inventivité et la maestria de la mise en scène de Peter Medak. D'une manière bien supérieure à ce que  l'on peut découvrir habituellement dans Amicalement vôtre, il rend parfaitement mobile sa caméra, ne reculant devant aucun audacieux cadrage rehaussant l'intensité de la scène en cours. C'est notamment le cas avec ce plan glaçant montrant Danny quasiment torturer avec une barre d'acier son agresseur pour le forcer à parler. Très « persuader », en effet. Les scènes d'action sont également fort correctement mises en valeur, comme lors de l'affrontement final ou de cette étonnante et hilarante reconstitution des affrontements du cinéma muet, que n'aurait certainement pas renié un Z. Z. von Schnerk ! S'il ne parvient pas à s'affranchir du boulet des transparentes scènes de conduite en studio, Medak réalise de superbes plans des courses de Formule 1 de l'époque. Rugissement des moteurs et splendeur des bolides, l'épisode doit certainement être populaire parmi les amateurs de sports mécaniques ! La contrepartie  en demeure que les réclames des circuits établissent sans doute un record au sein de la série en matière d'inserts publicitaires, mais qu'importe.

Si l'on regrette un mélodrame un tantinet appuyé lors de la découverte du brûlé et de son jumeau, Terry Nation réussit parfaitement les seconds rôles de son scénario. On apprécie vivement la décontraction canaille et cynique de Morley, auquel l'excellent Donald Pickering apporte une vraie veine picaresque. Le contraste entre les rodomontades et la poltronnerie de Vine s'avère également fort gouleyant. L'apparition de Lois Maxwell constitue évidemment un évènement en soi, mais elle bénéficie de plus d'une confrontation avec Tony Curtis autrement plus intéressante que les quelques insignifiantes répliques de Bernard Lee dans  Someone Like Me. Le duel crépite, tandis que les partisans de la période Cathy Gale (Les petits miracles) se prendront à rêver que Sœur Johnson a finalement réussi sa carrière au sein du crime organisé ! D'une manière amusante Penelope Horner reprend un rôle de journaliste très similaire à celui de Jenny Firston dans Le Matin d'Après, des Avengers. Elle démontre ici davantage d'à-propos et de personnalité que lorsqu'elle jouait une  occasionnelle remplaçante de Tara King. Penelope Horner apporte ainsi davantage à l'épisode que l'impact somme toute limité de son personnage. Quant aux blondes Magda et Joe, elles soulignent de manière fort divertissante les inclinations particulières de Lord Sinclair dans le choix de ses employées !

Avis de Denis Chauvet:

Un épisode à deux histoires : une tentative de fausser une course automobile et une vengeance personnelle sur Brett Sinclair, et la première a tendance à bouffer malheureusement la seconde. Le suspense est néanmoins au rendez-vous, même s’il s’estompe à la revoyure. Wilde enquête tel Sherlock Holmes (cité dans les deux versions), alors que Sinclair attend  la plupart du temps. Les meilleures séquences sont le pré-générique, la Ferrari suivie par la Volvo dans les rues mouillées de Londres sur une superbe musique jusqu’au feu rouge, Wilde et l’homme saoul au bar, le somptueux breakfast préparé par le lord (une de mes préférées de la série), et l’entrée de Magda, la nouvelle repasseuse (avec le tag, les mauvaises langues pisse-froid pourraient taxer la série de sexiste).

Comme toujours dans la série, les scènes de voitures ne sont pas top et elles ont l’air d’avoir été filmées dans la caisse de Benstead ! Les seconds rôles ne sont pas transcendants : la blonde de la semaine – Penelope Horner –  est jolie mais plus discrète qu’à l’accoutumée, Miss Moneypenny n’est pas crédible en bidouilleuse de courses et ses hommes de main sont pâlots. Reste John Cairney en Jenkins, mais son temps de présence est bref, alors que l’idée des deux frères aurait dû être mieux exploitée. Un bon final néanmoins. Toujours trois bottes, mais pas dans le haut du groupe de 3 !

Pour terminer, une petite comparaison sur les deux versions. Lors de la superbe scène du petit déjeuner, Brett précise : « Traditional English breakfast for the aristocracy », mais la réponse de Wilde est bien plus drôle en VF. « For the aristocracy ? » en version originale, et « Tu ne dois pas te sentir gonflé après tout ça » en VF ! Et pourquoi l’ancêtre de Sinclair, amateur de bonne chère, est décédé à 24 ans en VO et 29 en VF ? Mais c’est en VO que nous connaissons l’adresse exacte de Wilde : 49 Grosvenor Square Apartment 5B.  

Infos supplémentaires:

Dans la version originale, le personnage interprété par Penelope Horner se nomme Carrie Bowman et non Catherine. Sans doute a-t-on voulu éviter un prénom peu usité chez nous.

En arrière plan, quand Danny se rend chez le mécanicien, on reconnaît le fourgon Modèle H de Citroën ayant servi dans Five Miles To Midnight.

La course remportée par la Sinclair Special se déroule sur le Brands Hatch Circuit, dans le Kent au Sud-est de Londres. Le Grand Prix de Grande Bretagne s'y est déroulé à douze reprises, entre 1964 et 1986. Actuellement, il accueille de nombreuses et importantes rencontres automobiles, britanniques ou internationales.

Brett prête la Sinclair Special à Danny sur le circuit de Silverstone. Situé près d'Oxford, il accueille chaque année le Grand Prix de Formule 1 de Grande Bretagne, depuis 1987. Il s'agit d'une ancienne base de la RAF, reconvertie pour l'automobile en 1948. La bascule entre Bands Hatch et Silverstone fut provoquée par le grave accident survenu à Jacques Lafitte en 1986, qui mit en exergue la vétusté du premier.

L'épisode permet de découvrir plusieurs voitures de course de l'époque : March 701, Matra Simca MS 120, MacLaren M14A…

Un plan de course automobile est repris dans le générique, accompagnant la coupure de presse intitulée : Brett Sinclair enters Grand Prix.

D'après ses déclarations à la journaliste, Danny réside au 49, Grosvenor Square (en version originale). Situé dans le quartier de Mayfair, il s'agit d'un des endroits les plus huppés de Londres. On y trouve d'ailleurs l'ambassade des Etats-Unis et Grosvenor Square représente un point de ralliement traditionnel de la communauté américaine de Londres.

L'épisode est le remake de La vengeance (The Time to Die), écrit en 1968 par Terry Nation pour la saison 6 du Saint.

Le pianiste du bar est Russell Henderson, (1924), musicien originaire de Trinidad et également spécialiste reconnu du tambour d'acier traditionnel. Sa superbe carrière réalisée en Grande Bretagne depuis les années 50 lui valut d'être élevé dans l'ordre de l'Empire britannique en 2006.

Acteurs – Actrices

Loïs Maxwell (1927-2007) naquit au canada et, en mentant sur son âge, participa au théâtre aux armées durant la Guerre, en Europe. Découverte, elle s'installa en Grande-Bretagne pour éviter la cour martiale et intégra en 1944 la Royal Academy of Dramatic Arts comme plus tard une autre canadienne, Linda Thorson. Elle s'y lia d'amitié avec Roger Moore. Après quelques rôles aux États-Unis, elle se consacre à la télévision britannique (Gideon's Way, UFO, Le Saint, Chapeau Melon et Bottes de cuir) mais accède à la célébrité avec le rôle de Moneypenny, l'irrésistible secrétaire de M, le supérieur de James Bond. Elle incarna le personnage durant les 14 premiers films de la série, de 1962 (Dr No) à 1985 (Dangereusement vôtre, avec Patrick Macnee). En 1973, elle retourna au Canada où elle connut le succès dans le commerce du textile. Elle décède d'un cancer du colon.

Donald Pickering (1933-2009), fut le Dr Watson dans la série Sherlock Holmes and Doctor Watson de 1980 et apparut également dans Dr Who, Les Professionnels, les Champions, Le Saint, Fahrenheit 451 etc. Dans le Monde des Avengers il incarna Peter Roberts (le Vengeur Volant) et Freddie Cartwright (Homicide et vieilles dentelles).

Penelope Horner (1942) apparut dans plusieurs productions britanniques des années 60 et 70 : Le Saint, Armchair Theatre, Detective, L'Aventurier, Jason King… Elle mit fin à sa carrière au début des années 80. Elle incarne Jenny Firston dans Le matin d'après (saison 6 de Chapeau Melon).

Jenny Hanley (1947) fut la « jeune femme irlandaise » de Au Service Secret de Sa Majesté. Sa carrière se limita par la suite à quelques apparitions au cours des années 70 (Softly Softly, Le retour du Saint, Jason King L'Aventurier…). De 1974 à 1990, elle anima également une émission pour enfants. Elle participe à Les cicatrices de Dracula (1970), ainsi qu'à La vie privée de Sherlock Holmes (1970). Elle appartient à une importante famille anglaise. Sa grand-mère fut ainsi une photographe attitrée de la famille royale et contribua au lancement de la carrière de mannequin du jeune Roger Moore.

Séquence culte: Un petit déjeuner copieux 

Séquence culte: Confrontation finale

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16. LE MOT DE PASSE
(ANYONE CAN PLAY)

Diffusion: 5 novembre 1971

Scénario: Tony Willamson (1932-1991) fut un prolifique auteur, ayant tendance à privilégier la fantaisie au réalisme. C'est ainsi qu'il travailla pour les Avengers (9 épisodes), Jason King, Department S, Randall and Hopkirk (Deceased), Adam Adamant Lives !...Il fut également un collaborateur régulier des productions ITC et de Dennis Spooner, supervisant l'écriture de nombreux scénarios. Des problèmes cardiaques l'obligèrent à ralentir ses activités à partir du milieu des années 80.

Réalisation : Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Cyd Hayman (Lyn), Dudley Foster (Heather), Ed Devereaux (Ryker), Richard Vernon (Sir Maxwell Dean), Tim Goodman (Webster), Patrick Jordan (Pelli), Peter Forbes-Robertson (L'inspecteur Langford)

Résumé:

Dans un casino de Brighton, suite à une méprise, Danny est confondu avec un agent secret étranger. Les complices de ce dernier lui remettent, sous formes de gains à la roulette, une forte somme destinée à financer un réseau d'espions. Ayant compris leur erreur, ils se lancent à la poursuite des Persuaders. Ceux-ci se voient de plus approchés par Sir Maxwell, un digne représentant du contre-espionnage anglais ainsi que par Lyn, autre membre de la conjuration. Elle est chargée d'opérer la jonction avec le trésorier et prend elle aussi Danny pour ce dernier. Suites à diverses péripéties, nos héros s'infiltrent dans une grande réunion de l'organisation, se déroulant dans un train. Après un solide affrontement, ils parviennent à mettre tous les espions hors d'état de nuire.

Critique de Estuaire44:

A l'occasion de cet épisode particulièrement brillant, Amicalement vôtre renoue avec le genre ayant fait les riches heures des séries britanniques des Sixties : l'espionnage. Mais elle le réalise avec son génie propre : un humour et une distanciation affleurant au pastiche. De nombreux canons du genre s'y retrouvent en effet : réseaux mystérieux,  mot de passe, micro, voiture piégée, déguisement, noms de code (canard boiteux, grand dauphin…). Mais ils se voient détournés avec brio et bonne humeur, en particulier grâce à l'attitude des Persuaders eux-mêmes, prenant tout ceci (à quelques exceptions près) avec leur proverbiale décontraction.

 Ce qui aurait pu constituer le récit noir et volontiers angoissant d'innocents pris au piège  devient sous la plume du malicieux Tony Willamson une comédie légère et tonique. L'auteur évite tout temps mort et multiplie les dialogues hilarants, notamment entre les héros (réunis durant une grande partie de l'épisode) ou entre Danny et Lyn. On pourra, fugacement,   regretter certaines facilités, comme le fait qu'Heather parvienne miraculeusement dans le train ou qu'il s'agisse d'une énième méprise survenant aux Persuaders. Mais il s'agit d'une conséquence assez inévitable de leur statut particulier d'amateurs, participant pleinement à leur identité.

Par ailleurs, Le mot de passe revêtira un attrait tout particulier pour les amateurs des Avengers tant Tony Willamson multiplie comme à plaisir les clins d'œil à cette série qu'il connaît particulièrement bien,  L'original lieu du rendez-vous avec l'archétypal Sir Maxwell (excellent Richard Vernon) évoquera irrésistiblement les spectaculaires quartiers généraux  de Mother, mais aussi les savoureuses  rencontres avec One-Ten. La scène se révèle également un vrai bijou d'humour, le flegme des deux Anglais convergeant face au bouillonnement du natif de « l'ancienne colonie ». D'autres éléments viennent joliment renfoncer ce sentiment de rencontre entre les deux séries, comme ce complot dans un train évoquant Une petite gare désaffectée ou Sir Maxwell demandant à ce que l'on contacte le Ministère. On rit franchement quand on découvre l'hilarant espion londonien tenter d'assommer Danny avec un chapeau melon métallique. Mais seul un authentique maître peut dominer cette technique !

Le meilleur de l'épisode réside dans l'excellent personnage de Lyn, qui apparaît comme ce qu'aurait du être l'Olga de Meurtres distingués. Délesté des outrances et des postures caricaturales, l'humour de ses commentaires anticapitalistes ne s'en impose que davantage. La brune (pour une fois) Cyd Hayman lui apporte charme et conviction. Ses dialogues avec Danny s'avèrent irrésistibles, notamment quand celui-ci lui commente à quel point sa couverture de playboy milliardaire est insoutenable. Les autres membres du réseau se montrent solides et bien interprétés. Les joyeux drilles rencontrés dans le train valent également le coup d'œil, notamment quand ils indiquent que les grèves du chemin  de fer anglais sont orchestrées par l'étranger !

La mise en scène de Leslie Norman se montre alerte, sachant soutenir le tempo élevé de l'intrigue. Il réalise de fort jolis panoramas de cet endroit magique qu'est Brighton. L'ensemble de l'épisode se perçoit d'ailleurs comme un vibrant appel à aller découvrir cette si plaisante station balnéaire. Les nombreux affrontements insérés dans l'histoire  ne développent pas de savantes chorégraphies mais manifestent cependant une vraie débauche d'énergie de la part des acteurs. C'est en particulier le cas pour Tony Curtis, absolument impérial tout au long de l'épisode, tant sur le registre de l'action que de la comédie. Hormis le lieu de rendez-vous avec Sir Maxwell, on regrettera cependant des décors moins sophistiqués et enthousiasmants qu'à l'accoutumée, ne s'élevant guère au-dessus de leurs équivalents du Saint. Leslie Norman filme également avec un parfait minutage le joyeux tag final, se concluant sur l'image du chapeau melon et du parapluie de Sir Maxwell !

Avis de Denis Chauvet:

L’action se déroule à Brighton, charmante petite ville côtière connue pour son casino et sa jetée ressemblant à celle de Deauville. Danny Wilde est pris pour un contact lorsqu’il prononce la phrase magique et qu’il empoche le gros lot à la roulette. C’est le début d’un quiproquo (comme Un risque calculé), et les deux épisodes présentent un bon début, mais une fin qui laisse sur sa faim.

Ici aussi, nous avons droit à une séquence ‘magique’ de notre duo ; celle de l’hôtel où Brett essaie de dormir, tandis que Danny tente de se débarrasser de deux tueurs puis fait la connaissance de Section 9 : une jolie brune, une fois n’est pas coutume, qui repousse les avances de Danny (‘pas de frivolités bourgeoises’) ! L’espionne russe se rapproche plus du critère des Bond que des Avengers, avec la pitoyable Olga. Ce long passage à l’hôtel est un peu un remake de celui du Drôle d’oiseau, avec de nombreux bons mots et de scénettes cocasses (Brett en pyjama et la coupe de champ, Danny le portant sur son dos, l’arrivée de Section 9…).

Après la bagarre sur la jetée avec les policiers (‘La police, où ça ?’) et le passage de la bombe dans la Ferrari, la suite déçoit. Brett en laveur de carreaux, qui passe bêtement un appel téléphonique sur place, et la séquence d’action finale trop burlesque sont les points négatifs de l’aventure ; le final fait inévitablement penser à Une petite gare désaffectée, qui est nettement supérieur. Heureusement que camarade Wilde lit Playboy (l’édition de mars 71) et qu’il discute avec un type en salopette look cégétiste et le camarade de la capitale, un Steed qui veut déclencher une grève dans les chemins de fer ! La phrase de l’épisode pour Brett en réponse à Danny qui le trouve rouillé :’Toi, ça fait longtemps que tu es pourri de l’intérieur !’.

Pour finir, il y a toujours ce problème de chiffres dans la traduction : Section 9 est en fait Section 7 dans la VO, et puis Wilde ne pense pas à son pneu arrière, mais à sa stéréo : « My living stereo is dead ? ». 

Infos supplémentaires:

Il reste étonnant que Ryker fasse exploser une bombe dans la chambre où se trouvent  les billets de banque qu'il entend récupérer. Ceci-dit, ces derniers en ressortent miraculeusement intacts !

Dans le train, Danny lit ostensiblement un numéro de Playboy. Il est vrai que ce magazine fondé en 1954 connaît son apogée en ce début des années 70. Son record historique de vente (7 161 561 exemplaires) s'établit ainsi en 1972 et de nouvelles éditions voient le jour ailleurs qu'aux Etats-Unis. La version française est d'ailleurs lancée en 1973. La décennie verra cependant l'apparition de concurrents directs (Penthouse, Hustler…) et le début d'un inexorable déclin des ventes.

Les Persuaders se heurtent aux deux policiers sur le front de mer de Brighton, à deux pas du fameux Palace Pier (ou « Brighton Pier »). Brighton est l'une des stations balnéaires les plus célèbres de Grande Bretagne. Inauguré en 1870 par le richissime indien Albert Abdullah David Sassoon, le site est fameux pour ses extravagants bâtiments, dont le fastueux Royal pavillon à l'architecture indienne et à la décoration chinoise, et le Palace Pier. Cette immense jetée, inaugurée en 1889, contient de nombreux restaurants et salles de jeux, ainsi qu'une fête foraine permanente. Située à une heure de Londres, Brighton, souvent surnommée London-by-the-sea, est un grand lieu de ralliement pour la jeunesse anglaise.

Acteurs – Actrices

Cyd Hayman (1944) se fit connaître grâce à la série Manhunt 1970), où elle jouait le rôle proncipal. Elle participa également à Adam Adamant Lives !, L'Aventurier, Cosmos 1999, Bizarre Bizarre

Dudley Foster (1925-1973), grand spécialiste des rôles de vilain, a joué dans trois épisodes des Avengers : L'heure perdue, Rien ne va plus dans la nirsery et Étrange hôtel. Il a également tourné dans les séries Police Surgeon, Destination Danger, Z Cars, Dr Who, Le Saint... Il s'est suicidé.

Richard Vernon(1925-1997), s'est spécialisé durant sa longue carrière dans les rôles d'aristocrates anglais très dignes. Il tourna beaucoup pour la télévision (Yes, Prime Minister, The Duchess of Duke Stree, Department S…) et au cinéma (A hard day's night, Allez France !), et fut également très actif dans les dramatiques radiodiffusées de la BBC. Il participa à Goldfinger (1964) où il interpréta le Colonel Smithers, représentant de la Banque d'Angleterre confiant un lingot d'or nazi à 007 pour appâter Goldfinger. Richard Vernon incarna Lord Matterley dans The Mauritius Penny (saison 2 des Avengers).

Séquence culte: Du rififi dans l’hôtel 

Séquence culte: Danny, agent soviétique

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17. LE COMPLOT
(THE TIME AND THE PLACE)

Diffusion: 22 octobre 1971

Scénario: Michael Pertwee (1916-1991) écrivit pour de nombreuses séries anglaises ou américaines : Le Saint, Alfred Hitchcock Présente, Armchait Theatre, Destination Danger… membre d'une grande famille de comédiens, il était ainsi le frère de Jon Pertwee, l'interprète de la troisième incarnation du Docteur.

Réalisation: Roger Moore

Distribution: Ian Hendry (Lord John Croxley), Anna Palk (Marie), Patrick O'Connell (Ryder), Robert Flemyng (Sir George), David Rees (le journaliste de télévision), Basil Dignam (le Premier Ministre), Olga Lowe (la contractuelle)

Résumé:

A la campagne, Danny découvre un mort, mais, dès qu'il a le dos tourné pour avertir Brett, la dépouille disparaît. En tentant de résoudre cet étrange cas du cadavre évanoui, nos amis découvrent qu'ils se trouvent dans la vaste propriété d'une connaissance de Brett, Lord Croxley. Celui-ci les accueille fort courtoisement mais plusieurs de ses déclarations intriguent nos héros, d'autant que le mort réapparaît rapidement, dans un accident de voiture simulé. Il s'agit en fait d'un journaliste politique réputé pour ses investigations affutées. Les Persuaders mènent l'enquêtent et découvrent que le reporter était sur le point de percer le secret de Lord Croxley. Celui-ci s'apprête à faire assassiner le Premier Ministre, puis à prendre le pouvoir avec l'aide d'influents complices. Les Persuaders parviennent  à éviter in extremis l'attentat et reçoivent les félicitations officielles du Premier Ministre, au 10 Downing Street !

Critique de Estuaire44:

L'épisode réalisé par Roger Moore évite plusieurs écueils, comme trop mettre en avant son personnage (même si l'intrigue se déroule dans le milieu social de Lord Sinclair) ou composer une œuvre très personnelle, exogène à la série. Cela s'est déjà vu ailleurs, notamment dans les X-Files avec le All Things de Gillian Anderson, et l'épisode demeure au service de la série et non de l'acteur. Il n'en reste pas moins que Le Complot ne soulève guère d'enthousiasme, la faute en revenant principalement à un scénario cumulant plusieurs maladresses. Tout d'abord l'exposition se révèle beaucoup trop longue et alambiquée, un tempo passablement lent qui se retrouvera tout au long d'un épisode passablement bavard. La révélation du complot, qui apporte enfin du piment à une histoire se mouvant jusqu'ici dans le brouillard, survient trop tarpement. Plusieurs scènes, comme la visite de Sinclair au journal du disparu, paraissent superfétatoires. Elles auraient aisément pu être remplacées par un dialogue entre les héros et manquent terriblement de cachet pour ne pas s'avoiner à du remplissage.

Hormis ceux des Persuaders eux-mêmes, les dialogues se montrent souvent empesés et se prenant passablement au sérieux. Et puis, comme rarement dans la série, on discerne un abus de cette facilité scénaristique consistant à faire toujours survenir les héros au bon endroit au bon moment, à croire qu'il s'agit de la véritable justification de ce titre original passablement à la Doctor Who. Les Persuaders tombent pile au bon moment sur l'assassinat initial, Sinclair arrive pile au bon moment pour assister à l'enlèvement de Danny, puis pour lui sauver la mise, les Persuaders arrivent derechef pile au bon moment pour écouter Lord Croxley révéler intégralement le pot aux roses, puis évidemment à la rescousse du Prmier Ministre (ou en oublie sans doute). Quelques maladresses viennent se rajouter, comme la figure de style éculée de l'encre sur le carnet de notes, ici tout à fait au premier degré. Il en va pareillement avec ses deux tueurs prétendument fanatisés et sûrs d'eux, prenant la fuite dès l'arrivée du seul Sinclair. Et ils paniquent tellement qu'ils partent dans le décor… Tout ça pour placer l'explosion d'une voiture.

Les seconds rôles ne viennent guère à la rescousse du Complot.  Basil Dignam et Robert Flemyng apportent tout leur métier et leur talent à leurs personnages. Ils parviennent à tirer le meilleur parti de leurs quelques lignes de texte mais cela n'influe guère sur l'épisode. Pour les amateurs des Avengers, la grande attraction demeure bien entendu la présence d'Ian Hendry. Mais il nous semble interpréter d'une manière trop lisse un personnage déjà assez fade, manquant de démesure pour quelqu'un se lançant dans un projet aussi titanesque. Tout ceci mériterait davantage de panache et de fantaisie. Marie, interprétée  froidement et sans éclat particulier par Anna Palk, se révèle elle aussi dépourvue de stature. Surtout on s'interroge sur so réelle utilité, puisqu'elle ne démontre quasiment aucun talent particulier durant tout le récit. A croire qu'il fallait à tout prix une demoiselle dans la distribution.

Si la mise en scène de Roger Moore se montre simplement fonctionnelle, hormis le spectaculaire accident de voiture, Le Complot conserve néanmoins certains attraits. La reconstitution de l'émission de télévision demeure une bonne idée, on retrouve d'ailleurs l'ambiance des premières minutes de Teddy Bear (avec, heureusement, une autre conclusion). L'épisode nous offre de jolis plans de la campagne anglaise et surtout de nombreuses vues très agréables de Londres. Nous découvrons ainsi d'emblématiques monuments mais aussi de charmantes rues, davantage anonymes. L'amour de Roger Moore pour sa ville transparaît à travers l'écran, avec beaucoup de sympathie. Le summum se voit atteint lors de l'impressionnant tag de fin se déroulant effectivement au 10, Downing Street ! Malgré quelques jolies piques entre Persuaders, l'épisode manque l'occasion de développer une vision réellement satirique de la haute société anglaise la plus conservatrice, mais la splendeur du décor d'Harry Pottle rend éminemment regardable la scène du complot. Enfin la position du Premier Ministre, pris entre les feux croisés de la gauche et de la faction la plus réactionnaire de son parti rend assez fidèlement compte de ce que vécut à l'époque Edward Heath. Un joli clin d'œil, auquel les spectateurs de l'époque ont certainement du être sensibles.

Avis de Denis Chauvet:

Malgré quelques bizarreries scénaristiques, cet épisode vaut un bon trois. Il fait partie de ceux que j’ai le moins vus. Evidemment, l’excellente séquence pré-générique reste dans les mémoires, ainsi que le passage de l’inspecteur Cerisier. Le mort de la forêt le sera une seconde fois, et les deux compères vont enquêter sur les circonstances du décès de ce journaliste. Les décors naturels valent un accessit à eux seuls ; la belle campagne anglaise hivernale et Londres. La capitale est enfin filmée comme elle le mérite- le bus 11 en direction d’Aldwych indique que nous nous trouvons à Fleet Street, quartier de la presse, le pub Essex Head, la White Tower (les canons ne se trouvent plus à cet endroit depuis les années 90), Tower Bridge et Whitehall donnent un cachet à l’épisode et, bien entendu, Downing Street aujourd’hui barrée et inaccessible. 

Les seconds rôles – Ian Hendry et Anna Palk, disparus trop tôt – sont crédibles et les bons mots bien savoureux. D’ailleurs, la réplique de Wilde à la vue de la belle Marie, bottée en short au bord de la route, serait montrée du doigt : ’Puisqu’on parle de pouliches, regarde un peu celle-là !’. La séquence de comédie sur les lieux de la conspiration est également cocasse (‘arrête de mâcher’) ; à noter qu’il n’y a pas d’échange audible entre Wilde et Sinclair en VO !

Dû au décès de Basil Dearden dans un accident de voiture, c’est Roger Moore lui-même qui réalisa l’épisode (et le suivant). Les bizarreries évoquées sont la réapparition du mort sans explication, Marie qui donne rendez-vous à Brett et la présence de la jeune femme dans la grange (et puis comment Brett s’est emparé du fusil de Thompson ?). La fin sur le plateau TV est rébarbative et heureusement que le tag est jubilatoire. Sans chipoter, on passe un excellent moment durant lequel le suspense est bien gardé.  

Infos supplémentaires:

Lord Sinclair rencontre Marie après être passé devant la Tour de Londres. Le Tower Bridge est alors en arrière plan.

De nombreuses rues londoniennes sont découvertes au fil de l'épisode : Little Essex Street, Whitehall, Lower Thames Street, Upper Thames Street, Fleet Street, Grove End Road, Newcourt Street etc. (source : Avengersland)

Le studio où se déroule l'émission se nomme tribune TV. Il s'agit d'un clin d'œil car, pour produire Amicalement vôtre, Roger Moore et Robert S. Baker avaient créé la société Tribune Productions.

Lors de la diffusion de l'épisode, le Premier Ministre du Royaume-Uni était le conservateur Edward Heath, qui occupa la fonction de 1970 à 1974. L'un des rares dirigeants britanniques à être un fervent partisan de la construction européenne, il fit entrer le Royaume-Uni dans le marché Commun le 1er janvier 1973.  Il s'était déjà heurté au veto du général De Gaulle en 1963. Du fait de la crise économique, des difficultés sociales et de l'aggravation du conflit irlandais, il fut battu aux élections de 1974 par le travailliste Harry Wilson. Il fut ensuite  évincé de la direction de son parti par l'aile libérale et eurosceptique incarnée par Margaret Thatcher

Acteurs – Actrices

Ian Hendry, biographie disponible sur le site.

Anna Palk (1941-1990), ancienne de la RADA, connut une brillante carrière théâtrale. Elle tourna égalemnt dans pers films, souvent fantastiques (The Earth Dies Screaming, 1965 ; Horror of Snape Island, 1972). A la télévisons elle apparaît dans les TNA (Otage), Poigne de fer et Séduction, Z cars, The Main Chance… Anna Palk décède prématurément des suites d'un cancer.

Patrick O'Connell (1934), natif d'Irlande, appartint à la Royal Shakespeare Company. A la télévision il participe à Fraud Squad, Dixon of Dock Green, Le Saint, Doctor Who, The Professionals... Il est également connu pour ses peintures et dessins.

Robert Flemyng (1912-1995à fut un grand acteur de théâtre, se produisant avec succès au West End et à Broadway. Il apparaît également régulièrement au cinéma et à la télévision. Dans les TNA, il incarna le ministre de Pour attraper un rat, avec également Ian Hendry. S'étant particulièrement distingué durant la Guerre, qu'il acheva avec le grade de colonel, il obtint la Military Cross et fut élevé dans l'ordre de l'Empire britannique.

Basil Dignam (1905-1979) fut un rand spécialiste des rôles d'autorité : hommes politiques, militaires, policiers… Il apparaît dans Le Prisonnier, Public Eye, L'Homme à la valise, Les Champions, Z cars, Crown Court… Il incarne Hugh Rydercroft dans Un chat parmi les pigeons, des TNA.

Séquence culte: Arrête la voiture 

Séquence culte: Le London Bridge et la White Tower

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18. FORMULE À VENDRE
(THE LONG GOODBYE)

Diffusion: 10 décembre 1971

Scénario: Michael Pertwee (1916-1991) écrivit pour de nombreuses séries anglaises ou américaines : Le Saint, Alfred Hitchcock Présente, Armchait Theatre, Destination Danger… membre d'une grande famille de comédiens, il était ainsi le frère de Jon Pertwee, l'interprète de la troisième incarnation du Docteur.

Réalisation: Roger Moore

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Leo Genn (Sir Hugo Chalmers), Nicola Pagett (Carla Wilks), Noel Willman (Theopolos), Glynn Edwards (Boris), Madeline Smith (Carla I), Anouska Hempel (Carla II), Valerie Leon (Space Queen), Deborah Moore (Petite fille).

Résumé:

Au cours d'un séjour en Ecosse proposé par le juge Fulton, les Persuaders tombent sur la carcasse d'un avion et de son défunt pilote. Il s'agit de Brian Wilks, brillant inventeur venant de découvrir la formule d'un carburant synthétique. Les Persuaders la récupèrent dans l'appareil. Il a été assassiné, un explosif ayant été introduit dans l'avion. Comme l'avait prévu le rusé magistrat, de nombreux appétits se font jour dès lors que la nouvelle apparaît dans la presse. Les Persuaders font ainsi l'objet de diverses tentatives visant à s'emparer de la formule (tentative d'enlèvement, visite musclée d'agents de l'Est, propositions pécuniaires de riches industriels, voire apparition de fausses filles du disparu). La véritable héritière, Carla Wilks, fait alors son entrée en scène. Après que les Persuaders aient percé à jour l'identité de l'assassin, elle décide de détruire la formule, car « le monde n'est pas prêt ».

Critique de Estuaire44:

Le duo Pertwee/Moore se reconstitue, portant partiellement remède aux travers observés précédemment dans Le Complot. On entre ainsi beaucoup plus rapidement dans le vif de l'intrigue, après un prélude écossais rondement mené. Alors qu'ils sont perdus, nos héros tombent juste pile sur une carcasse d'avion et son défunt passager ce qui évoquera de manière amusant bien des souvenirs aux amateurs de LOST. La prévision du Juge Fulton s'avère quelque peu aventureuse, mais qu'importe, l'image de Roger Moore en kilt vaut le détour, rivalisant avec celle de Patrick Macnee dans Le fantôme du château De'Ath.

La découverte du mistigri de la formule d'un carburant synthétique relève de la mythologie des séries d'aventures de l'époque, voulant qu'un document technique aussi complexe puisse tenir sur deux feuilles de papier manuscrites. En l'occurrence il déclenche une chasse au trésor qui rappellera Le Legs aux amateurs des Avengers, l'outrance des caricatures en moins. La faiblesse de l'épisode consiste en ce qu'il ne dépassera guère le stade des entrées en lice des divers prétendants. Ceux-ci, industriels, espions ou demi-mondaines, mettent d'ailleurs en œuvre l'ensemble des moyens des pression imaginables : l'argent, la violence et le charme.

Ce florilège se découvre avec plaisir tant ses diverses scènes se révèlent parfaitement écrites et interprétées, mais le récit se construit davantage par leur simple accumulation que par un progrès réel de l'action, ce qui devient quelque peu frustrant à la longue. Quand la vraie Carla intervient, largement plus de la moitié de l'épisode s'est écoulée et ce que l'on prend pour un rebondissement majeur devient rapidement un simple prétexte à une redite générale, hormis l'assez simpliste affrontement final. De plus, considérée avec recul et un brin de cynisme, la conclusion donne finalement raison à l'assassin et à sa volonté de statu quo…

La caméra de Roger Moore ne déborde pas plus d'imagination créatrice que précédemment, mais demeure efficace. On retrouve avec bonheur sa propension à filmer les rues de Londres, ce qui nous vaut de nombreux plans extérieurs réussis, ici dans des quartiers volontiers contemporains. Par contre, il ne se risque qu'à bien peu de scènes d'action. La participation de la petite Deborah s'avère par ailleurs des plus sympathiques. Par contre, légèrement plus que lors du Complot, le réalisateur semble favoriser l'acteur, tant Lord Sinclair, avec son flegme et son humour à froid so British, paraît mis en avant. Il prend véritablement la direction des opérations, tandis qu'il vient régulièrement à la rescousse de Danny, à qui sa naturelle impétuosité vaut sans cesse de se retrouver en mauvaise posture. Mais tout ceci demeure dans des proportions très acceptables.

De plus les personnages secondaires représentent un atout bien plus présent que lors de l'opus précédent. Les différents industriels, aux motivations factuellement différentes, mais tous mus par la même insatiable soif de profits, se révèlent d'authentiques  monstres froids, de plus interprétés avec une grande justesse. Les espions soviétiques, par leur arrogance, leur brutalité et leur endoctrinement leur apportent un amusant contrepoint. L'épisode semble renvoyer dos à dos les vices des deux systèmes, relevant ainsi, tout comme Le Complot, d'une ambition politique supérieure au commun de la série. Voir Chalmers être renversé par un camion marque une jolie ironie. On retrouve avec plaisir le Juge Fulton à la manœuvre, configuration où le personnage peut donner toute sa dimension.

Mais l'atout maître de l'épisode réside dans son étonnant et affriolant défilé de starlettes de l'époque, aperçues notamment dans les productions de la Hammer. Les pétillantes Madeline Smith et Anouska Hempel nous offrent deux jolis moments de charmant amoralisme, dont le choc fournit un excellent moment de comédie. Leurs rôles leur convient à merveille et, aussi bref qu'il soit, apporte un vif surcroît d'intérêt à Formule à vendre. On retrouvera d'ailleurs Madeline Smith, très intime avec Roger Moore dans Vivre et laisser mourir. On apprécie encore davantage la somptueuse Valérie Léon à bord de sa spectaculaire Space Queen Mobile, ainsi que son épatant duo avec Roger Moore, bien avant L'espion qui m'aimait. Des clins d'œil décidément très sympathiques aux futurs 007. Le fin talent et la personnalité de Nicola Pagett la situent à un niveau différent, apportant intensité et émotion à ses différentes apparitions. Après sa touchante prestation, c'est avec un goût certain que l'épisode renonce à la coutumière conclusion humoristique.

Avis de Denis Chauvet:

C’est pour moi un des classiques de la série, un épisode qu’on peut revoir tous les quatre-cinq ans avec toujours le même plaisir. L’introduction est là aussi inoubliable – une des meilleures – avec Brett et Danny en promenade en Ecosse ; Brett porte un kilt pour l’occasion. Les deux complices trouvent le squelette d’un pilote d’avion et un message concernant une formule révolutionnaire que l’homme a écrit avant de mourir, douze ans auparavant.

Londres est de nouveau à l’honneur (comme Le complot, c’est Roger derrière la caméra, et il aime la ville) avec la colonne Nelson, le fameux Routemaster (N°74), le Times et surtout le taxi noir (à l’époque sans publicité) qui joue les premiers rôles. On a même droit au chapeau melon mais son propriétaire est du mauvais côté de la loi et il enlève les deux amis dans un de ces véhicules mythiques. Brett s’échappe et fait la connaissance de la ravissante ‘Space Queen’ dans sa fusée. Danny est relâché trop facilement, mais son opiniâtreté lui permettra, dans une excellente séquence, de retrouver son lieu de séquestration. Tout le monde convoite un fameux combustible qui donne un certain sérieux à l’aventure agrémentée par une des Persuaders girls de la semaine, Nicola Pagett (vue dans Un dangereux marché).

Il y a d’autres bonnes scènes, comme le juge Fulton pétri de goutte, l’apparition des deux fausses Carla, le coup de poing de Brett qui sauve Danny, la tentative d’enlèvement de la vraie Carla, la cachette de la formule, et le suspense de savoir qui est à la tête du complot (à chaque fois, je me fais avoir !). L’intrigue est intéressante (et toujours d’actualité), les personnages bien interprétés et quelques passages ont marqué l’histoire de la série : Wilde à la recherche de son lieu de détention, la petite fille qui excite les chiens (interprétée par Deborah Moore,  la fille de Sir Roger) et la ravissante ‘Space Queen’ avec un beau baiser de persuasion  (Valerie Leon, une de mes Persuaders girls préférées). Mais avec les trois Carla (la vraie et les deux fausses), on est gâtés question jolies minois dans cet épisode ! Madeline Smith, réputée pour son opulente poitrine, la première fausse Carla, fut suggérée par Roger Moore pour le rôle de Miss Caruso dans la scène pré-générique de Vivre et laisser mourir. Quant à Anouska Hempel, Carla II, elle est la stewardess qui remet le carnet rouge aux Ozerov. En tout cas, un épisode d’actualité et le message de l’époque l’est toujours : le monde n’est pas prêt.

Pour finir, pourquoi la Space Queen conseille-t-elle à Sinclair d’utiliser son savon ? La version française est plus ‘light’ : « Un savon, tout simplement, essaye-le ; je vous jure que c’est nécessaire » et en VO : ‘Try it. I think you stink ! ». 

Infos supplémentaires:

Le premier choc pétrolier ne survenant qu'en octobre 1973, l'épisode se montre prophétique à propos des difficultés d'approvisionnement en carburant et des nécessaires voies alternatives à développer.

La voiture fusée constitue un très bel exemple de la customisation des Austin Mini, une discipline très populaire en Grande Bretagne.

Quand la Reine de l'Espace s'inquiète de perdre son emploi, Lord Sinclair lui affirme qu'elle pourra travailler pour lui. Compte tenu de ses penchants à propos de la domesticité, découverts précédemment, on se dit qu'il ne plaisante qu'à moitié !

Devant la résidence du juge nous découvrons Lord Sinclair aux côtés d'un fourgon estampillé AA Service. Il s'agit de The Automobile Association. Fondée en 1905, cette association, devenue compagnie privée en 1999, est la plus vaste de Grande Bretagne fournissant assistance, assurances et formations aux automobilistes. Elle s'étend à divers pays du Commonwealth et, tout comme Michelin, publie un guide de restaurants très populaire. Un peu d'insert publicitaire n'a jamais fait de mal !

Le même routemaster passe pas mois de quatre fois devant le domicile du juge, avec à chaque fois une publicité précisant  « Ty-phoo : puts the T in Britain !». il s'agit en effet d'une marque de thé très populaire en Grande Bretagne, remontant à 1903 et dont le nom provient de l'équivalent chinois pour « docteur ». Un peu d'insert publicitaire n'a jamais fait de mal ! (bis)

Tout comme dans Le Complot, également réalisé par Roger Moore, l'épisode nous fait découvrir de nombreux sites londoniens : Abercorn Place, Hamilton Terrace, Trafalgar Square, Alliotsen Road, Boundary Road, Charlbert Street, St John's Terrace, Queen's Grove, Townshend Road... (Source : Avengerland).

D'une manière  amusante, l'un des meilleurs épisodes d'Au cœur du complot (Like Water for Octane) se déroule d'une manière très similaire, le carburant de synthèse se voyant cependant remplacé par... la voiture à eau ! L'invention sera pareillement détruite car « le monde n'est pas prêt ».

Acteurs – Actrices

Nicola Pagett (1945) est née en Egypte. Lors d'une représentation au théâtre de What the butler saw en 1995, son comportement anormal révéla une grave dépression qui la conduisit à l'hôpital psychiatrique. Elle en est sortie et a écrit un livre relatant cette expérience, Diamonds behind my eyes en 1998. Elle a tourné dans Destination Danger, L'Homme à la Valise, Upstairs Downstairs (série à succès outre-Manche), Regan et la mini série Anna Karenina…Sa dernière apparition à l'écran date de 1999. Dans le Monde des Avengers, elle incarne l'inoubliable Adriana de Un dangereux marché.

Leo Genn (1905-1978) débuta sa carrière théâtrale dans les années 30. Il se fit connaître au cinéma par des adaptations à succès de pièces du répertoire. Il fut proposé à l'Oscar pour son rôle de Petronius dans Quo Vadis (1951) et demeure une figure importante de la scène anglaise. Sa participation à Amicalement vôtre fut l'une de ses très rares apparitions au petit écran.

Deborah Moore (1963) réalisa ici ses débuts d'actice, avant de poursuivre sa carrière au cinéma (Chaplin, 1992) et à la télévision (Des jours et des vies, Rome, Sherlock...). Elle apparut très brièvement en hotesse d'avion dans Die Another Day (2002).

Madeline Smith (1949) débuta dans le mannequinat. Durant les années 60 et 70 elle tourna dans plusieurs comédies et productions de la Hammer, (The Vampire Lovers, 1970). Elle compte parmi les actrices les plus populaires de cette maison, notamment pour ses formes généreuses. Madeline Smith eut l'honneur de jouer la première conquête du 007 de Roger Moore, au début de Vivre et laisser mourir. Elle se retira au début des années 80.

Anouska Hempel (1941) se fait connaître dans les films de la Hammer (The Kiss of the Vampire, 1963), avant de devenir l'une des Anges de la Mort de Blofeld dans Au Service Secret de Sa Majesté (1969). Elle participe également à Department S, UFO, Cosmos 1999, Le retour du Saint... Elle fut une candidate malheureuse au rôle de Jo Grant, l'une des Faithful Companions du Docteur les plus réputées. Devenue, en 1980, Lady Weinberg par son mariage avec le richissime Sir Mark Weinberg, Anouska Hempel s'est reconvertie avec succès dans les affaires : chaîne d'hôtels et design de boutiques de luxe ou de vêtements, notamment pour la famille royale. Cette figure de la haute société londonienne est surnommée "Nounou" par ses proches.

Valerie Léon (1943) connut une carrière riche en seconds rôles et en spots publicitaires (Hai Karate). Elle apparut dans  L'espion qui m'aimait (1977) et Jamais, plus jamais (1983), mais aussi The Italian Job, La malédiction de la Panthère Rose ou la série de films humoristiques Carry On. Dans No Sex, Please, We're British (1973), elle fait équipe avec Margaret Nolan, autre Persuader Girl et vedette des Carry On. Elle fit également sensation en reine égyptienne dans une production de la Hammer, Blood from the Mummy's Tomb (1971). Cette actrice particulièrement attractive incarne Betty dans George et Fred (saison 6 des Avengers).

Séquence culte: À plat 

Séquence culte: La Reine de l'Espace

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19. UN PETIT COIN TRANQUILLE
(A HOME OF ONE'S OWN)

Diffusion: 31 décembre 1971

Scénario: Terry Nation

Réalisation: James Hill (1919-1994) a réalisé neuf épisodes des Avengers, des la saison 4 jusqu'aux New Avengers. Il a aussi travaillé pour Le Saint et Worzel Gummidge (avec Jon Pertwee), ainsi que pour plusieurs films (Le capitaine Nemo et la ville sous-marine, 1969).

Distribution: Hannah Gordon (Lucy Scott), John Ronane (Rupert Hathaway), Leon Greene (Abel Gaunt), Michael Wynne (Le policier), Talfryn Thomas (le villageois), Michael Sheard (John Walden)

Résumé:

Grâce à une opportunité, Danny fait l'acquisition d'une « maison de caractère » située au cœur de l'Angleterre profonde.  Il y invite Brett, qui découvre en fait une masure dans un état abominable, inhabitée depuis des années. Tandis qu'il va s'installer à l'auberge d'un village voisin, Danny, toujours enthousiaste, débute les réparations. Mais voici que se déroulent d'inquiétants évènements laissant percevoir que la maison est maudite, tandis que le nobliau local fait pression sur Danny pour qu'il lui cède la propriété. Pendant ce temps, Brett fait la connaissance de Lucy, une prétendue photographe d'oiseaux, semblant elle aussi très intéressée par la demeure de Wilde. Après diverses péripéties ,il apparaît que le supposé noble dirige en fait un gang de faux monnayeurs installés dans le sous-sol de la maison et que les évènements fantastiques ne servaient qu'à écarter les curieux. Lucy travaille en fait pour la police. Elle et les Persuaders finissent par triompher des bandits mais Danny n'est pas pour autant au bout de ses peines !

Critique de Estuaire44:

Un petit coin tranquille s'avère une vraie pépite d'humour et de suspense, en premier lieu grâce aux Persuaders eux-mêmes. Ces derniers s'avèrent très en forme, avec un Danny à l'enthousiasme quasi enfantin, refusant de se laisser atteindre par les sous-entendus de son ami nettement plus réaliste et blasé. Les dialogues crépitent comme rarement, avec ces piques d'humour à froid que s'entend si bien à décocher le Lord Anglais (« - On commence la visite, tu vas être surpris ! -Oh, plus maintenant. »). Tony Curtis étincelle véritablement sur ce registre de pure comédie à la Billy Wilder, voyant son personnage faire face avec le sourire à l'accumulation des pires catastrophes, toujours plus loin dans le déni absurde du réel. L'habile scénario de Terry Nation tire le meilleur profit des différences existant entre un Brett, plus réaliste et meilleur connaisseur des psychologies locales, et un Danny revivant l'épopée pionnière de la Frontière. L'auteur va d'ailleurs jusqu'à lancer un léger pastiche de Western fort distrayant, tout en évitant soigneusement de ridiculiser l'Américain : son labeur force le respect et l'on observe parallèlement que Lord Sinclair ne se montre guère véloce à aider son ami dans un chantier si salissant et, comment dire, si plébéien.

En dehors de cette parfaite mise en avant du duo vedette, l'intrigue exploite joliment un thème qui ne sera sans pas évoquer Le Mort Vivant aux amateurs des Avengers. A la différence que l'arnaque au surnaturel ne dissimule pas une gigantesque base ennemie souterraine, mais, réalisme accru oblige, un simple atelier de fausse monnaie ! Les différents rebondissements s'enchaînent sans ralentir, leur parfait minutage autorisant un vrai suspens jusqu'à la révélation intelligemment retardée du pot aux roses. On pourrait regretter que le récit ne détaillat pas davantage de spécimens de la faune locale, mais, à tout prendre, l'on préfère nettement que cela ne grève pas le temps imparti aux protagonistes et au déroulement des évènements. Il faut savoir choisir et Nation démontre également son métier sur ce point.

L'auteur se voit relayé avec éclat par l'excellente mise en scène de James Hill, celui-ci renouant avec le sens du spectaculaire mais aussi de l'optimisation d'un décor qu'il a si souvent démontré dans Chapeau Melon. Il crée ainsi une introduction aussi forte que déroutante, s'affranchissant des canons de la série pour viser le Fantastique. Eléments gothiques, pentacle, emblématique corbeau d'Edgar Allan Poe, on retrouve ici, parfaitement synthétisée, l'esthétique des films de la Hammer ou de Roger Corman. Par les multiples gags qu'elle occasionne (cette barrière !), mais aussi son influence directe sur le récit (souterrain, escalier effondré, puits…), la maison occupe une place centrale. Le réalisateur de Caméra Meurtre parvient de nouveau à élever de manière enthousiasmante le décor au rang de héros à part entière de l'histoire, jusqu'à une tonitruante conclusion évoquant cette fois La Chute de la Maison Usher !  Certains à-côtés parachèvent le succès de Un petit coin tranquille, comme l'amusante superposition des rêveries de Danny sur une morose réalité, de jolis plans de la campagne anglaise ou d'efficaces scènes d'action, notamment lors du final.

En dehors des hommes de mains solidement campés par leurs interprètes, l'épisode, déjà si riche par ailleurs, ne développe véritablement que deux personnages secondaires. Rupert se montre odieux et suffisant à souhait, il représente vraiment le méchant que l'on adore jouissivement détester. Mais l'on retiendra surtout l'adorable et tonique Lucy, jouée avec beaucoup d'allant et de naturel par une Hannah Gordon s'entendant à merveille avec Roger Moore. Quoiqu'elle demeure parfaitement féminine, son caractère plus affirmé qu'à l'ordinaire et sa part active prise dans l'action tranche avec la norme des Persuaders Girls. A croire que Terry Nation et James Hill n'ont pas tout oublié de leur passage dans le Monde des Avengers !

Avis de Denis Chauvet:

Celui-là n’était pas dispo sur le site Lookiz (sur lequel j’ai visionné la série en 2010). J’avais revu des extraits en allemand lors du réveillon de Noël 2007 (ils ont encore des programmes corrects outre-Rhin pour les fêtes) mais je n’avais pas dû revoir l’épisode en entier depuis une bonne vingtaine d’années. Il fut diffusé en Angleterre pour la St Sylvestre 71.

C’est un des meilleurs de la série, même si j’avais oublié l’intrigue des faux billets. La bâtisse en ruine à retaper fait partie des grands moments de la série, et le one-man-show de Curtis/Wilde est inoubliable. On y trouve un subtil mélange de sérieux, parfois d’angoisse dans la séquence pré-générique, et d’humour (même d’extravagance dans le final). On n’oublie pas la fameuse marche de l’escalier, qui sera d’un grand secours, le puits, qui mène au souterrain, le géant à la hache, et l’hilarant tag final. On retrouve les traits de caractère du début d’Un enchainement de circonstance, avec Brett attaché à son confort, et Danny à la nature.

L’Ecossaise Hannah Gordon (Lucy) est une participante sympathique et active, et elle s’intéresse aux oiseaux (un rappel de La poussière qui tue de Chapeau melon), et le Gallois Talfryn Thomas, une trogne des Avengers, se distingue dans une grande scène au pub avec Brett. Il apparaît au générique comme ‘poacher’ (braconnier), ce qu’il est déjà dans Dans sept jours le déluge ; les deux rôles présentent de nombreuses similitudes, en particulier dans les répliques avec la même intonation (en VO, of course) sur l’endroit infréquentable : « oh, that’s a bad place, Sir, a bad place… I’ve seen things, and sounds I’ve never heard before».

C’est impossible de ne pas apprécier cet épisode. Pour la petite histoire, avec le HD, on s’aperçoit que la bouteille de vin sur la table de Wilde est du Pouilly. La meilleure scène est lorsque Danny, à pied, rend visite à son voisin, monté sur son cheval. 

Infos supplémentaires:

Danny a acheté sa bicoque 25 000 dollars de 1971, chiffre que l'on peut multiplier pas 6 pour obtenir l'équivalent actuel, soit 150 000 dollars !

Comme de coutume dans la série, la forêt représentée est celle de Black Park Lake. La masure de Danny a depuis été détruite. (Source : Avengerland)

La voiture tout terrain de Danny est une Land-Rover 88 série II. Ce modèle central de la marque, dont la première version remonte à l'immédiat après guerre, est aperçu dans de nombreux films ou séries, comme Les Dieux sont tombés sur la tête ou Daktari.

Acteurs – Actrices

Hannah Gordon (1941) est une actrice écossaise connue principalement pour ses participations à Upstairs, Downstairs, Dr Who et My wife next door. Tout en apparaissant régulièrement au théâtre, elle est également animatrice de télévision et lectrice de littérature à la BBC.

John Ronane (1933) se produit toujours activement sur scène. Il a participé à Z Cars, Dixon of Dock Green, Le Saint, Department S, The Persuaders!, The Sweeney, 1990, All Creatures Great and Small, Juliet Bravo, Howards' Way … Dans Chapeau Melon, il apparut dans Le village de la mort et L'homme au sommet.

Leon Greene (1933) est un chateur d'opéra occasionnellement acteur. Il a ainsi joué dans la série de films humoristiques Carry On.

Michael Wynne (1932) n'a fait qu'une apparition chez les Avengers (Pongo dans L'héritage diabolique), mais a tourné dans de nombreuses séries à succès : Le Saint (trois épisodes), Les Champions, L'Aventurier, Colditz, Les Mémoires de Sherlock Holmes, Wycliffe.

Talfryn Thomas (1922-1982) est un acteur gallois, connu sous le pseudo "Talf the Teeth" à cause de son physique ingrat. Il a participé à de nombreux shows radiophoniques de la BBC et à des productions tournées au pays de Galles, dont un épisode du Saint. Il a participé à Dans sept jours le déluge, et à Clowneries. Il est décédé d'un arrêt cardiaque.

Michael Sheard fut le célèbre Amiral impérial étranglé à distance par Dark Vador dans L'Empire contre-attaque (1980), mais également Adolf Hitler dans Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989).

Séquence culte: Visite chez le voisin 

Séquence culte: Visite du propriétaire

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20. L'UN ET L'AUTRE
(THAT'S ME OVER THERE)

Diffusion: 3 décembre 1971

Scénario: Brian Clemens

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Geoffrey Keen (Thaddeus Krane), Suzan Farmer (Ann Summers), Allan Cuthbertson (Colonel Wright), Juliet Harmer (Prune), Terence Edmond (Cliff Turner), Neil Hallett (Prentice), Derek Newark (Lloyd), Patrick Newell (gros homme à la salle des ventes).

Résumé:

Deux employés du magnat Thaddeus Krane, écœurés  par sa malhonnête et sa cruauté, font filtrer des informations compromettantes à Lord Sinclair. Celui-ci fait alors revenir le Juge Fulton à Londres, envoyant Danny à a rencontre à l'aéroport. Les deux informateurs s'apprêtent en effet à lui livrer une information capitale. Mais l'un d'entre eux est découvert puis tué. La rescapée, Ann, détient cependant un enregistrement devant être remis à Brett lors d'enchères d'œuvres d'art. Mais Kane remonte la filière et fait enlever Lord Sinclair. Le Juge et Danny n'ont plus d'autre choix que de tenter de faire passer ce dernier pour Sinclair, afin qu'Ann, qui ne connait celui-ci que téléphoniquement, leur remette l'objet. Brett s'évade et tous les divers protagonistes de l'histoire se retrouvent pour un chassé-croisé se déroulant aux enchères, d'autant que l'amie de Brett, Prune, se joint elle aussi à la danse. Finalement les Persuaders et le Juge finissent par mettre hors d'état de nuire Kane et ses hommes de main, tout en récupérant les fameuses révélations.

Critique de Estuaire44:

Ce nouvel épisode signé Brian Clemens commence par inquiéter durant sa première partie largement dominée par un total classicisme. On se trouve en effet confronté à une histoire d'espionnage des plus banales, recourant à de nombreux poncifs  passablement éculés. (la caméra, le sérum de vérité, l'indicateur…). Certains effets paraissent de plus singulièrement datés, comme l'emphase du vocabulaire utilisé pour décrire le méchant. De plus on reste confondu par l'amateurisme navrant des Persuaders (notamment Sinclair se faisant cueillir comme une fleur), qui, à ce stade de la série, ne peut résulter que d'un procédé trop visible pour mener au second temps de l'histoire. L'effet en reste mal réglé, notamment vis-à-vis de leur efficacité au combat. Il reste également étonnant qu'un homme d'affaires comme Danny ne connaisse pas un gros poisson comme Kane. L'ensemble ressort certes majoritairement bien interprété et réalisé, (à l'exception du médiocre Terence Edmond), mais, même avec son métier, on se demande bien où désire aller l'auteur avec ce récit passablement sordide, en rupture de ban avec l'humour léger d'Amicalement vôtre.

Mais ce fin joueur qu'a toujours été Brian Clemens abat ensuite ses cartes avec une grande habileté, lors d'une seconde partie transformant le pensum en un vaudeville joyeux et enlevé, organisé autour de la vente aux enchères. Les allées et venues ,parfois aux limites du besogneux, de la première partie se justifient enfin (même si trop longues) car autorisant l'emploi de l'idée maitresse de l'épisode, Danny Wilde se faisant passer pour Lord Sinclair. Le génie humoristique de Tony Curtis rend le procédé irrésistible, tant par ses mimiques que par le pétillement des dialogues (« - C'est assez facile de jouer les Brett, il suffit de faire le vide dans sa tête ! » « Par St Georges, il a compris ! »). Une autre source d'amusement provient de la découverte du juge plongé en plein cœur de l'action, le vieux lion encore rugissant faisant plaisir à voir, d'autant que le duo formé avec Danny se montre épatant tout du long.

On demeure un peu plus circonspect sur Brett pastichant à son tour Wilde, sans doute l'aspect extraverti de ce type d'humour ne convient-il pas tout à fait à Roger Moore. Fort heureusement, tout feu, tout flamme, la peu rancunière Prune (Un drôle d'oiseau) ressurgit à point nommé sous la plume de Clemens pour former un autre duo gagnant et électriser encore davantage l'atmosphère. L'impression d'accélération que produit alors le récit atteint alors son point optimal, Clemens jouant fort habilement des codes de la série tout en menant l'action à un train d'enfer. Les amateurs des Avengers ressentiront un vif amusement en découvrant le costume librement inspiré de John Steed (version 70's) que revêt Danny pour singer un aristocrate anglais. Mais aussi une pointe de véritable émotion également quand Clemens fait appel à son vieux complice Patrick Newell pour des retrouvailles brèves mais fort réussies avec le simili gentleman.

L'alerte caméra de Leslie Norman s'avère également un précieux atout pour l'épisode, accomplissant des plans londoniens fort suggestifs (vues de St-Paul ou de la Garde équestre sur le Mall) et de toniques affrontements (les Anges et Brett contre ses kidnappeurs, duel contre le Colonel, poursuite automobile, combat final…). Il parvient également, aidé par un nouveau superbe et vaste décor d'Harry Pottle, à reconstituer l'atmosphère si particulière d'une salle d'enchères. On observe que, si à l'issue des The Mautitius Penny, Steed se retrouve avec une quantité de timbres sur les bras, l'infortuné Lord Sinclair écope lui d'un énorme sarcophage à trente mille Livres, lors d'un tag final des plus réussis. Voilà qui lui apprendra à frayer avec l'ancienne colonie…

Laurence Naismith se régale avec ce juge prenant l'action à bras le corps et son joyeux tandem avec Tony Curtis constitue l'une des clefs de la réussite de l'épisode. Kane et ses sbires ne s'extirpent pas d'une caricature assez convenue, mais comme ils servent essentiellement de justification à la comédie endiablée se déroulant dans la seconde partie de l'épisode, cela ne tire que partiellement à conséquence. De plus des acteurs vétérans comme Geoffrey Keen, Allan Cuthbertson ou Derek Newark (ces deux derniers biens connus des amateurs des Avengers) leur confèrent une authentique solidité. Par contre Ann ne produit aucune réelle étincelle, demeurant sur le registre appliqué de la première partie du récit et ne se joignant jamais réellement à la fête par la suite. Le jeu, certes juste, de Suzan Farmer paraît d'ailleurs aussi terne que le personnage lui même.

Celle-ci souffre terriblement de la concurrence de la flamboyante Prune à qui la sublime et très sensuelle Juliet Harmer apporte une flamme remarquable. Après son intervention déjà réussie dans Un drôle d'oiseau, voici qui avive les regrets de ne l'avoir découverte davantage au fil de la série. On retrouve toute la griffe de Clemens dans le rôle de cette femme forte, autonome et affirmée, n'hésitant à plonger dans l'action pour voler à la rescousse du héros masculin. Par contre, Clemens bute à son tour sur une règle non écrite, mais clairement spécifiée ici (« Ne jamais confier une arme à une Dame ») selon laquelle une femme ne sera jamais autorisée à se battre dans Amicalement vôtre. Avec Prune il aura néanmoins réussi à développer, autant que possible dans ce cadre, son propre concept d'héroïne, avec une écriture scénaristique fort intéressante à suivre.

Avis de Denis Chauvet:

L’épisode reste dans les mémoires pour la longue séquence vaudevillesque à la salle des ventes, où Danny se fait passer pour Brett Sinclair afin qu’on lui remette une pellicule photo. Tous les personnages-clés de l’histoire se retrouvent sur ces lieux, sauf le juge, pourtant très présent dans cette aventure, et on a même le plaisir de voir très rapidement Patrick Newell. On assiste à un excellent retour de Prune/ Prue, la copine du Lord de l’épisode parisien, qui vient en aide à son ami dans une manœuvre automobile audacieuse. Une présence courte, mais Juliet Harmer est bien plus convaincante que Suzan Farmer, assez terne, et loin de son interprétation d’une superbe manipulatrice machiavélique en bikini dans un épisode de Thriller, resté inédit en France.

A part le passage des enchères – un incontournable best off de la série–, le reste est conventionnel. Brett est contacté par un employé de Thaddeus Krane, un impitoyable milliardaire, mais l’imprudent n’a pas vu la caméra, et il se fait balancer dans le vide par des hommes de main (excellent passage sur les toits où on remarque St Paul’s en arrière-plan). Il a néanmoins eu le temps de confier la preuve, un film, à sa petite amie, Ann Summers (Suzan Farmer). L’enlèvement du lord par les infirmiers meuble un peu, malgré le réveil cocasse de Sinclair devant l’ange et la croix, et prépare à la scène de l’épisode, mais on se demande pourquoi Ann s’obstine à téléphoner du bureau de son patron, acte plutôt ridicule, et la pseudo bagarre Wilde/Sinclair est grotesque.

Les passages à l’appartement de Brett permettent des répliques croustillantes, et les seconds rôles sont plus prépondérants qu’à l’accoutumée. On a droit à des rappels d’aventures précédentes (Wilde/le tigre et la goutte de Fulton) et la momie à £30 000 est un excellent tag. La phrase pour Wilde : ‘C’est assez facile de jouer les Brett. Il suffit de faire le vide dans sa tête’, ce qui sonne mieux que dans la VO (‘Think ugly’).  ‘Definitely a woman’ – ‘il n’y a pas de doute, c’est une femme’ -, est également une bonne réplique, impossible aujourd’hui…

Infos supplémentaires:

Tout comme dans Un drôle d'oiseau, le prénom Prue est remplacé par Prune en version française.

La demeure ont sont retenus Danny et Susan est une vaste ferme située dans les environs immédiats des studios de Pinewood, The Coachhouse. (source : Avengerland)

La superbe propriété où se déroulent les enchères se situe également à proximité des studios, à Langley Park.

En se rendant chez Brett, le juge et Danny passent par The Mall, à proximité du mémorial dédié à la reine Victoria, puis du Palais de Buckingham. The Mall est la voie monumentale donnant accès au Palais depuis Charing Cross et servant à de nombreuses cérémonies officielles. C'est également là que se déroulent les célèbres relèves de la Garde. Le Victoria Memorial (1911) se compose d'un colossal socle ayant nécessité 2 300 tonnes de marbre blanc, supportant une statue de la Reine surplombée par des bronzes représentant la Vérité, la Justice, et la Charité, la Victoire couronnant l'ensemble.

L'immeuble de Krane est en fait le Faraday Building, sur Queen Victoria Street. Il contient le tout premier central téléphonique ouvert à Londres, en 1902. Il desservait le Trésor, le cabinet de Guerre et Fleet Street. Le bâtiment obscurcissant la vue de St Paul depuis la Tamise, son édification fut à l'origine d'une réglementation empêchant les immeubles ultérieurs de porter atteinte aux perspectives donnant sur la cathédrale.

La pimpante voiture de sport de Prune est une Morris Garages de type B (ou MG B, remplaçant la MG A). Ce grand succès de la marque fut construit à environ 500 000 exemplaires de 1962 à 1980 et constitue un exemple réputé de l'art de la carrosserie anglaise. Cette monocoque au design très moderne pour l'époque lui autorise un poids réduit et un puissant châssis, pour une conduite effectivement très nerveuse.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint…

Geoffrey Keen (1916-2005), ancien de la RADA et de la Royal Shakespeare Company, interpréta le Ministre de la Défense Frederik Gray dans cinq James Bond, de 1977 à 1987. Il participe également à L'Ile au Trésor, Dr Jivago, Sacco et Vanzetti… A la télévision, il joue dans Le Saint, Z Cars, Destination Danger

Suzan Farmer (1942) est une figure coutumière de la télévision britannique (Le Saint -4 épisodes- Destination Danger, UFO, L'Homme à la valise, Thriller…), comme des films de la Hammer (Les Pirates du Diable, Dracula prince des ténèbres, Rasputin…). De 1965 à 1968, elle fut l'épouse d'Ian Mc Shane.

Allan Cuthbertson (1920-1988). Né en Australie, il est arrivé en Angleterre en 1947. Il joua dans quatre épisodes de Chapeau melon : The deadly air, Mort en magasin, La porte de la mort et Le document disparu. Il participe également à Jason King, Le Saint, Les Champions....

Juliet Harmer (1943) incarnait déjà Prue/Prune dans Un drôle d'oiseau. Dans Un voyage sans retour, elle joue Jill Manson, la fausse directrice d'école. Si elle participe à d'autres séries (Destination Danger, Jason King, Department S…), elle reste avant tout remémorée pour le rôle récurrent de Georgina Jones dans Adam Adamant Lives ! (1966-1967), série conçue par la BBC comme réplique aux Avengers.

Neil Hallett, décédé en 2005, a joué dans de nombreuses séries britanniques : Le Saint, Département S, Les Professionnels, Le Retour du Saint, Bergerac… Il compte cinq participations à Chapeau Melon : Dead of winter, Le Vengeur Volant, Les évadés du monastère, Visages et Steed et la voyante (The New Avengers).

Derek Newark (1933-1998) a participé à trois épisodes Chapeau Melon : Le cheval de Troie, Bons baisers de Vénus et Étrange hôtel. Il fait également de nombreuses apparitions dans des séries britanniques : L'Homme à la Valise (deux épisodes), Le Saint (deux épisodes), Les Champions, Département S, Paul Temple, Poigne de Fer et Séduction, Mission Casse-Cou. Il apparaît également dans le mythique premier épisode de Doctor Who : An Unearthly Child (1963).

Séquence culte: Aux enchères comme un Lord 

Séquence culte: Prune à la rescousse

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21. DES SECRETS PLEIN LA TÊTE
(READ AND DESTROY)

Diffusion : 28 janvier 1972

Scénario : Peter Yeldham (1927), d'origine australienne, s'installa en Grande Bretagne au début des années 60 et écrivit pour No Hiding Place, Police Surgeon, Ghost Squad… En 1973 il retrouva en Australie et se consacra à des productions locales., ainsi qu'à des romans.

Réalisation : Roy Ward Baker (1916-2010) fut un important metteur en scène britannique. Au cinéma il réalisa notamment A Night to Remember, avec Honor Blackman, qui lui valut un Golden Globe en 1958. Durant les années 50 il exerça à Hollywood, dirigeant ainsi Marilyn Monroe dans Troublez-moi ce soir (1952). Durant les années 60 il se consacra à la télévision anglaise, participant à nombreuses séries de l'époque. Il tourne ainsi 8 épisodes pour The Avengers et 18 pour Le Saint. Par la suite Roy Word Baker  devint également un  réalisateur régulier pour les films d'horreur de l'Amicus et de la Hammer. Il dirige quatre épisodes d'Amicalement vôtre : Les Pièces d'Or,  L'Héritage Ozerov, Quelqu'un dans mon genre et Des secrets plein la tête.

Distribution: Nigel Green (John Cavendish), Joss Ackland (Felix Meadowes), Magda Konopka (Ingrid), Kate O'Mara (Heidi), George Merritt (Chivers), Liot Sullivan (Joe Pfeiffer), William Mervyn (Sir Charles Worthington).

Résumé:

Felix Meadowes, un agent occidental capturé et récemment échangé contre un autre du bloc de l'Est, échappe à ses supérieurs. Il veut publier ses très embarrassantes mémoires, récolter l'argent et s'évanouir dans la nature. Pourchassé par différentes organisations, y compris deux épouses agissant de concert, il trouve refuge chez Lord Sinclair, un camarade d'études. Celui-ci l'envoie dans la résidence campagnarde d'un cousin absent, mais se voit à son tour contacté par les agents anglais, dirigés par Cavendish. Ceux-ci font pression sur lui pour qu'ils récupèrent le document, tandis que les Américains procèdent de même avec Danny. Un jeu du chat et de la souris se met en place chez le cousin de Brett, d'autant que les deux épouses et les soviétiques s'en mêlent et que Cavendish agit pour son compte. Finalement les Persuaders parviennent à s'emparer des mémoires de Meadowes et à les détruire.

Critique de Estuaire44:

Dans une étonnante mais implacable symétrie, Des secrets plein la tête échoue partout là où L'un et l'autre avait triomphé. Non seulement la greffe entre les codes de la série et ceux  l'espionnage ne prend pas, mais même ce dernier  aspect apparaît d'une rare indigence. Le précédent épisode offrait en effet un récit certes balisé, mais non déplaisant à suivre, en tout cas solidement bâti. Ici l'on se contente de l'accumulation poussive de quelques clichés à l'étonnante pauvreté, comme ce sempiternel échange de prisonniers, lesté d'une évasion déconcertante de facilité et de commentaires des plus plats. Les différents représentants des services secrets se montrent sans saveur, hormis Cavendish, grâce au talent indéniable de Nigel Green, mais l'on devine à des kilomètres qu'il est le félon. Les petites musiques nationales les accompagnant, un procédé enfantin, ne fait que souligner leur manque de personnalité intrinsèque. La maladresse hors normes du tireur finit également par irriter, tout comme l'écart existant entre la pauvreté de l'action et la multiplicité effarante des personnages. On assiste à un théâtre d'ombres se cantonnant à de simples silhouettes.

La mise en scène absolument statique de Roy Ward Baker achève de générer un ennui épais et sans rémission, qu'aucune des si prévisibles péripéties ne vient interrompre : chat qui apparaît justifiant le bruit, les allées et venues épuisantes, la course poursuite ressemblant à un Benny Hill asthmatique, le mistigri des mémoires prolongé jusqu'au ridicule (la fameuse publication tient sur deux pages). De nombreux personnages disparaissent sans que l'on sache trop ce qu'ils deviennent et Peter Yeldham ne se donne même pas la peine d'écrire un tag final digne de ce nom. L'on reste tout surpris que le pensum soit ainsi achevé, mais pas ravi pour autant. Le pire reste peut-être les deux plus insignifiantes Persuaders girls rencontrées jusqu'ici. Elles ne nous valent que des dialogues ineptes (soit la marque de l'épisode) et prises de poses manquant totalement de naturel. Passe encore pour le talent quasi inexistant de la sculpturale Magda Konopka mais sous-employer ainsi Kate O'Mara avoisine la faute professionnelle. L'idée consistant à pimenter la traditionnelle rivalité existant entre les Persuaders en les faisant employer par leurs services secrets respectifs ne fonctionne guère, ne produisant que des valses hésitations répétitives et tournant vite court. Moore et Curtis n'ont jamais matière à briller.

Seuls surnagent les superbes extérieurs anglais, parcs ou forêts, qui enchantent l'œil à travers le néant de la narration. Le personnage de Chivers recueille également les suffrages, grâce à son profil enfin soigné et au métier savoureux  de George Merritt. Ce pastiche des majordomes anglais divertit tout au long de l'épisode mais le découvrir en ancien cambrioleur recyclé tient également du cliché. Des secrets pleins la tête restera décidément  jusqu'à son terme une version poussive et sans talent des Tontons Flingueurs, Chivers faisant écho au très « anglais » Jean, incarné par Robert Dalban. Devant l'inanité de l'action on pourra également pendre le temps d'admirer le savoir faire d'Harry Pottle, ses décors développant un subtil alliage entre moderne et médiéval, d'un goût exquis.

Avis de Denis Chauvet:

J’appréhendais de revoir cet épisode ; pourtant, il n’est pas si catastrophique que cela, bien meilleur qu’Ozerov et le suivant, Zorakin. Il est certes moyen (2 bottes), parfois ennuyeux et daté, mais il conserve de bons passages (le stade, la chasse aux cerfs), des pointes d’humour (‘Vous tirez encore sur vos gens dans cette région’) et de beaux décors (naturels et studio déjà vus dans Le lendemain matin). Cette comédie sans prétention marque une nouvelle fois la rivalité anglo-américaine sur fond d’espionnage. Nos deux héros doivent mettre la main, pour leurs pays respectifs, sur les mémoires de Felix Meadowes, un espion réputé, mais ils ont de la concurrence avec les Soviétiques et les deux charmantes épouses de l’agent, entre autres.

L’intrigue est banale et même bancale (le véritable final est un ratage total), les seconds rôles ne sont pas inoubliables : Meadowes/Ackland ne convainc pas – il est bien loin de sa superbe prestation des Hêtres Rouges de la série Sherlock Holmes - et Cavendish/Green est caricatural ; pas mieux pour le Russe enfermé dans la buanderie,  avec le chat Cléo, et l’exécutif à moto qui s’empare facilement…des bottins de Londres ! Heureusement qu’il y a les ‘troisièmes’ rôles pour relever l’ensemble, le butler et les deux belles épouses cupides de l’espion. A noter les quelques vues de Londres (Trafalgar Square de nuit et Big Ben sous la pluie), la campagne hivernale (et la séquence dans les bois, la meilleure de l’épisode), la faute d’allemand : ‘Sie betreten den DDR’ (‘den’ au lieu de ‘die’), et l‘adaptation de la différence d’accent sur ‘ancestors’ par deux mots dans la VF (aïeuls, ancêtres).  

Infos supplémentaires:

L'épisode fait l'objet d'une présentation en voix off, pour la première fois depuis le  début de la série. Joe Pfeiffer agit en tant que narrateur.

Les bureaux de Cavendish donnent sur Great George Street. Entre Queen Anne's Gate, St Jame's Park et le Palais de Westminster, cette rue se situe au cœur de la Cité de Westminster. Elle contient de nombreux magasins de luxe, ainsi que de prestigieux théâtres et restaurants. On peut y trouver le Cabinet de guerre de Winston Churchill, transformé en musée sous-terrain

En se rendant à son domicile, Lord Sinclair circule sur Trafalgar Square, passant à côté de la Colonne de Nelson.

La résidence du cousin de Brett est en fait Osterley Park, déjà aperçue dans Le lendemain matin.

L'entrée de cette résidence est représentée par la grille d'accès à Heatherden Hall, déjà vue dans Sept millions de Livres.

Comme à l'accoutumée, les scènes de forêt se déroulent à Black Park Lake.

On retrouve une nouvelle fois le fourgon Modèle H de Citroën, après Minuit moins huit kilomètres et Une rancune tenace.

Le terrain de football aperçu est celui du club de Watford, dans la banlieue Ouest de Londres. Fondé en 1881, il  atteint son zénith en ce début des années 70, avec une montée en division 2 et la participation à une demi-finale de la coupe après une victoire contre Liverpool (1970). Le club, présidé durant 25 ans par Elton John, a depuis connu un parcours plus en dents de scie.

Acteurs – Actrices

Nigel Green (1924-1972) estun  acteur britannique ctrès onnu dans les années soixante. Il a joué dans Zoulou – Ipcress, danger immédiat – La lettre du Kremlin entre autres (ainsi que dans Le Vengeur Volant et Brouillard). Il est décédé d'une overdose de somnifères alors qu'il accédait au rang de star.

George Merritt (1890-1977) a souvent joué des rôles d'inspecteurs au début de sa carrière dans les années 30. Il a joué vers la fin de sa vie dans les séries cultes britanniques Le Prisonnier et Chapeau Melon (Rien ne va plus dans la nursery).

Joss Ackland (1928) est un des meilleurs acteurs britanniques de ces cinquante dernières années. Il a débuté dans les années 50 et il a joué dans 115 films, des centaines de pièces et participé à de nombreuses séries dont Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Regan, Les Aventures de Sherlock Holmes et un épisode de L'Inspecteur Barnaby en 2006. Il reçut le titre de Commander of the British Empire en 2000. Il incarne le Brigadier Hansing dans Le Matin d'Après.

Kate O'Mara (1939) fait ses débuts au théâtre dans Le Marchand de Venise (1963) et elle tourna dans des films d'horreur de la Hammer au début des années 70. Elle se concentra sur le théâtre et la télévision (Destination Danger, Le Saint – trois épisodes, Les Champions, Département S, Paul Temple, Jason King, Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Mission Casse-Cou, Dynasty, Dr Who, Absolutely Fabulous…). Elle a fondé une compagnie théâtrale dans les années 80 et elle a écrit deux livres au début des années 90. Dans Le Visage, elle interprète Lisa.

Magda Konopka (1943) appartient à une importante famille de la noblesse polonaise. Elle débuta comme mannequin, avant une carrière d'actrice limitée aux années 60 et 70, où elle tourna beaucoup en Italie. Elle participe à Destination Danger, Jason King, Department S, Satanik (1968), Quand les Dinosaures dominaient le Monde (1970)…

Séquence culte: La chasse aux cerfs 

Séquence culte: Rencontre au stade

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22. L'ENLÈVEMENT DE LISA ZORAKIN
(NUISANCE VALUE)

Diffusion : 14 janvier 1972

Scénario : David Rolfe & Tony Barwick

Réalisation : Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Viviane Ventura (Lisa), David Cargill (Patterson), George Murcell (Zorakin), Ricardo Montez (Inspector Santos), George Roderick (Propriétaire de la bodega), Sarah Lawson (Mary), Michael Culver (Kurt), Ralph Bates (Michel)

Résumé: En Espagne, dans l'hôtel où résident Brett et Danny, la jeune Lisa se fait brusquement enlever. Elle est la fille de Zorakin, un homme d'affaires douteux et brutal, avec qui Danny a connu des démêlés par le passé. Wilde se lance à la poursuite des ravisseurs mais se fait capturer. Zorakin est alors certain que c'est lui qui dirige l'affaire en sous main, et propose à Brett d'aller verser la rançon demandée s'il veut prouver la bonne foi de son ami. Lord Sinclair va alors découvrir que Lisa est la complice d'un coup monté, elle et son fiancé Michel prévoyant de s'enfuir avec la rançon. Mais Michel trompe en fait Lisa avec la gouvernante de celle-ci, qui est le véritable cerveau de toute l'affaire. Finalement les Persuaders arrêtent les escrocs et réconcilient le père avec sa fille.

Critique de Estuaire44:

On achève cet épisode avec un grand sentiment de vacuité, tant tout y apparaît dérisoire. L'argument se révèle ainsi d'un simplisme et d'une prévisibilité affligeants. Cette bluette sentimentale doublée d'un suspense à deux sous s'avère incapable de remplir tout un épisode et l'on s'amuse bien vite à noter quand l'auteur tire à la ligne pour atteindre son quota : poursuite automobile inutilement rallongée, redite générale de l'histoire à l'arrivée de Zorakin, luxe de détails pour chaque scène (comme la remise de la valise), verbiage et allers et retours stériles, accumulation de pseudo rebondissements tous plus ineptes que les précédents, humour de mauvaise farce et aux relents machistes… On se demande sérieusement si cet épisode rempli d'inserts évidents, de reprises de tournages précédents ou de scènes d'actions bâclées n'existe pas lui même en définitive uniquement pour en atteindre le nombre requis.

L'argument est si faible qu'il en finit par déteindre sur le couple vedette lui même, réduit à se caricaturer dans cette auto parodie bon marché et sans génie. A aucun moment ni Roger Moore ni Tony Curtis ne semblent intéressés par ce qui se déroule autour d'eux, ils paraissent perpétuellement en figuration. Sans doute ont-ils trop de métier pour se mentir à propos de l'inanité du spectacle. Le pire réside dans la mauvaise qualité de l'interprétation, en rupture complète avec les standards de la série. En particulier Viviane Ventura  et Ralph Bates se montrent réellement mauvais, parvenant à accroitre encore le ridicule de leurs insignifiants personnages. George Murcell démontre une belle énergie mais son rôle s'apparente tellement à une caricature outrée qu'il ne peut en extraire grand chose, de même que les quelques autres comédiens d'expérience perdus dans cette débâcle.

Après les quelques inserts initiaux clinquants de ridicule (plus caricaturaux que le cinéma franquiste des années 60), sous nos yeux éberlués se dresse à nouveau  l'Espagne d'ombre de Le coureur de dot, avec ses routes perdues dans l'ombre, ses villages déserts et figés, son côté hors d'âge, son manque absolu de crédibilité. De nouveau le cachet ibérique fait long feu, la mise en scène de bric et de broc augmentant encore la fâcheuse impression de l'épisode précédent, qlors qu'au moins lui a été tourné tout du long sur les scènes de l'action (mais jamais au sud des Pyrénées). La même perception crapoteuse de l'esprit espagnol se discerne également, avec cet inspecteur de police immédiatement aux ordres du financier brutal et douteux, tel un laquais. Jamais la série n'aurait montré de scène équivalente se déroulant en Angleterre, mais tout ceci doit sans doute paraître délicieusement méditerranéen.

Le seul élément concluant de L'enlèvement de Liza Zorakin demeure son tag final, mis en scène avec à propos et jouant avec ironie de nos indécrottables célibataires. De quoi susciter bien des regrets après ce qui restera sans doute comme l'exploitation la plus faible qui se puisse imaginer du thème de la pauvre petite fille riche. Amicalement vôtre confirme ici un point commun supplémentaire avec Chapeau Melon : quand les épisodes  s'y révèlent mauvais, c'est rarement à moitié. 

Avis de Denis Chauvet:

Le plus faible de la série. L’intrigue est bavarde, bourrée d’invraisemblances, constituée de rebondissements à gogo ridicules plus prévisibles les uns que les autres. Un retour en Espagne de pacotille calamiteux – l’hôtel Don Juan ! - et un épisode sans véritable intérêt. La meilleure séquence est la poursuite nocturne de la Ferrari, mise à l’honneur, avec un panel des airs musicaux de Ken Thorne.

Aucun second rôle n’est en vue et les Persuaders girls sont quelconques. Un faux enlèvement, une petite écervelée hystérique, qui roule comme des bleus Danny et Brett, et un truand grotesque (George Murcell, Needle dans le monde des Avengers). Seuls quelques traits d’humour, et un bon tag final sur le mariage, évitent l’assoupissement. Et ne ratez pas la scène où Wilde prépare des œufs sur le plat avec ses gants…Néanmoins, lorsque je lis dans la critique principale : ‘humour de mauvaise farce et aux relents machistes’, on est en droit de se demander si l’auteur a compris l’essence de la série…

Sinon, je suis d’accord, l’épisode n’est pas bon. Quel contraste avec le suivant ! À  noter que Ralph Bates (Michel), disparu très tôt, était un descendant de Pasteur et que Vivienne Ventura (Lisa) fut la maitresse du sultan de Brunei ! 

Infos supplémentaires:

Plusieurs plans ont été réalisés lors du tournage de Le coureur de dot, dans l'arrière pays de la Côte d'Azur.

Outres les inserts de la ville de Malaga, plusieurs plans censés représenter l'Espagne (dont ceux de l'hôtel Don juan) ont en fait été tournés à Torquay, dans le Devon. Il s'agit d'une importante localité de la côte britannique la plus chauffée par le Gulf Stream, souvent surnommée « Riviera anglaise ». On peut trouver dans cette station balnéaire très courue des plantes méditerranéennes (camélias, figuiers, lauriers, magnolias, myrtes…) et des plages de sable fins pouvant quelque peu évoquer l'Espagne.

Danny pourchasse les kidnappeurs dans les hauteurs espagnoles, mais il s'agit en fait du site de Llanberis, une passe montagneuse du nord du Pays de galles, dans le Gwynedd. Elle se trouve à proximité immédiate du Mont Snowdon, le point culminant du Pays de Galles (1 085 m).

Acteurs – Actrices

Viviane Ventura (1943), d'origine britannique, passa toute son enfance en Colombie. Se prénommant à l'occasion Vivienne, elle partagea par la suite sa carrière entre les deux côtés de l'Atlantique. Elle participe ainsi à Le Saint, Les Mystères de l'Ouest, Les Espions, Max la Menace, Dr Caraïbes... Celle qui fut proche du Sultan de Brunéi et épousa en 1972 un important financier anglais fut également une journaliste mondaine, écrivant pour Hola, Paris Match, Cosmopolitan, The Sunday, Times Magazine...

George Murcell (1925-1998) a surtout joué des rôles dans des séries télévisées : Destination Danger, Le Baron (deux épisodes), Le Saint (trois épisodes), Les Champions (deux épisodes), Amicalement Vôtre, Jason King, Les Professionnels... Daans Chapeau Melon il participa à Square root of evil (saison 1) et fut le Needle de Meurtres à épisodes (saison 6). De très brèves apparitions au cinéma dont des petits rôles dans le pré-générique d'On ne vit que deux fois et The assassination bureau avec Diana Rigg.

Ricardo Montez (1923-2010), dit « Levito », était un comédien britannique originaire de Gibraltar. cela lui permit d'interpréter de nombreux rôles d'hispaniques dans les productions anglaises. Il apparaît ainsi dans Le Saint (sept épisodes), L'Homme à la valise, Jason King, Les Champions... Il tint le rôle récurrent de Juan Cervantes dans Mind Your Language (1977-1986). II fut également très engagé dans la défense des intérêts de Gibraltar au sein du Royaume-Uni. Ricardo Montez incarne le Colonel Josino dans Remontons le temps (saison 5 des Avengers)..

Sarah Lawson (1928) a tourné dans de nombreuses séries jusqu'à la fin des années 80 : Destination Danger, Le Saint, Département S,  Jason King, Les Professionnels, Bergerac (deux épisodes). Elle participa également à quelques films fantastiques (La Nuit de la Grande Chaleur, 1967 ; Les Vierges de Satan, 1968). Dans le Monde des Avengers, elle fut la Marry Marryweather de How To Succeed... at Murder.

Séquence culte: Arrivée de Brett à l’hôtel 

Séquence culte: Course-poursuite en Ferrari

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23. REGRETS ÉTERNELS

(A DEATH IN THE FAMILY)

Diffusion : 4 février 1972

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Sidney Hayers (1921-2000) tourna quelques classiques du cinéma d'épouvante (Night of the Eagle, 1962) mais se fit surtout connaître comme réalisateur de séries télé : Magnum, Agence Tous Risques, Alerte à Malibu, K 2000, Supercopter, Agence Acapulco… Il réalise huit épisodes de Chapeau Melon et quatre épisodes des New Avengers, mais aussi un autre d'Amicalement vôtre, Take Seven. Il met également en scène de nombreux téléfilms, dont Mr Jerico, avec Patrick Macnee (1969).

Distribution: Diane Cilento (Kate Sinclair), Denholm Eliott (Roland), Roland Culver (Duc de Caith), William Rushton (Lance), Moultrie Kelsall (Sir Angus), Christopher Sandford (Onslow), Ivor Dean (Mr. Beebe)

Résumé: Un à un, les membres de la famille Sinclair sont assassinés. Aidés par la cousine Kate, les Persuaders comprennent que l'un des Sinclair déblaie le chemin le séparant du titre ducal sur l'ordre de succession. Brett étant l'héritier en titre, lui aussi se voit dès lors menacé. L'enquête conduit à soupçonner le cousin Roland, un redoutable chasseur de la branche australienne de clan. Mais celui-ci périt à son tour. Les Persuaders tendent alors un piège au meurtrier, Brett et le Duc de Caith se plaçant en situation facilement atteignable pour faire sortir du bois celui-ci. Le coupable se révèle alors être effectivement Roland, qui avait simulé la mort grâce à une drogue exotique. Il périt par sa propre bombe en tentant de s'enfuir.

Critique de Estuaire44:

Près de quatre décennies après sa première diffusion, A Death In The Family demeure encore et toujours l'un des épisodes de séries télé les plus divertissants qu'il soit loisible de découvrir. La drôlerie la plus pétillante irrigue continuellement dialogues et situations, puisant à diverses sources. Cette succession de meurtres dégage un comique de répétition parfaitement exploité par la ritournelle des cérémonies funèbres et le patelin croque-mort. L'ensemble se caractérise également par un humour noir frappant toujours juste, grâce à des dialogues finement ciselés (- Es-tu sûr que l'on puisse fumer ici ? –On peut, mais il faut faire attention aux cendres). Ce n'est pas un hasard si Oscar Wilde se trouve explicitement cité, tant son esprit semble souffler sur cette écriture fine et élégamment cynique. Regrets éternels apparaît de fait comme un pastiche tonique et réussi du grand classique du cinéma anglais que constitue Noblesse oblige (1949), où un assassin à la caustique ironie se frayait pareillement un chemin vers un titre nobiliaire en éliminant successivement les héritiers mieux placés que lui. Amicalement vôtre ne développe pas une satire sociale mordante et révoltée derrière le rire, similaire à ce chef d'œuvre, préférant se maintenir dans le domaine de la pure comédie. Ce choix se révèle en définitive aussi raisonnable que judicieux, car correspondant mieux au génie d'une série atteignant ici son zénith.

De plus, si leurs portraits s'avèrent nettement moins grinçants que ceux des Ascoygne, le défilé des Sinclair vaut vraiment le détour. Chacun des étonnants membres de cette galerie de portraits se distingue par sa joyeuse excentricité. Les excellents comédiens se régalent, en tout premier lieu un Roger Moore auux nombreux rôles, se délectant visiblement de cette représentation en costumes, voire travestie. On détachera particulièrement l'oncle écossais, une jouissive synthèse des innombrables plaisanteries s'exerçant sur le sujet, Lance, un joyeux Falstaff, ou Onslow, une caricature plaisamment affutée des minets de l'époque. Les militaires de la famille, tous copieusement allumés, se révèlent également irrésistibles. A ces hurluberlus masculins, Kate apporte un précieux contrepoint, en un charmant alliage de bon sens et de joie de vivre. Il s'avère bien difficile de résister au charme de la cousine de Brett, d'autant que Diane Cilento lui apporte une vitalité rayonnante des plus communicatives. Son duo avec Tony Curtis s'impose comme l'un des plus concluants de la série. La remarquable prestation de ce grand acteur que fut Denholm Eliott domine les débats, exprimant avec un rare talent son aspect de prime abord dominateur et inquiétant, puis, une fois le masque jeté, sa folie obsessionnelle et abominable. Un très grand moment d'interprétation, à déguster également en version originale. Certes l'on comprend à peu près instantanément qu'il est le coupable, et la ruse éculée du narcotique ne trompera guère, mais l'aspect de Whodunit demeure finalement accessoire ici. Ivor Dean est ici parfaitement dans son emploi en croque mort mielleux et avide, et le retrouver face à son complice du Saint Roger Moore accroit encore l'intérêt de l'épisode.

Outre les spectaculaires déguisements de Roger Moore, et de Tony Curtis in fine, la mise en scène de Sidney Hayers se montre particulièrement imaginative dans le déroulement des meurtres. Chacun d'entre eux constitue un véritable morceau de bravoure, drôle et féroce.  On avouera un faible particulier pour la chute de la monumentale porte du château écossais, mais tous se montrent hautement réjouissants et surprenants. Les amateurs des Avengers retrouveront une saveur délicieusement proche de leur série fétiche, accompagnée d'une profusion de souvenirs. Sidney Hayers, fin praticien de cette série, semble d'ailleurs semer à plaisir les éléments de référence à Chapeau Melon, tels ces déguisements militaires également revêtus par Steed (Les espions font le service), ces assassinats délirants perpétrés par un clown (Clowneries), cette chope monstrueuse consciencieusement remplie (Le club de l'enfer), ces maquettes meurtrières (Un Steed de trop), ou encore les si symboliques Union Jack et jeu d'Echecs. Regrets éternels se montre également visuellement magnifique, Sidney Hayers tirant le meilleur parti des somptueuses résidences anglaises visitées, tandis qu'Harry Pottle réussit un appartement si psychédélique qu'une Tara King pourrait s'y sentir comme chez elle. Hilarant, brillantissime et irrésistiblement fou, A Death In The Family demeure décidément la meilleure carte de visite d'Amicalement vôtre.

Avis de Denis Chauvet:

Le classique de la série. Près d’un demi-siècle après sa première diffusion - à une exception, tous les acteurs de l’épisode sont décédés -, Regrets éternels demeure encore et toujours l'un des épisodes de séries télé les plus divertissants que la télévision a proposé. 

Tels Les Dix Petits Nègres et Noblesse oblige, les morts se succèdent à un rythme infernal, et la famille Sinclair est vite dépeuplée. Une comédie loufoque à l’humour noir incisif ; les échanges dans la crypte lors du premier enterrement sont les plus savoureux. Tous les fans de la série connaissent cet épisode par cœur dans la moindre réplique (en tout cas c’est mon cas) ; les enterrements successifs, les pièces d‘échecs, le pot de fleurs dans le parc, le piètre guitariste, le buveur invétéré, le joueur de cornemuse, le final dans la crypte, Tante Sophie….Que des scènes d’anthologie pour un des meilleurs épisodes toutes séries confondues !

Roger Moore a plusieurs rôles et il est superbement grimé en vieux militaires dans des scènes très Avengeresques (la réalisation est de Sidney Hayers) mais c’est Agatha, la tante sourde, qui est la plus hilarante ! À  noter qu’il a berné des membres de l’équipe lorsqu’il était en amiral. Qui veut s’octroyer le titre en trucidant toute la famille Sinclair sous un déguisement de clown triste ? Difficile de choisir une scène meilleure qu’une autre mais j’ai un petit faible pour celle où le croque-mort (excellent Ivor Dean) prend les mesures du Lord pour ne pas être pris au dépourvu et Danny de préciser : ‘Faites lui deux pantalons pendant que vous y êtes !’. Le superbe lord Angus, l’Ecossais avare, amateur de cornemuse et de haggis (Wilde : ‘Avoir un portefeuille aussi gonflé et finir à plat’) est joué par…a Scot, of course ! Néanmoins, son château est…gallois : c’est le somptueux château d’Harlech que j’ai visité dans les années 80 !

Infos supplémentaires:

Découverte dans l'épisode précédent, on retrouve ici la Passe de Llanberis, quand Brett se rend chez Angus, l'oncle écossais.

Le château prétendument écossais d'Angus se situe en effet au Pays de Galles. Il s'agit de celui d'Harlech, situé dans le Gwynedd. Construit au XIIIème siècle par Edouard Ier, il domine la mer de plus de 60 mètres. Son état remarquable lui vaut d'être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Quelques plans, cette fois en compagnie de  Danny sont, eux, tournés dans celui de Bryn Bras, également dans le Gwynedd mais nettement plus récent (XIXème siècle).

La maison de l'oncle Lance est en fait l'hôtel Edgwarebury, situé à Elstree, à deux pas des studios. Il apparaît de ce fait dans de très nombreuses productions anglaises.

Le Général Sinclair dicte ses mémoires dans le jardin de sa maison de campagne. Il s'agit en fait de Sherwood House, à Dunham, soit la propre résidence de Roger Moore durant le tournage de la série.

Tante Sophie est présentée par Brett comme "Mrs Schwartz", soit le vrai nom de Tony Curtis.

Quand Danny l'invite, Kate fait référence au siège éjectable de sa voiture. Il s'agit sans doute d'un clin d'œil, Diane Cilento étant l'épouse de Sean Connery. Dans Goldfinger, le siège éjectable de son Aston Martin se montre effectivement redoutable !

Commentaire audio Blu Ray (par Denis Chauvet):

Pour Regrets éternels, il y a de nombreux participants : Robert S Baker, Johnny Goodman, Malcom Christopher, Ken Baker et Roger Moore. Ca vaut le coup, c’est très instructif. Voici quelques anecdotes repérées à la volée.

Sur l’épisode, pas de grande révélation ; c’est une parodie de Noblesse Oblige, un classique du cinéma britannique, la demeure de la séquence pré-générique appartenait à l’époque à Roger Moore, l’Union Jack qui enveloppe les cercueils avait servi à la coupe du monde de 1966, la cave à vin est en fait la crypte des Sinclair agencée autrement. Les jardins sont ceux des studios de Pinewood, qui étaient bien situés, et la beauté des décors est soulignée. C’est assez amusant que durant tout l’épisode, les intervenants ne se remémorent pas le nom d’Harry Pottle qui leur revient…au générique final. Il avait une préférence pour le bleu. Les décors devaient être les plus luxueux possibles et la série fut la plus chère de son époque, c’était comme pour un film. Jusqu’à des meubles de qualité qui étaient loués. Le décor de rue avec l’appartement d’Onslow servait à l’époque à représenter Baker Street pour le tournage d’une série Sherlock Holmes et Roger Moore remarque que les instruments, dépassés de nos jours, étaient du dernier cri au moment du tournage.  Le décor du restaurant chinois où dinent Kate et Wilde fut utilisé pour le tournage des petits films promotionnels dans plusieurs langues. Lew Grade n’est venu qu’une seule fois sur le tournage de la série.

Les membres de la production n’épargnent pas les frasques de Tony Curtis. Il y avait ‘a dress master’ mais l’acteur n’en faisait qu’à sa tête et s’habillait comme il lui plaisait. Dans l’ensemble, il ne choisissait pas trop mal (dans la scène de la crypte, ils trouvent néanmoins qu’il est habillé en policier !). Curtis détestait les heures supplémentaires et il était très susceptible (l’exemple d’un lunch-break est cité) et l’acteur était à prendre avec des pincettes. Une anecdote ne redore pas le blason de l’acteur : à l’époque, à la fin d’un tournage, il était de tradition que les acteurs fassent des cadeaux aux membres de la production. Tony Curtis s’est fendu d’une bouteille de vin rouge à 15 shillings ! Tony Curtis portait des talonnettes car il était beaucoup plus petit que Roger Moore et il se teignait les cheveux mais, parfois, il décidait de venir tourner avec les cheveux blancs naturels. Les membres de la production sont encore reconnaissants qu’il n’ait pas eu l’idée de le faire en plein milieu d’un épisode. Par contre, l’équipe reconnaît que Curtis était un plus pour la série et qu’il effectuait la plupart de ses cascades. Il a même remplacé un cascadeur…qui avait le vertige. Pendant le tournage, Curtis et Moore ne se côtoyaient pas beaucoup ; chacun restait avec ses amis.  Les membres de la production reviennent en détails sur l’arrestation de Tony Curtis à l’aéroport de Londres pour possession de marijuana. Cela aurait pu poser problème pour le tournage car il était stipulé le renvoi de tout possesseur de drogues ! Comme le précise un des participants, Curtis était par contre un ardent défenseur de la cause anti-tabac. ‘A very strange gentleman’. Quelqu’un n’hésite pas à souligner : ‘Au début, on n’aime pas Tony Curtis, après on le déteste !’. On ne peut s’imaginer comment il était dans la vie quand on le voit jouer ! L’épisode avec Joan Collins est évidemment évoqué. Curtis l’avait insultée et elle refusait de continuer et Moore a conseillé à Curtis de s’excuser. Celui-ci dit alors à la jeune femme qu’il n’en avait pas après elle mais après la production ! Pour Curtis, cela semblait déshonorant de faire de la TV, car il n’employait jamais le mot ‘épisodes’ car il faisait 24 films ! Pour la dernière scène de Regrets éternels, Tony Curtis a tourné pendant 5 minutes travesti en femme mais la séquence ne dure que quelques secondes.

Roger Moore avoue qu’à l’époque, il fumait le cigare (des Davidoff Special comme dans la crypte) et l’acteur est apprécié par l’équipe de production. Quelqu’un de sympathique qui connaissait tous les membres de la production par leur prénom. Roger Moore regrette la disparition prématurée d’Ivor Dean avec qui il avait déjà tourné dans Le Saint. Moore précise que l’épisode ressemble à un Avengers mais ce n’est qu’une coïncidence et l’acteur se rend compte qu’il portait une alliance pendant le tournage ce qu’il n’aurait pas dû (ma femme me l’avait fait remarquer mais j’avais pensé à une bague de lord !).  Roger Moore pouvait aller en boite jusqu’à 5 heures du mat et être opérationnel dès 6h. Il avait une mémoire photogénique et il n’avait aucun mal à se souvenir de ses répliques. 

Acteurs – Actrices Diane Cilento (1933), originaire d'Australie, se fit connaître au cinéma dans les années 50 (The Truth About Women, 1957), avant de participer à diverses séries américaines et anglaises à partir de la décennie suivante (Rogue's Gallery, Tycoons, Halfway Across the Galaxy, and turn left...). De 1962 à 1973 elle fut l'épouse de Sean Connery, elle est également la mère de Jason Connery. En 2006, elle fit paraître ses mémoires : My Nine Lives.

Denholm Eliott (1922-1992) totalise plus de cent rôles au cinéma et à la télévision, où il se spécialisa dans les rôles d'excentriques de la classe supérieure britannique. Il reste sans doute principalement remémoré pour son rôle du Dr Marcus Brody, dans la trilogie des Indiana Jones. En 1988, il fut élevé au rang de Commandeur de l'Empire Britannique pour l'ensemble de sa carrière, durant laquelle il participa très fréquemment aux représentations données par la Royal Shakespeare Company.

Roland Culver (1900-1984) a commencé sa carrière en 1931. Il tourna beaucoup dans les années 30 et 40 avant de se tourner vers la télévision dans les années 60. Également grand comédien de théâtre, il était spécialisé dans les rôles de parfaits gentlemen anglais, au flegme inaltérable Il incarne le Colonel Timothy dans A vos souhaits (saison 6 des Avengers).

Willie Rushton (1937-1996) fut occasionnellement acteur (Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, 1965), mais surtout un important dessinateur de la presse anglaise. En 1961 il compte ainsi parmi les fondateurs du magazine satirique à succès The private Eye. Entre bien d'autres activités des plus variées, ce personnage très populaire en Grande Bretagne fut également le narrateur de la série humoristique Up, Pompéii ! (1969-1975).

Ivor Dean (1917-1974) a joué le rôle de l'inspecteur Claude Eustache Teal dans 23 épisodes de la série Le Saint, avec Roger Moore, entre 1963 et 1969. Il a joué dans trois épisodes de Chapeau Melon : Tueur à gages, saison 2, La chasse au trésor, saison 5 et Le document disparu, saison 6. Également à l'écran dans Randall and Hopkirk(Deceased), Jason King

Séquence culte: A la cave 

Séquence culte: Des funérailles en grande pompe

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24. ENTRE DEUX FEUX
(THE MAN IN THE MIDDLE)

Diffusion: 17 décembre 1971

Scénario: Donald James (1931-2008) fut un auteur à succès, notamment avec les enquêtes de l'inspecteur Vadim, mais aussi avec des ouvrages historiques. Il était un spécialiste reconnu de la Seconde Guerre Mondiale et de la France occupée. Durant les années 60, il  conçut des scénarios pour de nombreuses séries de Lew Grade, dont Le Saint, Cosmos 1999, L'Aventurier, Les Champions, Jason King, Department S etc. Il est également l'auteur de l'épisode Le coureur de dot. Pour Chapeau Melon et Bottes de Cuir, il écrivit l'intrigue de Un dangereux marché

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Terry-Thomas (Archibald Sinclair Beachum), Suzy Kendall (Kay Hunter), Stephen Greif (Krilov), Frank Maher (Jones), John Orchard (Gregor), Michael Balfour (Conducteur du cart), Stanley Meadows (David Price)

Résumé: Un mystérieux traître des services secrets anglais vend de précieux documents à l'Est. En Italie, à la demande du juge Fulton, Lord Sinclair se fait passer pour l'agent secret auprès de ses correspondants russes, afin d'aider à percer le secret de son identité. Mais les agents locaux ignorent l'imposture et les Persuaders se retrouvent vite pris entre deux feux. Pour encore compliquer la situation, Archibald Sinclair Beachum, un cousin éloigné de Brett, à la morale assez élastique, entre à son tour dans la danse. En s'associant avec lui, les Persuaders finissent par démasquer le coupable, tout en sauvant la belle espionne Kay après que celle-ci eut été enlevée par les soviétiques.

Critique de Estuaire44:

L'épisode présente la consistance d'une bulle de savon. En effet l'intrigue de Entre deux feux se limite à quelques figures de style ultra classique de l'espionnage, présentées ici sous la forme la plus simpliste qui se puisse imaginer. Une fois posée la situation de départ, les débats se résument à l'intervention dans l'ambassade, puis à la libération de Kay, autant dire qu'il s'agit plus d'un argument que d'un véritable récit. On comprend très vite en effet que l'unique justification de ce bricolage hâtif est de servir de véhicule à Terry-Thomas pour développer son numéro coutumier de faisan pleutre et vénal. Ce n'était d'ailleurs pas forcément un service à rendre à l'excellent humoriste que de le propulser comme moteur unique de l'épisode. D'abord très amusantes, ses pitreries deviennent vite répétitives et lassantes, devant faire face seules à l'inanité de l'ensemble. Le comédien fonctionne en accord parfait avec Moore et Curtis, et l'on sourit plus d'une fois des réparties des uns et des autres, mais cela ne suffit pas à se substituer à la faiblesse insigne d'une intrigue paresseuse et artificiellement fragmentée.

La mise en scène de Leslie Norman ne vient guère au secours de Entre deux feux. Tout comme pour l'Espagne de L'enlèvement de Liza Zorakin, mais en nettement moins ridicule, on retrouve ici une Italie composée de bric et de broc. Reprises de tournages, décors antérieurs, inserts ou images grossièrement surexposées se succèdent, renfournant l'impression de faiblesse générale. Les scènes d'action se voient néanmoins correctement réalisées, et se révèlent efficaces. L'épisode souffre néanmoins d'une médiocrité générale de l'interprétation parmi les seconds rôles, à la notable exception de Stephen Grief. Celui-ci apporte une élégance et une viscosité bienvenue à Krilov, on lui doit quelques unes des scènes les plus concluantes de Entre deux feux. Le pire réside dans le jeu proche du nul de Suzy Kendall, l'ultime Persuaders Girls de la série (forcément blonde) se limitant à prendre quelques poses indigentes et à promener de scène en scène son manque criant de talent. Elle n'est pas servie, il est vrai, par des dialogues souvent ineptes.

Outre quelques facéties souriantes de Terry-Thomas et de ses deux acolytes (joli gag de l'arbre tombant dans le mauvais sens), l'épisode réussit parfaitement son tag final, caustique et au retournement de situation bien trouvé. Pour une fois les Persuaders se font souffler la demoiselle, mais nos séducteurs ne se laissent pas facilement abattre ! Surtout, pour sa dernière prestation, le juge Fulton nous régale d'un de ses meilleurs numéros, avec un cynisme hilarant et une belle complicité avec Lord Sinclair. Et ainsi s'achèvent les aventures de Brett Sinclair et de Danny Wilde. Elles demeurent encore aujourd'hui un écho des plus plaisants de la joie de vivre du début des 70's, entre Riviera ensoleillée et une Angleterre décidément source inépuisable de trépidantes aventures.

Avis de Denis Chauvet:

On termine, malheureusement, la série avec cet épisode qui a un relent de début de saison. Il se passe en Italie et les premières images post-génériques (celles de l’Aston Martin aux abords du Colisée) sont des repiquages évidents. Encore une histoire d’espionnage et, cette fois, Brett Sinclair est pris pour un agent double : il est convoité par le bloc de l’est mais aussi les Britanniques, et il se retrouve entre deux feux. Une histoire de trahison classique qui débute par une séquence pré-générique énigmatique à la conclusion bancale (qui va oublier son passeport aussi facilement ?).

L’intrigue est terne, et il faut surtout s’attarder sur les répliques entre les deux compères et certaines situations cocasses. Je me souvenais surtout du final avec Wilde en bucheron et Sinclair à cheval faisant référence à John Wayne. La phrase pour Wilde : ‘Tu ne vas pas rester allongé ici. Tu en as assez profité. Tu dis au revoir à la dame et on s’en va’. La dame en question est Geraldine Moffat, vue dans de nombreuses séries britanniques et Get Carter avec Michael Caine. Le meilleur passage est l’enlèvement de Sinclair dans un panier de linge sale.

Kay Hunter (Suzy Kendall), la Persuaders girl finale, est très bien, au goût de Sinclair et Wilde qui se la font souffler ! Elle est blonde – une tradition respectée jusqu’au bout - et très sexy dans un top violine moulant ou des collants et chaussures rouges. En la trouvant dans sa chambre, Brett pense que c’est une attention de l’office du tourisme italien ! Elle compense en partie les faiblesses du scénario, les incapables tireurs de l’ambassade et, surtout, la trop grosse présence du fatiguant fatigué et pingre Archie, un rescapé de l’hécatombe Sinclair de Regrets éternels (à choisir, j’aurais préféré le  joueur de cornemuse !). À noter que le traitre, Stanley Meadows, a réussi le tour de force de jouer également dans les Avengers et les Brigades du Tigre, et que, d’après son passeport, le lieu de résidence de Brett Sinclair est lÉcosse….

Infos supplémentaires: La Passe de Llanberis, présente dans les deux précédents épisodes est également filmée dans celui-ci. Brett, Danny et Archie y discutent en chemin vers leur rendez-vous avec Krilov.

L'épisode reprend des vues de la promenade romaine de Lord Sinclair vue dans Minuit moins huit kilomètres. Le décor de l'hôtel est également une réutilisation de celui de L'enlèvement de Lisa Zorakin.

On retrouve une dernière fois le fourgon Citroën de Minuit moins huit kilomètres, également aperçu dans divers épisodes.

D'après son passeport, Lord Sinclair est né le 10 novembre 1930.  Il est donc un peu moins âgé que Roger Moore, né le 14 octobre 1927.

Acteurs – Actrices Terry Thomas (1911-1990) fut un comédien britannique très populaire pour ses personnages de comédie représentant des membres de la haute société picaresques, goujats et sans scrupules. En France il est particulièrement connu pour son rôle de Sir Reginald, dit « Big Moustache », dans La Grande Vadrouille (1966). Il dut se retirer à la fin des années 70, atteint par la Maladie de Parkinson.

Suzy Kendall (1944), mannequin puis actrice, connut une grande popularité durant les années 60 (The Penthouse, 1967) et 70,  où elle apparut notamment dans divers giallos italiens (L'oiseau au plumage de cristal, 1970). Elle se retira en 1978, se consacrant à  sa famille. Grande figure de la pop culture anglaise, elle demeure une icone de la génération Flower Power.

Stephen Grief (1944) a joué dans les séries Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Les Professionnels, Mission Casse-Cou et surtout Blakes 7. Il tourne encore beaucoup pour la télévision et le cinéma. Il a été récompensé plusieurs fois au théâtre et sa voix est utilisée dans des spots publicitaires. Il incarne Juventor dans Jeu à trois mains (New Avengers).

Frank Maher (1929-2007) fut un cascadeur doublant les comédiens dans de nombreuses séries des années 60, tout en apparaissant occasionnellement comme acteur. Il s'est ainsi fait passer pour Honor Blackman puis Diana Rigg dans les épisodes Balles costumées, Le cinq novembre, Les petits miracles  et Meurtres à épisodes. Il est la doublure attitrée de Patrick MacGoohan dans Le Prisonnier et Destination Danger. Il a joué aussi dans L'Homme à la Valise, Le Saint, Les Champions, Dr Who, Cosmos 1999.

Séquence culte: Torture 

Séquence culte: Un sauvetage mouvementé

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Crédits photo: TF1 Vidéo.

Images capturées par Estuaire 44. Séquences cultes sélectionnées par Denis Chauvet et montées par Steed3003. 

 saison 1 saison 3

Amicalement Vôtre (1971-1972)

Prologue + Épisodes 1 à 12

 


PROLOGUE: LE ROI
(THE EX KING OF DIAMONDS, LE SAINT, 6-17)

Diffusion: 19 janvier 1969

Scénario: John Kruse écrivit 14 épisodes du saint et travailla également sur d'autres séries, comme Amicalement vôtre, Les Professionnels, Poigne de Fer et Séduction

Réalisation: Alvin Rakoff (1924) est un réalisateur et producteur réputé, à la télévision mais aussi au théâtre. Il réalisa neuf adaptations de pièces pour The Armchair Theatre. Rakoff mit souvent en scène son épouse, Jacqueline Hill, qui incarna notamment Barbara Wright, le tout premier Compagnon du Docteur à bord du TARDIS, en 1963.

Distribution: Stuart Damon (Rod Huston), Ronald Radd (Henri Flambeau), Isla Blair (Janine Flambeau), Willoughby Goddard (Boris), Paul Stassino (Colonel Rakosi), Jeremy Young (Gregorio) Carol Friday (Josette)

Résumé:

Simon Templar est invité par Boris, ex-roi de Slovénie, à se joindre à une grande partie de baccara devant se tenir au casino de Monte-Carlo. Ce dernier vise en fait à réunir des fonds pour financer un coup d'état le ramen,ant au pouvoir. En chemin le Saint fait la connaissance d'un autre participant, Rod Hudson, milliardaire texan. La rencontre se montre d'abord électrique mais les deux hommes sympathisent vite. Templar rencontre également le professeur Flambeau, accompagné de sa charmante fille Janine, qui désire utiliser au jeu ses dons pour les mathématiques. Flambeau se rend compte que la partie est truquée par Boris, mais le colonel Rakosi, l'âme damnée de Boris, les capture. Simon et Hudson vont s'associer pour sauver le professeur, puis Janine, retenue sur le yacht du souverain déchu. Ils y découvrent un trafic d'armes. Les deux héros parviennent ensuite à déjouer le système de tricherie de Boris, qui se fait alors plumer par Flambeau, tandis qu'ils font exploser le navire.

Critique de Estuaire44:

Alors que Le Saint (1962-1969) approchait de son terme, le producteur Robert S. Baker eut l'originale et audacieuse idée de roder sa future production en intégrant ses principaux codes à un épisode de sa série alors en cours. Cette expérience en grandeur nature permet de retrouver dans  Le Roi un grand nombre des identifiants du futur Amicalement vôtre. Ces convergences (duo vedette anglo/américain rivalité débouchant sur l'amitié, la course de voitures, la bagarre, l'aventure sur la Riviera…) s'avèrent hautement plaisantes à découvrir, de même que la persistance de différences de traitement. Le succès de l'épisode favorisa grandement l'élaboration de The Persuaders !, Baker bénéficiant ainsi d'une parfaite maquette et d'un argument de poids lui permettant de convaincre Lew Grade, dirigeant historique d'ATV, de développer le projet. Une telle tactique ne semblait certes pas superflue, de par l'ambition, notamment financière, de la future série et par son originalité au sein des productions ITV, traditionnellement peu enclines aux duos masculins.

L'épisode se montre aussi intéressant parce ce qu'il annonce d'Amicalement vôtre que par le miroir distordu qu'il nous présente concernant ce qu'il aurait pu advenir de cette série. En effet, entre la première version et la définitive des variations existent, toutes dans le sens d'une amélioration.

Le personnage de Rod Huston manifeste ainsi considérablement moins de subtilité et de charme que Danny Wilde. Outre son allant et son énergie, ce dernier développera toujours  une vraie finesse, qui ne trouve ici aucun correspondant. Huston se cantonne à une caricature sans nuances de l'Américain vu par les Anglais, plus spécifiquement du Texan. Chapeau de cowboy que ne désavouerait pas J.R., expressions et onomatopées de western, frime continuelle et sans subtilité, importance de l'argent que l'on jette à la face du monde, agressivité continue… Le personnage amuse un court moment puis sature très vite, tant il se montre limité. Ses dialogues désespèrent par leur insigne pauvreté. Ce sentiment se renforce par le jeu terriblement pesant de Damon. Rien à voir non plus avec la pétillante fantaisie de Tony Curtis, on se limite ici à un démonstratif perpétuel et jusqu'au-boutiste, épuisant rapidement la bonne volonté du spectateur. Il ne s'agit d'ailleurs pas vraiment d'une surprise, Alexandra Bastedo volant régulièrement la vedette à ses deux champions de collègues masculins. William Gaunt se montra d'ailleurs guère transcendant dans Un traître à Zébra.

Un autre piège que saura éviter The Persuaders ! réside dans le duo asymétrique qui nous est ici présenté. Sans que l'on puisse parler pour autant de faire-valoir, Huston demeure une simple curiosité de cet épisode, en aucun cas un partenaire d'égal à égal avec Templar, assez logiquement d'ailleurs dans le cadre du Saint. Cet aspect s'avère cependant particulièrement souligné tout au long de l'épisode. En tous domaines (hormis la force brute) Simon domine outrageusement l'Américain. Il le bat régulièrement au jeu, connaît un succès nettement supérieur avec les demoiselles et s'exprime en parfait français (Moore convaincant en VO), tandis que son compagnon d'aventure se montre satisfait de bredouiller quelques mots. C'est également bien entendu le Saint qui dirige l'enquête, prenant toutes les décisions alors que Huston n'émet que de mauvaises idées. La participation concrète de ce dernier se limitera d'ailleurs à ses poings, son suivisme reste absolu jusqu'à la conclusion. Chacun des Persuaders aura sa partition à interpréter, ici on entend quasi éclusement la musique de Templar, son compère ne produisant qu'un ridicule dont le comique tourne court.

Ceci n'entache d'ailleurs que modérément la réussite de l'épisode, un opus du Saint se construisant toujours autour de Roger Moore. Ce dernier manifeste ici sa classe coutumière, brillant par son charme raffiné, sa présence physique et l'humour affuté de ses fines réparties. Un pur régal, Le Roi apparaissant comme une invite à redécouvrir sa propre série ! Simplement, au ressort comique consistant à ridiculiser l'un des deux partenaires réduit à la portion congrue, on préfère l'écriture plus riche et ambitieuse d'un duo antagoniste mais équilibré. De plus, si l'épisode captive par sa démonstration des améliorations et du surcroît d'intérêt qu'auront su apporter d'excellents auteurs de l'envergure de Brian Clemens ou Terry Nation à la version de Kruse, il évoque également par contraste un autre atout d'Amicalement vôtre, l'aisance financière permettant les tournages à l'étranger.

En effet, si plusieurs scènes de Premier Contact se reconnaissent ici, leur réalisation transparait considérablement plus modeste. La fastueuse course poursuite tourne court ici, de par la rareté des décors extérieurs. Les quelques aperçus naturels ne font d'ailleurs qu'aviver cette sensation, le passage ayant été tourné, comme tant d'autres, dans les bois se situant près de studios d'Elstree. Si la campagne anglaise est toujours aussi superbe, il s'avère difficile de l'assimiler à la Côte-d'Azur, malgré la mise en place de quelques dérisoires palmiers… L'astuce utilisée pour consacrer la victoire du Saint se montre d'ailleurs amusante, illustrant au passage que Simon Templar demeurera plus canaille que Lord Sinclair. L'omniprésence du tournage en studio, malgré des inserts globalement bien intégrés, se perçoit d'autant plus que les décors du Saint manifestent toujours cette même patine Sixties que l'on aime bien mais aussi une évidence nettement supérieure à ce que connaîtra Amicalement vôtre. La bagarre entre Templar et Huston constitue un sommet, ces quelques horions ne présentant vraiment rien de comparable à la tornade destructrice de Premier Contact.

D'autre part l'épisode développe son intérêt propre, en dehors de sa nature de prologue à Amicalement vôtre. L'intrigue apparaît solidement bâtie, maintenant l'intérêt sans temps mort. Elle joue habilement des lieux leur (usine, casino, yacht) pour entretenir l'action, tandis que la mise en scène réussit plusieurs plans astucieux mettent bien en valeur les comédiens. Le mode de tricherie de Boris manifeste beaucoup d'astuce, de même que la contre-mesure de Flambeau, tout cela reste parfaitement ludique. L'ensemble ne se départit certes pas de cette revigorante naïveté propre aux années 60 (personnalité du Roi, professeur décidant d'inspecter une usine en pleine nuit, Templar tombant encore et toujours sur ses ennemis pile au bon moment etc.) mais on apprécie cette fraicheur disparue de nos jours. Tout comme plus tard The Persuaders !, mais aussi Chapeau Melon, Le Saint n'hésite pas à recourir à de savoureux clichés, cet épisode évoquant la France par l'accordéon et l'emblématique 2CV.  Cette promenade de l'Anglais (et de l'Américain) sur la Côte d'Azur, évoquant parfois l'épisode Tueurs à Gages des Avengers, nous vaut d'ailleurs une multiplication d'accents et d'expressions français particulièrement savoureux. Cet épisode n'ayant d'autre ambition que de nous divertir y parvient haut la main, son allant et l'inestimable apport de Roger Moore témoignant de la vitalité que présentait encore Le Saint dans ses ultimes opus.

Tout comme plus tard Amicalement vôtre, mais également de nombreuses productions du temps, Le Roi nous vaut enfin le plaisir de redécouvrir ces comédiens si appréciés dans Chapeau Melon. Ils sont d'ailleurs particulièrement nombreux ici ! Paul Stassino réalise une solide composition, évoquant le Yacob Borb du Décapode. Si son personnage demeure un simple rouage de l'intrigue, il parvient à lui apporter une vraie présence. Il en va pareillement pour Jeremy Young. Aux antipodes de la diabolique mariée d'Une petite gare désaffectée, Isa Blair incarne une pétulante et charmante jeune femme. Son délicat accent français séduit mais elle résulte à peu près inopérante sur l'intrigue, rejoignant la cohorte des damoiselles en détresse alors si fréquentes. Un point commun avec Amicalement vôtre, faisant ressortir la spécificité des Avengers… Mais l'atout maître de l'épisode réside dans le formidable abatage une nouvelle fois manifesté par Ronald Radd, aussi truculent et en roue libre que dans Le Point de Mire ou Mission très improbable. Ses expressions et son accent français outré (on croirait Suchet dans Poirot, en VO) rajoutent encore à l'hilarité du personnage. Ce pur festival achève la réussite de cet épisode des plus distrayants !

Infos supplémentaires:

Evènement assez rare, l'épisode fait référence à un réel pays, Boris étant désigné comme ex-roi de Slovénie. Dans le Décapode, la Yougoslavie se voyait ainsi intitulée « République des Balkans », un Royaume de Yougoslavie (également nommé Royaume de Serbie, Croatie et Slovénie) exista bien durant l'entre-deux guerres. Son dernier souverain, Pierre II et non Boris, fut déposé en 1945. Il résida aux tats-Unis, où il décéda en 1970.

Les inserts publicitaires apparaissaient déjà dans les séries télé des années 60. Outre quelques affiches évoquant Monaco, le panneau dissimulant le gendarme accueille deux réclames pour Coca Cola.

Le coffret DVD TF1 Vidéo a l'excellente idée de faire figurer cet épisode parmi ses nombreux suppléments, le choix de la VOST permettant par ailleurs de pleinement en  apprécier la dimension française.

On assiste à une amusante inversion des surnoms, Sinclair restera éternellement « Son Altesse », mais c'est ici Huston que Le Saint appelle « Texas ».

On s'aperçoit que Janine lit un numéro de Paris match, un élément astucieux pour planter l'ambiance française. Le magazine a été lancé en 1949. La une fait référence à l'évènement d'une opération à cœur ouvert ainsi qu'à un petit garçon pleuré par la France. Il s'agit du numéro 975, paru le 16 décembre 1967. La première transplantation cardiaque vient d'être réalisée par le chirurgien sud-africain Christiaan Barnard. La triste affaire évoquée est celle Emmanuel Maillart, enlevé puis assassiné par un lycéen de 15 ans.

Rod Huston évoque étrangement Rock Huston, alors que cet acteur fut un temps envisagé pour incarner Danny Wilde. S'agit-il déjà d'une invite ?

Templar renonce ici à sa célèbre Volvo 1800S, au profit d'une antique voiture qui ne déplairait pas à John Steed !

L'usine porte comme dénomination « Cartes Descartes ». Or, depuis 1978, la société Jeux Descartes distribue en effet d'excellents jeux de cartes mais aussi de plateau, société, de rôles… Sa principale boutique, un haut lieu pour les amateurs, se situe Rue des écoles, à deux pas du Boulevard St-Germain et du métro Cluny La Sorbonne…

L'intrigue ressemble à celle de Enjeux, le sixième épisode de la première saison de Mission Impossible (1966). Un tyran projette d'envahir un état voisin, riche en pétrole. Pour l'en empêcher, l'équipe de IMF va le ruiner au baccara, le privant ainsi des fonds nécessaires au conflit (et non pas à un coup d'état comme pour Boris). Elle utilise des cartes marquées, visibles à travers des verres de contact, tout comme ici, mais avec un monocle.

Contrairement à Casino Royale pour le poker holdem, l'épisode a l'élégance de consacrer un bref moment à la présentation des règles du baccara, ce qui permet aux non initiés de comprendre ce qui se passe à la table de jeu. Ce jeu à sabot, proche du chemin de fer, est très présent dans les casinos du monde entier. Client régulier, James Bond aura l'occasion de le pratiquer dans Dr No (scène d'ouverture), ou dans Goldeneye, cette fois non pas confronté à Sylvia Trench mais à Xenia Onatopp. Templar a lui droit à Boris et à Rod. On comprend mieux l'envie de changement éprouvée par Roger Moore.

Acteurs – Actrices

Stuart Damon (1937), acteur américain, débuta aux États-Unis mais devint célèbre en Grande-Bretagne. Il reste avant tout connu en tant qu'une des trois têtes d'affiches des Champions (1938-1969) mais participa à plusieurs anglaises des années 60 et 70 (Amicalement vôtre, L'Aventurier, Cosmos 1999, UFO…). Il connut également le succès dans General Hospital. Toujours actif il participe en 2010 à Des jours et des vies. Dans les New Avengers, il incarne Marty Brice, l'agent de la CIA développant un flirt des plus brefs avec Purdey (Le Piège).

Ronald Radd (1929-1976) a participé à pas moins de trois épisodes des Avengers  : Le Point de Mire, Le Retour du Traître et Mission très improbable Il est également vu dans Destination Danger (deux épisodes), Le Prisonnier (c'est la tour dans Échec et mat), Le Saint (trois épisodes), Les Champions, Département S, Jason King, L'Aventurier, Thriller, Poigne de Fer et Séduction… Ce grand comédien de théâtre est décédé à Toronto d'une hémorragie cérébrale, immédiatement après une représentation.

Paul Stassino : Natif de Chypre, il étudia à la Royal Academy of Dramatic Art de Londres. Durant les années 60 et jusqu'au milieu des 70 il participera à de très nombreuses séries américaines et anglaises (Interpol, Le Baron, Coronation Street, cinq épisodes du Saint…) avant de mettre fin à sa carrière pour ouvrir… un casino à Athènes. Au cinéma, il est surtout connu pour Opération Tonnerre (1965), où il interprète le pilote de chasse François Derval (frère de Domino) et son « sosie ».  Dans les Avengers il joue un pseudo Tito dans Le Décapode.

Isla Blair (1944) fut l'une des nombreuses jeunes femmes peuplant les productions de la Hammer (Taste The Blood of Dracula). Elle apparut dans de très nombreuses séries anglaises de l'époque (Department S, Jason King, Cosmos 1999, Dr Who…). Dans le Mondes des Avengers  elle incarna la terrible « mariée » de Une petite gare désaffectée. À propos de ce rôle elle déclare : I remember very clearly having to have a fight with Diana Rigg. And I was really terrible at fighting, and the poor fight arranger was saying "oh God, this woman's useless." But that was very much a cult thing to be in. I was only ever in that one, I think lots of people did several, but I just did the one. Isla Blair est également l'épouse de Julian Glover.

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1. PREMIER CONTACT
(OVERTURE)

Diffusion : 17 septembre 1971

Scénario : Brian Clemens

Réalisation : Basil Dearden (1911-1971) fut un metteur en scène réputé, comptant à son actif de grandes productions comme Khartoum (1966) ou The Assassination Bureau, avec Diana Rigg (1969). Il bénéficiait de toute la confiance de Roger Moore, avec lequel il venait de tourner l'ambitieux thriller The Man Who Haunted Himself, en 1970. Également réalisateur des épisodes La Danseuse et Le Coureur de Dot, il décéda peu de temps avant la diffusion de la série, d'un accident de la route. Il était l'époux de Melissa Stribling, qui participa à La Danseuse mais aussi à Chapeau Melon.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Imogene Hassall (Maria Lorenzo/Michelle Annette Dupont), Alex Scoot (Coley) Michael Godfrey (Robert Dupont), Bruno Barnabe (Maître d'Hôtel), Neal Arden (Inspecteur Flavel)

Résumé:

Danny Wilde, self made man américain, et Lord Brett Sinclair, aristocrate britannique, reçoivent une mystérieuse invitation à se rendre à l'Hôtel de Paris, à Monte-Carlo. Sur le trajet, la rencontre fortuite de ces deux forts caractères donne lieu à une épique course automobile, avant de se conclure par une homérique bagarre dévastant le restaurant de l'hôtel. Cela les met à la merci du juge Fulton, le rusé auteur des invitations, qui leur fait une étonnante proposition : passer deux mois et demi en prison ou utiliser leurs talents, gâchés par l'oisiveté, au service de la justice en l'aidant à identifier une certaine Maria Lorenzo. Fulton se garde bien de leur préciser qu'il s'agit en fait de la sœur de Dupont,  chef de la mafia officiellement mort, mais toujours en vie. Comme prévu, Dupont réagit quand les deux playboys abordent sa sœur, d'autant que le juge a pris soin de les compromettre. Le gangster enlève le juge mais Brett et Danny, non rancuniers, volent à sa rescousse, recevant le renfort de la jeune femme au cours de la confrontation finale. Les Persuaders sont nés !

Critique de Estuaire44:


Premier contact s'impose comme un parfait pilote de série, mettant en place avec clarté et fluidité les différents composants de l'univers d'Amicalement vôtre, ainsi que la personnalité des différents protagonistes.  Cette révélation s'effectue à travers plusieurs moments forts, apparaissant comme de purs joyaux télévisuels : la course de voitures, la spectaculaire bagarre mais aussi la conversation chez le juge Fulton.

Dès l'ouverture de l'épisode, la compétition automobile, outre un amusant contrepoint avec le prologue du Saint (c'est cette fois Danny qu'attend une superbe voiture), nous dévoile à peu tout de la série. Il en va ainsi des sublimes paysages de la Côte d'Azur, un vrai plus par rapport à The Ex-King of Diamonds, pour l'esthétique mais aussi le réalisme. On s'en régale d'autant que Premier Contact parvient à concilier la découverte des panoramas avec la mise en scène de la trépidante action en cours. Bien loin de constituer un gadget, l'utilisation judicieuse de la technique du split screen permet d'optimiser ces différents éléments, sans impression d'artificialité. La course institue ce qui deviendra l'un des moteurs principaux de la série, l'esprit de compétition, amicale mais bien réelle, existant entre Brett et Danny. Le fait qu'elle se conclue sur une égalité autorise la célèbre image des deux véhicules arrivant simultanément devant l'Hôtel de Paris mais  aussi indique que l'on ne se situe décidément plus chez Simon Templar. La spécificité d'un duo de protagonistes masculins et d'un rapport d'égal à égal est établie, distinguant The Persuaders ! du modèle pour le moins banalisé du héros unique. Les superbes Aston martin DBS V8 et Ferrari Dino 246 bénéficient également d'une exposition digne des symboles d'Amicalement vôtre qu'elles vont devenir.

La dévastatrice bagarre poursuit avec bonheur cette introduction. Aux superbes paysages répond ici le raffinement et le goût des réalisations en studio. La salle de restaurant se découvre comme un écrin à la fois réaliste et raffiné pour les personnages. Sans mauvais rien de tapageur, bien au contraire, la série confirme l'importance de ses moyens, utilisée avec goût. Cette qualité des décors demeurera une constante de la série, d'autant que l'on reconnaît ici la patte et l'élégance d'Harry Pottle, auteur des décors de la saison 4 des Avengers, occupant dès à présent un rôle actif au sein de l'équipe de production. On ressent d'entrée nettement moins l'impression d'artificialité qui grevait en permanence Le Saint. L'antagonisme des personnages, axe primordial de la série, se voit approfondi, notamment explicitement élargi aux nationalités des personnages.

Mais le passage tempère cette opposition par un humour particulièrement réjouissant, que cela soit par les nombreux gags visuels ou les nombreuses piques échangées, qui achève d(installer l'humour au cœur de la série tout en y illustrant l'importance de dialogues abondants et affutés. Tout comme durant la course, avec le souriant Gotta Get away de Jackie Trent et Tony Hatch, l'accordéon souligne l'aspect de comédie légère revêtu par l'ensemble tout en incorporant déjà des clichés sympathiques. Ultérieurement la pétanque ne manquera d'ailleurs pas à l'appel, de manière moins irréaliste que durant la visite  des New Avengers à Paris ! Le personnage du maître d'hôtel introduit également le regard bon enfant, mais néanmoins légèrement sarcastique que portera Amicalement vôtre sur les Français, tout comme sur l'Europe méridionale en général comparativement au monde anglo-saxon, ce qui ne l'empêchera d'ailleurs pas d'y connaître un immense succès !

La confrontation chez le juge Fulton s'avère également un modèle du genre. Le talent de la série concernant les décors s'y voit confirmé, même si l'on se demande bien comment un juge à la retraite aurait pu s'offrir une telle résidence ! Mais un peu de fantaisie n'a jamais nuit aux séries anglaises de l'époque. L'apparition du juge en fauteuil roulant, outre l'excellent gag qu'elle annonce, titillera agréablement les amateurs des Avengers par son évocation de Mother. Qui sait si le malicieux Clemens, particulièrement en verve ici, n'a pas désiré insérer un petit clin d'œil ? Patrick Newell apparaîtra d'ailleurs ultérieurement dans le show. Laurence Naismith compose brillamment un juge matois et malicieux, mais néanmoins inflexible et pénétré de sa mission. Le personnage se montre aussi riche que savoureux, établissant une relation avec ses compères amicale et originale dans les séries du temps. Il apportera immensément à Amicalement vôtre.

Le sommet du passage demeure ses brillants et implacables portraits des deux héros,  en forme de diatribe. On est en droit de trouver plus cinglant encore celui adressé à Lord Sinclair, Danny Wilde ayant eu au moins le mérite de s'élever seul dans la société. Outre leur caractère percutant, ces textes constituent un procédé scénaristique efficace (tout comme le prologue avec le policier français), présentant promptement les héros. Au-delà de l'humour, le juge apporte une dimension supplémentaire à la série par le choix devant lequel il place les protagonistes, playboys menant une vie dilettante aussi plaisante que dénuée de sens. D'une manière sous-jacente, mais néanmoins déterminante, la série narrera effectivement le combat des deux personnages pour apporter une signification à leur existence, au moment où l'âge mûr comme à se profiler à l'horizon.

Le caractère du Lord anglais, pétri de traditions  et si classieux, comme du self made man américain, gouailleur et débrouillard, se trouve ainsi  excellemment posé. Les héros bénéficient du jeu parfait de Roger Moore et de Tony Curtis, tout deux idéalement dans leur emploi. Le doublage français apporte un délectable surcroît de fantaisie mais l'on prend également un vif plaisir à découvrir l'épisode en version originale, pour le talent des acteurs, un texte occasionnellement différent mais aussi l'insertion d'accents et de vocables français irrésistibles. Roger Moore excelle particulièrement à ce jeu ! Par contre il faut bien avouer que l'intrigue du jour, indépendante de l'exposition de l'univers de la série, manifeste l'épaisseur d'un papier de cigarette. Cela ne pénalise pas réellement Premier contact, soumis aux mêmes contingences que l'ensemble des pilotes. Ceux-ci minorent souvent pareillement leur intrigue, à tout prendre l'on préfère d'ailleurs qu'ils dégagent d'enthousiasmantes perspectives pour l'ensemble de la série.

Surtout la quasi vacuité du récit ne signifie par qu'il ne dégage aucun intérêt, bien au contraire. En effet les passages en compagnie d'Imogen Hassall dégagent une atmosphère joyeuse et ensoleillée participant pleinement au charme des Persuaders, tout en achevant de bâtir la complicité entre Wilde et Sinclair. Les scénettes rayonnantes et irrésistibles de drôlerie se multiplient. On avouera un faible particulier pour les mésaventures de Danny avec le sac de la jeune femme, comportant des gags visuels dignes des meilleurs cartoons. L'épisode évite cependant de le cantonner a rôle de gag man, un choix fort judicieux. Quel talent avait le regretté Tony Curtis pour nous faire aussi franchement éclater de rire, malgré les circonstances. La mise en scène sait parfaitement varier ses plans et ses effets, se montrant aussi élaborée qu'astucieuse. On renoue également avec les superbes décors naturels, les panoramas somptueux du cadre unique constitué par Monte-Carlo défilant avec bonheur. La redite de la scène de la bagarre apporte un humour de répétition bien trouvé, renforcé par un emploi pertinent du ralenti.

Les péripéties dans la demeure de Dupont, même si la série rejoint une certain conformisme avec l'institution de l'affrontement final, présentent le mérite d'illustrer que l'humour n'est pas tout dans Amicalement vôtre et que celle-ci constitue également une brillante série d'aventures. Comme autre figure obligée des productions de genre, on discerne également non pas le méchant de la semaine mais la fille. Un élément féminin viendra souvent servir de catalyseur pour nos aventuriers, l'intrigue se bâtissant dès lors autour d'elle. Imogen Hassall ouvre le bal avec un charme certain, même si les conventions du genre, auxquelles Amicalement vôtre demeure ici plus soumise que Chapeau Melon, font que son personnage n'a pas grand chose à défendre.

Premier contact apparaît finalement comme une parfaite ouverture pour The Persuaders !. Rien ne manque à son succès, y compris un tag fort pertinent et rappelant habilement la précédente scène d'ascenseur, encore marquée par l'hostilité. On regrettera simplement le recours à la technique des images de studio pour filmer les conducteurs y compris occasionnellement au sein de la superbe course initiale. Le procédé apparaît particulièrement visible, il s'agit de l'un des rares points où la série accuse son âge. Cela ressort d'autant plus fortement que le reste de la production est impeccable. Le final tragique entre le frère et la sœur semble également hors sujet dans la tonalité générale légère de l'épisode, d'autant qu'il est souligné par le jeu tout à fait démonstratif d'Imogen Hassall. Mais il ne s'agit là que de broutilles, Amicalement vôtre se voit portée sur les fonds baptismaux avec un épisode particulièrement abouti et enthousiasmant, laissant augurer le meilleur d'une série d'on il pose les jalons avec maestria.

Avis de Denis Chauvet:


Je me souviens avoir revu cet épisode la veille du décès de Tony Curtis.  J’ai essayé la série en VO sur Premier contact, Overture en VO. Déjà la voix rauque de Tony Curtis est antipathique au possible. Ensuite, on perd plus qu’on ne gagne avec la VO. Certes, on a le plaisir d’entendre Moore parler français :’Nous sommes arrivés’ (lorsqu’il laisse l’autostoppeuse), la référence à Lew Grade est gommée (et remplacée par ‘N’abusez pas de votre physique’ aux hôtesses) et le jeu de mots sur ‘bell girl’ ne passe pas en VF. Néanmoins, c’est plus intéressant en VF. Quelques exemples : en VF, Danny suggère à Brett de faire ça dans une chambre d’hôtel (c’est ‘bedroom’ en VO et c’est moins drôle). Idem pour les prémices du combat : ‘Vous voulez recevoir une baffe ?’ (‘Do you want to fight ?) et ‘Je pense que vous pourrez pas me toucher (‘I wasn’t but I’m now’). Et le ‘vieux’ est ‘friend’ en VO. A noter que lorsque Brett Sinclair lâche la première autostoppeuse, on aperçoit l’affiche pour le camping Le Vallon rouge. Celui-ci existe toujours.

Sinon, je mets 2 melons car comme souvent les pilotes sont surtout là pour présenter la série. C’est le cas ici. La course automobile est datée (comme le sont la plupart des scènes automobiles) et la bagarre des deux compères sur de l’insupportable accordéon ressemble à du Benny Hill, ce qui ne sera pas le cas de beaucoup de combats de la série. L’intrigue est plate et le dénouement déroutant.

J’ai bien aimé, comme je l’écrivais il y a quatre ans, la première scène de Brett Sinclair (‘Suivante’) et certaines répliques : ‘Après les femmes et les chiens, le meilleur ami de l’homme est le Créole crème’ (celle-là ne passerait plus aujourd’hui !!) et ‘Face, je gagne, pile tu perds’, que j’ai réutilisé, comme bien d’autres fans, dans ma jeunesse. La scène pour chiper la clé est aussi drôle et bien faite. Personnellement, j’ai une préférence, à quelques exceptions près, pour les épisodes se déroulant en Grande-Bretagne. 

Infos supplémentaires:

La série est tournée sur pellicule couleur 35 mm, soit la qualité utilisée par le cinéma. Une spécificité onéreuse mais permettant d'optimiser les efforts réalisés dans les autres domaines de la production (voitures, costumes, décors naturels ou de studio).

Comme le confirme Roger Moore lui même dans ses mémoires, la photo du générique représentant Lord Sinclair enfant est en fait celle de son fils Geoffrey.

En VO, Danny demande à ce que l'on remercie « Sir Lew » pour son avion. Lew Grade, le magnat d'ATV, possédait effectivement un jet privé, évoqué par Roger Moore dans ses mémoires. Anobli en 1969, en tant que chevalier, il sera porté au rang de baron et de pair du Royaume en 1974.

Les Français semblent plus débonnaires : en version originales Brett et Danny sont menacés de 90 jours de prison par le juge, et seulement de 75 en version française !

L'Hôtel de Paris a effectivement servi de décor à l'arrivée de la course. Il s'agit d'un des palaces les plus prestigieux de Monte-Carlo, inauguré en 1864 et considéré comme l'un des plus beaux exemples du style Belle Époque. Il se situe à 25 km de l'aéroport de Nice, ce qui donne une certaine idée de la distance parcourue par nos héros. L'hôtel contient les plus grandes caves privées du monde, creusées à plus de 15 mètres sous terre, et abrite le Louis XV, célèbre restaurant d'Alain Ducasse. Situé à deux pas du Casino, cette propriété de la Société des Bains de Mer constitue l'endroit le plus prisé depuis lequel suivre le rallye automobile annuel.

La joyeuse chanson accompagnant la course automobile est  Gotta Get away, interprétée par Jackie Trent et Tony Hatch. Ce dernier se finit connaître durant les années 60 comme de producteur de Petula Clark et le créateur de plusieurs des tubes de celle-ci (Call Me). Il devient un compositeur régulier de séries télé (Emmerdale, Crossroads, Seinfeld, The Simpsons…). En 1966 il épouse la chanteuse et compositrice Jackie Trent, avec laquelle il formera un duo à succès dans la variété mais aussi la composition de comédies musicales.

La Dino Ferrari 246 GT est la version coupé du modèle, GTS représentant le cabriolet. Lancée en 1969 et développée jusqu'en 1973, son nom a été choisi en hommage à Dino, fils d'Enzo Ferrari, prématurément décédé en 1956. La Dino 246 fut la première Ferrari développée à relativement grande échelle (3761 exemplaires). Vendue à un prix moindre vis-à-vis du reste de la gamme, elle connut un grand succès pour son design mais aussi sa remarquable tenue de route.

L'Aston Martin DBS V8 fut la figure de proue de la marque de 1969 à 1972. Du fait de son grand succès commercial, même si remplacée par des modèles plus récents, sa production ne cessa totalement qu'en 1989. La voiture, au poids optimisé, était fameuse pour ses accélérations foudroyantes et sa conduite nerveuse. En tout 408 exemplaires furent fabriqués. Aucun modèle n'étant disponible lors du tournage, une six cylindres DBS fut modifiée pour en donner l'apparence. Avec prestige, le numéro minéralogique de la voiture de Lord Sinclair est BS1, succédant à la ST1 de Simon Templar.

Comme s'en était encore parfois la coutume, Imogen Hassall est doublée par une autre actrice dès la version originale. (source : Avengers Forever).  

Lors de sa première diffusion française, l'épisode s'intitulait Prise de contact.

Danny Wilde exhibe déjà ses fameux gants. Roger Moore raconte dans ses mémoires que Tony Curtis en était si raffolé qu'il lui arrivait de ne pas les oter, même pour se laver les mains ! (Amicalement vôtre, éditions l'Archipel, page 176).

Le Créole Cream est un cocktail traditionnel à base de rhum. La recette en est la suivante, d'après le livre La cuisine des séries (Flammarion).

Préparation : 10 minutes, au shaker.

Composition :

6 cl de rhum blanc,

2 cl de vermouth frais et non glacé,

2 cl de grenadine,

2 cl de jus de citron

Olive(s)

Verser tous les ingrédients dans le shaker, les frapper, puis servir dans un verre à pied.

Acteurs – Actrices

Laurence Naismith (1908-1992) connut une superbe carrière théâtrale, à Broadway comme au West End. S'il reste surtout remémoré pour sa participation à Amicalement vôtre, il tourna dans plusieurs grandes production comme Richard III (1954), Le Village des Damnés (1960), Les diamants sont éternels (1971), mais aussi A Night to Remember (1958) et Jason et les Argonautes (1963) avec Honor Blackman. À la télévision il apparut dans Le Fugititif, Destination Danger, Les Envahisseurs, Mannix, Le Retour du Saint…

Imogen Hassall (1942-1980) apparut dans plusieurs Spies Shows anglais des années 60, dont Le Saint (trois épisodes) et Les Avengers, où elle fut Anjali dans Escape in Time. Elle fut aussi une étoile des séries B de la Hammer durant les 70's. Sa création la plus connue demeure celle d'Ayak, dans Quand les Dinosaures dominaient le Monde (1970). Elle fut surnommée « Countess of Cleavage» (Comtesse du décolleté) et « Queen of Premieres » pour sa propension à apparaître aux premières dans de suggestifs atours, catalysant l'attention des photographes. Elle se suicida par surdose de médicaments, pour une raison demeurée mystérieuse. Une biographie lui a été consacrée en 2002, Tuesday's Child – The Life and Death of Imogen Hassall.

Alex Scoot (1929) participe à de très nombreuses séries anglaises des années 60, avant de s'en retourner dans son Australie natale où il devint une grande figure du cinéma national. Il participe à trois épisodes des Avengers : Square Roots of Evil, Faites de beaux rêves et Jeux, où il incarne Averman, l'homme d'affaires spécialiste du Stock Exchange.

Bruno Barnabe (1905-1998), ancien de la RADA, fut avant tout un comédien de théâtre. Il participe néanmoins à trois épisodes des Avengers : L'éléphant blanc, Du miel pour le prince (le Grand Vizir) et À vos souhaits !.

Séquence culte: Course automobile

Séquence culte: Une ou deux olives ?

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2. LE COUREUR DE DOT
(TO THE DEATH, BABY)

Diffusion : 18 février 1972

Scénario : Donald James (1931-2008) fut un auteur à succès, notamment avec les enquêtes de l'inspecteur Vadim, mais aussi avec des ouvrages historiques. Il était un spécialiste reconnu de la Seconde Guerre Mondiale et de la France occupée. Durant les années 60, il conçut des scénarios pour de nombreuses séries de Lew Grade, dont Le Saint, Cosmos 1999, L'Aventurier, Les Champions, Jason King, Department S etc. Il est également l'auteur de l'épisode Entre deux feux. Pour Chapeau Melon et Bottes de Cuir, il écrivit l'intrigue de Un dangereux marché.

Réalisation : Basil Dearden (1911-1971) fut un metteur en scène réputé, comptant à son actif de grandes productions comme Khartoum (1966) ou The Assassination Bureau, avec Diana Rigg (1969). Il bénéficiait de toute la confiance de Roger Moore, avec lequel il venait de tourner l'ambitieux thriller The Man Who Haunted Himself, en 1970. Également réalisateur des épisodes Premier Contact et Le Coureur de Dot, il décéda peu de temps avant la diffusion de la série, d'un accident de la route. Il était l'époux de Melissa Stribling, qui participa à La Danseuse mais aussi à Chapeau Melon.

Distribution: Jennie Linden (Shelley Masterson/Gladys Smith), Terence Morgan (Carl Foster), Thorley Walters (John Halton), Harold Innocent (Coady), Robert Russell (Ramon), Roger Delgado (Estoban), Juan Moreno (le serveur)

Résumé:

En Espagne, dans un palace, Brett et Danny séparent deux hommes en étant venus aux mains. L'un deux, Halton, se révèle l'administrateur des biens de Shelley Masterson, jeune milliardaire courtisée par un coureur de dot professionnel, Foster. Afin éloigner l'importun, mais aussi pour le plaisir de la compétition, les Persuaders vont chacun tenter de séduire la demoiselle. Mais Foster parvient à obtenir d'elle des signatures compromettantes, puis écarte Halton en le faisant enlever par des brigands locaux. Celui-ci est cependant libéré par Danny et Brett, tandis que Shelley ouvre les yeux sur le comportement de son soupirant. Pour éviter le scandale, elle accepte néanmoins le chantage de ce dernier, qui réclame 100 000 $ contre la restitution des documents. Face au refus de Halton, chacun des Persuaders, n'ayant pas renoncé à leur joute, lui apporte la somme... mais en fausse monnaie ! Survient alors un brusque retournement de situation, quand il s'avère que toute cette histoire ne constituait qu'une vaste arnaque, destinée à leur soutirer cet argent. En parfaits gentlemen, Brett et Danny viennent néanmoins sauver la jeune femme des griffes d'un dangereux criminel, lui aussi victime de l'escroquerie.

Critique de Estuaire44:

L'épopée des Persuaders en Espagne se montre particulièrement amusante, l'humour provenant de diverses sources s'entremêlant avec réussite. La première dynamique résulte du duo lui même, une nouvelle fois irrésistible. Nos amis ne se situent décidément pas dans la famille des héros chevaleresques traditionnels. Leur souci de venir à la rescousse de la jeune femme s'accompagne d'un motif moins louable mais au combien ludique : poursuivre leur amicale rivalité, sur le terrain de la conquête des cœurs. Se prenant au jeu comme de vrais gamins, ils nous régalent de plusieurs scènes absolument irrésistibles, d'autant qu'elles se pimentent de plaisanteries acidulées, sur la nationalité ou la classe sociale du compétiteur. Les coups paraissent également répartis et les excellents dialogues crépitent, tandis que Roger Moore et Tony Curtis excellent toujours dans le registre de la comédie légère, entre vaudeville et screwball comedy. La scène hilarante où Danny tente infructueusement de forcer une porte évoque ainsi irrésistiblement Le Pigeon, le chef-d'œuvre de Mario Monicelli.

Mais à cet aspect vient encore se greffer le regard délicieusement distancié qu'Amicalement vôtre porte sur ses héros. Les voir fiers comme Artaban d'avoir déjoué la minable escroquerie des faux billets, pour ensuite les découvrir totalement embobinés par  l'arnaque autrement élaborée de Foster, reste délectable. Pareillement Le coureur de dot nous montrera Lord Sinclair dans une posture assez dégradante face à Ramon, avant qu'il n'en triomphe, ou les héros avoir recours au renfort de ce douteux individu avant d'assaillir les troupes de Coady. Une fois les masques tombés, ils se prendront derechef un joli râteau avec la délurée Gladys. Cette ironie enveloppant les exploits des protagonistes, vraie originalité de The Persuaders ! vis à vis des séries d'aventures britanniques Sixties, apporte une savoureuse dimension picaresque au récit. On va cependant légèrement trop loin avec l'affaire des faux billets : que Brett et Danny envoient la jeune femme à un rendez-vous pouvant mal tourner, lestée d'une monnaie de pacotille, dérange quelque peu par le risque encouru.

De plus, contrairement à Premier contact, le timing se montre parfait entre humour et développement de l'intrigue, celle-ci ne se réduisant pas du tout à la portion congrue. Bien au contraire, la combine conçue par Foster se révèle parfaitement orchestrée. Le romancier Donald James démontre une véritable habileté dans l'élaboration du scénario, jusqu'à un twist réellement explosif. L'épisode joue judicieusement la carte de la véracité absolue, jusqu'à y insérer Coady dès le prologue, une excellente idée de scénariste. Certes tout ne sonne pas juste, comme la facilité avec laquelle Halton accorde sa confiance aux Persuaders, ou l'inutile et maladroite mise à sac de la chambre de Danny. Mais le spectateur ayant plutôt mis cela sur le compte de la naïveté de l'époque, ces réserves ne privent pas l'effet de jouer à plein. Confronter le duo vedette à des faisans constitue une bonne initiative, synchrone avec la légèreté de la série. On observe d'ailleurs qu'après deux épisodes l'on ne répertorie toujours aucun assassinat. Coady intervient cependant à point nommé, la menace qu'il véhicule empêche le propos de glisser dans la gratuité ludique, sans dénaturer le récit grâce à sa non concrétisation. C'est bien joué.

Outre qu'elle autorise une succession continue de rocambolesques péripéties,  cette astucieuse intrigue permet de parfaitement restituer l'atmosphère de la société dans laquelle se meuvent Wilde et Lord Sinclair : une jet set insouciante et sybarite, aussi charmante que quelque peu vaine et déconnectée du monde (le pays subit alors les ultimes soubresauts répressifs du Franquisme, ainsi que de grandes tensions sociales). Immuable également, car l'on n'y dénote pas non plus de notable évolution quarante années plus tard, hormis une certaine perte d'élégance. L'histoire jette également un regard intéressant sur le passé de Danny, connaissant les personnages troubles peuplant les traverses de ce petit univers, au sarcastique ébahissement de l'aristocrate britannique.

Le sens de l'action démontré par ce récit se voit également soutenu par une mise en scène vive et pertinente, même si l'on regrette une nouvelle fois ces vues de conducteurs réalisées  en studio, particulièrement évidentes. Les parcours en automobiles paraissent d'ailleurs trop longs, pénalisant le rythme de l'intrigue, d'autant qu'ils sont étonnamment tournés dans la pénombre, privant les décors naturels d'une bonne partie de leur impact. Les décors intérieurs manifestent le talent coutumier de l'équipe de production, mais souffrent d'un manque de cachet authentiquement espagnol (notamment dans la villa de Foster), et c'est d'ailleurs sur ce point précis que le bât blesse pour Le coureur de dot.

En effet, l'épisode va non seulement véhiculer les clichés usuels, ici déployés sans finesse aucune, mais aussi donner une vision pour le moins consternante et hors sujet de l'Espagne. On a bien entendu droit au marronnier de la corrida, ici singulièrement mal mis en scène par un insert grossier, suivi d'une scène en studio dont l'indigence tranche nettement avec le reste de la production. Le catalogue des poncifs éculés se poursuit par le Flamenco, avec cette fois un humour involontaire mais assez irrésistible. Les auteurs semblent croire que cette danse se pratique partout en Espagne, alors qu'elle se limite essentiellement à l'Andalousie. Or rien dans l'environnement naturel ou l'habitat n'évoque cette région (le tournage a été réalisé aux alentours de Cannes) et voir toute une population s'y adonner équivaut à mettre en scène un bagad celtique en Provence, c'est risible. On a également droit à la promenade équestre, un cliché inscrit au répertoire depuis le récent Au Service secret de Sa Majesté (1969), autre monument du genre concernant l'Espagne.

Histoire de renforcer une ambiance hispanique si défaillante, les Persuaders multiplient les locutions locales basiques, mais l'épisode joue de malchance car Hasta la vista a revêtu depuis une connotation à la Terminator. Roger Moore en T-1000, cela ne fonctionne pas vraiment. Mais on atteint une apothéose avec le village. Sous nos yeux éberlués se déroule un remake pseudo ibérique de Murdersville puisque, apparemment, toute la population est dans le coup,  sans un seul autochtone ressentant le moindre embarras.  Sauf qu'ici l'on ressent bien qu'il s'agit d'une norme et non pas d'une situation décalée. De plus, visiblement Lord Sinclair ne conduit pas une Aston Martin mais une Delorean, tant il voyage dans le temps en pénétrant dans cet endroit si arriéré qu'il ne déparerait pas dans la Californie de Zorro, voire le Colomba de Prosper Mérimée. C'est limite Twilight Zone comme ambiance. De plus les costumes locaux ne sont pas franchement espagnols, mais plutôt corses, sardes ou piémontais. En fait l'on s'aperçoit que l'on ne se situe pas vraiment en Espagne, mais plutôt dans une Europe méridionale fantasmée et indéfinie, entre sous-développement absolu et crapulerie viscérale. On comprend que Moore ne se soit pas senti dépaysé chez Fleming.

Le coureur de dot bénéficie par ailleurs d'une brillante distribution, apportant une authentique saveur aux seconds rôles. En guest star brièvement échappé des plateaux de Doctor Who, Delgado accomplit une performance joyeusement caricaturale, laissant de plus entrevoir le charisme inouï qu'il parvint toujours à insuffler au Maître. La vraie curiosité que constitue sa courte confrontation avec Roger Moore représente l'un des pics de l'épisode, mais aussi l'un de ses rares clins d'œil réussis à l'Espagne (à écouter en VO). Gladys campe une jeune femme faussement effacée, dont l'apparent suivisme participe totalement au rebondissement final, en s'assimilant si bien aux conventions du temps. Jennie Linden lui apporte une charmante espièglerie des plus délurées, lui seyant à merveille. Le supérieurement talentueux Innocent insuffle une vraie présence à son personnage aussi glacial qu'imbu de lui même. On se situe dans l'archétypal mais avec une délectation sans mélange. Thorley Walters et Robert Russell se montrent également solides, illustrant avec succès la propension d'Amicalement vôtre à employer des valeurs sûres et expérimentées.

En définitive Le coureur de dot parvient à agrémenter la réussite de son astucieuse intrigue par le talent de ses interprètes et l'humour enlevé de nombre de ses situations. Passant outre certains clichés parfois irritants, il constitue un appréciable épisode, fort distrayant.

Avis de Denis Chauvet:


J’avais été trop dur avec celui-ci ne lui accordant qu’un petit melon. Il vaut en fait un bon 2. Pas pour l’intrigue qui ressemble étrangement à celle de Premier contact, ni pour les seconds rôles, très fades dans leur ensemble, mais pour les scènes entre les deux héros. Brett et Danny à la conquête de la même femme, une vraie gourde, même s’ils se font rouler cette fois-ci comme deux gros pigeons ! Pendant plus de la moitié de l’épisode, qui se déroule soi-disant en Espagne, il ne se passe strictement rien.

Les passages les plus intéressants sont toujours les mêmes pour moi : la confrontation Brett/Danny avec leurs drapeaux respectifs et la séquence burlesque du cambriolage. On peut aussi y ajouter la façon avec laquelle Wilde raconte sa partie de poker (en VF).  Les héros et l’escroc escroqués par un trio inconsistant ne prend pas beaucoup par contre. Beaucoup de scènes en studio et Jennie Linden est doublée, contrairement à Roger Moore, dans la séquence équestre. La réplique de l’épisode pour Danny : ‘Vous êtes en avance, on ne sort les ordures que dans deux heures.’ 

Infos supplémentaires:

Malgré le portrait peu flatteur donné de leur pays, les Espagnols réservent un excellent accueil à la série, tout comme l'Amérique latine. Le doublage castillan demeure très fidèle à la version originale, contrairement aux versions françaises et allemandes, laissant la part belle à la stimulante fantaisie des doubleurs. La série conserve d'ailleurs son appellation initiale avec Los Persuadores ! (comme Chapeau Melon, avec Los Vengadores). En Argetine, tout comme dans le reste de l'Amérique hispanique, elle se nomme Dos tipos audaces (Deux hommes audacieux).

Lors de la rencontre avec Estoban, Lord Sinclair inaugure ce qui va devenir l'un des rituels de la série : la chronique fantaisiste des hauts faits de ses ancêtres. Ce symbole de l'excentricité britannique est annoncé par les innombrables tantes de Steed et devance les intarissables souvenirs de guerre d'Higgins ou encore les pittoresques histoires de démon de Ruppert Giles.

La véritable Shelley se marie à l'église St George, Hanover Square. Située dans la Cité de Westminster, à proximité de la très huppée Regent Street, cette superbe église du début du XVIIIème siècle constitue le lieu attitré des mariages de la haute société. Sa paroisse couvre Mayfair, Belgrovia et Pimlico. L'orgue colossale de l'église accueille des concerts réputés, dont le festival annuel consacré à Haendel.

L'arbalète, arme de jet connue depuis l'Antiquité, est toujours pratiquée de nos jours. Des compétions sportives se développent, séparées en perses catégories : à 10 ou 30 mètres, à l'extérieur ou en salle. Elle est également utilisée à la chasse, notamment aux sangliers, mais aussi pour effectuer des prélèvements sur les cétacés, destinés à la recherche scientifique ! L'arbalète connaît également toujours des applications militaires, notamment pour faire exploser les mines (USA), mais aussi dans le cadre de guérillas (Kosovo) ou au contraire pour le maintien de l'ordre avec des carreaux incapacitants (Chine). Il s'agit également de l'une des armes fétiches de Buffy, la Tueuse de Vampires…

L'arme utilisée par Ramon est le bâton de berger traditionnel, également appelé houlette, ou crosse. Son extrémité recourbée sert à ramener dans le troupeau le mouton (brebis, chèvre…) s'en écartant. L'animal est saisi par la patte arrière et surtout pas par le cou, comme les infortunés Sinclair et Coady. Son modèle a inspiré la crosse épiscopale, selon un évident symbolisme, mais aussi le sceptre recourbé des pharaons. Un autre type de houlette servait à projeter des mottes de terre que l'on projetait ensuite sur l'animal pour le forcer à rejoindre les siens.

Foster, puis Coady, lisent The Tatler.  Intitulé en référence à un journal publié de 1709 à 1711, ce magazine fut lancé en 1901. Il s'agit d'une publication mondaine, décrivant l'actualité des personnalités célèbres ou des membres du Gotha : bals, évènements caritatifs, mariages, chasses, courses… Renommé London Life en 1965, il vient de retrouver son appellation initiale peu de temps avant le lancement de la série. Toujours très lu de nos jours, The Tatler développe désormais des guides dérivés : restaurants, voyages, spas… Le numéro d'octobre 2010 sacre Olivia Palermo comme Girl of the year.

Sans doute pour renforcer la Spanish Touch (et pour l'insertion de marque…), cet exemplaire du Tatler s'orne d'une publicité vantant les mérites de Tio Pepe. Il s'agit de la marque de Sherry la plus vendue au monde. Inaugurée en 1835, la société est basée tout près de Jerez et la visite de ses gigantesques caves constitue une originale attraction touristique de la région. Les bâtiments actuels, inspirés de Le Corbusier et contemporains de la série, furent construits de 1969 à 1974. Ils sont classés au patrimoine historique. Tio Pepe mène effectivement une politique très active de communication, la célèbre Puerta del Sol madrilène accueillant ainsi un gigantesque panneau publicitaire désormais inscrit dans le paysage. Son logo, une bouteille habillée d'un chapeau et d'une veste rouge, demeure l'une des figures les plus populaires des réclames espagnoles, de même que le slogan Sol deAndalucia embotellado.

L'hôtel où résident les Persuaders est en fait une résidence située à Cannes, Boulevard Métropole. (source : Avengerland)

Le superbe manoir anglais aperçu dans le prologue se situe à Iver (Buckingham Shire), à 30 km au nord est du centre de Londres (source : Avengerland). Il s'agit en fait d'une dépendance de Heatherden Hall. Ce bâtiment victorien abrite les services administratifs des studios de Pinewood, tout en servant régulièrement de décor. Durant les années 30, cette résidence appartenant à un homme d'affaires canadien devient un lieu de rencontres entre politiques et diplomates. L'accord prévoyant indépendance de l'Eire y fut signé. En 1934, Heatherden Hall fut racheté par Charles Boots qui créa et développa les studios sur les terrains entourant la propriété. Les nombreux arbres entourant le manoir suscitèrent le nom de « Pinewood ». La résidence apparaît dans de nombreuses productions, dont Bons baisers de Russie où elle est le quartier général de l'île du SPECTRE, dans le prologue. Dans ses mémoires Roger Moore rapporte que les différentes pièces et jardins de Heatherden Hall furent utilisées dans de nombreuses scènes de la série.

Acteurs – Actrices

Jennie Linden (1939) participa à diverses séries des années 60, dont Le Saint, Les Champions ou L'Aventurier. Plus récemment elle parut dans Casualty et The Practice. Au cinéma elle joua dans Women In Love (1969) et surtout dans l'une des adaptions sur grand écran de Dr Who, aux côtés de Peter Cushing : Dr Who and the Daleks (1965). Elle incarne Katie dans Le quadrille des homards, le dernier épisode de la période Cathy Gale.

Terence Morgan (1921-2005), ancien de la RADA, se fit connaître dans les rôles du répertoire, notamment à l'Old Vic Company de Laurence Olivier. Il incarne Laërte dans le Hamlet de 1948. Après de nombreux rôles de mauvais garçon, il devint populaire pour le rôle titre de Francis Drake (1961-1962), déjà face à Roger Delgado interprétant l'ambassadeur d'Espagne.

Roger Delgado (1918-1973) est né d'un père espagnol et d'une mère française. Il eut souvent des rôles de vilains mais la voix de ce natif de Whitechapel  était également célèbre dans les dramatiques radios de la BBC pour son pur accent cockney. Il tourna dans Destination Danger, Le Saint – deux épisodes, L'Homme à la Valise, Les Champions, Jason King… Il demeure particulièrement remémoré pour sa remarquable création du Maître, l'éternelle Némésis du Docteur (Dr Who, 1971). Il affronte Tara dans Le Visage et participe également à Crescent Moon. Il est décédé, ainsi que sa femme, dans un accident de voiture en Turquie. Parmi le groupe d'acteurs tournant dans les séries d'ATV, il reste celui comptant le plus d'apparitions, avec pas moins de 16 rôles répertoriés. Son nom complet était Roger Caesar Marius Bernard de Delgado Torres Castillo Roberto.

Thorley Walters (1913-1991) est connu pour ses participations dans des comédies à partir des années 50 et des films d'horreur de la Hammer (années 60 et 70). Il a joué le rôle du Dr Watson dans plusieurs films. Il interpréta Hemming dans Les espions font le service.

Robert Russell (1936-2008) tint de multiples seconds rôles tout au long de sa carrière, au théâtre comme à la télévision.  Son imposante stature le conduist à se spécialiser dans les personnages hostiles. Il apparaît dans Dr Who, Dick Turpin, Cosmos 1999, Public Eye, Z cars, Les Champions, Department S, Le Saint… Dans le monde des Avengers il incarne Lubin (Les évadés du monastère).

Harold Innocent (1933-1993), fut Parbury dans  Du bois vermoulu et Frank Leeson dans Les Sorciers. Il participe à Alfred Hitchcock Présente, La Quatrième Dimension, Les Professionnels, Dr Who... Au cinéma il apparaît dans Henry V (1989) et Robin des Bois, Prince des voleurs (1991). Il fut également un grand acteur de théâtre, spécialisé dans les rôles de vilains et de despotes et l'expressivité de sa voix lui valut de nombreux rôles à la radio. 

Séquence culte : La confrontation Danny / Brett


Séquence culte : Danny Wilde, gentleman cambrioleur

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3. MINUIT MOINS HUIT KILOMÈTRES
(FIVE MILES TO MIDNIGHT)

Diffusion : 7 janvier 1972

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Val Guest (1911-2006) mena avec succès une double carrière d'auteur et de metteur en scène. Au cinéma il réalisa ou écrivit de nombreux films de Science-fiction des années 50 aux 70, notamment pour la Hammer (The Day the Earth Caught Fire, 1961) et participa à la première version de Casino Royale (1967). Il travailla également beaucoup pour la télévision, dans de très nombreuses séries britanniques. Epoux de l'actrice Yolande Nolan, il fit paraître ses mémoires en 2001, So You Want to be in Pictures. Il écrivit également le scénario de l'épisode Les pièces d'or et réalisa Un ami d'enfance.

Distribution: Laurence Naismith (juge Fulton), Joan Collins (Sidonie), Robert Hutton (Frank Rocco), Robert Rietty (Torino), Ferdy Mayne (Comte Sangallo), Jean Marsh (Nicola), Arnold Diamond (Brusati), Ian Thompson (Vasile), Robert Gallico (Manny Howard)

Résumé:

Frank Rocco, grande baron de la mafia activement recherché aux États-Unis, connaît une liaison adultère avec l'épouse d'un rival. Découvert, il assassine celui-ci et se voit désormais traqué par l'organisation. En échange d'une protection et d'une remise de peine, il propose sa collaboration à l'ambassade américaine de Rome. Le juge Fulton demande alors à Brett et Danny de faire sortir en grand secret Rocco d'Italie, craignant des complicités dans la police. Brett et Danny se lancent alors dans un convoyage à haut risque, poursuivis de près par les tueurs de la Mafia. De plus, ils se voient contraints d'accepter la présence de Sidonie, un amie photographe de Danny désireuse d'exploiter le scoop représenté par l'expédition. Après bien ds péripéties l'équipe parvient à gagner la Suisse mais les Persuaders découvrent alors qu'ils n'ont servi que de leurre. Tandis qu'ils captaient l'attention des criminels, le juge voyageait tranquillement avec le vrai Rocco, le pseudo étant un agent américain.  Ils ne se montrent pas rancuniers mais doivent alors affronter la colère de Sidonie…

Critique de Estuaire44:

Minuit moins huit kilomètres étonne de prime abord par l'intensité et le ton macabre de son prologue, totalement en rupture avec ce que Amicalement vôtre a développé jusqu'ici. Tourné dans la pénombre, sur un ton volontiers sépulcral, ce passage nous vaut ainsi les premiers meurtres de la série, dont l'un se déroulant sous nos yeux, celui de l'épouse (pour le coup, on se situe loin des Avengers). La découverte particulièrement frappante des corps illustre le sens de l'image du vétéran Val Guest, de même que le parfait minutage de la scène. On peut se demander si l'atmosphère italienne et l'expérience du metteur en scène ne l'ont pas conduit à instaurer une atmosphère explicitement proche du Giallo, dont ce début des années 70 voit l'apogée (trilogie animalière de Dario Argento). Plusieurs éléments de genre particulièrement codifié s'y reconnaissent, comme la théâtralisation des postures ou la stylisation morbide. Le succès de cette ouverture se trouve couronné par la brève mais troublante prestation de Jean Marsh en femme lucide et résignée, attendant l'inévitable trépas. Une présence et une gravité rompant avec la succession de sémillantes jeunes femmes dont la série s'est faite la spécialité.

On découvre une toute autre ambiance dans la suite de cet épisode trépidant et ensoleillé. Sans doute toujours dans l'optique de percer en Amérique, Terry Nation opte ici pour le Road Movie, genre y connaissant toujours un continuel succès, au grand écran mais aussi dans les séries télévisées (les X-Files y recourront également avec l'excellent Drive). L'épisode développe souvent avec bonheur les codes de ce style de productions. L'élément purement automobile se voit particulièrement soigné, mêlant le pittoresque (le Modèle Huit, le camion antédiluvien) au classieux (sublimes Mercedes). Val Guest résiste au plaisir d'installer des scènes de poursuite nerveuses, hors sujet ici. Par contre il réussit totalement la miseen  avant de sublime paysages, un grand atout du genre et par suite de Minuit moins huit kilomètres. Qu'ils soient urbains, avec la fastueuse promenade romaine de Lord Sinclair, ou ruraux (sublimes sites bucoliques ou montagnards), les panoramas se révèlent toujours ravissants et finement filmés. On observe ici une heureuse rupture avec Le Coureur de dot, le soleil méditerranéen perçant enfin la pénombre. De plus, même le tournage s'étant essentiellement déroulé aux alentours de Menton et Nice, on se sent en Italie, contrairement à la précédente Espagne de pacotille.

L'habile Terry Nation réussit également cette dimension humaine constituant l'âme des meilleurs Road Movies, le voyage psychologique accompagnant le physique. Le Road Movie convient parfaitement à Amicalement vôtre,  celle-ci plaçant déjà la relation entre les héros au cœur de sa problématique. Et certes l'humour, la fantaisie et les échanges d'excellentes vannes coutumiers ne manqueront pas à l'appel. Mais l'épisode sait aller plus loin en révélant la vérité des personnages derrière leur apparente légèreté, une découverte souvent mise en scène dans ce type de films. Cela nous vaut deux scènes particulièrement touchantes, avec Danny embarrassé de voir le faux Rocco l'interroger sur le sens de son engagement, montrant bien que l'excitation de l'aventure n'est pas tout, et plus explicitement encore, Brett confessant à Sidonie la prise de conscience du vide de son existence après l'accident ayant mis un terme à sa carrière sportive. Avec un timing idoine, émouvants sans devenir sentencieux, ces passages apportent une profondeur bienvenue à des héros en quête d'un sens pour leur vie, tout en exposant une autre facette du talent de Tony Curtis et Roger Moore.

Malheureusement l'épisode se montre nettement moins performant sur d'autres points. L'entrée en lice des Persuaders s'effectue tout de même d'une manière terriblement artificielle. On se demande bien pourquoi les services américains auraient besoin d'aller trouver un juge anglais à  la retraite, et ses deux acolytes, pour organiser l'exfiltration de Rocco. Tout le passage dans l'appartement de Sidonie se montre naïf au plus haut point. Qu'il est vraisemblable de situer le rendez-vous chez une photographe, alors que le secret est désiré. En fait on se préoccupe avant tout d'insérer les Persuaders dans la trajectoire du Road Movie, sans trop se soucier de vraisemblance. L'argument du convoyage du criminel « repenti » ne brille pas non plus par son originalité. Surtout Nation ne parvient pas à dépasser le principal handicap du Road Movie, la linéarité de l'action. Une fois posée la problématique il va se contenter d'ajouter les diverses péripéties, comme d'autres enfilent des perles. On trouve ici un argument, pas vraiment un scénario. De plus les différents évènements se montrent souvent trop prévisibles. Le Comte suinte la félonie doucereuse par tous les pores de la peau et l'on tremble de honte pour nos Persuaders quand ils tombent dans le panneau grossier des faux policiers. Nos valeureux playboys paraissent décidément plus crédules et moins perfides qu'un John Steed, qui aurait assurément flairé l'embrouille à des kilomètres. Le retournement de situation final est bien trouvé, mais apparaît comme une redite après l'arnaque de l'épisode précédent.

D'ailleurs le voyage débute fort mal, avec tout un segment où pas grand-chose d'intéressant  ne se déroule. Arrêt pour acheter de la nourriture  ou halte repos, rien ne distingue véritablement le voyage des héros de celui des innombrables vacanciers de l'époque. Il faut dire que l'épisode se tire une jolie balle dans le pied en séparant durablement nos héros. On distingue ici à quel point leur relation et ses étincelles représentent le principal moteur de la série : dès qu'ils sont séparés Amicalemnt vôtre perd indéniablement en intérêt. Minuit moins huit kilomètres ne se lance véritablement qu'avec le retour de Sinclair, trop tardif. L'électricité est alors rétablie, et les échanges de piques entre les deux amis nous distraient comme toujours, avec les excellentes tirades coutumières (Bon sang mais réfléchis un peu Daniel ! Moi j'ai toutes les décisions à prendre et toi tu as seulement à prendre les risques !). Dès lors le périple atteint son rythme de croisière et nous distrait, porté par la complicité et la bonne humeur distanciée des héros, la mise en scène judicieuse de Val Guest et la nouvelle réussite des décors extérieurs et de studio (le salon du comte est sublime tout en sonnant juste) La pétillante musique italienne apparaît fort bien choisie, elle constitue un support particulièrement entraînant pour l'action. Et puis l'on commence à prendre son parti des scènes de conduite aux truquages toujours si évidents.

Comme tout bon Road Movie qui se respecte, Minuit moins huit kilomètres constitue également l'occasion de développer toute une galerie de portraits, mais avec un inégal succès.

Joan Collins  défend correctement son personnage, mais sans réel brio. Sidonie se situe dans la moyenne des « filles de la semaine » de la série, c'est-à-dire qu'elle ne participe pas vraiment à l'action, se cantonnant à un suivisme à peu près total. De plus Brett et Danny n'ont pas loisir d'instaurer une compétition amusante, comme celle de l'épisode précédent. En fait, hormis le tag conclusif, on achève l'épisode en se demandant à quoi elle sert au juste. On apprécie par contre vivement son  appartement au psychédélisme si 70's, amusant à comparer avec celui de Tara King : également un duplex en folie, mais bien moins nombriliste ! Le côté bien plus américain qu'italien du faux Rocco et de son interprète écorne la surprise finale, tandis que ses sempiternelles rebellions lassent vite. Le personnage paraît très  joué, dans tous le sens du terme. Le commissaire menant les opérations demeure essentiellement périphérique et de dégage pas grand-chose. De plus son bureau à la carte Michelin épinglée au mur, paraît très pauvre vis-à-vis des autres décors de la série, c'est limite nanar d'époque.

Par contre Torino apporte un vrai plus à l'épisode. La composition sobre et efficace de Rietty en traqueur déterminé paraît bien plus réaliste et convaincante que la version burlesque et hors d'âge de la mafia qu'il donna dans La Loi du Silence. On mesure le volonté de (relatif) réalisme qui habite Amicalement vôtre par rapport à Chapeau Melon. La série s'éloigne ici des Spies Shows 60's pour lorgner vers les productions policières se dessinant en ce début des 70's. Dans son genre particulier le Comte s'avère lui aussi une réussite, même si se situant dans l'imagerie d'Epinal concernant nos amis ultramontains, forcément raffinés et fourbes (que les Français se rassurent, après les Espagnols puis les Italiens, ils vont aussi y avoir droit). Mais, davantage encore, on goûte décidément la fantaisie malicieuse et empreinte de joyeux cynisme du Juge Fulton. On raffole du jeu savoureux de Laurence Naismith, ainsi que de la complicité instaurée entre les personnages aussi bien qu'entre les comédiens, particulièrement sensible à l'écran. Ici comme toujours il apporte une indéniable valeur ajoutée à cet épisode inégal mais en définitive plaisant grâce aux compositions si plaisantess des deux principaux protagonistes.

Avis de Denis Chauvet:


Après un épisode ‘espagnol’, c’est un ‘italien’ avec une belle carte postale de Rome au tout début dans l’Aston Martin de Brett Sinclair. Après un prélude énigmatique, Brett et Danny traversent l’Italie pour, soi-disant, mettre à l’abri un mafieux italien, Rocco (rien à voir avec Siffredi). J’aime bien cet épisode qui débute dans le studio de la charmante Sidonie et qui se poursuit dans cette vieille camionnette Citroën, trop vite abandonnée.

Mon passage préféré est le repas dans la demeure du noble et la présentation de l’addition m’amuse toujours autant (‘J’emporterai le whiskey avec nous’). La cavale en vélo et vieille guimbarde est truffée de dialogues savoureux et le final dans la maison abandonnée n’est plus une surprise avec les rediffusions mais il reste divertissant surtout lorsque Brett raconte l’histoire d’un de ses ancêtres terminant par : ‘Ils l’ont massacré’. On voit aussi la différence de classe avec le Lord qui veut rester propre. Il y a quelques longueurs comme Brett et Sid dans les bois et des répliques qui ne font plus mouche (‘champion olympique des raseurs’) mais l’ensemble est très bien. Et puis Joan Collins/Sidonie est un atout non négligeable.

A noter qu’il n’y a pas que de la pub gratuite pour Fanta ; il y a des cartons Buitoni dans la planque assiégée des Persuaders !

Infos supplémentaires:

Le choc entre les deux fortes personnalités de Tony Curtis et Joan Collins provoqua des étincelles. Dans ses mémoires Roger Moore raconte comment leur antagonisme suscita une atmosphère détestable durant le tournage (Curtis allant jusqu'à traiter publiquement sa partenaire de « conne »). Moore, comptant également parmi les producteurs de la série, dut déployer des trésors de diplomatie pour éviter une explosion définitive.

La demeure du Comte Sangallo est en fait Woolmer's Park, bien connue des amateurs des Avengers pour constituer la fastueuse demeure de Paul Beresford dans Le retour des Cybernautes. Ce manoir de la fin du XVIIème siècle se situe à Letty green, dans le East Hertfordshire. Depuis les années 50 il abrite un important club de Polo, ainsi que ses diverses installations. Woolmer's Park apparaît également dans l'épisode Trop d'indices, ainsi que dans plusieurs autres séries de l'époque (sources : Avengersland et Avengers on location).

Le bois où les Persuaders et Sidonie prennent congé du juge et du faux Rocco est celui de Black Park Lake, situé non loin de Pinewood. Il figure dans plusieurs épisodes de la série, ainsi que dans les New Avengers. En effet, à trois reprises il y tient lieu de zone frontière entre l'Est et l'Ouest, dans Pour attraper un rat, Les anges de la mort et Méfiez-vous des morts !. Du fait de la proximité des studios, ces bois apparaissent dans un grand nombre de productions anglaises.

Le porche devant lequel le Comte attend l'arrivée de Torino est celui de High Canons. Ce superbe manoir situé dans le Hertfordshire constitue également la résidence de Sir Lexius Cray dans Le Vengeur Volant. Située dans le Well End, cette magnifique résidence du XVIIIe siècle apparaît dans de nombreuses séries : Destination Danger, le Baron, Le Saint, L'Aventurier

Une partie des scènes se sensées se dérouler à Rome furent en fait tournées à Nice. Parmi celles effectivement réalisées dans la capitale italienne, Lord Sinclair passe devant la Piazza del Popolo, la Piazza di Venezia, le monument dédié à Victor Emmanuel, le Colisée et le Palais du Quirinal, résidence du président de la république italienne. La plupart des vues de Rome se situent dans les superbes avenues entourant le Vatican. Des images de la séquence du Colisée seront réemployées dans Entre deux feux.

Le pittoresque véhicule de Sidonie est le fameux fourgon Modèle H de Citroën.  Il fut produit de 1948 à 1981, pour un total de 473 289 exemplaires. Révolutionnaire en son temps il représentait alors un progrès considérable par l'importance de sa charge utile et la qualité de sa suspension arrière permettant une excellente tenue de route. Il demeure cependant gourmand en carburant et assez lent. Le modèle H demeure associé aux " paniers à salade "  de la police mais également aux utilitaires de nombreux commerçants. Le nom de « H » provient du fait qu'il s'agissait du huitième projet mis en œuvre sur la période. Véhicule à la longévité exemplaire, utilisé par de nombreuses professions, le Modèle H apparaît dans de nombreux films et séries,  constituant par exemple le symbole de Louis la Brocante.

L'Italie semble peuplée de voitures étrangères, notamment françaises ou allemandes. La plupart des modèles aperçus dans l'épisode sont des Citroën, des Peugeot ou des Mercedes, et non des Fiat. Même la Ferrari Dino de Danny manque à l'appel.

L'accident ayant mis fin à la carrière sportive de Lord Sinclair s'est déroulé à Monza, ville de Lombardie où se déroule traditionnellement la grand prix d'Italie de Formule 1, depuis 1921 (Imola accueillant le Grand prix de Saint-Marin). Son actualité est effectivement marquée par un dramatique accident survenu en 1970, coûtant la vie au leader du championnat, l'autrichien Jochen Rindt, durant les essais. Les circonstances de sa sortie de route, similaire à celle évoquée par Brett, ne furent jamais réellement déterminées, même si l'on supposa une défaillance des freins.

Assez logiquement dans cet épisode à dominante automobile, le juge Fulton lit un magazine y consacrant un important article intitulé Automondo. Assez ironiquement vis-à-vis de ses collaborateurs, il y est question de vacances.

A l'occasion d'une magnifique insertion de marque, les différents véhicules quittant Rome démarrent devant un panneau publicitaire vantant les mérites de Fanta. Le nom de ce  soda sans  caféine provient de l'allemand Fantasiegetränk (« boisson fantastique »).Du fait du blocus existant durant la guerre le Coca Cola vient vite à manquer en Europe, et la jusque là division allemande de Coca Cola le développa en substitution, à partir de cidre et de lait. Les autres filiales adaptèrent les saveurs aux productions nationales, avant que Coca Cola ne rachète tous les droits et ne relance la marque en 1960. Le goût orange demeure le plus populaire mais 70 saveurs existent, le Fanta étant commercialisé dans 180 pays. Dans les années 70, Fanta était bien plus répandu en Espagne et en Italie qu'en France, du fait de l'abondance en agrumes, et cette boisson reste indissociable des vacances estivales de l'époque.

Acteurs – Actrices

Joan Collins  (1933) reste bien entendu l'emblématique Alexis de Dynastie (1982-1989) mais cette actrice anglaise a également accompli une solide carrière au cinéma (La Terre des Pharaons, 1955 ; Bravados, 1958). Elle se fait néanmoins surtout connaître à la télévision, où elle participe à Star Trek, Mission Impossible, Cosmos 1999, Police Woman, Starsky et Hutch, Will and Grace, L'amour du risque, Femmes de footballeurs, Miss Marple etc. Joan Collins est égalemnt l'auteur à succès de plusieurs ouvrages de conseils de vie et de romans.

Jean Marsh (1934) connut un immense succès en Grande-Bretagne avec Upstairs-Downstairs (Maîtres et valets, 1971-1975), série qu'elle interpréta et coécrivit. Elle participa également à I Spy, La Quatrième Dimension, Doctor Who, Le Saint (quatre épisodes), Department S,Gideon's Way, Hawaï Police d'Etat… Au cinéma Jean Marsh interpréta notamment l'infâme Reine Bavmorda (Willow, 1988). De 1955 à 1960 elle fut l'épouse de Jon Pertwee.

Arnold Diamond (1915-1992) participa à deux épisodes des Avengers : Fog (Haller) et Who's who ??? (Dr Krelmar). Il est une figure régulière des séries britanniques, tenant notamment le rôle semi-récurrent du Colonel Latignant dans Le Saint (5 épisodes). Maîtrisant plusieurs langues, ainsi que leur intonation,  il tint de nombreux rôles d'étrangers : Français, Allemands, Russes…

Robert Rietty (1923) naît à Londres dans une famille d'origine italienne (don vrai nom est Rietti). Parfaitement bilingue, il conservera toujours une activité d'interprète et de traducteur d'auteurs italiens (Pirandello), parallèlement à sa carrière de comédien. Enfant star à neuf ans, il apparaît ensuite dans de nombreuses séries (Destination Danger, L'Homme à la Valise…), mais cet ami proche d'Orson Welles demeure également un doubleur réputé. Il suppléait, en Anglais, des acteurs dont l'intonation posait problème. Il réalise ainsi de nombreux doublages dans les James Bond, dont celui d'Adolfo Celi dans le rôle d'Emilio Largo (Opération Tonnerre, 1965). Il apparut dans deux épisodes de Chapeau Melon, La loi du Silence et Le Piège, toujours dans des rôles d'Italiens.

Séquence culte : Dîner chez le comte


Séquence culte : Un appartement très design

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4. UN AMI D'ENFANCE
(ANGIE… ANGIE)

Diffusion : 19 novembre 1971

Scénario : Milton S. Gelman (1919-1990), écrivain californien, travailla pour de nombreuses séries américaines (Des Agents Très Spéciaux, Bonanza, Perry Mason…). Si cet épisode constitue le seul qu'il conçut directement pour Amicalement Vôtre, il participa à la supervision de l'écriture des sept premiers opus produits, ceux tournés en France et en Italie.

Réalisation : Val Guest (1911-2006) mena avec succès une double carrière d'auteur et de metteur en scène. Au cinéma il réalisa ou écrivit de nombreux films de Science-fiction des années 50 aux 70, notamment pour la Hammer (The Day the Earth Caught Fire, 1961) et participa à la première version de Casino Royale (1967). Il travailla également beaucoup pour la télévision, dans de très nombreuses séries britanniques. Epoux de l'actrice Yolande Nolan, il fit paraître ses mémoires en 2001, So You Want to be in Pictures. Il écrivit également le scénario de l'épisode Les pièces d'or et réalisa Minuit moins huit kilomètres.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Larry Storch (Angie), Lionel Murton (Ben), Kirsten Lindholm (Marissa), John Alderson (Kyle Sandor), Anna Brett (employée de la banque), Rose Alba (Madame La Gata)

Résumé:

A Cannes, Lord Sinclair sauve la vie de Kyle Sandor, au cours d'une tentative de meurtre à laquelle la belle Marissa  prête son concours. Sandor, témoin clé contre la Mafia, désire assister à un festival de cinéma comique, avant de se rendre devant la justice. Le Juge Fulton, bien introduit dans les milieux bancaires, utilise l'argument financier pour enjoindre aux Persuaders de veiller sur Sandor. Or, dans le même temps, Danny rencontre par hasard Angie, un ami d'enfance du Bronx, perdu de vue depuis longtemps. Or il apparaît que Marissa est sa fiancée ! Fulton et Sinclair tentent de convaincre Danny qu'Angie est un tueur à gages mais celui-ci refuse de les croire. Angie finit par droguer Danny pour avoir les mains libres, puis tente une nouvelle fois d'assassiner Sandor. Une nouvelle fois contrecarré par Sinclair, il prend alors la fuite mais laisse Danny le rattraper. Au cours de la confrontation, Il est abattu par Ben, bras droit félon de Sandor, qui était en fait l'instigateur du complot. Ce dernier est ensuite mis hors d'état de nuire par les Persuaders réconciliés.

Critique de Estuaire44:

L'ouverture semble de prime abord assez conventionnelle, bien davantage que la troublante introduction de Five Miles to Midnight. Toutefois elle éveille rapidement comme une sensation de déjà-vu : l'évidence du décor studio, le raccord abrupt avec le passage en extérieur et Roger Moore en unique héros bondissant : on se croirait réellement devant Le Saint, au point que l'on croit entendre une version différente du dialogue « Je me porte garant de Monsieur Simon Templar ! » « Ah désolé, je n'avais pas reconnu le fameux Simon Templar... le Saint ! ». Une assimilation aussi tranchée s'avère passablement maladroite et augure mal de l'épisode. Or Un ami d'enfance va effectivement porter à un paroxysme aux lisières du ridicule l'une des principales caractéristiques du héros de Leslie Charteris : la faculté de survenir toujours pile au bon endroit, au bon moment. Lord Sinclair arrive pile au bon moment pour contrer l'attentat, mais aussi pile au bon moment au cinéma quand Marissa part, ce qui lui met à puce à l'oreille, puis pile au bon moment où Angie va tirer, puis pile au bon moment ou cela tourne au vinaigre pour Angie et Danny sur le Mont Chauve. Félicitations au scénariste pour sa puissance créatrice. On ne regarde plus Amicalement vôtre, mais L'Homme qui tombe à pic.

Fort heureusement, l'impression mitigée laissée par cette si peu saillante introduction s'estompe grâce à la splendeur des images de Cannes. Amusants, comme avec les sémillantes starlettes de l'époque, ou visuellement superbes, avec de somptueux panoramas sur les palaces ou les paysages naturels, ces passages reconstituent à merveille l'effervescence du Cannes d'alors. On apprécie vivement le côté délicieusement daté de la discothèque psychédélique ou encore la découverte de la Promenade des Anglais (ou de l'Anglais et de l'Américain ici). Angie… Angie constitue, avec le pilote, l'opus exploitant le mieux le tournage sur la Riviera. Mais l'intérêt de la mise en scène de Val Guest ne se limite pas à cet aspect déjà fort réjouissant. En effet sa caméra se montre volontiers alerte et ambitieuse, multipliant les judicieux changements de plans et n'hésitant pas devant quelques audaces comme l'emploi pertinent du ralenti puis de la vue subjective lors de l'évanouissement de Danny. L'emploi de la caméra sur l'épaule s'avère également une excellente idée. S'il demeure indéniablement irréprochable sur la forme, sur le fond Un ami d'enfance fait hélas entendre une toute autre chanson.

En effet on s'avoue guère convaincu par l'idée même de l'introduction d'Angie. On avance souvent que cet épisode permet de mieux percevoir les antécédents de Danny. Mais ceux-ci se sont vus déjà parfaitement évoqués par le juge et sans cesse rappellés par les dialogues des héros. Ici, tout ce que l'on apprend de plus c'est que l'ami d'enfance de Wilde a mal tourné, ce qui n'influera en rien sur la perception que nous aurons par la suite de ce dernier, ni sur ses attitudes. S'il n'apporte rien de bien concret, Angie véhicule par contre un suspense mort-né à propos de savoir s'il est ou non le tueur. Bien entendu tout le monde découvre instantanément le pot aux roses. Le récit tente assez inutilement de développer un petit suspense là-dessus, mais cela tourne court. Ce qui en prend la relève s'apparente aux trémolos du mélodrame, avec quelques effets des plus appuyés, comme ces souvenirs larmoyants ou ces scénettes de flash back en noir et blanc (forcément en noir et blanc), désarmantes de naïveté. De fait l'intrigue demeure en tous points minimalistes, l'espace du récit étant dévoré par la répétition lassante et verbeuse de la sempiternelle posture du juge et de Sinclair accusant Angie et Danny refusant de les croire. A un moment Danny enjoint à Brett d'arrêter de se répéter car il devient fatiguant, et le spectateur d'approuver chaleureusement, voire vigoureusement.

Voir un épisode répéter à satiété une partition destinée à faire pleurer dans les chaumières s'avérerait déjà navrant, mais l'apparition d'Angie vient également altérer le principal moteur d'Amicalement vôtre, la relation entre Danny et Brett. Le nombre de savoureuses réparties et de piques amusantes subit ici une décrue des plus marquées, tandis que les scènes entre les deux protagonistes revêtent des allures d'un dépit amoureux ayant pu susciter quelques commentaires ambivalents quant à la vraie nature de leur amitié. Sans aller jusque là, l'on ne peut que remarquer une double redite vis-à-vis de Five Miles to Midnight : non seulement les deux thèmes sont proches (protéger un témoin contre le crime organisé) mais également le dysfonctionnement du duo vedette. Cependant dans l'épisode précédent Sinclair n'était que momentanément absent, tandis qu'ici le dévoiement s'installe dans la majeure partie du récit. Certes quelques passages pertinents surnagent encore, comme la rencontre avec le juge ou la déambulation sur la Promenade des Anglais, mais leur excellence ne fait qu'aviver les regrets quant à leur rareté. On trouve également un superbe humour involontaire, avec Lord Sinclair insistant pour que Danny ne se rende pas au rendez-vous avec Angie, arguant de l'urgence de leur mission. Or il prend manifestement le temps d'entièrement se changer pour quelques minutes de billard !

Et il vrai qu'en dehors du caractère inopérant de son socle scénaristique, Un ami d'enfance multiplie les maladresses. Devant la faiblesse létale du scénario, les auteurs se doivent de meubler, ce que l'on comprend, mais ils y vont tout de même à la truelle avec cette histoire jaillie de nulle part entre Sinclair et les truands du port, artificiellement  plaquée sur une intrigue à laquelle elle demeure totalement exogène. Encore une péripétie dans le style du Saint, jusqu'au moindre détail, au cours de laquelle on retrouve cependant ces voyages temporels auxquels les Persuaders nous ont habitué, avec le village espagnol ou la campagne italienne. Ici, en passant la porte, Lord Sinclair se retrouve transporté dans un film français des années 30, dans ce troquet borgne on l'on s'attend  sans cesse à voir jaillir Pépé le Moko (ou Rod Serling).

 On apprécie aussi qu'après avoir été totalement identifiée lors de la première tentative de meurtre, Mélissa n'éprouve aucune espèce de difficulté à pénétrer dans le cinéma, visiblement l'information circule mal. On ne comprend pas l'intérêt d'avoir mis un révolver dans son sac, puisqu'apparemment aucune fouille n'est organisée ou, s'il y en avait une, il aurait du être découvert. Le joyau de l'épisode demeure cependant sa confrontation finale. Elle bénéficie d'un superbe cadre naturel et permet de découvrir une autre facette du talent de Tony Curtis, même si ce n'est pas sur ce registre qu'on le préfère. Mais l'outrance des postures  et la pesante théâtralité des dialogues la sabotent totalement, l'assimilant à une telenovela sud-américaine. Angie en train de ramper, agonisant, vers « la liberté », il faut le voir pour le croire.

Un ami d'enfance n'a également pas la main heureuse avec ses personnages secondaires. Sandor est incarné avec chaleur et conviction par John Alderson mais demeure une silhouette. Ben est tellement caricatural comme félon que l'on devine bien entendu là aussi tout de suite de quoi il en retourne. Lionel Murton défend fort bien son personnage mais peine à apparaître redoutable durant le combat conclusif.

Mais, encore une fois, la Palme de Plomb revient à Angie, interprété avec énergie mais aussi un jeu démonstratif dépourvu de toute finesse par Larry Storch, ami de Tony Curtis ici guère dans son emploi. Le personnage paraît assez incohérent, en définitive il semble vouloir alternativement s'enfuir, se confronter à Danny, voire se faire tuer par lui plutôt que d'aller en prison. Il change ainsi plusieurs fois de discours au cours de la scène de fin. Et que penser d'un tueur professionnel en panique dès que cela barde et s'enfuyant comme un bleu en découvrant son dos à l'adversaire ? Le personnage n'apparait décidément que superficiellement écrit, ne se hissant pas au-dessus du prétexte.

Angie... Angie doit en définitive beaucoup à l'évanescente et trouble Mélissa, bénéficiant de la lumineuse beauté et de la présence de Kirsten Lindholm ainsi que d'un silence renforçant son aura mystérieuse, tout en résolvant les problèmes de doublage ! La Persuaders Girl de la Semaine annonce les inoubliables Mandy de 24h ou Lauren Reed d'Alias, entre autres figures. On regrette d'autant plus vivement que les conventions du temps, mais aussi de la série elle-même, l'empêchent de prendre pleinement part à l'action.  Elle traverse comme un rayon de soleil méphitique cet opus mineur, qui démontre par ailleurs  que composer un épisode décalé au sein d'une série ne constitue pas une infaillible martingale.

Avis de Denis Chauvet:


Un ami d’enfance, c’est quatre. Une sacrée ambiance, la blonde énigmatique, un bon scénario et une musique bien entrainante.

Peut-être pas mon meilleur comme toi, phildlm, mais dans le top five de la série assurément. Tout est  déjà dans la séquence pré-générique: musique superbe, suspense et Marissa, la ravissante blonde s…. et énigmatique qui ouvre la porte-fenêtre (Kirsten Lindholm, très belle actrice danoise qui n’a plus tourné après !). L’opposition entre Brett et Danny sur la nostalgie du passé est intéressante et les dialogues sont forts ; Brett : ‘Tout passe, tout change, les amis d’enfance aussi’ ; Danny : ‘Il est tout ce qui me reste, le seul vestige de ce que la vie a été pour moi.’ L’intrigue se passe à Cannes et dans les alentours et les deux compères sont dans leur élément. 

Une excellente histoire qui fait connaître le passé tumultueux de Danny et sa sensibilité qui l’empêche de voir en cet ami un tueur redoutable accomplissant son dernier contrat. J’aime particulièrement la muette Marissa et sa superbe Caravelle blanche, le discours patriote de Brett à la table de billard (‘Vous nous avez tout volé : jeux, colonies, langue’), la musique (rythmée ou mélodieuse symbolisant la nostalgie), l'emploi du ralenti puis la vue subjective lors de l'évanouissement de Danny et le final sur le Mont Chauve !  Larry Storch est excellent en truand avec des faux airs de Bronson. Le Vésuvio à Cannes existe toujours (c’est là que Danny rencontre Angie).

Sur la fiche, je viens de lire : ‘Pour la première fois Danny utilise l'expression « Ton Altesse », celle-ci va devenir indissociable de la série’. C’est faux, Wilde appelle ainsi Sinclair dès le premier épisode. Brett et Danny croisent une jeune femme blonde en bikini pareillement aperçue de dos dans le pilote, un passage repris dans le générique. C’est Olivia Mela, la blonde au solex qui manque de renverser Wilde. Encore une scène inimaginable de nos jours : les regards admirateurs du duo sur les charmants postérieurs de la promenade des Anglais…

Bref, à voir et à revoir mais on peut s’interroger sur l’hilarité des films bulgares !

Infos supplémentaires:

Angie... Angie recueille la plus faible note accordée à un épisode d'Amicalement vôtre par les utilisateurs d'IMDB, avec 6,1 sur 10. Le meilleur résultat est enregistré par A death in the Family, avec 8,1.

Le pistolet dont se sait Danny avant de poursuivre Angie est un Beretta 94 mm semi automatique. Angie déclare disposer d'un six-coups, ce qui donne effectivement un léger avantage à Wilde puisque ce type de Beretta utilise un chargeur à sept coups. Le même revolver sera régulièrement réutilisé au cours du tournage de la série.

Lord Sinclair ignore ce qu'est un brugnon. Ce type de pêche sans duvet est pourtant connu en Europe depuis le premier siècle avant Jésus Christ, arrivé depuis la Chine. De plus l'Anglais Charles Darwin s'est servi de la spécificité du brugnon vis-à-vis des autres pêches comme d'un important argument dans sa théorie de sélection naturelle des espèces. Il est vrai que le brugnon n'est pas présent en Angleterre mais dans les pays de l'Europe méridionale.

Pour la première fois Danny utilise l'expression « Ton Altesse », celle-ci va devenir indissociable de la série.

Entant que tenancière du Chat Noir, Madame La Gata porte fort logiquement son nom puis que gato signifie « chat » en Espagnol.

La boite de nuit devant laquelle Danny rencontre Angie se situe à Juan les Pins, avenue Gallice (source : Avengerland).

Le port où Lord Sinclair se rend est le Quai des deux Emmanuel, à Nice. Ce nom commémore deux souverains de la Maison de Savoie qui œuvrèrent pour le commerce maritime de Nice.

La confrontation finale entre Angie et Danny se déroule sur le Mont Chauve, près de Nice. Les bâtiments sont ceux d'une prison désaffectée.

La « Banque du Var » où se rend Danny se trouve à Cannes, rue Philippe Amoretti.

La superbe avenue maritime où Brett et Danny discutent de la tentative d'assassinat de Kyle Sandor, est la Promenade des Anglais, à Nice. Brett et Danny y croisent la jeune femme blonde pareillement découverte de dos dans le pilote, lors d'un passage repris dans le générique. Non créditée au générique, elle conserve son mystère.

L'hôtel de Danny est le Grand Hôtel, à Cannes. Angie réside à l'Hôtel Gray d'Albion, également situé à Cannes. Danny est mieux logé, son palace bénéficiant de cinq étoiles, tandis que celui d'Angie n'en a que quatre !

La scène du tir au pigeon a été tournée sur le Boulevard du Casino, derrière le Casino de Monte Carlo.

En se rendant à la banque, Danny rencontre une charmante conductrice de VélosoleX, soit l'un de ces symboles français dont raffolent les séries anglaises . Ce vélomoteur, fabriqué de 1946 à 1988, dépassa les sept millions d'exemplaires. Différentes versions en ont existé, celle aperçue dans l'épisode est celle ayant connu le plus de succès, le S3800, au noir emblématique même si d'autres teintes existent. Lancé en 1966 et pouvant se conduire sans permis, la modicité de son prix et sa praticité en expliquent le succès fulgurant. En 2010 le VélosoleX est relance via les vélos électriques.

La scène d'ouverture se déroule au Palm Beach, alors le prestigieux casino de Cannes. Inauguré en 1929 sur les ruines d'un fort militaire, le casino comprend un restaurant, une piscine d'eau de mer, un hammam, cent cabines de bains, une salle de fêtes et des salons de jeux. Durant l'entre deux-guerres il devient un rendez-vous obligé pour la jet-set internationale, notamment réputé pour ses fastueuses fêtes costumées. Durant la guerre, il redevient temporairement un bastion militaire défendant l'accès au port. En 1962 Henri Verneuil y tourne  Mélodie en sous-sol. Le casino contient 5 tables de Stud-Poker, 8 tables de Black Jack et  6 tables de roulette anglaise. Il est également fameux pour la vue offerte sur les Îles de Lérins.

Acteurs – Actrices

Larry Storch (1923), fréquenta la même école primaire new yorkaise que Don Adams, dont il resta un proche. Lui aussi est surtout connu aux Etats-Unis pour ses rôles comiques, ainsi que pour ses nombreuses voix de personnages de dessin-animé. Outre plusieurs comédies sur grand écran (Des ennuis à la pelle, avec Tony Curtis, 1962), il participa à de nombreuses séries, dont Max la Menace, Columbo, Mannix, CHIP'S, L'Île Fantastique, I Dream of Jennie, Love Boat etc. Egalement un populaire artiste de stand-up, il apparut régulièrement dans les émissions de variété des chaînes américaines.

Lionel Murton (1915-2006), Canadien d'origine anglaise, connut une belle carrière dans les séries britanniques, où il se spécialisa dans les personnages nord-américains : Destination Danger, L'Homme à la valise, L'Aventurier… Il fut également très présent au cinéma, dans des rôles de militaires ou de policiers.

Rose Alba (1920-2006) connut une carrière relativement modeste mais figure dans la célèbre ouverture d'Opération Tonnerre (1965). Elle y incarne Madame Boitier, avant que celle-ci ne se révèle être en fait Jacques Boitier lui même, assassin du SPECTRE prétendument décédé (joué alors par Bob Simmons).

Kirsten Lindholm (1943), d'origine danoise, se fit connaître par ses voluptueuses apparitions dans les films de vampires quelque peu érotiques développés tarpement par la Hammer (The Vampire Lovers, 1970 ; Lust for a Vampire, 1971 ; Les sévices de Dracula, 1971). Elle participe également à UFO mais son apparition dans Amicalement vôtre constitue malheureusement le dernier rôle de sa courte carrière. En 1972 elle épouse son professeur de yoga et touts deux passent les années 70 au sein de diverses communautés hippies américaines. Retirés à Hawaï, ils se consacrent depuis 30 ans au yoga et aux médecines alternatives et holistiques. « Elandra », comme elle se désigne désormais, a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet et a ouvert une chaîne d'ateliers de méditation.

Malheureusement non crédité au générique, l'on reconnaît Alan Chuntz (1927-2009), qui fut un cascadeur intervenant régulièrement comme doublure dans les séries de l'époque (notamment Dr Who), avec plusieurs épisodes de Chapeau Melon à son actif. Ici il interprète le garde du corps abattu par Angie au cinéma, avec au préalable une spectaculaire chute dans l'escalier !

Séquence culte: Danny drogué

Séquence culte: Bataille sur le Mont Chauve

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5. LA DANSEUSE
(POWERSWITCH)

Diffusion : 15 octobre 1971

Scénario: John Kruse écrivit 14 épisodes du Saint et travailla également sur d'autres séries, comme  Les Professionnels, Poigne de Fer et Séduction

Réalisation : Basil Dearden (1911-1971) fut un metteur en scène réputé, comptant à son actif de grandes productions comme Khartoum (1966) ou The Assassination Bureau, avec Diana Rigg (1969). Il bénéficiait de toute la confiance de Roger Moore, avec lequel il venait de tourner l'ambitieux thriller The Man Who Haunted Himself, en 1970. Également réalisateur des épisodes La Danseuse et Le Coureur de Dot, il décéda peu de temps avant la diffusion de la série, d'un accident de la route. Il était l'époux de Melissa Stribling, qui participa à La Danseuse mais aussi à Chapeau Melon.

Distribution: Laurence Naismith (juge Fulton), Annette Andre (Pekoe Raine), Terence Alexander (Matthew Crane), Melissa Stribling (Lisa Koestler), John Phillips (Lanning Koestler/Morgan Alcott), Lionel Blair (Quinn Travis), Paul Whitsun-Jones (Inspecteur Blanchard), Les Crawford (Ravel), Vicki Woolf (employée de l'agence)

Résumé:

Lors d'une séance de ski nautique, les Persuaders découvrent le corps flottant  d'une jeune femme. Piqués par le manque d'intérêt d'une police française conseillée en sous-main par le juge Fulton, ils décident de mener eux-mêmes l'enquête, lorsqu'ils rencontrent Pikoe, l'une des amies de la disparue. Ils découvrent que la victime a été assassinée après avoir revu un ancien amant, Lanning Koestler, milliardaire en relation d'affaires avec Danny. En s'introduisant dans le domicile de Kroestler, ils vont découvrir que celui-ci est en fait décédé. Pour détourner l'héritage son épouse et son secrétaire l'ont remplacé par un sosie comédien. La jeune femme a été tuée pour avoir découvert le complot. Après avoir été capturés, les Persuaders et Pekoe parviennent à s'enfuir mais il s'agissait d'un piège : les freins de leur voiture ont été sectionnés et l'équipe ne doit sa survie qu'au talent de conducteur de Danny. Après une ultime confrontation, ils parviennent à s'enfuir et à prévenir la police, qui arrête les conspirateurs.

Critique de Estuaire44:

Le prologue ensoleillé et nautique de La Danseuse synthétise à merveille l'art de vivre et l'ambiance si estivale des ces épisodes tournés sur le Côte d'Azur, ainsi que la perpétuelle, même si amicale, compétition existant entre les Persuaders. Les comédiens y insufflent également beaucoup d'humour, relayés une nouvelle fois par l'entraînante mélodie de Ken Thorne. Les images apparaissent superbes et l'on comprend sans peine que ce passage ait été retenu lors de l'élaboration du générique de la série. Par contraste, ce ton joyeux renforce également la surprise macabre de la découverte du corps, même si la jeune femme respire à l'évidence la santé.

La bonne impression suscitée par l'épisode se poursuit avec l'entrée en scène particulièrement réussie du juge Fulton. Paul Whitsun-Jones réalise une excellente prestation en policier borné et cynique et on y croit d'autant plus que les séries anglaises n'ont guère l'habitude magnifier les personnages français… Après le départ des Persuaders et de Pekoe, la surprise de l'apparition du bon juge continue donc une vraie surprise, aussi théâtrale soit-elle. Laurence Naismith apporte toujours la même saveur à son personnage et l'on écoute comme on boit comme du petit lait la description à la fois réaliste et malicieuse des deux protagonistes. L'on ne pourra que regretter son absence ultérieure, même si celle-ci n'est pas illogique en soit compte tenu des circonstances. De plus,  cette façon de manipuler ses collaborateurs ne sera pas sans évoquer certaines attitudes de Steed aux amateurs des Avengers !

La véritable entrée en matière du récit marque une nouveauté bienvenue dans la série, car l'histoire va dès lors prendre la forme d'une énigme à résoudre. Jusqu'ici le décor se voyait totalement planté dès l'origine, la présence d'un éventuel retournement de situation final n'y changeant pas grand-chose. Ici nos héros vont véritablement  découvrir les tribulations d'une enquête à mener, apportant une dynamique inédite à la série. Pour y parvenir, les deux Persuaders n'hésitent pas à se séparer, avec un résultat ambivalent : cette situation permet de relativement complexifier l'intrigue et de lui donner du corps, mais l'on sait bien que nos héros créeront souvent moins d'étincelles et d'humour s'ils sont séparés. De la bonne gestion et de l'optimisation scénaristique de ces deux contraintes d'écritures antagonistes dépendra en bonne partie le succès de ce type de scénario.

Ici, cette contradiction apparaît globalement surmontée.  Certes, dans un premier temps, la balade de Brett et Pekoe résulte un peu trop lisse. Avec des situations s'enchainant trop facilement, sinon artificiellement, l'ensemble manque quelque peu de tonus. Mais ce segment s'entend à exploiter quelques uns des atouts d'Amicalement vôtre, comme ces superbes paysages méridionaux  parfaitement mis en valeur par la caméra de Basil Dearden ou cette pétillante French Touch dont on ne se lasse décidément pas, comme lors de la divertissante palabre entre Brett et le mécanicien. Par ailleurs le duo Sinclair/Pekoe ne manque pas d'un charme certain, notamment grâce à une visible complicité entre Roger Moore et Annette Andre, et leur promenade se suit sans déplaisir aucun.

John Kruse a également la judicieuse idée de ne pas prolonger par d'inutiles développements le segment de Danny, et tant pis s'il trouve quasi miraculeusement cette photo. Si l'espace narratif ainsi dégagé permet de développer la seconde partie de l'histoire (où nous découvrirons ce dernier en tant qu'homme d'affaires), l'auteur n'oublie pas non plus de nous divertir par la découverte de cette boîte de nuit psychédélique si irrésistiblement de son époque. Le ballet de nymphettes séduit, à défaut d'une chorégraphie réellement élaborée, et accompagne fort bien la musique une nouvelle fois agréable et finement ciselée de Ken Thorne. Lionel Blair cabotine à l'excès dans son incarnation d'un ancêtre des ineffables Bruno Vandelli ou Kamel Ouali. Il devient cependant gouleyant à force d'être mauvais et excessif, dans la meilleure tradition du Nanar.

Même si nous privant temporairement de l'électricité propre aux scènes communes des Persuaders, la séparation ne prive donc pas La Danseuse d'intérêt, loin s'en faut. Elle occasionne un grand moment de comédie, dans la veine du vaudeville lors de la rencontre des deux héros, parfaitement minutée. Cette seconde partie de l'intrigue, qui, il est vrai, survient presque trop tardivement, va d'ailleurs permettre à l'épisode d'atteindre toute sa dimension. L'on retrouve avec plaisir les nombreuses piques échangées entre les héros (excellentes vannes du perroquet où du Lord refusant d'entrer par la porte de service), d'autant que ces échanges se déroulent dans un décor une nouvelle fois magnifique, alliant richesse et bon goût. Les raccords avec la sublime résidence s'effectuent également correctement. Le scénario laisse découvrir  intelligemment les indices, permettant au spectateur de participer à l'enquête, voire de parvenir à la solution avant même nos héros. Cet aspect ludique apparaît fort bien agencé, d'autant que s'y greffe un intérêt supplémentaire pour les amateurs des Avengers. En effet ceux-ci éprouveront le plaisir d'y reconnaître, sous une tournure gagnant en efficacité, l'argument de Mort d'un Grand Danois et d'Un petit déjeuner trop lourd. A l'absence du milliardaire décédé de mort naturelle, le cupide entourage ajoute ici le raffinement du double, ce qui reste d'ailleurs un thème très Chapeau Melon !

La pure action pourrait sembler la parente pauvre  de cet épisode, d'autant que la capture des comploteurs se déroule hors écran et que la tentative d'évasion faisant long feu (dans tous les sens du terme) relève essentiellement  comme une comédie. On observe d'ailleurs que Lord Sinclair s'en sortait nettement mieux avec ses palans dans Un ami d'enfance que Danny avec son cocktail Molotov… La décontraction souriante et permanente de nos héros nous indique bien que les enjeux ne sont pas aussi dramatiques qu'ils le paraissent. Mais La Danseuse va en  partie combler ce manque par sa nerveuse scène automobile finale, spectaculaire et occasionnant un véritable suspense. Le judicieux emploi de la caméra subjective tire le meilleur pari du paysage montagneux et des acrobatiques virages. On oubliera volontiers que la lande galloise n'a rien à voir ni de près ni de loin  avec la végétation méditerranéenne ! Une nouvelle fois Tony Curtis paie de sa personne lors de l'ultime mano a mano final, tout comme Roger Moore lors de la première poursuite de Ravel. Cette implication physique des acteurs constituera l'un des grands atouts d'Amicalement vôtre.

La réussite de cet épisode, solide à défaut d'être exceptionnel, se trouve parachevée par l'éclatante qualité de sa distribution. Au-delà de l'évident plaisir de retrouver un nombre particulièrement conséquent d'artistes ayant participé à The AvengersPowerswitch représente un éloquent exemple de la volonté des producteurs de faire appel à des comédiens chevronnés et compétents, sécurisant l'effort financier consenti.

Même si leurs rôles demeurent un tantinet schématiques, Terence Alexander et Paul Whitsun-Jones réalisent ici une brillante démonstration de leur métier et de leur talent, parvenant à doter leur personnage d'une présence supplémentaire à ce que leurs dialogues pouvaient offrir. On distinguera toutefois particulièrement John Phillips, restituant magnifiquement la double facette de son personnage, sûre d'elle et péremptoire d'un côté, hésitante et apeurée de l'autre. IL n'hésite pas à sur-jouer l'acteur interprétant lui même un personnage, c'est astucieux. Lisa Koestler compose une méchante grand train, aussi classieuse que dépourvue de morale. On apprécie au plus haut point son alliance suave d'excellente éducation et de perfidie raffinée, tout cela est très britannique, pour le coup. Melissa Stribling excelle décidément dans les rôles de criminelles dominatrices, Mrs Kroestler en impose à es partenaires masculins et retrouve, de manière certes plus feutrée, de nombreux accents de la terrible Claire Summers de L'école des traîtres.

Encore auréolée du récent grand succès de Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970), la charmante et très douée Annette André bénéficie ici d'une grande exposition et apporte immensément à l'épisode. Même si les codes de la série la cantonne, hélas, dans le suivisme coutumier des personnages féminins (quelle tristesse de la découvrir rester dans la voiture quand Sinclair se lance dans l'action), Pekoe forme un duo particulièrement réussi et complémentaire avec Sinclair. Annette André va sans cesse insuffler une palpable émotion au récit, que cela relève du drame ou de la comédie, contribuant ainsi puissamment à parer à tout aspect schématique ou artificiel au récit. C'est d'autant plus vrai que ses talents de comédiennes dépassent clairement ce que ses collègues féminines ont pu démontrer jusqu'ici. On ne trouve que l'énigmatique sourire de Kirsten Lindholm pour lui disputer jusqu'ici le titre de meilleure Persuaders Girl.

Brisons le suspense, cette compétition tournera court lors de l'entrée en lice de la merveilleuse Catherine Schell, mais Annette Andre nous aura offert d'ici là une ultime  spectaculaire apparition, lors d'un tag par ailleurs trop prévisible. Et démontrant que la danse ne figure pas parmi les innombrables talents de Roger Moore !

Avis de Denis Chauvet:


Un bon trois tirant vers le quatre. Un épisode qu’on ne se lasse pas de revoir, même si l’intrigue n’a pas l’effet escompté à la rediffusion, car, là aussi, elle n’est pas très alambiquée (surtout après maintes visions) mais les personnages secondaires sont bien plus consistants et crédibles que l’aventure précédente (Le coureur de dot). Normal, il y a ‘six têtes Avengers’…Les deux titres sont bons, le français s’appuie sur la victime, l’anglais sur l’intrigue. La mort apparemment accidentelle d’une danseuse mène à la découverte d’un sosie dans la haute finance.

Une histoire en deux parties ; la découverte de la noyée et la balade dans l’arrière-pays niçois, puis le huis clos dans la superbe demeure. La petite présence du vieux rusé de juge Fulton est sympathique et j’apprécie l’ingéniosité du scénario qui fait que les deux aventuriers se retrouvent dans la propriété par des chemins différents. La meilleure séquence est la longue perquisition nocturne du bureau de Koestler qui permet à nos deux héros sur fond de réparties verbales croustillantes de résoudre l’énigme grâce à la découverte des vidéos, alors que Brett cherchait …des verres !

Pekoe Raine aux dialogues peu inspirés est une blonde parmi d’autres dans la série et ce n’est pas ma préférée, et j’aurais apprécié de voir un peu plus Vicki Woolf, de l’agence de location de voitures.

À noter que des images du générique proviennent de l’épisode (le ski nautique et Danny au bureau) et quelques particularités à la VO : Roger Moore parle en français au pompiste et Wilde prononce ‘Lanning Koestler’ en trouvant la photo dans le tiroir (on n’entend rien dans la VF, et on ne sait donc pas que Wilde a reconnu l’homme de la photo).

La phrase de l’épisode pour Danny dans les locaux de la police : ‘Mes relations avec son pays se limitent à certains whiskeys et au bacon.’

Infos supplémentaires:

Le générique reprendra deux passages de cet épisode : Wilde décryptant la comptabilité des sociétés Koestler  et les Persuaders faisant du ski nautique.

On note une nouvelle excellente prestation en langue française de Roger Moore.

La route montagneuse où Danny doit faire appel à tous ses talents de pilote se situe au Pays de Galles, dans le Gwynedd, au dessus du Val de Ffestiniog. (Source : Avengersland). Le site culmine à près de 1700 m et abrite l'un des plus importants barrages producteurs d'électricité du Royaume-Uni. Il a servi à plusieurs reprises pour des scènes de voitures similaires, notamment dans Le Saint et L'Homme à la Valise.

Les scènes de ski nautique et de la découverte du corps ont été tournées près de La Napoule, entre Cannes et Nice. Les nombreux ports et marinas de cette commune en font les des plus importants rendez-vous pour les navires de plaisance, sur la Côte d'Azur.

La chambre de Pekoe s'orne de deux posters indiquant bien l'ambiance française, en représentant Alain Delon et Johnny Halliday. De même les pompes à essence de l'agence de location de voitures s'ornent d'un spectaculaire panneau publicitaire Peugeot.

Danny est le devenu le courtier de Brett. Celui-ci remarque que son ami rencontre un plus grand succès avec ses propres actions qu'avec celles qu'il lui fait acheter !

L'oncle de Danny  travaillait dans la contrebande d'alcool : a-t-il croisé Eliott Ness ?

Les Koestler possèdent une Jaguar 420 G et une Ford Mustang.  La Jaguar 420 G introduisit les quatre phares caractéristiques des Jaguars modernes et fut l'un des tous premiers véhicules dotés de roues à suspension indépendante, ce qui lui autorise une tenue de route des plus performantes.  Elle fut produite de 1961 à 1970, de pair avec un modèle très similaire, la Mark X. La voiture était d'une ampleur inhabituelle  pour la marque, car visant à pénétrer le marché américain (ce qui la destinait à apparaître dans Amicalement vôtre…)

La Ford Mustang, lancée en 1964, fit au contraire sensation pour sa légèreté et sa ligne fine, en rupture avec les modèles américains de son époque. Il s'avère donc assez logique que Ravel ne soit pas parvenu à pousser la Jaguar. La Ford Mustang pèse 1,1 tonne, tandis que la Jaguar 420 G enregistre 800 kilos supplémentaires. La Ford Mustang visait la jeunesse issue du Baby Boom et ses perses versions connurent un succès foudroyant. La voiture fut produite à 276 683 exemplaires, jusqu'en 1973.

Acteurs – Actrices

Terence Alexander (1923-2009) fut un visage familier de la télévision et du cinéma britanniques. Il est principalement remémoré pour le rôle récurrent de Charlie Hungerford dans Bergerac (1981-1991), mais participe à bon nombre d'autres séries : Le Baron, Les Champions, Dr Who, Mission Casse-cou… Alexander demeure particulièrement apprécié par les amateurs des Avengers pour avoir tenu pas moins de quatre rôles souvent marquants. Il apparaît ainsi dans Voyage sans retour, Meurtres distingués, Amour quand tu nous tiens et Les anges de la Mort. Des années 60 aux 90, il fut également la voix attitrée d'innombrables bandes annonces et publicités.

John Phillips se distingua durant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui lui valut la Military Cross. Il participa à bon nombre de films (Le village des damnés, 1960) séries anglaises des années 60 et 70.  Il tint notamment le rôle récurrent du Surintendant Robins dans Z Cars (1962-1978). Il incarna le Major Nesbitt dans Le tigre caché. John Phillips fut également un acteur shakespearien très présent au West End, notamment à l'Old Vic.

Melissa Stribling (1927-1992) a joué dans trois épisodes des Avengers : Hunt the man downL'école des traîtres et Les anges de la mort. Elle a participé à plusieurs séries des années 60 et 70 (Benny Hill, Crossroads..). Au cinéma, son film le plus connu est Le Cauchemar de Dracula, où elle fait face à deux illustres invités des Avengers, Peter Cushing et Christopher Lee, mais aussi à Michel Cough, le futur Dr Amstrong, père des cybernautes.

Lionel blair, acteur et danseur de claquettes, fut surtout un populaire présentateur de plusieurs jeux télévisés (Give Us A Clue). Durant les années 2000 il participe à perses émissions de téléréalité, dont la Ferme des Célébrités anglaise en 2005.

Paul Whitsun-Jones (1923-1974), acteur gallois, a tourné dans quatre épisodes des Avengers : Le Retour du Traître, Lavage de cerveau,Avec vue imprenable et Brouillard. Ses apparitions dans The Avengers résument parfaitement sa carrière. Il a surtout tourné pour la télévision dans les séries Ivanhoé, Le Saint (quatre épisodes), Département S, Jason King, Dr Who... Il connut également une belle carrière au théâtre.  Il est décédé suite à une crise d'appendicite.

Annette André (1939) participe également à deux épisodes des Avengers : La Mandragore et Le château de cartes . Née en Australie, elle a débuté sa carrière en 1960 et a participé à de nombreuses séries : Le Baron, Le Prisonnier, Le Saint (cinq épisodes), Le Baron, Le Retour du Saint (avec Ian Hendry). Elle demeure principalement connue pour son rôle récurrent de la veuve Jeannie Hopkirk, dans les très populaires Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970). Également chanteuse et danseuse, elle est apparue dans plusieurs spectacles musicaux, dont Vanity Fair, au West End.

Les (Leslie) Crawford, décédé en 2006, fut un cascadeur réputé, notamment pour plusieurs James Bond où il fut, notamment, la doublure de Roger Moore. Il intervint aussi régulièrement comme acteur, généralement pour de fugitives apparitions. Les Crawford participa de la sorte à huit épisodes du Saint mais aussi à deux de Chapeau Melon, Meurtres à épisodes et Un petit déjeuner trop lourd

Séquence culte : Visite à l'appartement niçois


Séquence culte : Sortie de route

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6. LES PIÈCES D'OR

(THE GOLD NAPOLEON)

Diffusion : 24 septembre 1971

Scénario : Val Guest (1911-2006) mena avec succès une double carrière d'auteur et de metteur en scène. Au cinéma il réalisa ou écrivit de nombreux films de Science-fiction des années 50 aux 70, notamment pour la Hammer (The Day the Earth Caught Fire, 1961) et participa à la première version de Casino Royale (1967). Il travailla également beaucoup pour la télévision, dans de très nombreuses séries britanniques. Epoux de l'actrice Yolande Nolan, il fit paraître ses mémoires en 2001, So You Want to be in Pictures. Il réalisa par ailleurs Minuit moins huit kilomètres et  Un ami d'enfance.

Réalisation : Roy Ward Baker (1916-2010) fut un important metteur en scène britannique. Au cinéma il réalisa notamment A Night to Remember, avec Honor Blackman, qui lui valut un Golden Globe en 1958. Durant les années 50 il exerça à Hollywood, dirigeant ainsi Marilyn Monroe dans Troublez-moi ce soir (1952). Durant les années 60 il se consacra à la télévision anglaise, participant à nombreuses séries de l'époque. Il tourne ainsi 8 épisodes pour The Avengers et 18 pour Le Saint. Par la suite Roy Word Baker  devint également un  réalisateur régulier pour les films d'horreur de l'Amicus et de la Hammer. Il dirige quatre épisodes d'Amicalement vôtre : Les Pièces d'Or,  L'Héritage Ozerov, Quelqu'un dans mon genre et Des secrets plein la tête.

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Susan George (Michelle Devigne), Alfred Marks (Pullicino), Harold Goldblatt (Maurice Devine), Michael McStay (Vernier), Hugh Manning (le chef de la police), Balbina (l'infirmière), Hugo de Vernier (l'infirmier) Jean Driant (le douanier français)

Résumé:

S'apprêtant à embarquer pour Londres à l'aéroport de Nice, Danny converse avec la charmante Michelle Devigne. Soudain celle-ci tombe, blessée par un tireur embusqué que les Persuaders ne parviennent pas à rattraper. Lord Sinclair et le juge Fulton croient initialement que Danny était la cible de l'attentat, mais il s'avère que Michelle est la nièce d'un bijoutier fondant de faux Napoléons, au profit d'une bande criminelle voulant blanchir son or. Après l'avoir découvert, la jeune femme voulait quitter son oncle, et les complices de ce dernier, craignant qu'elle ne parle, ont tenté de l'abattre. Danny et Brett tentent d'infiltrer le réseau quand le chef maffieux, Pullicino, tue le bijoutier, le croyant complice des Persuaders. Il décide alors d'effacer toute trace en faisant assassiner la jeune femme, puis de faire passer l'or en Suisse. Les Persuaders vont parvenir à sauver Michelle puis à s'emparer de l'or convoyé dans un camion, avant de confondre Pullicino devant la police.

Critique de Estuaire44:

L'introduction de l'épisode séduit de prime abord. Elle conjugue habilement charme, humour et action, tout en tirant le meilleur parti du site de l'aéroport Nice-Côte d'Azur. La profondeur de champ des pistes se met au service de la mise en scène, de même que la proximité immédiate de la Méditerranée. Les délicieusement datés éléments de design des aménagements intérieurs ne sont pas oubliés et, au total, Roy Ward Baker réalise ici un excellent travail. On pourra néanmoins estimer que le déploiement aéroterrestre de nos amis en fait un peu trop, notamment pour Lord Sinclair en pilote d'hélicoptère improvisé. Néanmoins on savoure une atmosphère pré James Bond, avec un Roger Moore évoluant entre essaim de sémillantes jeunes femmes et rocambolesques péripéties.

Hélas la suite de l'épisode va continuellement s'inscrire dans cette légèreté, ne se donnant la peine de développer un faible scénario que comme  lien entre des scènes d'action ou d'humour à l'inégal succès, ou comme support à l'indéniable glamour de Susan George. L'introduction du superbe Napoléons Or reste la seule originalité de ce récit se résumant par ailleurs à quelques figures de styles maintes fois vues par ailleurs. Non seulement les diverses péripéties demeurent élémentaires et cousues de fil blanc, mais le ici peu inspiré Val Guest nous inflige également de pénibles redites. Le Juge, Danny et Brett y vont en effet chacun de leur exposé et commentaires sur cette machination dignes des Pieds Nickelés n'en méritant pas autant.

Le récit n'évite pas non plus certaines naïvetés comme la mort de Devigne, providentielle pour débloquer le scénario, de plus survenue lors du poncif absolu du choc accidentel à la tête, ou alors les Persuaders mettant un temps hallucinant à comprendre la pauvre astuce de la pellicule de bronze recouvrant l'or. Avoir voulu instiller une doute quant à l'objectif réel de la tentative de meurtre se déroulant à l'aéroport  apparaît astucieux, mais tourne court, car le fait que la cible soit Michelle relève dès le premier instant de l'évidence la plus absolue.

On aurait pu considérer plus favorablement  cette coquille vide scénaristique si les scènes se voulant trépidantes qu'elle  justifie s'étaient montrées à la hauteur. Mais cela ne s'avère vrai que ponctuellement. Les spectaculaires cascades de Danny sur le toit de l'usine s'imposent ainsi aisément comme la scène la plus forte de The Gold Napoleon, impeccablement filmée par Roy Ward Baker. Tony Curtis manifeste ici la souplesse et la hardiesse d'un jeune homme au summum de des capacités, alors que la cinquantaine commence à se profiler à l'horizon. Cette performance haletante dure quelque peu mais cela ne constitue en rien un défaut, tant l'on est bluffé par la performance réalisée sans aucune doublure par l'artiste. Pour le reste, on déchante. Les scènes automobiles profitent certes de la ligne et de la puissance de la Dino Ferrari de Danny, confrontée à la Mercedes Benz des bandits mais demeurent tout de même des plus sommaires.

 Comme par contre elles se révèlent relativement copieuses, on subit  de plein fouet le fléau renouvelé des vues de conducteur réalisées en studio. C'est particulièrement le cas pour Danny pilotant la moto, ce qui achève de saboter la scène. L'épisode commet également l'erreur de trop mêler la comédie aux scènes de bagarre, notamment lors de la fuite hors de l'hôpital ou l'arraisonnement du camion. Si l'on goute fort l'humour de la série, on apprécie également des scènes d'affrontement un minimum crédibles.  Le succès d'Amicalement vôtre dépend de l'équilibre harmonieux de ses différents atouts, il convient donc de ne pas trop s'appuyer sur l'un d'entre eux, au détriment des autres. Or ici on renonce également à une tonique confrontation finale, au profit d'une scène à la drôlerie quelque peu démonstrative.

Le pièces d'or montrent effectivement une forte inclinaison vers la comédie. Le succès plus affirmé qu'il rencontre en ce domaine lui évite d'éviter la vacuité et de demeurer plaisant par moments. Nos héros continuent à se titiller pour notre plus grand bonheur, avec un feu d'artifice de piques souvent très drôles, notamment lors de la discussion à la sortie de l'aéroport ou dans le camion.  On rit souvent de bon cœur, notamment grâce à deux performances d'interprétation très différentes. Tony Curtis, assez en vedette dans cet opus, réalise un nouveau grand numéro lors de son infiltration dans la fonderie multipliant les postures aux lisières de l'absurde, sur un ton joyeux évoquant parfois Blake Edwards ou Billy Wilder. L'acteur se montre parfait sur ce registre, comme toujours. A l'opposé on peine à qualifier la Kolossale prestation de Roger Moore dans sa caricature d'Allemand. D'une part cela ressort  tout de même en roue libre et sans nuances, Sir Roger se rapprochant parfois périlleusement de Papa Schultz dans sa manière d'en faire des tonnes. Mais, à force d'exagération, cette histoire d'or du Reich, refaisant surface des années après Goldfinger,  finit par virer totalement à la farce et par provoquer l'hilarité, tout comme l'improbable numéro  islandais de Steed dans Les Sorciers.

Entre une Mercedes clairement surpassée à tous niveaux  par la Ferrari et cette peu flatteuse peinture, l'épisode ne vise pas vraiment la popularité outre Rhin, mais que l'on se rassure, les français ne sont pas négligés pour autant. Entre proverbial béret et lecture du Figaro par Lord Sinclair (mais bizarrement apéritif au Martini), les traditionnels éléments culturels ne manquent pas à l'appel. Mais le couronnement de l'épisode sur point (et de l'ensemble de la série itou) consiste dans la rencontre, en français dans le texte, entre Sinclair et ce brave gabelou, sympathique mais plus crédule qu'un enfant de six ans. Ce genre de piques très « Entente cordiale » ne date pas d'hier, puisque les douaniers français se voyaient également joliment assaisonnés dans Combustible 23, une décennie auparavant. Un passage déjà aussi  amusant que caricatural. Après avoir réaffirmé la suprématie anglo-saxonne sur les Latins (l'un des fils rouges de leur épopée sur la Côte d'Azur) les Persuaders s'apprêtent désormais  à franchir le Channel avec le sentiment du devoir accompli, après une étape obligée dans la Ville Lumière.

La dernière faiblesse, mais non la moindre, de The Gold Napoléon, réside dans le manque de cachet  de ses personnages secondaires. Le juge, dépourvu de sa dimension manipulatrice, n'accomplit pas ici sa prestation la plus mémorable, même si le courant passe toujours parfaitement entre Naismith et ses partenaires, ce qui apporte derechef une vrai saveur aux scènes de l'ancien magistrat. Par contre Pullicino souffre d'un vrai manque de dimension et de tranchant. On peine à discerner en lui un criminel aussi important que décrit par le juge, tant il subit continuellement l'action. Alfred Marks paraît également assez quelconque dans son interprétation du personnage. En fait Pullicino subit lui aussi la tendance de l'épisode à privilégier la comédie, ce qui limite sa dimension. Ses deux acolytes demeurent à peu près transparents, de même que Devigne et le responsable de la police.

The Gold Napoleon constitue un bel exemple de la tendance qu'a toujours montré Susan George d'incarner des personnages légers et humoristiques dans les séries télévisées, et de consacrer au cinéma ses rôles dramatiques souvent troublants. Elle apporte l'éclat de sa grande beauté à Michelle, ainsi qu'une indéniable vitalité, tandis que le duo formé avec Curtis fonctionne fort joliment. Elle ne force cependant pas réellement son talent (d'autant que la version française la dote d'une voix horripilante) et Michelle  n'échappe pas à la malédiction des Persuaders Girls puisqu'elle aussi se retrouve quasi constamment à la remorque de ses partenaires masculins, même si elle se trouve au cœur de l'histoire.  On lui doit cependant une conclusion enlevée (dans tous les sens du terme) au joyeux tag venant achever l'épisode dans la bonne humeur.

Avis de Denis Chauvet:


Les meilleurs moments sont la séquence pré-générique à l’aéroport niçois et le one-man show de Wilde dans la fonderie puis à l’hôpital pour sauver Michelle Devigne dans la foulée. C’était déjà visible auparavant mais le HD est impitoyable : Curtis est doublé lorsqu’il saute sur le camion, sur la moto et même lorsqu’il conduit le camion dans le final. Et je ne parle pas des plans studio sur les conducteurs, le gros point noir de la série. Par contre, évidemment, Tony Curtis fait la prouesse d’agripper la barre une fois sur le camion pour escalader le bâtiment. A 46 ans, il fallait le faire !

< Le passage de Brett en collectionneur allemand est long et ennuyeux (et puis Wannsee n’est pas en Bavière mais à Berlin !), certaines répliques sont lourdingues (‘viens par ici, Tom Pouce’, on ne peut pas toujours gagner en choisissant la VF), les seconds rôles quelconques et la fin bâclée (à noter que la fille Devigne est embarquée dans la fameuse camionnette Citroën). Il reste les séquences citées plus haut et les échanges du duo avec le juge Fulton toujours aussi caustiques. La blonde de la semaine,  Susan George, attire la curiosité car elle fut une conquête du Prince aux grandes oreilles. A noter que ‘Dummkopt’ (en VF) signifie ‘abruti’, qu’en VO Wilde est décrit comme un ‘playboy de la jet-set’ dans l’article du Figaro lu par Sinclair (occulté en VF), et Wilde se lave les mains dans la fonderie alors qu’il porte des gants. Une chose que faisait réellement l’acteur d’après les mémoires de Moore. Un épisode mineur dans la série. 

Infos supplémentaires:

La scène où Brett et Danny manquent d'être renversés par la Mercedes  a été tournée à Villefranche sur Mer, sur le Quai de l'Amiral Ponchardier (source : Avengersland). Cette appellation rend hommage à  Pierre Ponchardier (1909-1961), grande figure de la Résistance et de la Marine Nationale.

On aperçoit la Ferrari de Danny passer sur le Viaduc d'Èze. Cet ouvrage surplombe les 80 mètres de profondeur du Ravin de Gaffinel, et fut édifié de 1911 à 1914.

Lors de la préparation de l'interception du camion, Lord Sinclair évoque une nouvelle autoroute. C'est en effet en 1969 que fut inauguré le dernier tronçon de l'A8, reliant Roquebrune à la frontière italienne. L'A8, partant d'Aix, parcourt la Provence d'Ouest en Est, avant de desservir la Riviera à partir de Cannes. Durant la saison estivale, son trafic devient l'un des plus élevés de France, égalant celui du périphérique parisien.

Après le pilote de la série, et son prologue dans Le Saint, c'est la troisième fois que nous découvrons l'aéroport de Nice L'activité aérienne s'y pratique dès 1910, à l'occasion des aventureux  meetings aériens de l'époque, mais aussi pour le service postal à destination de la Corse. En 1945, Air France y ouvre une ligne vers Paris et l'aéroport va connaître une explosion de son activité en relation avec le développement du tourisme sur la Côte d'Azur. De 1964 à 1972, la fréquentation double, passant de un à deux millions de passagers. La plupart des compagnies étrangères y sont désormais présentes. Aujourd'hui il est le troisième aéroport français en nombre de passagers, seulement dépassé par ceux de l'Île de France. Les atterrissages y sont réputés, car son emplacement et ses pistes en bord de mer autorisent un magnifique survol des divers sites de la Riviera.

L'Aston Martin de Lord Sinclair circule devant le Casino de Monte Carlo. Celui-ci fut bâti en 1865 par François Blanc, le fondateur de la Société des Bains de Mer de Monaco, contrôlé par la Principauté. Le succès de cet établissement, l'un des joyaux de l'architecture Belle Epoque,  conçu par Charles Garnier, permit à la Principauté d'abolir les impôts. Il lança également une spéculation foncière colossale, vrai fondement de la richesse de Monaco. Le casino servit également de décor à GoldenEye (1995), lors de la mémorable partie de baccara entre 007 et Xenia Onatopp.

La poursuite de Danny par la Mercedes de Pullicino se déroule dans la forêt de Burnham Beeches, aperçue à de fréquentes occasions dans les perses séries anglaises, dont Chapeau Melon.

La pièce d'or vue durant l épisode est  authentique, un choix pour le moins onéreux mais la production désirait un grand réalisme sur ce point.

Pullicino dispose d'une Mercedes Benz 200, soit le modèle développé avec succès par Mercedes de1961 à 1968. Elle fut appréciée notamment pour sa puissance et son confort, et fut en tout fabriquée à  628,282 exemplaires. La Mercedes fut pionnière dans plusieurs domaines, tels l'exécution de crash tests ou l'emploi du moteur Diesel chez les voitures de particuliers.

La voiture utilisée par Danny dans la scène d'ouverture est Austin Mini Moke. Construite à Birmingham, la « Mini » fut une petite voiture anglaise très populaire durant les années 60, notamment auprès des femmes, même si sa production s'est prolongée de 1959 à 2000. Cette voiture, devenue une véritable icône des Sixties anglaises, était très innovante pour l'époque (moteur compact, suspensions révolutionnaires...) et bénéficia également de vastes campagnes de publicité modernes. Elle fut produite en tout à 5,3 millions d'exemplaires. BMW, désormais propriétaire de la marque, a lancé de nouveaux modèles, Mini 2 (2001) et Mini 3 (2006), toujours avec réussite. Alice en utilise une dans The L Word.

Une variation à succès de la Mini fut l'Austin Mini Moke, se rapprochant de la jeep. Elle apparaît dans de nombreux films et séries dont les fameux taxis du Village (Le Prisonnier) et plusieurs James Bond. Mère-grand en utilise une particulièrement spectaculaire dans Brouillard, Mrs Peel et Steed une nettement plus classique dans Dans sept jours le déluge. Mrs Gale en découvre une autre en réparation chez le garagiste de Le retour du traître.

Susanne George ne se déplaça pas à l'aéroport de Nice. La scène pré-générique fut tournée avec une doublure, l'image de l'actrice étant ultérieurement incrustée sur la vidéo, dans un effet bref mis assez visible.

Nouvelles prouesses en français de Roger Moore, lors de la discussion avec le pittoresque douanier « Ma vieille grand-mère, elle a 100 ans aujourd'hui, hein. C'est fantastique ! A tout à l'heure ! ».

La Napoléon Or est une pièce de 20 Francs-Or, contenant 5,8 grammes d'Or, créée par le Consul Napoléon en 1803. Elle présente en effigie le profil du futur Empereur et fut d'un emploi courant jusqu'à la fin de la Grande Guerre (et de l'Etalon Or). On l'a surnommé « l'Euro avant l'Euro » car, sous l'inspiration de la France, plusieurs autres pays Européens créèrent des pièces de multiples de 20 de leur monnaie nationale, à la valeur Or identique. Par extension, le nom de « Napoléon » recouvre toutes les pièces françaises à la valeur Or similaire, aux effigies évoluant avec les chefs de l'Etat. Le terme de Louis d'Or s'applique pareillement aux perses monnaies antérieures, sous l'Ancien Régime. Côté jusqu'en 2004 à la Bourse de Paris, le Napoléon s'estime désormais par des sociétés spécialisées. Le Napoléon Or vu dans l'épisode est l'édition dite « Napoléon III à tête laurée », tirée à 85 344 950 exemplaires, entre 1861 et 1870.

Acteurs – Actrices

L'acteur français Jean Driant  incarna des compatriotes dans plusieurs productions anglaises des années 50 à 70. Il apparut ainsi comme  militaire, aviateur, mécanicien, portier d'hôtel, gendarme, employé de bureau…

Hugo de Vernier (1912) est bien un acteur anglais, comme son nom ne l'indique pas. Il est apparu dans Destination Danger, The Avengers, The Troubleshooters etc.

Alfred Marks (1921-1996) fut un spécialiste réputé de la comédie, principalement  au théâtre. Il eut sa propre émission humoristique sur ITV, de 1956 à 1961 : The Alfred Marks Time et présenta de nombreux autres programmes.

Hugh Manning (1920-2004) a joué dans trois épisodes de Chapeau Melon : Le jeu s'arrête au 13, Le dernier des sept et Haute tension. Figure régulière ses séries anglaises, il reste principalement connu pour son rôle du Révérend Hinton, qu'il interpréta dans Emmerdale de 1977 à 1989.  Il fut à élu deux reprises à la présidence d'Equity, le grand syndicat britannique des comédiens.

Susan George (1950) partage sa carrière entre cinéma (Les chiens de paille, 1971 ; Larry le dingue, Mary la garce, 1974) et la télévision, où elle participe à Cluedo, Eastenders, tales of the Unexpected… Au début des années 70, elle eut une liaison avec le Prince Charles, qui l'invita à la fête donnée pour son trentième anniversaire. Elle fut l'épouse de Simon MacCorkindale de 1984 à 2010, date de la disparition de celui-ci. Ils dirigeaient un important haras de Pur Sangs arabes.

Séquence culte : À l'aéroport

Séquence culte : Danny pointe à l'usine

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7. UN DRÔLE D'OISEAU
(THE OLD, THE NEW, AND THE DEADLY)

Diffusion: 12 novembre 1971

Scénario: Brian Clemens

Réalisation: Leslie Norman (1911-1993) exerça différents métiers de cinéma, lors d'une carrière débutée durant les années 30 et s'étendant sur près d'un demi-siècle.: assistant réalisateur, monteur, scénariste, metteur en scène… Il demeure l'un des principaux réalisateurs de séries britanniques. Leslie Norman dirige ainsi sept épisodes d'Amicalement vôtre et 21 du Saint, mais exerce également pour Jason King, Gideon's Way, Les Champions, Randall & Hopkirk (deceased)… Il réalise deux épisodes des Avengers, Haute Tension et Bizarre.

Distribution: Anna Gaël (Suzanne Villeigne Wager), Derren Nesbitt (Groski), Kenneth J. Warren (Verner), Juliet Harmer (Prue) Patrick Troughton (Comte Clément Marceau), Gary Cockrell (Frank Wager), Jasmina Hilton (Serena), Frederik Jaeger (Siegfried Luther)

Résumé:

Les Persuaders ont pris leurs quartiers au Plaza Athénée, où Danny rencontre une amie, Suzanne, récemment mariée, tandis que Brett retrouve Prune, une piquante demoiselle de sa connaissance. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes quand, par une hasard fortuit, Danny est photographié tenant la reproduction d'un aigle nazi. Ceci éveille l'attention du Comte Marceau, passionnément désireux d'entrer en possession de l'objet. Il va dépêcher plusieurs tueurs pour éliminer Danny, dont son chauffeur et homme de main, Verner. L'oiseau contient en fait une preuve de la traîtrise du Comte en 1940, dont fut accusé le propre père de Suzanne. Son actuel détenteur tente de vendre l'aigle à la jeune femme, mais est repéré par le nouvel allié du Comte, le mielleux Groski , qui l'abat et s'empare du trophée. Les Persuaders finissent par démêler l'intrigue, puis s'infiltrent dans le château de Comte. Après avoir vaincu Verner et Groski, ils triomphent du Comte, que la nostalgie du Reich a empêché de détruire l'objet compromettant.

Critique de Estuaire44:

Les Persuaders achèvent leur périple continental par un séjour parisien particulièrement divertissant et mouvementé. Cet épisode relevé bénéficie en effet d'un scénario manifestant une nouvelle fois le talent de conteur de  Brian Clemens, ainsi que son penchant à jouer de mauvais tours à ses personnages, au grand plaisir des téléspectateurs.

L'intrigue va en effet jouer habilement de divers ressorts, aucun des effets suscités ne portant ombrage aux autres, mais au contraire formant un ensemble harmonieux et dynamique. On discerne comme une saveur hitchcockienne à plonger ainsi Danny dans des périls auxquels il ne comprend goutte, à la faveur d'un malicieux clin d'oeil du destin. Mais aucun stress chez nos héros, dont rien ne vient entacher l'allant au cours des  péripéties guillerettes se déroulant dans l'emblématique Plaza Athénée. Cette longue séquence où les Persuaders subissent sans vraiment comprendre constitue de fait un pari audacieux mais réussi pour le scénariste, permettant d'exploiter au mieux le potentiel des comédiens vedettes, des personnages et de leur relation, soit le véritable moteur de la série. On s'amuse beaucoup, grâce à un véritable crépitement de bons mots et de d'échanges de plaisanteries acidulées (excellente histoire de l'aïeul Sinclair), les pétillants dialogues représentant d'ailleurs l'un des atouts de Un drôle d'oiseau. Refusant intelligemment de les lancer dans une enquête classique, Clemens les emploie judicieusement pour recréer cet art de vivre évoquant si agréablement les Avengers. La présence de la clé de l'énigme à l'étage au-dessus, que les Persuaders ne finiront par découvrir que tardivement et  par un nouveau concours de circonstances, ajoute à la joyeuse ambiance cette amicale ironie que la série décerne souvent à son duo protagoniste.

Le talent de scénariste de Brian Clemens se discerne également dans l'optique de pur vaudeville qu'il retient pour déployer sa comédie, un choix convenant idéalement à Paris et au Plaza Athénée, tout comme le Giallo de l'ouverture de Minuit moins huit kilomètres évoquait avec pertinence l'Italie des années 70. Clemens en emploie tous les ressorts avec brio : quiproquos, claquements de porte, gags visuels et cocu jaloux (virtuel) se succèdent à un rythme endiablé. Ne manque même pas à l'appel le traditionnel personnage secondaire féminin passablement déluré, en la personne de la délicieuse Prune. L'ensemble rivalise avec les meilleurs textes du genre, tout en conférant à l'épisode comme une saveur nostalgique de Au théâtre ce soir, où Michel Roux, très à son affaire ici, fit justement merveille. On éprouve cependant un léger regret devant une connexion finalement réalisée avec une certaine désinvolture entre les Persuaders et la partie adverse. Cette survenue du spécialiste des Rolls-Royce connu de Lord Sinclair semble tout de même bien providentielle... Le personnage n'apparaît d'ailleurs même pas à l'écran, confirmant ainsi son statut de simple rouage utilitaire de l'intrigue. C'est d'autant plus dommage qu'il y avait ici matière à nous régaler d'un excellent Excentrique, comme ceux que Brian Clemens s'entend si bien à insérer dans une histoire, mais cette époque en est sans doute malheureusement révolue.

La mise en scène alerte et enlevée de Leslie Norman participe pleinement à la réussite de l'épisode. Tout en appuyant efficacement le jeu des comédiens, elle accompagne avec diligence et parfait minutage l'option vaudevillesque retenue par Clemens. La caméra saute prestement d'un personnage à l'autre, choisit des angles souvent astucieux et tire le meilleur parti de l'excellent décor de l'hôtel. Norman nous offre également des scènes d'action réussies et toniques, ce qui n'a pas toujours été le cas depuis le début de la série. Le combat entre Lord Sinclair et Luther (méconnaissable Frederick Jaeger), puis entre Danny et Verner apparaissent fort réussis, avec un humour finement dosé, enrichissant la scène sans la dénaturer. La série ne développe pas de chorégraphie sophistiquée hors sujets, mais les comédiens manifestent une belle énergie durant ces moments de bravoure pour la plupart convaincants. Le décor de la discothèque paraît lui aussi croquignolet, avec un mélange d'éléments morbides et psychédéliques évoquant le futur Baiser de Midas.  Le seul véritable bémol provenant de la mise en scène concerne la pauvreté des vues parisiennes. Hormis quelques plans assez quelconques au sein de rues anodines, même si caractéristiques, le tournage dans la Capitale ne donne lieu qu'à de brefs aperçus des Champs Elysées ou de l'Hippodrome de Longchamp. On ne trouve ici rien de comparable à la fastueuse promenade romaine de Brett dans Minuit moins huit kilomètres et les New Avengers accompliront bien davantage sur ce point lors de leur excursion parisienne (idem pour le City of Death du Docteur, en 1979).

Comme il sied à une aventure se déroulant In The Most Romantic City In The World, Un drôle d'oiseau peut compter sur tout un aréopage de charmantes jeunes femmes, à l'intérêt cependant éminemment variable.  En effet Suzanne pousse tout de même au paroxysme l'inclination des Persuaders Girls à se placer au centre de l'intrigue, tout en demeurant essentiellement inertes. Le jeune mariée n'ose même pas faire appel aux héros et devra à une providentielle péripétie de recevoir leur concours. Pour le reste elle apparaît réellement comme la parente pauvre de l'intrigue, se contentant de scènes répétitives et schématiques, où elle n'apporte d'ailleurs pas grand-chose. Le charme évanescent d'Anna Gael agit, mais l'actrice ne semble guère impliquée dans son rôle, se promenant d'apparition en apparition. Bien plus pétillante apparaît la tonique et conquérante Prune (curieuse adaptation française de Prue) dont les séances de rentre-dedans émoustillé avec Lord Sinclair manifestent une paillardise à la fois élégante et cynique des plus réjouissantes. Les deux acolytes s'harmonisent à merveille, de même que Roger Moore et l'excellente Juliet Harmer. Outre de jolies silhouettes dans le hall du Plaza Athénée ou la discothèque de Montmartre, on n'aura garde d'oublier le beau minois de Serena,  la brune complice de Groski, très piquante elle aussi.

Alors qu'Amicalement vôtre avait jusqu'ici pâti d'adversaires manquant régulièrement d'envergure, Un drôle d'oiseau nous vaut une galerie de portraits des plus jouissives. En tueur précieux et volubile, Derren Nesbitt se montre absolument épatant, renforçant cette impression de joyeuse fantaisie laissée par cet épisode, qui comporte finalement bien un Excentrique ! Clemens conserve néanmoins toujours une balance parfaitement équilibrée entre humour et crédibilité de l'opposition, le duo Verner-Marceau rendant celle-ci réellement redoutable. En exécuteur dévoué à son maître, le toujours formidable Kenneth J. Warren impressionne par sa solidité et sa sobriété l'isolant clairement du reste de l'épisode. Sa composition se rapproche bien davantage du gangster d'Intercrime que du bouillonnant Z.Z. de Caméra meurtre, un choix judicieux empêchant le récit d'ailler trop loin dans la facétie. Mais celui qui accroche le plus le regard demeure en définitive le Comte lui même, encore plus retranché de l'action (il n'a aucun contact avec les héros, hormis à la toute dernière minute). Après Roger Delgado, c'est avec grand plaisir que l'on découvre une nouvelle figure majeure de Doctor Who en la personne de ce grand comédien que fut Patrick Troughton. Il nous délivre ici une nouvelle superbe composition, grâce à ce saisissant portrait d'un homme maudit, à la fois fasciné et hanté par son passé, mais encore debout. Grâce à ce récital, il apporte toute une dimension supplémentaire à l'épisode.

Ainsi s'achèvent les tribulations continentales des Persuaders et la première partie de la série. Nos héros vont désormais vivre leurs aventures principalement sur le sol anglais, tandis que Lord Sinclair va reprendre possession de son appartement londonien, après son escapade en bonne compagnie sur la Riviera.

Avis de Denis Chauvet:


C’est bien le ‘Meilleur épisode hors Grande-Bretagne’. Paradoxal lorsqu’on sait que Curtis n’est pas venu à Paris pour le tournage ! Il y a un juste dosage entre sérieux, humour et comédie (ce qui n’était pas le cas dans Les pièces d’or). L’intrigue autour d’un quiproquo est solide et les interprètes, surtout le trio de vilains, sont excessivement convaincants : le vieux comte exalté (‘Il l’a signé, Verner’), l’homme de main Verner et le tueur raffiné Groski, qui n’apparaît qu’à la moitié de l’épisode (‘quelle triste façon de voyager’). Seul, peut-être, le couple marié est en deçà. Les deux meilleures scènes : Brett s’occupe de Prune, la chaudasse au galurin, tandis que Danny doit se défaire de Verner, et la séquence de la boite de nuit avec la fouille de Serena à faire des envieux. Il y a aussi deux références évidentes (Schwartz, véritable nom de Curtis, et ‘Saint’ pour la série de Moore).

Aucune scène n’est superflue et les joutes verbales de nos héros sont toutes plus savoureuses les unes que les autres : le paquet odorant de la tante de Danny, Paf-paf la Gretchen, Brett effaçant les empreintes (‘Je porte des gants, sombre idiot’), mais j’ai un petit faible pour l’ancêtre russe de Brett qui ne parlait pas le français. J’adore aussi entendre Brett dire qu’il a oublié son fusil pour la jungle banlieusarde : tristement d’actualité ! Par contre, il y a de nombreuses Persuaders girls, et ce n’est pas celles qui ont le plus d’apparitions qui font le plus d’effet ! On dirait même que Suzanne (Anna Gaël) est botoxée…

A noter la superbe Rolls et Le Parisien qui est à l’honneur…et l’erreur historique en VO, lorsque Brett raconte que son ancêtre avait une ressemblance avec Louis XV (en VF, c’est bien Louis XVI !).

Un superbe interlude parisien avant le retour dans la perfide Albion. Incontournable.

Infos supplémentaires:

En sortant de la douche Tony Curtis répond au téléphone qu'aucune Madame  Schwartz n'habite là. Il s'agit d'un clin d'œil, son vrai nom étant Bernard Schwartz.

Seul Roger Moore se rendit à Paris, les fugitives apparitions de Danny en extérieur sont en fait l'œuvre d'une doublure.

Lord Sinclair, et quelques autres personnages, lisent à plusieurs reprises Le Parisien. Ce grand quotidien régional de l'Île de France, également publié au plan national sous l'appellation d'« Aujourd'hui en France », s'intitule alors Le Parisien Libéré, car fondé par la Résistance au cours de la libération de la Capitale. Il conserve ce nom jusqu'en 1984, où il devient simplement Le Parisien.

Différents sites apparaissent au cours de l'épisode : Les Champs Elysées, les rue de Boccador, Marcadet et Emile Duployé, la Tour Eiffel et l'Hippodrome de Longchamp (source : Avengersland)

Danny réside à l'hôtel Plaza Athénée, au 25 Avenue Montaigne. Construit en 1911,  le Plaza Athénée compte parmi les palaces parisiens les plus réputés (également grâce au restaurant Alain Ducasse). Plusieurs de ses suites offrent de magnifiques vues sur la tour Eiffel (évoquées par Lord Sinclair), utilisées à maintes reprises au grand et au petit écran, notamment dans les épisodes parisiens de la fin de Sex and the City (2004). Reliant la Place de l'Alma aux Champs-Elysées, l'Avenue Montaigne représente l'un des endroits les plus huppés de Paris, entièrement dédié au commerce de grand luxe et à quelques édifices prestigieux comme le Théâtre des Champs-Elysées. On y trouve les boutiques de la plupart des grands couturiers parisiens.

Le Comte possède une Rolls-Royce 20/25 H.P. Produite de 1929 à 1937 à 3 827 exemplaires, son persistant succès s'explique par le bond en avant qu'elle représente sur les performances  des  voitures de luxe similaires  de l'époque (cylindrée, vitesse maximale, boite de vitesse…). Seuls le châssis et le moteur étaient fabriqués par Rolls-Royce, le client commandant une carrosserie personnalisée auprès des plus prestigieux carrossiers anglais. L'emblématique Rolls-Royce 20/25 H.P apparaît dans de nombreux films et séries, dont Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989), où elle est offerte par les Nazis au Sultan en échange de sa collaboration.

Les vues parisiennes donnent l'occasion de découvrir plusieurs voitures françaises de l'époque : Renault Dauphine, Simca 1000 et 1301, Peugeot 403 et 404…

Acteurs – Actrices

Anna Gaël (1943), actrice française d'origine hongroise (Anna Abigail Gyarmathy de son vrai nom), incarna de nombreuses jeunes femmes passablement délurées, au cours des années 60 et 70 (Benjamin ou les mémoires d'un puceau, 1969 ; Ces messieurs de la famille, 1967). En 1969 elle épousa le richissime et excentrique Lord Alexander Thynn, septième Marquis de Bath, connu pour sa vie amoureuse particulièrement libre et sa passion pour le Kâma-Sûtra. Ayant progressivement mis  fin à sa carrière, Anna Gaël devient à partir de la seconde partie années 70 une reporter de guerre respectée, notamment pour ses reportages réalisés en Irlande du Nord. Elle est également l'auteure de plusieurs romans.

Derren Nesbitt (1935) a connu une belle carrière au cinéma (Quand les aigles attaquent, 1968), souvent dans des rôles de méchant. En outre il participe régulièrement aux séries télévisées : L'homme invisible, Doctor Who, Le Prisonnier, UFO, Le Saint

Kenneth J. Warren (1929-1973) a joué dans quatre épisodes des Avengers : Le trapézisteInter-crime, Les petits miracles et Caméra meurtre. D'origine australienne, il mène une double carrière, sur les planches et devant la caméra. Il s'y spécialise dans les rôles de criminels à la forte présence. Venu tenter sa chance à Londres à la fin des années 50, il connaît très vite le succès au cinéma (A high wind in Jamaica, 1965) et participe aux séries les plus prestigieuses (Z Cars, Destination Danger, Le Saint, Le Baron…).

Patrick Troughton (1920-1987) demeure dans les mémoires comme le deuxième interprète du Docteur, de 1966 à 1969. Durant la guerre 39/45, il se distingua dans la Royal Navy et acheva le conflit avec le grande de Commandeur. Grand acteur de théâtre il apparaît également dans Adamant Adamant Lives !, Le Saint, Doomwatch, Softly Softly, Z cars… Il décède d'un infarctus au cours d'une convention américaine de fans de Doctor Who.

Juliet Harmer (1943) incarnera à nouveau Prue dans L'un et l'autre. Dans Un voyage sans retour, elle joue Jill Manson, la fausse directrice d'école. Si elle participe à d'autres séries (Destination Danger, Jason King, Department S…), elle reste avant tout remémorée pour le rôle récurrent de Georgina Jones dans Adam Adamant Lives ! (1966-1967), série conçue par la BBC comme réplique aux Avengers.

Frederick Jaeger (1928-2004) incarnera  Benson dans Les Cybernautes et Le retour des cybernautes . Jaeger est né à Berlin  et émigra en Angleterre en 1939. Il est apparu dans de nombreuses séries comme Département S, Paul Temple, Amicalement Vôtre, Le Retour du Saint, Les Professionnels, Dr Who (trois rôles)

Séquence culte : Virée en boîte de nuit


Séquence culte : Une soirée mouvementée

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8. SEPT MILLIONS DE LIVRES
(TAKE SEVEN)

Diffusion : 01 octobre 1971

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Sidney Hayers (1921-2000) tourna quelques classiques du cinéma d'épouvante (Night of the Eagle, 1962) mais se fit surtout connaître comme réalisateur de séries télé : Magnum, Agence Tous Risques, Alerte à Malibu, K 2000, Supercopter, Agence Acapulco… Il réalise huit épisodes de Chapeau Melon et quatre épisodes des New Avengers, mais aussi un autre d'Amicalement vôtre, Regrets Eternels. Il met également en scène de nombreux téléfilms, dont Mr Jerico, avec Patrick Macnee (1969).

Distribution: Laurence Naismith (Juge Fulton), Sinead Cusack (Jenny Lindley), Christian Roberts (Mark Lindley), Sue Lloyd (Maggie Trenton), Victor Platt (Le Fermier), Garfield Morgan (Peter Hayward), Richard Hurndall (David Conron), Veronica Hurst (Secrétaire de Conron), Julie Crosthwait (Mandy), Colin Vancao (Le major).

Résumé:

A Londres, le juge Fulton demande une nouvelle fois de l'aide à Brett et Danny. Jenny, la fille d'amis décédés, a hérité de leur importante fortune, estimée à sept millions de livres. Or voici que son frère Mark, longtemps porté disparu, ressurgit et s'empare de l'héritage par testament. Malgré une décision de justice, Fulton estime qu'il s'agit d'un imposteur d'autant que Jenny, qui continue à contester le verdict, a été victime d'une tentative d'assassinat.  Il demande à ses partenaires de démontrer l'escroquerie, ce qu'ils acceptent après avoir assisté à un nouvel attentat. Au cours de leurs recherches, ils sont aidés par Conron, le juriste de la famille, persuadé du bon droit de Jenny, ainsi que par le Fermier, pittoresque informateur de Lord Sinclair. Après plusieurs péripéties, ils découvrent que  l'usurpatrice d'identité est en fait Jenny, et que c'était elle  qui avait organisé les attaques pour faire croire à la culpabilité de Mark. Les Persuaders interviennent finalement à temps pour empêcher le meurtre de Mark par Jenny et son associé Hayward.

Critique de Estuaire44:

Take Seven marque l'arrivée des Persuaders en Angleterre, où se déroulera désormais l'essentiel de leurs aventures. Cette ambiance britannique, à laquelle les amateurs des Avengers ne peuvent qu'être sensibles, demeure d'ailleurs l'un des atouts d'un épisode jouant pleinement cette carte. On assiste ainsi à une véritable floraison d'éléments culturels, le plus souvent introduits avec fluidité dans le récit : superbe panorama de l'emblématique Cathédrale St-Paul (le Café Rouge ne sera inauguré qu'en 1989...), pimpants Routemasters et Black cabs, scènes se déroulant dans des sites londoniens caractéristiques tels Hyde Park ou Queen Anne's Gate... On apprécie particulièrement la courte  balade des Persuaders dans le quartier si délicieusement anglais des Inns of Court, où l'on aperçoit même, en arrière fond, un barrister en costume. Toute une atmosphère ! Hors de Londres, on renoue également avec la campagne britannique et ses demeures typiques, un régal.  La traversée du Channel signifie également des adieux au soleil éclatant de la Côte d'Azur, la luminosité naturelle a d'ailleurs bien changé... L'exacerbation du caractère anglais de la série conduit également à un renforcement des piques et railleries culturelles entre Persuaders. Cela suscite de nombreuses scènes hilarantes, dont Lord Sinclair apparaissant en majesté et subissant les quolibets amusés de son ami reste le plus bel exemple.

L'articulation de l'intrigue de Take Seven manifeste également une belle efficacité, avec une pertinente utilisation à tiroirs du thème de l'imposture. La tonalité générale évoque avec légèreté Agatha Christie, la Reine du Crime ayant également eu recours avec succès à cette figure de style classique (Cat Among The Pigeons, Third Girl...). Cet aspect s'harmonise parfaitement avec l'ambiance anglaise et nous vaut une chute étonnante, dans la meilleure tradition du genre. Tels des Poirot en herbe, nos héros s'essaient au jeu de la déduction et des hypothèses, leurs discussions sur ce point rendant l'épisode très ludique. Contrairement au Belge, les Persuaders doivent cependant attendre d'avoir sous les yeux une preuve des plus explicites  pour réellement comprendre ce qui se passe. On apprécie  cette volonté régulièrement exprimée par Amicalement vôtre de ne pas transformer ses protagonistes en infaillibles héros, ce qui accroît leur spécificité et la sympathie qu'ils dégagent. De plus le scénario dévoile avec un parfait minutage ses divers rebondissements et révélations,  empêchant tout temps mort de s'instaurer. Deux bémols toutefois. L'insistance et la régularité avec lesquelles Jenny se manifeste lors des conversations téléphoniques agira infailliblement comme un chiffon rouge auprès des amateurs de policiers à énigme. Et puis l'intrigue se cantonne tout de même dans un flou assez facile en ce qui concerne la partie de chasse tragique et l'explication de la disparition prolongée de Mark.

Le scénario de Terry Nation n'hésite pas non plus à multiplier les personnages secondaires. Cette pratique se montre parfois préjudiciable, car artificielle ou  menant à un émiettement du récit. Il n'en va pas de la sorte ici, où chacun d'entre eux, à défaut de toujours développer  une véritable incidence sur l'histoire, suscite des scènes parfaitement divertissantes, enrichissant considérablement Take Seven, sans en alourdir le rythme.

Le Juge voit son intervention plus réduite qu'à l'accoutumée, se contentant de mettre le pied à l'étrier à nos héros mais sa séquence reste très savoureuse par les mimiques de Tony Curtis qu'elle autorise (et son imitation pour le moins improbable de Groucho Marx). Laurence Naismith continue également à défendre son personnage avec un énergie communicative. L'espace dégagé par son départ permet à quelques attachantes personnalités de s'exprimer. La blonde, sculpturale et  muette Mandy  (une lointaine cousine de Rhonda ?) produit son effet et nous vaut une amusante conclusion. Maggie paraît à peu près superfétatoire dans le récit, mais Sue Lloyd compose à l'évidence une précieuse guest star pour la série, et son duo avec Tony Curtis fonctionne à merveille sur le registre de la comédie chère à l'acteur. Tout à l'inverse, Conron constitue un rouage essentiel du scénario, par son action (d'autant que c'est bien lui qui réalise le vrai travail d'enquête...) mais aussi par les doutes qu'il suscite. Richard Hurndall interprète solidement le juriste. Si Hayward n'a que peu de mots  exprimer, le tallent si suggestif de Garfield Morgan, bien connu des amateurs des Avengers, parvient à lui conférer quelques postures amusantes.

Mais le personnage secondaire le plus savoureux demeure certainement le Fermier, donnant corps, avec un humour particulièrement pétillant, à la nouvelle dimension anglaise revêtue par la série. Sa caricature du Gentleman Farmer le plus traditionnel, totalement décalée au sein du Londres contemporain, lui confère comme une aura d'authentique Excentrique. C'est néanmoins avec un esprit des plus matois qu'il fait débourser de copieuses sommes à Lord Sinclair, lors d'excellentes scènes de pure comédie. Le Fermier ne véhicule qu'un seul regret, le faible nombre de ses apparitions, seulement deux au cours de la série. Jenny s'impose comme l'autre grande figure de l'épisode, pour son rôle clé mais aussi pour l'éblouissante interprétation de Sinead Cusack. L'actrice parvient à incarner avec la même totale conviction les deux visages de cet adversaire diabolique, rompant agréablement avec les personnages féminins stéréotypés de la série. L'actrice dote également Jenny d'une intéressante dimension intime, avec une fusion des deux personnalités allant bien au-delà de l'escroquerie. Une idée extrêmement intéressante, à la lisière de l'épouvante  psychologique,  hélas seulement effleurée mais peut être hors sujet dans la série. Nettement plus falot apparaît son frère, notamment du fait de l'atonie du jeu de Christian Roberts, en rupture avec la distribution particulièrement relevée de Take Seven.

L'efficace réalisation de Sidney Hayers consacre le succès de cet opus. Les scènes d'action sont mise en scènes avec un vrai sens de l'image, même s'il ne s'agit pas d'un élément constitutif majeur de l'épisode. Les prestations des différents excellents comédiens se voient bien mises en valeur, tandis que la musique de Ken Thorne participe toujours aussi pleinement à l'atmosphère. Si la caméra de Hayers exploite également avec brio les différents sites visités, la vedette revient néanmoins aux somptueux décors en studio. Tous portent la marque d'Harry Pottle, de la finesse  de son goût et de son talent pour installer une ambiance ou révéler la personnalité de l'occupant des lieux. On apprécie ainsi l'échoppe du barbier, si typiquement anglaise et hors d'âge, entre autres. Le grand évènement reste cependant la découverte de l'appartement londonien de Lord Sinclair. Magnifique, lumineux, ses portraits et ornementations expriment à merveille la vision du monde développée par ce dernier (la splendeur de l'Empire), de même que sa passion pour l'ordre et l'élégance. Dès à présent l'endroit sert à merveille de lieu de rencontre entre les deux protagonistes, autant pour le déroulement de l'enquête que pour les excellentes  scènes entre personnages, sur un modèle qui ne dépaysera pas les amateurs des Avengers. Lord Sinclair semble quelque peu mis en avant ici, assez logiquement dans cet épisode si anglais, dont la qualité augure au mieux de la nouvelle période s'ouvrant pour Amicalement vôtre.

Avis de Denis Chauvet:


Quand je pense à cette aventure, c’est son final, au suspense éventé à la rediffusion, dans la maison en vente qui me vient à l’esprit. Peut-être l’épisode que j’ai vu le plus souvent (et même écouté, car il faisait partie de ceux que j’avais enregistrés sur bande audio avant l’arrivée du magnétoscope !). Pourtant, je ne me souvenais plus que l’excellente scène du barbier avec le juge Fulton et celle en habit de cérémonie du Lord figuraient ensemble dans ce premier épisode britannique (des scènes qui se suivent en plus).

Le tout est finalement toujours divertissant avec ses scénettes cocasses (Mandy, Le Fermier, Sue Lloyd en débauchée…) sans oublier le superbe premier plan avec la Ferrari de Danny devant St Paul’s (le quartier a changé d’aspect). Et on est enfin à Londres : Hyde Park, Queen Anne’s Gate, Inns of Court, Alexander Place… !

Evidemment, comme précisé plus haut, il n’y a plus de suspense dès qu’on l’a vu (et c’est infaisable de nos jours avec l’ADN) mais la blonde de la semaine, Jenny Lindley, n’est pas à ranger dans les plantes vertes comme beaucoup de ses devancières.

Avez-vous remarqué que Wilde touille le verre de la dame – la superbe Sue Lloyd - avec son doigt ? J’adore : ‘Y a de biens jolis cadavres chez vous !’.  

Dans les mystères de la traduction, cette fameuse scène Tony Curtis / Sue Lloyd en a deux : la belle déclare qu’il y avait 80 invités (70 en VO) et que Mark n’a pu s’absenter car il était ‘appuyé sur son cœur’ (‘in my arms’ en VO). Sinon, Brett donne l’exemple de Napoléon comme ambitieux au Fermier (c’est Brutus en VO) ! 

Infos supplémentaires:

A l'issue du tournage effectué en France et en Italie, divers changements s'effectuent dans l'équipe de production. Terry Nation va superviser seul l'écriture des scénarios, après le départ de Milton S. Gelman. De nouveaux metteurs en scène apparaissent et Harry Pottle, créateur des décors de la saison 4 des Avengers devient le responsable de ce secteur. Il va notamment concevoir le désormais décor central de la série : l'appartement londonien de Lord Sinclair.

L'appartement de Lord Sinclair se situe au 15, Queen Anne's Gate, dans la Cité de Westminster, à deux pas de l'Abbaye. Cette urbanisation très huppée fut inaugurée en 1704, sous le règne de la Reine Anne (1665-1714), première souveraine du Royaume-Uni. Elle se situe à l'intersection de deux rues plus anciennes, d'où sa forme en L. Les résidences, en brique ocre, s'ornent de visages de satires placés au-dessus des fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage. Queen Anne's Gate a conservée la même apparence qu'à l'époque du tournage de la série, la seule différence étant que les portes  sont désormais peintes en vert, et non en noir.

Lord Sinclair se rend à la Chambre des Lords, dont il est membre de droit. Cette situation change en 1999, avec une importante réforme de cette assemblée. Désormais les Lords héréditaires n'ont plus le droit de siéger mais ne peuvent qu'élire 92 représentants de leur ordre, à titre transitoire. La grande majorité de la chambre se compose désormais de 603 « Pairs à vie », nommés par la Reine sur proposition du premier Ministre. Viennent s'y ajouter 26 représentants du clergé anglican. A terme les Pairs héréditaires disparaitront et une partie de la chambre sera élue.

Le Fermier réapparaîtra dans Un risque calculé.

La rencontre nocturne avec le Fermier se déroule dans Alexander Place, située au sud de Hyde Park, où se déroule la première réunion.

L'édifice que quittent les Persuaders après avoir rencontré l'avoué est Lincoln's Inn Chapel, située dans les Inns of Court (effectivement le quartier des hommes de loi). L'origine de la chapelle remonte au XVème siècle, mais elle fut constamment embellie et agrandie. Sa crypte sert de dernière résidence aux plus hauts responsables de l'Inn de Lincoln. Traditionnellemnt, sa cloche sonne chaque soir à 21h, d'autant de coups que le Trésorier, premier magistrat de l'Inn, compte d'années.

Danny, en route pour voir Juge, passe devant la Cathédrale St Paul.

L'entrée de la résidence de Lindley est en fait  Heatherden Hall Gates, soit la superbe grille d'accès au bâtiment central autour duquel s'étendent les studios de Pinewood (aperçu dans l'épisode). De ce fait, celle-ci apparaît dans plusieurs séries anglaises, dont les New Avengers, à trois reprises (To Catch a Rat, Medium Rare, Hostage).

Durant l'introduction, Mark conduit une Morris Minor 1000. Les Morris Minor, construites de 1948 à 1971, se constituaient essentiellement de voitures bon marché. Symboles de la classe modeste anglaise, elles furent les premières voiture britanniques dont les ventes dépassèrent le million d'exemplaires, atteignant 1 300 000. De nombreux modèles, renforcés et customisés, continuent à circuler aujourd'hui.

Acteurs – Actrices

Sinead Cusack (1948) est une grande actrice shakespearienne irlandaise, membre de la RSC. Elle tint avec succès de nombreux grands rôles du répertoire, à Broadway comme au West End. Avec d'autres actrices, elle publia en 1994 Clamorous Voices: Shakespeare's Women Today, une étude remarquée de l'interprétation moderne des personnages féminins de Shakespeare. Elle épousa Jeremy Irons en 1978.

Sue Lloyd (1939) fut danseuse et modèle avant d'être actrice. Elle a tourné dans de nombreux films et séries dont Département S, Le Saint et Crossroads (de 1975 à 1985). Elle épousa Ronald Allen, son partenaire de longue date dans Crossroads. Elle a tenu le rôle récurrent de Cordelia Winfield dans Le Baron. Sue Lloyd participe aux Avengers (Sept jours avant le Déluge) et a joué le rôle de Hannah Wild, la partenaire de Steed, dans la pièce de théâtre The Avengers. Elle a publié son autobiographie en 1998 : It seemed like a good idea at the time.

Victor Platt (1920) a participé à de nombreuses séries anglaises des années 60 et 70, dont à deux reprises les Avengers, dans A Change of Bait et Les Fossoyeurs.

Garfield Morgan (1931-2009) est une figure régulière des séries policières britanniques, occupant des rôles récurrents dans Softly, softly, Regan et The Sweeney. Il participe également à Z Cars, Callan, Dixon of Dock green, Bad Girls etc. Dans le Monde des Avengers il incarna trois excellents personnages, le majordome de Jeux, Gibert dans Les marchands de peur et Sexton dans Noël en février.

Richard Hurndall (1910-1984), ancien de la RADA, débuta sa carrière théâtrale en 1930. Il participa également à de nombreuses dramatiques radio de la BBC, mais aussi de Radio Luxembourg. Il tourna dans à Bergerac, Blake's 7, Public Eye, Poigne de fer et Séduction, Dr Who… Richard Hurndall joue Ferrer dans Le Legs, durant la saison 6 de Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

Séquence culte : Votre altesse

Séquence culte : Danny barbe le Juge Fulton

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9. QUELQU'UN DANS MON GENRE
(SOMEONE LIKE ME)

Diffusion : 29 0ctobre 1971

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Roy Ward Baker (1916-2010) fut un important metteur en scène britannique. Au cinéma il réalisa notamment A Night to Remember, avec Honor Blackman, qui lui valut un Golden Globe en 1958. Durant les années 50 il exerça à Hollywood, dirigeant ainsi Marilyn Monroe dans Troublez-moi ce soir (1952). Durant les années 60 il se consacra à la télévision anglaise, participant à nombreuses séries de l'époque. Il tourne ainsi 8 épisodes pour The Avengers et 18 pour Le Saint. Par la suite Roy Word Baker  devint également un  réalisateur régulier pour les films d'horreur de l'Amicus et de la Hammer. Il dirige quatre épisodes d'Amicalement vôtre : Les Pièces d'Or,  L'Héritage Ozerov, Quelqu'un dans mon genre et Des secrets plein la tête.

Distribution: Reginald Marsh (Docteur Fawler), Bernard Lee (Sam Milford), Jeremy Burnham (Scott Maskell), Anne de Vigier (Infirmière Crane), Joanne Dainton (Mlle Lindsay), Tony Wright (David Alton), Gerald Sim (Docteur gordon), Vivien Neves (Annabelle), Diana Terry (l'amie de Brett

Résumé:

Sur une route isolée, en forêt, Lord Sinclair porte assistance à une femme appelant au secours. Il est alors assommé puis enlevé. Il se réveille dans un hôpital dont il s'aperçoit vite qu'il s'agit d'un leurre, avant de perdre connaissance à nouveau. Brett reprend alors ses esprits à proximité de son domicile, où Danny lui apprend qu'il a été absent toute une semaine. Les Persuaders soupçonnent que l'opération a permis une opération chirurgicale transformant un complice en sosie de Sinclair, dans le but atteindre l'un des proches de ce dernier, le richissime Sam Milford. Ils aperçoivent ensuite que Lord Sinclair a en fait subi un lavage de cerveau et qu'il est programmé pour assassiner son ami milliardaire. Danny parvient à empêcher l'attentat et les coupables sont alors démasqués : il s'agit de l'épouse et du secrétaire de Milford.

Critique de Estuaire44:

Cet épisode sans génie exploite le thème de la suggestion inconsciente, particulièrement populaire dans les séries d'aventure des années 60. Les auteurs et le public d'alors se montrent en effet particulièrement friands des péripéties rocambolesques autorisés par cette posture narrative. Les amateurs des Avengers connaissent bien cela, il reste d'ailleurs bien difficile de ne pas songer à La Porte de la Mort ou à l'absolument formidable Le Visage (entre autres), tout au long de Quelqu'un dans mon genre. Malheureusement, là où ces épisodes  des Avengers manifestaient inventivité et mise en scène virtuose, on ne discerne ici qu'un déroulement du récit assez  mécanique et convenu. Cela se perçoit clairement dès l'introduction, prévisible au dernier degré, sans que rien ne ne vient changer par la suite. Le public découvre  le pot  aux roses beaucoup trop tôt, et la suite de l'histoire se déroule sans aucun soubresaut notable. La série prête ici le flanc à la critique ayant pu lui être portée sur ses scénarios, considérés comme un mix malin des sujets usités au cours de la décennie précédente mais bien peu créatifs par ailleurs.

Pour meubler et tenter d'installer comme un début de trouble au sein de ce morne paysage, Terry nation, ici en singulière petite forme, tente de développer une fausse piste quant à ce qui est survenu à Lord Sinclair. L'essai tourne vite court, tant cette histoire de sosie se heurte au plus élémentaire bon sens. Comment imaginer qu'une opération de chirurgie esthétique aussi lourde puisse ne laisser aucune trace à peine une semaine après avoir été pratiquée ? C'est simplement absurde, à moins d'imaginer qu'Amicalement vôtre ne basculât dans une espèce de simili Science-fiction, ce qui ne correspond en rien à sa nature. Ici nous nous situons ni dans le Monde des Avengers, ni dans la Quatrième Dimension. Le scénario multiplie par ailleurs les maladresses flagrantes ou les désarmantes naïvetés. Nation ne se soucie pas de justifier la présence des grilles chirurgicales. Maskell s'estime prudent de revêtir un gilet pare-balles, mais se dote surtout ainsi d'une preuve matérielle à son encontre. Milford gobe intensément la version de Brett, quelle belle amitié. Le docteur, estime, sans rien savoir, qu'une prise de sang ne donnera rien, ah bon ? Tout le complot se justifie par la difficulté d'atteindre Milford et voici que Danny y parvient sans pratiquement aucun problème. Etc. Les exemples abondent du manque d'élaboration de cette histoire.

La mise en scène, passablement morne, il faut bien le dire, de Roy Ward Baker ne viendra pas à la rescousse de cet épisode défaillant. L'expérimenté metteur en scène, à l'image de son scénariste, se contente ici de passer les plats, avec une relative efficacité excluant tout brio. Quelqu'un dans mon genre paraît à peu près dépourvu de toute scène d'action digne de ce nom, à part la vague échauffourée entre Persuaders. L'ensemble demeure aussi  statique que verbeux. Le pire reste sans doute l'insigne pauvreté des scènes oniriques, d'autant plus condamnable que la série bénéficie de moyens conséquents. On se situe vraiment très loin pour le coup de La Porte de la Mort et de ses passages équivalents, dignes du Dali de La Maison du Docteur Edwardes. Le tag de fin, tout à fait insignifiant, achève de grever l'épisode. On discerne également peu d'éléments culturels britanniques, a contrario du feu d'artifice de l'opus précédent.

L'épisode pèche également par ses personnages secondaires, uniformément dépourvus de cachet et d'aura, d'autant que leurs interprètes ressortent solides, sans plus. Le métier de Nation  lui permet de percevoir cette menace, qu'il tente de parer en attribuant de petites caractéristiques à chacun (alcoolisme, esprit sarcastique ou vénal) mais l'on entrevoit de manière transparente le procédé et ses limites. La grande attraction de l'épisode consiste bien entendu en la présence de Bernard Lee, mais celui-ci n'apparaît qu'en toute fin de parcours, et pour un rôle vraiment minimaliste. Il s'avère certes amusant assister à sa rencontre avec Roger Moore peu de temps avant que ce dernier ne revête le smoking de 007 mais la manière qu'à l'épisode de survendre l'évènement via l'insistante répétition des rêves et du tableau tient du cache misère. Les Persuaders Girls de la semaine se montrent certes charmantes, mais se cantonnent vraiment  à une éphémère figuration.

Parmi les atouts de Quelqu'un dans mon genre on compte le joli panorama, mais si bref, sur Trafalgar Square mais aussi la découverte approfondie du sublime appartement londonien de Lord Sinclair, décidément l'un des chefs-d'œuvre d'Harry Pottle. Non seulement il bénéficie d'un standing supérieur à celui, déjà cosy, de John Steed, mais cet immense plateau bénéfice d'un soin réellement particulier, comme le démontre la scène se déroulant dans la cuisine. Mais le grand point fort de l'épisode demeure en définitive la superbe prestation de Roger Moore. L'acteur s'émancipe de ses prestations coutumières et si bien rodées, manifestant un authentique talent de composition sur le registre original, plus troublé qu'à l'accoutumée, qu'il vient d'explorer avec succès dans The Man Who Haunted Himself, en 1970. Hormis quelques saillies réussies ,Tony Curtis parait plus en retrait à l'instar de son personnage. Le trouble psychologique empêche également le duo de provoquer ses étincelles habituelles, même si quelques répliques amusantes surnagent de ci, de là au fil de cet  épisode décidément en dessous.

Avis de Denis Chauvet:


Pas de changement sur cet épisode dont le souvenir est impérissable (trois bottes). Le passage de l’’hopital’ est un peu long et, fort heureusement, il n’y a pas de double comme le croit Sinclair. Brett est conditionné pour tuer Sam Milford, son ami milliardaire, que personne ne peut approcher. Evidemment, tous les fans se souviennent du violent combat, alors que Brett est programmé pour donner une correction à Wilde ; rien à voir avec l’altercation bisounours de Premier contact. C’est le temps fort de l’épisode et un de la série.

Juste avant que Danny ne tombe dans le piège, on remarque une publicité pour un concert de Charles Aznavour ! Tout se voit avec le HD ! Le contexte donne à l’ensemble plus de sérieux qu’à l’accoutumée, mais ce n’est pas dérangeant. La réalisation est un atout (vision du couple comploteur, superbe plan de Brett seul devant chez lui…) et il y a de nombreux visages connus comme Gerald Sim, Jeremy Burnham et, surtout, Bernard Lee que Moore retrouvera quelques années plus tard. D’ailleurs, à noter, le clin d’œil de Wilde (‘C’est dans les M, fallait y penser !’). Roger Moore, dans un registre particulier, est d’ailleurs plus en avant que Tony Curtis dans cette aventure, et on a une vue affinée de son somptueux appartement avec une visite (inhabituelle) de la cuisine.

Quelques réflexions à noter dont celle de Danny trouvant une peau de bête : ‘Sa famille remonte beaucoup plus loin qu’il ne le croit !’ mais il y a moins d’humour dans cet épisode sérieux à l’intrigue singulière. Qui a essayé le coup des œufs ?

Côté traduction, il y a des différences ; par exemple, Wilde dit, hors champ, dans la VF : ‘Ca, je n’y arrive jamais’ au sujet d’un tour de cartes (c’est ajouté) et il déclare à Moore vouloir voir Milford depuis 9 ans (7 dans la VO). 

Infos supplémentaires:

Le facteur porte le sigle « GPO » sur sa casquette, il s'agit des initiales de General Post Office, soit la Poste anglaise.

Le déclencheur inconscient de Brett est « Sanlucar de Barrameda ». Cette ville andalouse, située sur l'embouchure du Guadalquivir, fut une importante base de départ pour les explorateurs et Conquistadors du XVIème siècle.  Comme évoqué dans l'introduction de l'épisode, elle est le centre d'une région viticole. Il ne s'agit cependant pas de Porto, mais de Manzanilla, un vin lui étant spécifique. Il se boit en apéritif, comme ses cousins de la famille des vins de Jerez.

Autour de la Rolls Royce de Sam Milford, on aperçoit la National Gallery et l'église St Martin-in-the-Fields, sur Trafalgar Square. Ouverte en 1824, la National Gallery comporte une sublime collection de tableaux, anglais ou étrangers, recouvrant l'ensemble de l'histoire de l'Art du Moyen Âge au XIXème siècle. St Martin-in-the-Fields, dédiée à St Martin de Tours, est l'une des églises anglicanes les plus anciennes (XIIIème siècle). Elle est fameuse pour ses concerts, notamment baroques.

L'immeuble où travaille Sam Milford est en fait la Millbank Tower. Construite en 1964, à proximité du Palais de Westminster, elle mesure 119 mètres et comporte 33 étages (27ème édifice le plus haut de la Capitale). Elle abrite différents sièges de grandes sociétés et institutions, ainsi que les locaux du Parti Conservateur, dans un complexe attenant. C'est là que se déroulent des scènes de vandalisme, le 10 novembre 2010.

Sam Milford possède une Rolls Royce Phantom V. Construite de 1959à 1968, à 519 exemplaires, elle fut particulièrement appréciée des grands de ce monde, dont la Reine qui en acquit plusieurs. La plus célèbre demeure cependant celle de John Lennon : peinte en jaune et customisée aux couleurs du psychédélisme, elle est devenue l'une des principales icones de la contre-culture.

On trouve un exemplaire de The Guardian dans la fausse chambre d'hôpital de Lord Sinclair. Ce prestigieux journal, traditionnellement proche des Travaillistes, a été fondé en 1821. Il se pose en grand concurrent du Times, davantage de centre-droit.

Acteurs – Actrices

Bernard Lee (1908-1981) demeure bien entendu l'interprète de M dans onze James Bond, de 1962 à 1979. Cette importante figure du cinéma anglais se spécialisa dans les rôles d'autorité : policiers, militaires, hommes politiques ou diplomates. Ancien de la RADA, il fut également très présent au théâtre. Au petit écran, il apparaît dans Destination Danger, Les Champions, Le Baron, l'Homme à la valise

Jeremy Burham tourna dans plusieurs séries anglaises des années 60, mais demeure principalement un scénariste. Il écrivit ainsi cinq épisodes des Avengers (saison 6), série dans laquelle il tint trois rôles, dont celui du faux prêtre de The Town of No Return.

Gérald Sim (1925) a participé à toute l'aventure des Avengers, sa première apparition remontant à The radioactive man (saison 1) et la dernière au tardif Le lion et la licorne (saison 2, TNA). Entre-temps il aura participé à : Mission à Montréal (saison 2), Lavage de cerveau (saison 3), Meurtre par téléphone (saison 4) et Du bois vermoulu (saison 6) ! Beau-frère du réalisateur Richard Attenborough, il fera plus de 100 apparitions à la télévision ou au cinéma (Frenzy, Un pont trop loin, Gandhi, Jeux de guerre…).

Vivien Neves (1947-2005) fut un mannequin de nu, apparaissant également dans de nombreuses publicités pour lingerie et dans les tabloïdes britanniques. Elle reste connue pour être la première femme apparue nue dans le Times, le 17 mars 1971. Cette publicité occupant toute une page causa d'ailleurs un grand scandale et lança sa carrière. Sa participation aux Persuaders fut quasiment son seul rôle répertorié, et Vivien Neves, toujours populaire mais lassée, se retira dès 1973.

Séquence culte : Duel au sommet

Séquence culte : L'envers du décor

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10. UN ENCHAÎNEMENT DE CIRCONSTANCE
(CHAIN OF EVENTS)

 

Diffusion : 26 novembre 1971

Scénario : Terry Nation

Réalisation : Peter Hunt (1925-2002) travailla comme chef monteur sur Dr. No, Goldfinger et Bons Baisers de Russie, avant que son talent ne lui vaille de réaliser Au Service Secret de Sa Majesté, en 1969. Ici, il occupe ces deux fonctions.

Distribution: Suzanna Leigh (Emily Major), Peter Vaughan (Frank Schubert), George Baker (Britten), John Glyn-Jones (Docteur Hubert Rogers), Morris Perry (Beecham Benett), Neil Wilson (Agent de police).

Résumé:

Les Persuaders se livrent aux joies du camping dans une forêt appartenant à la famille Sinclair. En allant pécher à la ligne, Danny tombe sur un parachutiste grièvement blessé. Ce dernier décède après l'avoir enchainé malgré lui à une valise scellée. Elle contient des documents secrets en provenance de l'Est, à la fois recherchés par ses destinataires légitimes, les services secrets anglais, et par un gang dirigé par le terrible Schubert. Dès lors Danny est traqué, mais il est rejoint par Brett  qui l'emmène dans une clinique de sa connaissance où ils pourront examiner aux rayons X le contenu de la mallette. Brett repart consulter un spécialiste et Danny est alors confronté à Emily, agente britannique. Il arrive à la convaincre de sa bonne foi, puis ils parviennent à triompher de Schubert. Brett revient juste à temps pour évacuer la valise qui ne contenait qu'une bombe, n'étant depuis le début qu'un piège conçu par les services de l'Est !

Critique de Estuaire44:

Avec cet épisode entrainant, Amicalement vôtre renoue avec le genre ayant connu une extraordinaire fortune au cours de la décennie précédente, notamment en Grande Bretagne : le Spies Show. Cela saute aux yeux dès l'archétypale introduction, où Terry Nation démontre déjà son savoir faire en la matière. Son métier, mais guère son imagination, car tout cette scène revêtira un air de déjà vu pour les amateurs des Avengers. Des témoins dissimulés surveillant une livraison, un incident imprévu, une tentative avortée  de fuite en moto… Nation se contente en fait ici de recycler le passage équivalent de Take me to your Leader, en l'adaptant au ton moins fantaisiste de la présente série. Clin d'œil  ou désinvolture ?

La scène du réveil de nos deux héros, sans doute la plus divertissante de l'épisode, nous convainc bien davantage, tant chacun s'y trouve décrit de manière joyeusement caricaturale, à l'aune de sa nationalité. Avec son costume à la Davy Crockett et son feu de camp, Danny retrouve les accents du Western (l'Appel de la Forêt ?), la musique venant agréablement souligner ce pastiche. Tony Curtis se montre particulièrement à l'aise sur ce registre humoristique, son numéro muet constituant un numéro d'acteur vraiment irrésistible. On goute encore davantage la prestation de Roger Moore, impeccable dans cette expression d'un art de vivre tout aristocratique et épicurien, mais aussi empreint de la proverbiale excentricité britannique. Les amateurs de Chapeau Melon s'en féliciteront, tant Lord Sinclair s'assimile ici à un John Steed apportant tout un invraisemblable service à thé lors d'un voyage en train ou savourant champagne et caviar dans une écurie, en pleine mission. On apprécie vivement que la série prenne le temps de cette désopilante respiration exploitant ainsi au mieux l'atout maître constitué par son duo vedette. 

Par la suite l'action démarre brusquement, avec de plus une agréable saveur d'absurdité initiale. Un enchainement de circonstances va parvenir à maintenir un tempo élevé tout au long de son déroulement, grâce aux talents conjugués de Terry Nation et de Peter Hunt. L'idée d'un personne enchaînée à une valise (ou à autrui)  ne ressort pas bouleversante d'originalité en soit, mais Nation va s'ingénier à en tirer le meilleur parti. Il parvient à multiplier les effets et à plonger le malheureux Danny dans divers mauvais pas, la destruction de la grille en représentant le sommet.  Peter Hunt s'entend lui à hautement dynamiser la meilleure partie de l'épisode, avec Wilde en solitaire dans la forêt, grâce à son expérience du montage. Le minutage de l'action, la multiplicité et l'inventivité des placements de caméra apportent un vrai dynamisme à cette chasse à l'homme. Il filme également avec talent le splendide décor naturel représenté par la nature anglaise, réussissant divers plans parfaitement suggestifs.

La seconde partie de l'épisode, chez le médecin, parait plus convenue. L'action ne faiblit pas dramatiquement, mais se situe désormais dans un cadre moins original, voire assez convenu. Toutefois Un enchainement de circonstances a largement eu le temps d'auparavant bâtir sa spécificité. De plus, à la splendeur bucolique succède le talent sans renouvelé d'Harry Pottle. Avec cet intérieur très anglais, il nous offre un décor superbe et élégant, de plus finement agencé pour servir au mieux l'action. Du bel ouvrage. On regrettera cependant que les raccords entre décors intérieur et extérieur soient toujours aussi visibles, une plaie récurrente de la série, mais aussi souvent des Avengers. Le tag final, certes non totalement imprévisible, manifeste une malice communicative. On n'est pas fâché pour cette fois de voir triompher Danny dont la vaillance et la combativité  auront peut être davantage marqué l'épisode que le contre-point flegmatique et élégant de Lord Brett Sinclair.

La réussite s'accompagne de personnages secondaires souvent réussis. Schubert représente un excellent méchant, Peter Vaughan parvenant à merveille à exprimer le mélange d'humour madré et de vraie cruauté constituant le sel du personnage. Son habit de Gentleman Farmer se montre également divertissant. Toutefois son intervention directe contribue également à pousser le récit vers des territoires plus balisés et explorés que le cauchemar kafkaïen initial. Les agents et responsables des services britanniques font par ailleurs  pâle  figure à côté de lui et se cantonnent à l'état de silhouettes. Les deux Excentriques (le médecin et l'électronicien) apportent une saveur bienvenue à l'histoire, mais leur entrée en scène s'avère confondante de naïveté. Nation ne s'embarrasse guère de subtilité avec Brett, connaissant et ayant à chaque fois sous la main pile ce dont Danny a besoin. Va à la rigueur pour le premier, mais le second, c'est excessif. Danny aurait du remarquer qu'une station de métro aurait été pratique pour rentrer chez soi, son ami l'y aurait conduit de ce pas.

Emily Major s'impose comme une Persuaders Girl de fort bon aloi. Elle participe plus franchement que de coutume à l'action, et  se montre dangereuse au combat, tous en dégageant un vrai charme. Elle n'est d'ailleurs pas sans parfois évoquer Purdey, hormis du point de vue vestimentaire ! Suzanna Leigh apporte une vraie présence à son personnage ainsi qu'une certaine crédibilité, tandis que l'association avec Tony Curtis fonctionne parfaitement. Deux bémols toutefois. Le fait quelle soit apparentée au docteur relève de la même artillerie lourd déployée par Nation au cours de cette seconde partie, autour des deux Excentriques. Surtout aussi aguerrie qu'elle soit, et redoutable guerrière, nous la découvrons désarmée en un instant par le héros, avant de bien vite succomber à son charme, sans coup férir. Pour le coup Amicalement vôtre demeure fidèle ici à son inclination naturelle machiste. Un essai à demi transformé, donc.

Avis de Denis Chauvet:


Par rapport aux épisodes que j’ai laissés à deux bottes, celui-ci en vaut incontestablement une de plus, si on met de côté certains aspects telle la séquence pré-générique parfaitement inutile. Il y a des moments exquis ; comme le réveil de Wilde ‘à la dure’ et l’hôtel en caoutchouc tout confort de Sinclair, qui constituent une longue séquence jubilatoire. La scène de la douche est aussi un grand moment de l’épisode. Les personnages sont excellents : le Dr Rogers (John Glyn-Jones, le Grindley des Avengers) et, bien entendu, Schubert (inoubliable Peter Vaughan) sans oublier la blonde de la semaine plutôt mignonne (Suzanna Leigh).

Les décors naturels de la campagne anglaise sont superbes et bien filmés, et le clin d’œil bondien de Peter Hunt impeccable (il a réalisé ‘Au service secret de sa Majesté’). La musique de Ken Thorne est toujours sublime, avec le côté champêtre au réveil de Wilde ‘Somewhere in England’. Bon, une mallette explosive n’a pas grand-chose d’original mais mon impression d’ensemble est plus positive qu’à la vision en 2010. En tout cas, cette histoire de mallette est nettement supérieure à une aventure équivalente de Chapeau melon et bottes de cuir sous l’ère King. Et Sinclair lit le Times, of course. A noter le ‘Bonjour chez vous’ de Wilde, est-ce une référence au Prisonnier ?

Infos supplémentaires:

La scène de l'avion se déroule à l'aérodrome de Denham, situé non loin des studios de Pinewood. Existant dès alentours de 1900. Il abrite les services aériens ambulanciers de Londres, plusieurs écoles d'aviation et de nombreux  avions appartenant à des particuliers.

L'aventure se déroule dans les bois de Black Park Lake, là où fut également tournée la conclusion de Minuit moins huit kilomètres.

Tony Curtis ne se teint plus les cheveux, et arbore sa chevelure poivre et sel naturelle.

Clin d'œil : la fausse mallette contient l'ensemble des romans de James Bond, mais Au Service Secret de sa Majesté se voit particulièrement mis en valeur, soit précisément l'opus réalisé par Peter Hunt ! Cette édition a été publiée précisément par Pan Books à l'occasion de la sortie du film.

Les locaux des services secrets se situent près du Cénotaphe, dans Whitehall. Centre de l'exécutif britannique, Whitehall est une célèbre rue de Londres, située à proximité du Parlement. Elle tire son nom de l'immense palais royal qui s'y élevait, détruit par un incendie en 1698. Les bâtiments subsistant accueillent désormais le Ministère de la Défense. Dans le langage courant, Whitehall désigne en fait le gouvernement britannique, car on y trouve ses principales institutions : résidence et cabinet du Premier ministre, l'Amirauté, le Trésor, la Horse Guard, le Foreign Office, le Ministère de la Santé, les représentations de l'Écosse et du pays de Galles, la Direction des Impôts et celle des Douanes etc. S'y élève également le Cénotaphe, le plus grand et prestigieux Monument aux morts de la Grande-Bretagne, érigé en 1919 en hommage aux soldats tombés durant la Grande Guerre. Chaque année la Reine y préside aux cérémonies du 11 Novembre.

Acteurs – Actrices

Suzanna Leigh (1945) participa aux productions de la Hammer mais connut également une carrière hollywoodienne. Elle tourna ainsi avec Tony Curtis dans Boeing Boeing, en 1965. Cette actrice éclectique participa également à deux séries françaises, Trois étoiles en Touraine (196) et Docteur Caraïbes (1973). Elle s'appelle en fait Suzanna Smyth, son nom de scène provenant de Vivien Leigh, dont elle est la filleule.

Peter Vaughan (1923) connut une fort belle carrière au théâtre, mais aussi au cinéma, où il tourna régulièrement pour Terry Gilliam (Brazil, Bandits Bandits…). Il se spécialisa par ailleurs dans les rôles de policier ou d'agent secret. Vaugham apparut dans Public Eye, Le Saint, L'Homme à la valise, Poigne de fer et Séduction… Il incarne le Dr Jaeger dans Mon rêve le plus fou.

George Baker (1931) réalisa une belle carrière au théâtre, dans les rôles du répertoire. A l'écran il incarna le Nouveau Numéro 2 rencontré du pilote du Prisonnier. Il fut considéré par Ian Fleming comme un possible interprète idéal de James Bond. Plusieurs apparitions dans la saga, il joua Sir Hilary dans Au Service Secret de Sa Majesté. Il assura également le doublage de la voix de Lazenby durant une bonne partie du film.

Morris Perry (1925), tint de très nombreux seconds rôles dans les séries anglaise des années 60 à 80. Il participe ainsi trois fois aux Avengers, durant les saison 1 et 2 (Harry dans La Baleine Tueuse).

Séquence culte : Réveil


Séquence culte : Une valise surprise

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11. UN RÔLE EN OR

(GREENSLEEVES)

Diffusion: 08 octobre 1971

Scénario: Terence Feely(1928-2000) écrivit pour de nombreuses séries anglaises : No Hiding Place, Le Saint, Le Prisonnier, Callan, Poigne de Fer et Séduction, UFO, Cosmos 1999, Bergerac… Il fut l'auteur de Dragonsfield et  Nightmare (saison 1 des Avengers), mais aussi de Pour attraper un rat et Les Anges de la Mort (New Avengers).  Au début des années 90, il déclarait : "The Avengers was done live. The sets shook, doors didn't open and people tripped over things. The wisecracking mode that the filmed series exploited developed from those awful mistakes. If a door wouldn't open, instead of being phased, Pat would do something with his brolly or his bowler hat, or make some fast remark, and Honor would do the same. Writers recognised that talent and began to write for it. It became a style which was too good to lose and it was built into their characters."

Réalisation: David Greene (1921-2003) fut un important metteur en scène de télévision, exerçant aussi bien en Amérique du Nord qu'en Grande Bretagne. Il travailla cependant bien davantage pour le téléfilm que pour la série. Greene participe néanmoins à La Quatrième Dimension, Le Saint, Racines

Distribution: Rosemary Nichols (Melanie Sadler), Cy Grant (Richard Congotto), Andrew Keir (Sir John Hassocks), Tom Adams (Piers Emerson), Carmen Munroe (Carmen Congotto), Clifton Jones (Docteur Kibu), Michael Martin (Jackson).

Résumé:

Lord Sinclair découvre par hasard qu'une vaste propriété familiale, délaissée et isolée, est désormais occupée par des inconnus. Désireux d'en savoir plus, les Persuaders s'y introduisent par d'anciens souterrains, et découvrent qu'une vaste supercherie se prépare. Les mystérieux individus restaurent la demeure et recherchent un comédien sosie de Sinclair. Brett se fait alors passer pour celui-ci, interprétant ainsi son propre rôle, tandis que Danny se fait passer pour un majordome suppléant. Ils vont découvrir que cette usurpation d'identité vise à faire tomber dans un guet-apens un chef de gouvernement africain, s'étant lié d'amitié avec Sinclair durent leurs études. Le but est de lui extorquer des contrats avantageux concernant l'exploitation des richesses nationales de son pays. Danny et Brett, aidés par la belle Mélanie, font échouer le complot après un spectaculaire affrontement. 

Critique de Estuaire44:

Après le Spies Show traditionnel, Amicalement vôtre poursuit sa relecture des thèmes traditionnels des années 60, avec cette fois-ci une histoire de doubles. Ce sujet reste bien connu des amateurs de Chapeau Melon, tant il a été exploité par leur série fétiche. C'est notamment le cas dans Two is a Crowd, au scénario particulièrement proche du présent, puisque, tout comme Lord Sinclair,  John Steed s'y fait également passer pour un sosie devant jouer son propre rôle. Mais associer ces deux épisodes signifie minorer la réussite de Greensleeves car, là où Un Steed de trop choisissait une approche totalement bluffante, conduisant à un extraordinaire rebondissement, ici Feely compose un récit beaucoup plus linéaire, convenu et transparent. Du moins évite-t-il ainsi l'incompréhensible procès en confusion que l'on s'acharne de temps à autres à intenter à Philip Levene. Ce n'est certes pas un risque encouru par l'épisode. Feely compense néanmoins partiellement par l'aspect énigmatique de la première partie de l'histoire, où nous nous demandons en compagnie de Brett ce qu'il peut bien advenir chez lui. L'introduction apparaît parfaitement menée de ce point de vue. Par la suite, il dose habilement les divers rebondissements et parvient à éviter que le soufflé ne retombe. Le tag final fait joliment écho à celui de l'épisode précédent, un partout, balle au centre !

Aussi efficace que se montrent ses péripéties,  le véritable intérêt de Greensleeves repose avant tout sur l'atmosphère qu'il dégage, celui de l'Angleterre traditionnelle et éternelle, ce qui ne déplaira pas non plus aux amateurs des Avengers. Tout l'épisode baigne en effet dans une atmosphère proche de la saison 4 des aventures de John Steed, où l'ironie pétillante se voit néanmoins remplacée par une reconstitution fidèle, quasiment nostalgique. Plusieurs éléments culturels emblématiques viennent s'agréger dans un tout harmonieux et non dépourvu de charme, le charment pub anglais si typique (similaire à celui que l'on peut découvrir dans Voyage sans retour, parmi bien d'autres), l'équitation, l'environnement naturel, l'art de vivre où la figure bien connue du majordome. Mais l'atout majeur demeure la propriété elle-même, ses portes dérobées et son séjour archétypal. Harry Pottle y déploie tout son immense talent pour reconstituer tout un univers certes suranné, mais encore si savoureux et prégnant. Entre escalier, souterrain et entrées dissimulées, Greensleeves s'impose également comme un formidable cadre d'aventure. La dynamique mise en scène de Greene le met fort bien à profit, notamment lors de l'affrontement final joyeusement épique.

Tout à fait logiquement dans cette histoire s'insérant si profondément dans son univers, Lord Sinclair tient ici particulièrement la vedette, excellemment servi par un Roger Moore tout à fait à l'aise et convaincant dans ses deux rôles, et prenant un plaisir manifeste à jouer. L'un des intérêts de l'épisode, et non le moindre,  consiste d'ailleurs  à nous dévoiler de nouveaux éléments concernant la vie et l'entourage de Sinclair, bien davantage que ce qu'a pu apporter le famélique Angie... Angie à propos de Danny. Que Danny soit plus en retrait semble inévitable, mais Feely rate le coche concernant le  personnage d'emprunt de ce dernier. A l'instar de Steed dans l'hilarant Les espions font le service, il aurait été bien plus judicieux et subtil que Wilde interprète une jouissive caricature de majordome anglais, dans la grande tradition d'Agatha Christie, plutôt que de créer cet Igor semblant si hors sujet ici. Que dans son interprétation l'acteur démontre son abattage et sa fantaisie coutumiers ne change rien à l'affaire.  On aurait également aimé un Danny aussi ironique qu'à l'accoutumée devant les traditions britanniques, mais qu'il soit lui aussi bluffé par la propriété se révèle finalement compréhensible. Et puis Danny se rattrape par un entrainant duel à l'épée, une autre tradition des Avengers au sein de cet épisode établissant décidément une passerelle entre les deux séries.

Si Un rôle en or se voit malheureusement dépourvu d'Excentriques, ses personnages secondaires s'avèrent fort plaisants et participent pleinement à son succès. On apprécie le pertissant passage haut en couleur chez le pittoresque impresario, de même que cette rapide excursion au sein du Londres contemporain,  quand Sinclair se promène dans le West End. Ceci apporte un contrepoint bienvenu soulignant par contraste le calme feutré de l'Angleterre symbolisée par Greenleeves. Le tenancier du pub et le vieux majordome se découvrent eux aussi fort bien croqués. Ce dernier développe également une vraie émotion, tandis que l'on ne peut que songer au formidable Les Vestiges  du Jour, de James Ivory, autre immersion totalement aboutie dans ce monde. Les Congotto paraissent peu développés, mais fort bien interprétés.

 Les méchants apparaissent plus convenus, d'autant que cette histoire si peu crédible du contrat extorqué relève manifestement du simple prétexte. L'interprétation reste fort solide et l'étonnante similitude  du rôle de l'excellent Tom Adams avec celui qu'il tint dans Take-Over renforce idéalement cette agréable sensation de rapprochement entre les deux séries. Durant toute une longue partie on apprécie vivement le personnage de belle garce représenté par Melanie Sadler. Rosemary Nichols lui apporte du chien et sa manière de ne pas s'en laisser compter tout en manifestant un humour parfois mordant n'est pas sans évoquer Cathy Gale.  La déception est vive de la voir rechuter dans les clichés que perpétuent Amicalement vôtre, de manière assez mécanique qui plus est. Tout cela pour tomber bien entendu dans les bras du héros, cette fois plutôt comme une Pussy Galore. La convergence entre Persuaders et Avengers n'aura donc pas été absolue, Greensleeves n'en demeurant pas un moins un épisode enthousiasmant, superbement dialogué  et délicieusement anglais.

Avis de Denis Chauvet:


Pour moi, c’est un épisode très moyen, même si l’idée de départ est bonne. Cette aventure rappelle le Noël en février des Avengers et, ce coup-ci, l’avantage est à Steed & Co. J’aime bien le début – la séquence pré-générique, le pub, le passage secret et l’arrivée du vrai/faux Sinclair. Après, il y a beaucoup de longueurs, aucun échange ‘culte’ entre nos héros (Wilde est absent d’une grande partie de l’épisode) et les méchants, contrairement à l’histoire des Avengers, sont soporifiques : Melanie n’a pas l’envergure de Circe par exemple et son ‘changement de camp’ est téléphoné.

Les complots avec des pays africains étaient monnaie courante dans les scénarios des séries britanniques car le Royaume sortait du colonialisme ; on en trouve dans les Avengers mais aussi L’homme à la valise. Pour les histoires de doubles, Two’s a Crowd est également nettement supérieur avec une intrigue plus élaborée. Un rôle en or est loin de faire partie des meilleurs dans les deux cas, malgré l’excellente séquence d’escrime de Curtis/Wilde (somptueux ananas), devenu serviteur hongrois, dans le final. Danny a troqué sa Ferrari pour une Austin pour l’occasion (même couleur) et il prend parfaitement la forme du fauteuil. Il est aussi à noter que l’accent de Gregor est totalement inventé pour la VF (et Michel Roux) !

En conclusion, l’épisode n’est pas ‘plus passionnant que la chasse aux lapins’ pour contredire un protagoniste. Et n’oubliez pas de placer un rat dans le cidre pour corser le bouquet !

Infos supplémentaires:

La nouvelle d'Edgar Allan Poe, à laquelle font allusion les Persuaders à propos de l'histoire de l'emmuré vivant, est La Barrique d'amontillado. Elle est présente dans le recueil réuni par Charles Baudelaire en 1857, Les Nouvelles histoires Extraordinaires. Cet immense classique de l'Epouvante compte parmi les nouvelles de Poe ayant connu le plus grand retentissement. De nombreuses séries fantastiques ou policières y feront allusion : Night Gallery, Homicide, Les Experts, The X-Files, Angel etc.

Danny découvre une photo où le jeune Brett apparaît en compagnie de ses parents.  Il s'agit en réalité de Roger Moore, sa femme Luisa et leurs deux enfants, Deborah et Geoffrey.

Quand Brett et Danny s'aventurent pour la première fois dans les souterrains, la luminosité et la disposition des ombres indiquent clairement l'existence d'autres sources de lumière que les seules bougies.

Tony Curtis met ici en œuvre sa réelle maîtrise de l'escrime, qu'il déploya également dans divers films de capes et d'épées : Le chevalier du Roi (1954), Le Cavalier au Masque (1955)…

Alors qu'il se rend chez l'impresario, on voit Brett passer devant le Cameo Moulin. Ce cinéma, alors nommé « Piccadilly Cinematograph Theatre », est l'un des plus anciens de Londres. Inauguré le 5 mars 1910, il se situe dans Great Windmill Street. Il revêt l'appellation de Cameo dans l'immédiat après-guerre, le terme de Moulin faisant allusion à sa rue. Le Windmill Theatre se situe juste d'ailleurs juste à-côté. Sa façade redécorée en 1961, il se consacre alors à la diffusion d'œuvres érotiques. Concurrencé par les nouveaux médias, il ferme ses portes en 1990, avant de devenir un bar-restaurant.

La propriété de Greensleeves est en fait Shoppenhanger Manor, dans le Berkshire. Cette très ancienne demeure remontait au XIIIème siècle. Elle fut la propriété d'une riche famille d'antiquaires, qui y apporta de grandes modifications en 1915 et y réunit une grande collection d'articles en tous genres. Devenu un hôtel de standing, le bâtiment du être détruit au début des années 2000, suite à un incendie.

Acteurs – Actrices

Rosemary Nichols (1941) reste surtout remémorée pour le rôle récurent d'Annabelle Hurst dans Department S (1969-1970). A la fin des années 70, elle se retira pour se consacrer à l'écriture, notamment dans le domaine de la poésie.

Cy Grant (1919-2010), d'origine guyanaise,  fut l'un des premiers comédiens de couleur à apparaître régulièrement à la télévision anglaise, durant les années 50. Egalement écrivain et populaire chanteur de Calypso et d'autres musiques des Caraïbes, il s'engagea pour la promotion des comédiens noirs. Ses mémoires, Blackness and the Dreaming Soul, parurent en 2007.

Andrew Kair (1926-1997) fut une grande figure du théâtre écossais, interprétant les classiques du répertoire avec un grand succès. Avant de débuter à Glasgow, il travailla dans la même mine de charbon que son père, de 14 à 20 ans. Il fut également un comédien régulier des productions de la Hammer (Les Monstres de l'Espace, 1967). Il apparaît dans Les Champions, Le Saint et dans The Avengers (Les Marchands de Peur, Les Evadés du Monastère).

Carmen Munroe (1932) est une grande figure du West End et fut élevée au rang d'OBE en 2007. Elle participe à General Hospital, Doctor Who, Desmond's… Elle joua un grand rôle dans la promotion des auteurs noirs de théâtre.

Clifton Jones (1942) est bien connu des amateurs de Science-Fiction pour avoir interprété David Kano dans Cosmos 1999.

Tom Adams (1938) a tourné dans deux épisodes de la saison 1 de Chapeau Melon (Death on the slipway, et The far-distant dead) mais demeure avant tout le Grenville de Take-Over. Il a également joué dans les séries UFO, Madigan, Dr Who, Remington Steele. En 1965 il incarne un simili James Bond dans le parodique Licensed to Kill. Dans les années 1980-1990 il est l'interprète principal des publicités de DFS, important vendeur de meubles anglais.

Séquence culte : À la résidence


Séquence culte : Un pub très anglais

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12. L'HÉRITAGE OZEROV
(THE OZEROV INHERITANCE)

Diffusion: 11 février 1972

Scénario: Harry W. Junkin fut le superviseur des scénarios du Saint, pour lequel il écrivit directement 22 épisodes. Il travailla pour plusieurs autres séries, dont Department S et Jason King.

Réalisation: Roy Ward Baker (1916-2010) fut un important metteur en scène britannique. Au cinéma il réalisa notamment A Night to Remember, avec Honor Blackman, qui lui valut un Golden Globe en 1958. Durant les années 50 il exerça à Hollywood, dirigeant ainsi Marilyn Monroe dans Troublez-moi ce soir (1952). Durant les années 60 il se consacra à la télévision anglaise, participant à nombreuses séries de l'époque. Il tourne ainsi 8 épisodes pour The Avengers et 18 pour Le Saint. Par la suite Roy Word Baker  devint également un  réalisateur régulier pour les films d'horreur de l'Amicus et de la Hammer. Il dirige quatre épisodes d'Amicalement vôtre : Les Pièces d'Or,  L'Héritage Ozerov, Quelqu'un dans mon genre et Des secrets plein la tête.

Distribution: Gladys Cooper (Grande Duchesse Anna Ozerovna), Prunella Ransome (Alexandra Ozerovna), Gary Raymond (Sergueï Ozerov), Joseph Fürst (Yelker), Raymond Young (Inspecteur Mansour), Cyril Shaps (Pr. Ganguin).

Résumé:

Lord Sinclair et Danny Wilde se rendent à Genève, intrigués par une mystérieuse invitation. Il apparaît que la Grande Duchesse Anna Ozerovna et sa petite-fille Alexandra, démunies mais d'une grande famille de Russes Blancs, ont besoin de Brett pour établir leurs droits sur des bijoux détenus par une banque suisse. Mais l'archiviste connaissant la clé de l'énigme est assassiné par les hommes de Sergueï, neveu de la Duchesse. Grâce aux documents laissés par le  défunt, Brett découvre qu'un de ses oncles dispose de la preuve manquante, qu'il va alors chercher. A son retour d'Angleterre il est cependant capturé, tout comme Danny. Ils parviennent néanmoins à s'échapper, puis Danny triomphe de Sergueï dans un duel au sabre. En fait, il apparaît que banquier avait vendu les joyaux pour renflouer son affaire et qu'il employait Sergueï pour dissimuler l'escroquerie. La famille Ozerov voit néanmoins ses droits reconnus, tandis que la banque va lui verser une compensation.

Critique de Estuaire44:

Le chapitre helvète des aventures des Persuaders se révèle beaucoup trop anodin pour ne pas décevoir.  La faute en revient principalement à un scénario particulièrement ténu. Si l'on veut bien admettre la coincidence passablement rocambolesque de l'oncle Sinclair présent au moment ad-hoc, son exploitation, une fois la situation éclaircie, ne relève plus que de péripéties simplettes maintes et maintes fois vues par ailleurs. L'ensemble paraît réellement cousu de fil blanc et prévisible au dernier degré, d'autant que l'auteur n'essaie même pas de développer la moindre fausse piste. Le « rebondissement » de la trahison du banquier provoque plus de gêne qu'autre chose, tant il était évident. De plus le cœur de l'épisode, le portrait d'une famille noble, déchue mais digne, se voit traité comme un mélodrame simpliste et lénifiant.

 On observe également une accumulation de naïvetés, démontrant le manque d'ambition d'une écriture se contentant de broder paresseusement sur l'idée première. Le fait qu'un cambriolage se déroule chez la victime d'un meurtre n'éveille absolument pas l'intérêt de la police (sans intervention du juge Fulton, comme dans La Danseuse) stupéfie. Il était déjà idiot que les deux tueurs fassent croire à un accident pour justement aller plus tard commettre cette grossière erreur. Il en va pareillement pour Alexandra, appelée et convoquée au commissariat dans l'immédiate foulée du meurtre etc.  On regrette également le manque de mise en valeur concrète du déplacement en Suisse. L'atmosphère des diverses contrées méditerranéennes  traversées présentaient certes des imperfections, mais avait néanmoins le mérite d'exister. Ici, hormis la référence aux banques et quelques inserts évidents, on avoisine le néant.

Cet opus bavard et lent ne se voit guère amélioré par la mise en scène statique de Roy Ward Baker, qui se contente de filmer mollement les superbes décors dus au talent toujours aussi manifeste d'Harry Pottle. Sa manière de filmer Gladys Cooper en caméra fixe et en gros plans sur le visage manque totalement de vie et de naturel. Cela prive d'une grande part de leur saveur ces scènes constituant pourtant le cœur de l'épisode. Quel académisme hors d'âge ! Les quelques combats (ou échauffourées) répertoriés au cours de l'action se réduisent à bien peu de chose. Par contraste L'Héritage Ozerov permet d'appréhender en quel point le déplacement du tournage sur la Côte d'Azur a apporté à Amicalement vôtre, tant cette Suisse de pacotille manque de crédibilité. On retient néanmoins deux scènes saillantes : le meurtre de l'archiviste et l'impressionnante chute de la voiture, filmée, elle, avec acuité, et le second duel au sabre, devant beaucoup à la réelle compétence de Tony Curtis, déjà perçue dans Greensleeves.

A la rescousse de l'épisode vient une nouvelle fois l'humour du duo vedette. La scène de Brett avec son oncle, effectivement ennuyeux au possible, s'avère très amusante, tandis qu'au contact de cette nouvelle aristocratie, la malice de Danny trouve doublement à s'exprimer. Malheureusement ils ne trouvent guère de répondant car, malgré des seconds rôles correctement interprétés, l'opposition du jour manque singulièrement de cachet et d'intérêt. Rien d'électrique ou de d'original chez ces félons et ces gros bras ternes et convenus. Un vrai rayon de soleil survient néanmoins grâce aux personnages féminins. Gladys Cooper, si desservie par la mise en scène, démontre l'étendue de son talent et empêche l'épisode de sombrer dans le ridicule d'un roman-photo. La trop rare Prunella Ransome apporte un charme sensible et non dépourvu d'humour au récit. La contempler permet de prendre son mal en patience durant le pensum, tandis que les fugitives apparitions de quelques blondes demoiselles apportent également une efficace contribution. Mais, décidément, la Suisse des Persuaders manque de relief.

Avis de Denis Chauvet:


L’épisode suisse est bavard et présente peu de moments mémorables. J’en dénombre trois : la leçon de ski dans la chambre d’hôtel de la séquence pré-générique et les deux combats d’escrime Wilde/Sergei dans lesquels Tony Curtis démontre son habileté (on en avait déjà eu un aperçu lors de l’aventure précédente).  Quelques clichés comme la limonade, la dextérité de Wilde avec des menottes, l’excentrique oncle de Brett et la présence d’une jolie Persuaders girl clôturent les points positifs : ‘elle est drôlement roulée pour une princesse !’ (Ça sonne beaucoup mieux en VF).

Le reste est à oublier : l’intrigue pâlotte, les longs bavardages de la Grande-duchesse (qui me rappelle les tantes de Mother), le vilain neveu, qu’on repère tout de suite, et la Suisse de pacotille ; j’ai l’impression, d’après de nombreux plans, que Moore et Curtis n’ont pas fait le voyage en Suisse et que l’épisode est truffé d’inserts ! Tout ça pour un vieux carnet et des bijoux de famille en toc…On s’ennuie parfois, ce qui est rare dans cette série ; c’est la raison pour laquelle je laisse l’épisode à une botte (alors que placé dans une autre série, il en vaudrait facilement deux). Les longueurs sont récurrentes, comme Danny lisant des passages du livre à l’hôtel et puis, la façon de se débarrasser du garde est d’un ridicule ! C’est, incontestablement, le plus faible de la première partie et on rejoint Wilde : ‘Le livre le plus ennuyeux de ma longue vie. C’est mortel’.

Dans ses mémoires, Sir Roger écrit que Curtis était un excentrique, particulièrement pour ses gants qu’il gardait même pour se laver les mains et il ne les retirait pas, même pour faire le baisemain à la duchesse. Sir Roger évoque aussi une vieille actrice distinguée qui lâchait des pets odorants en marchant. Est-ce Gladys Cooper qui interprète dans son dernier rôle la Grande-duchesse ? 

Infos supplémentaires:

On apprend l'intégralité du nom et titres de Brett : Brett Rupert George Robert Andrew Sinclair, 15 ème Comte de Marnock.

L'assassinat de Ganguin et la chute de sa voiture ont été filmés à Betchworth Quarry, dans le Surrey. Il s'agit d'anciennes carrières de craie et d'argile, dont les dénivellations ont servi à de nombreuses séries anglaises. Désaffectées à la fin des années 60, elles servent désormais de décharges publiques.

A Genève, les Persuaders résident à l'Hôtel de la Paix, situé Quai du Mont Blanc. Construit en 1865, il s'agit d'un des palaces les plus prestigieux de la ville, offrant une vue magnifique sur le lac Léman et le Mont Blanc.

Danny passe par la Place des Bergues pour se rendre au bureau de Dante et Walther. Elle se situe à deux pas de l'hôtel de la Paix, dans le quartier des affaires de Genève.

En allant à la banque de Yelker, Danny se gare devant une caisse d'épargne située sur la Place Philibert Barthelier. Celle-ci se situe près des vestiges du château médiéval défendant la ville. Elle comporte une statue de Philippe Barthelier, financée par souscription nationale. Cet important homme politique genevois du XVIème siècle parvint à sauvegarder l'indépendance de la cité, alors menacée par les visées du Duc de Savoie.

La voiture de Ganguin est une Renault Dauphine Gordini. La Dauphine, grand succès de la marque, fabriquée de 1956 à 1967, à plus de 2 150 000 exemplaires, fit les beaux jours de l'usine de Flins. Elle fut appelée la « Dauphine » car destinée à succéder à la « Reine des ventes » de Renault, la 4CV (1947-1961). La Dauphine, très innovante et design pour son époque, fut également surnommée « la Machine de Flins ». Si elle connut également le succès en Grande Bretagne (elle y fut la première voiture importée à se vendre massivement), tout comme les Persuaders elle ne se vendit pas aux USA, du fait d'une mauvaise politique de commercialisation. En 2007, Time la compta parmi les 50 plus mauvaises voitures de tous les temps, estimant qu'il s'agissait du plus grand échec de l'ingénierie française depuis la Ligne Maginot ! Le modèle Gordini fut conçu en 1957 par le grand spécialiste des voitures de courses Amédée Gordini, avec une puissance nettement accrue.

Acteurs – Actrices

Gladys Cooper (1888-1971), élevée au rang de Dame de l'Empire Britannique en 1967, fut l'une des plus grandes gloires du théâtre anglais, tout au long d'une carrière débutée en 1905. Elle connut également le succès dans de nombreux films hollywoodiens (My Fair Lady, 1964).  Sur le petit écran elle participe également à La Quatrième Dimension, où elle est la partenaire de Robert Redford dans Nothing in the Dark (1962). Gladys Cooper décéda peu de temps après le tournage de L'Héritage d'Ozerov et, dans ses mémoires, Roger Moore fait part de son émotion d'avoir donné la réplique à la grande actrice, pour son dernier rôle.

Prunella Ransome (1943-2002) participa à perses séries anglaises des années 70 (Warship, The Venturers…), après quelques succès au cinéma durant la décennie précédente (Alfred the Great, 1967).

Joseph Fürst (1916-2005), aux origines autrichiennes, interpréta des personnages allemands ou d'Europe de l'Est dans de nombreuses séries britanniques (Les Champions, Le Saint, le Baron, Callan…). Il incarne également le Dr. Metz dans Les Diamants sont Eternels. Son rôle le plus remémoré demeure du celui du terrible Pr. Zaroff, un ennemi du Docteur particulièrement populaire (The Underwater Menace, 1967).

Séquence culte : La leçon de ski


Séquence culte : Duel à l'épée

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Images capturées par Estuaire 44.

 

 

 saison 1 saison 3

Amicalement Vôtre (1971-1972)

Présentation 


A PARTAGER! LES GÉNÉRIQUES CULTES DE SÉRIES TV - Amicalement Vôtre Retrouvez notre dossier complet sur la série culte par Estuaire44 sur Le Monde des Avengers:http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1970/amicalement-votre-1971-1972Rejoignez la discussion Amicalement Vôtre sur notre forum: http://avengers.easyforumpro.com/t2557p690-serie-amicalement-votre

Posted by Le Monde des Avengers on Tuesday, October 13, 2015

— You might want to try for a pheasant, my Lord. I'll get the guns.

Thank you, Chivers. A good idea.

You still shoot peasants around here, huh?

Au début des années 70, sur la Côte d'Azur, Lord Brett Sinclair, quinzième Comte de Marnock, connut une rencontre des plus explosives avec Daniel Wilde, issu du Bronx et ayant fait fortune dans le pétrole. Une homérique bagarre, officiellement causée par l'importante question de savoir si le Créole cream s'accompagne idéalement d'une ou de deux olives, va les mettre à la merci du juge à la retraite Fulton. Celui-ci a eu un coup de génie : utiliser l'énergie de ce duo explosif pour lutter contre ceux que la justice ne peut atteindre. Mais Danny et Son Altesse, devenus les meilleurs amis du monde, n'auront pas toujours besoin du juge madré pour se retrouver plongés en plein cœur de l'aventure, aux quatre coins du Continent, comme en Angleterre.

Le titre de la série se fonde judicieusement sur la relation existant entre ses deux personnages principaux, car c'est bien là que réside sa spécificité et sa force, même si Fulton apporte une valeur ajoutée non négligeable à ses épisodes. L'antagonisme, tempéré par l'humour mais néanmoins constant, entre Sinclair et Daniel va devenir le moteur d'Amicalement Vôtre et se voit fort logiquement élaboré avec un soin particulier. À ce titre il se décompose en plusieurs éléments distincts, au détonnant effet accumulatif. Tout d'abord The Persuaders !  oppose un Américain et un Britannique archétypaux. Ce choc des cultures retranscrit avec acuité le rapport complexe et très exclusif existant entre les Alliés, entre rivalité et union des destins. Les dialogues, aussi piquants que finement ciselés, en résultant crépitent en permanence. Ce procédé, à l'époque une première, fut repris dans bien d'autres séries postérieures. L'on pense bien entendu à Dempsey & Makepeace ou encore Magnum (avec l'inénarrable Higgins) et Buffy (avec Giles) mais d'autres y eurent également ponctuellement recours comme Bones ou The X-Files.

Mais les malicieux auteurs ne limitèrent pas le fossé existant entre Brett et Danny aux cultures nationales, mais s'avancèrent également sur le terrain social. Danny est un battant, un self made man, tandis que Lord Sinclair apparaît comme l'héritier de toute une dynastie. Les étincelles entre le parvenu et l'aristocrate crépiteront d'autant plus que leurs origines influent nettement sur leur caractère. En parfait gentleman britannique, Brett Sinclair se montre posé, raffiné, pratiquant l'humour à froid, tandis que Danny s'avère une authentique boule d'énergie, gouailleuse et extravertie. Ce duo antinomique se prête idéalement à l'écriture scénaristique et s'impose comme un inépuisable filon humoristique, tout en renouant avec la tradition du Clown Blanc et de l'Auguste.

 Cette situation déjà fort prometteuse bénéficie de plus de l'épatante composition de deux grands comédiens idéalement dans leur emploi sur ce registre de la comédie légère. Ni Roger Moore ni Tony Curtis ne ménagent leur peine pour incarner avec saveur des héros dont ils ont parfaitement intégré le léger aspect parodique. Amicalement Vôtre se situe d'ailleurs à un jalon de leur carrière, au moment où le premier s'apprête à revêtir le smoking de 007 (dont il donnera une version assez similaire au Saint et à Lord Sinclair)  et où le second va prendre du champ avec le cinéma. La série se sublime ainsi par cette rencontre de deux interprètes au sommet de leur art mais aussi, pour le public hexagonal, par le doublage si savoureux et pittoresque de Michel Roux (Curtis) et Claude Bertrand (Moore), parfois improvisé. Ils parviennent à fondre l'esprit français à l'humour anglais, avec une totale réussite. Comme chaque médaille présente un revers, la qualité unique de ce doublage français repousse souvent au second plan la version originale, ce qui tend à laisser au bord du chemin l'excellent jeu entre les accents et les vocabulaires des deux côtés de l'Atlantique. Dans des séries plus contemporaines, William le Sanguinaire (Buffy) ou Héléna Peabody (The L Word), au pur phrasé londonien, confirment parmi d'autres à quel point ces divergences peuvent divertir. L'éclat du duo vedette fait courir en permanence le risque à la série de trop sacrifier l'intrigue au relationnel, d'autant que certaines histoires apparaîtront parfois quelque peu conventionnelles.

Cette primauté accordée aux héros a d'ailleurs parfois fait gloser sur la nature exacte du lien les unissant. Amicalement Vôtre s'inscrit dans un genre particulier, le Buddy Movie,  alors en pleine vogue grâce à l'immense succès de son récent prototype, Butch Cassidy et le Kid, en 1969. La relation entre  Brett et Danny s'inscrit à la perfection dans les codes de ce style de production, voire même les accentue, en intégrant les différences socioculturelles, mais surtout en laissant percevoir que l'importance prise par cette amitié empêche toute liaison durable avec une femme de se mettre en place. Selon cette grille de lecture l'épisode The Morning After demeure ainsi très parlant sur le rejet d'une intrusion féminine. Dans un même ordre d'idée Angie... Angie montrera Brett réellement jaloux de la complicité existant entre Wilde et Arnie, tandis que la touchante  scène finale montrera les deux amis réaffirmer la solidité de leur rapport. Mais cette analyse semble bien jusqu'au-boutiste, non seulement parce que aucun élément explicite ne vient l'étayer (mais l'on connaît la prédisposition de Brian Clemens pour le subtext…), mais surtout parce que nos deux compères se montreront toujours de grands séducteurs. Un nombre imposant de starlettes de l'époque participera d'ailleurs aux 24 épisodes de la série !

Un autre vif intérêt de la série consiste en son somptueux et mythique générique. Rarement une série se sera autant assimilée à cet élément, dont la réussite paraît autant artistique que conceptuelle. La sublime musique de John Barry exprime une mélancolie à  nulle autre pareille dans l'univers des séries télé. Alliée aux images, elle exprime à merveille ce sentiment ressenti devant la fuite du temps, y compris par des héros n'étant plus en leurs vertes années (Curtis est né en 1925, Moore en 1927).  La mélodie indique bien cette quête de la jeunesse éternelle que sous-tend cette vie de bohême aux quatre coins de l'Europe pour nos aventuriers amateurs. Elle épouse également la nostalgie du public pour lequel Amicalement Vôtre paraît indissociable des souvenirs de l'époque. Après un tel chef-d'œuvre  l'on ne peut que regretter que Barry n'ait pas poursuivi plus loin sa collaboration, même si les compositions de Ken Thorne demeurent de fort bonne facture.

Avec ce qui s'affirme encore aujourd'hui comme la meilleure utilisation répertoriée de la technique du split screen, le générique nous présente avec un luxe du détail inouï ces deux histoires dissemblables dont la rencontre fera tout le sel de The Persuaders !, ainsi que le quotidien plaisant des deux héros. Les photos s'avèrent excellemment choisies, de même que les différents articles de presse. Le tout se voit réalisé avec un grand sens esthétique, comme l'indique déjà le choix des couleurs des dossiers, le rouge pour l'impétueux Danny et le bleu de la noblesse pour Brett. Le décor de la série nous est intégralement exposé, avec panache et raffinement. L'on ne regrettera que l'absence du juge Fulton.

Par ailleurs la série aura toutes chances de passionner les amateurs des Avengers, tant il s'avère captivant de suivre les convergences et divergences existant entre les deux séries. Et les passerelles apparaissent effectivement nombreuses, comme la présence incontournable de Brian Clemens (mais aussi de Terry Nation, qui supervisa pareillement les scénarios de la saison 6) ou les apparitions de nombreux comédiens ayant participé à Chapeau Melon. Différentes structures narratives apparaissent également similaires, comme les tags de début et de fin, l'importance accordée aux dialogues, la convergence séparée des héros vers la résolution de l'enquête, couronnée par un affrontement final, point central de l'appartement (ici de Sinclair) comme lieu d'échanges d'informations et de dialogues humoristiques, le maintien des raccords studios à Elstree, l'importance des voitures dans l'identité des personnages (très british Aston Martin DBS pour Sinclair,  pétulante Ferrari Dino 246GT pour Danny). Tout comme Steed, Sinclair s'emploiera à parler français de temps à autres et les récits de ses ancêtres résonnent comme ceux des tantes de son alter ego du Ministère. Les deux séries n'éprouveront pareillement aucun remords à recourir aux clichés, comme par exemple les malhabiles agents de l'Est. On note également que les douaniers français de The Gold Napoleon se montrent aussi performants que ceux de Combustible 23.

Mais The Persuaders ! conserve sa personnalité. Les acteurs interprètent eux-mêmes les passages physiques, sans doublures. Si les aventures des deux séries s'adonnent souvent à la parodie (voir Danny être aussi souvent trompé par l'ennemi fait pendant au chloroforme de Tara), celles d'Amicalement Vôtre paraissent tout de même nettement plus réalistes, y compris pour les scènes d'action. La série se coupe certes à peu près totalement des grands courants et évènements marquant son époque, mais demeure inscrite dans un monde se voulant réel, quoique bien circonscrit à la Jet Set et au Gotha. Cette volonté se traduit également dans la garde-robe des héros, beaucoup plus de son temps que l'archétypale et intemporelle élégance de Steed. Et certaines tenues ont effectivement bigrement vieilli ! Outre sa dimension internationale, confinant beaucoup moins l'action dans Mother England que les Avengers (hormis pour les voyages en studio de l'époque Cathy Gale), la grande spécificité de la présente série consiste bien entendu dans son duo intégralement masculin, une spécificité dans les grandes séries d'aventures britanniques, privilégiant les héros masculins solitaires ou les groupes comportant une présence féminine. D'autre part, si The Avengers expriment nettement moins les 60's dans l'art de vivre ou les décors qu'Amicalement Vôtre les 70's, ils restituent parfaitement l'esprit impertinent et novateur de leur époque. Il en va différemment pour The Persuaders !, chez qui l'évocation de la société permissive de leur temps s'accompagne d'un discours plus conformiste : exaltation du consumérisme et idéalisation masculine bien plus conformes aux canons traditionnels. La série apparaît d'ailleurs considérablement plus machiste que Chapeau Melon.

Sous la houlette de Lew Grade et de Robert S. Baker, accompagnés de valeurs sûres comme Clemens ou Nation (ou Moore lui-même derrière la caméra), The Persuaders ! constituent enfin un moment pivot de l'histoire des productions anglaises. Situés en 1971 et 1972, ils constituent le chant du cygne de la prodigieuse épopée des séries d'aventure des Sixties. Inaugurée par le succès de Destination Danger, c'est progressivement toute une industrie qui s'est mise en place, avec des projets ambitieux et une inflation des coûts. Tout comme pour The Avengers, la réussite à l'exportation, en particulier vers le primordial marché américain, est  devenue absolument nécessaire à la pérennité d'un projet d'envergure. Dans cette perspective, dès sa conception Amicalement Vôtre désire se donner toutes les chances de percer aux États-Unis.

 C'est ainsi que, grande première, une vedette hollywoodienne se voit engagée et accompagnée de la plus grande star télévisée anglaise. On adapte aussi le discours de la série, et il n'est pas interdit d'y discerner la cause de l'instauration d'un machisme certain et d'une ode aux plaisirs consuméristes. Certains observateurs ont pu renâcler devant cette approche marketing à la série, lui reprochant de ne constituer qu'un mix malin des productions de la décennie écoulée (à commencer par Le Saint, auquel serait simplement rajouté une star américaine), mis au goût du jour et jouant la carte de l'épate plus que celle de la création. C'est oublier l'originalité apportée par Fulton, Sinclair et Wilde n'étant ni des des aventuriers redresseurs de tort à la Templar, ni des agents du Ministère. Il est vrai qu'Amicalement Vôtre se donne les moyens de ses ambitions et demeure sans contestation la série anglaise la plus chère de son temps (100 000 £ par épisode à l'époque, soit plus de 1 800 000 £ aujourd'hui). Les tournages européens en décors naturels et le grand soin apporté à la production lui apportent un cachet fastueux crevant l'écran. Conjointement à son humour et à sa malice, ainsi qu'à l'éclat du duo vedette, on y discerne la cause de son immense réussite sur le Vieux Continent. Hélas, l'aventure américaine, elle, se solda par un piteux échec.

Pourtant la série fut pré-vendue avec succès à ABC, mais les audiences s'étiolèrent et le réseau ne diffusa finalement que 20 épisodes sur 24. Les causes de cet insuccès paraissent de nature diverse. On a pu noter que l'humour d'Amicalement Vôtre, demeurant très européen, ne coïncidait pas avec les attentes du public d'outre-Atlantique, demandeur d'un comique plus universel et familial. La terrible concurrence de Mission Impossible sur CBS, diffusée comme elle le samedi soir à 22h, se vit également avancée. La relative faiblesse de plusieurs scénarios, talon d'Achille de la série, a dû également compter dans la désaffection du public. D'une manière plus globale le malheur de The Persuaders ! reste néanmoins d'arriver après la bataille. En ce début des années 70, les goûts du public ont évolué et sont passés des Spies Shows au policier, et à une action délictueuse se déroulant dans un cadre et une problématique purement américain et non plus internationaux. La décennie sera celle de Kojak ou des Rues de San-Francisco, et non pas celle des virevoltants et sémillants aventuriers. Mission Impossible elle-même a su prendre ce virage dans ses ultimes saisons, davantage consacrées à la lutte contre des criminels classiques. Moore et Curtis refusant une deuxième saison moins onéreuse et tournée en studio, l'aventure prit fin. Ce fracassant fiasco brisa les ailes d'ITV et les séries postérieures, comme L'Aventurier ou Poigne de Fer et Séduction, se montreront nettement plus modestes financièrement, retournant d'ailleurs au format d'une demi-heure. Les New Avengers, prolongement de la période faste, s'en sortent mieux, mais devront eux aussi vite recourir à des expédients.

Achèvement d'une belle épopée, Amicalement Vôtre lui fait néanmoins honneur par son charme et son allant, la sophistication d'une mise en scène digne du cinéma, de même que par le pétillement unique d'un duo vedette que la patine du temps n'a aucunement atteint.